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BELMONTTrois mois. Le temps que la glace se fissure, que les ombres s'organisent. Notre "Organisation" n'a pas de bureau, pas de logo, pas d'employés. Elle a deux cerveaux, une infinité de ressources, et une volonté de fer. Nous opérons depuis des lieux neutres, des chambres d'hôtel anonymes, des avions privés. Paris, Zurich, Tokyo. Nous sommes des fantômes qui traquent d'autres fantômes.Éva n'est plus à mes côtés. Elle est en face de moi. Un partenaire à part entière. Son regard a perdu sa brume de culpabilité pour gagner la froide acuité du chasseur. Nous ne parlons jamais de nous. Nous parlons stratégie, objectifs, cibles.La première cible s'appelle Karl Richter. Un ancien associé de Victor, spécialisé dans le trafic d'armes sophistiquées vers des zones de conflit. Un vautour qui a profité du chaos pour s'enrichir. Il pense être intouchable, caché dans une forteresse en Autriche.Nous sommes dans une suite d'un palace de Vienne. La nuit est tombée. Des écrans tapissent les murs,

BELMONTL'aube point à peine sur Genève, teintant le lac Léman de nuances gris et or. Dans la pénombre de la chambre, un nouveau territoire se dessine. Celui de sa peau.Le feu de la veille s'est transformé en braise lente, persistante. Le besoin urgent a cédé la place à une curiosité vorace, méthodique. Comme si nous devions redécouvrir chaque centimètre carré de l'autre, non plus en amants, mais en cartographes d'un paysage interdit.Mes doigts tracent le chemin de son épaule à la courbe de sa hanche. Sa peau est chaude, vivante, un souvenir palpitant de la femme qu'elle était et un témoignage vibrant de celle qu'elle est devenue. Une cicatrice fine, à la base de son dos , un souvenir de son passé avec Victor que je n'avais jamais osé toucher. Maintenant, j'y pose les lèvres. Elle frémit, un soupir rauque lui échappant.Ce n'est pas un frisson de plaisir pur. C'est la reconnaissance d'une blessure partagée, touchée, acceptée.Elle se retourne pour faire face à moi, ses yeux noirs da

BELMONTLa forêt biélorusse est un mur de ténèbres et de silence. L'air est glacé, chargé de l'odeur de la terre humide et des aiguilles de pin. Accroupi dans l'ombre d'un sapin géant, je règle mes jumelles nocturnes sur le complexe de Volkov. C'est une forteresse soviétique réaménagée, hérissée de caméras et de barbelés. Une ruche d'activité mortelle.Dans mon oreillette, la voix d'Éva est un murmure d'acier calme.—Je suis dans le système. Les caméras de l'aile est bouclent sur une boucle de trente secondes. Tu as ton entrée.C'est elle, le cerveau de cette opération. Depuis une fourgonnette blindée à cinq kilomètres de là, elle pilote l'assaut numérique. Moi, je suis son bras. Sa lame.— La fillette ? demandé-je, mon souffle formant des nuages de vapeur.Un clic.—Chambre du deuxième étage, aile ouest. Fenêtre face à la forêt. Des capteurs de mouvement sur le balcon. Je les désactive quand tu seras en position.L'objectif est simple. Atteindre la chambre, extraire l'enfant, la rame

BELMONTUn an.Un an depuis la datcha et la petite fille aux cheveux de blé. Un an depuis que notre serment a pris une nouvelle forme, plus solide, plus dangereuse.L'Organisation n'est plus un concept. C'est un réseau tentaculaire et invisible. Nous n'avons pas de siège social, mais des dizaines de safe-houses comme des cellules dormantes à travers le globe. Nous n'avons pas d'employés, mais un réseau de contacts, d'indic, d'experts endettés ou idéalistes qui opèrent dans l'ombre. Nous sommes un fantôme avec des doigts partout.Et au centre de cette toile, il y a nous.Éva est l'Architecte. Son esprit, autrefois utilisé pour la duperie, orchestre maintenant des chutes d'empires avec la précision d'un maître d'échecs. Elle trouve les failles, corrompt les systèmes, manipule les flux d'argent et d'information. Elle est le cerveau. Calme, implacable, magnifique dans sa froide efficacité.Moi, je suis la Lame. La volonté. La main qui guide les coups qu'elle planifie. Je suis le visage qu

BELMONTLa menace de Croft plane sur nous, un nuage toxique dans le ciel serein de notre nouveau monde. Pendant des jours, l'atmosphère du penthouse a été électrique, chargée de stratégie et de paranoïa. Nous avons renforcé la sécurité, passé au crible chaque employé de la Fondation, traqué les ombres numériques laissées par notre ennemi.Ce soir, la tension a atteint son point de rupture.Nous sommes dans la salle de contrôle privée, un sanctuaire dans le sanctuaire. Les murs affichent des flux de données en continu, des cartes thermiques de nos systèmes, des visages et des noms de contacts à travers le monde. Nous venons de passer douze heures d'affilée à éplucher les moindres recoins de l'empire fantôme de Croft. Nous avons trouvé des choses. Des choses qui glacent le sang.Éva éteint le dernier écran d'un geste brusque. Le silence qui suit est assourdissant.—Assez, dit-elle, sa voix rauque de fatigue. Je n'en peux plus.Elle se lève, et je vois la lassitude qui ploie ses épaules,