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Les heures passaient dans le silence lourd de la petite pièce où Aïcha et Karim s'étaient réfugiés. L'angoisse qui avait envahi le corps d'Aïcha ne s'était pas dissipée. Au contraire, elle se nourrissait de ses pensées tourmentées. Karim, de son côté, se tenait dans l'ombre, comme si chaque mouvement, chaque mot qu’il prononçait, risquait d’aggraver encore la situation. Le temps semblait se dilater, la tension rendant l’air presque irrespirable. Aïcha n'arrivait pas à faire le tri dans ses émotions. Comment pourrait-elle encore lui faire confiance ? Comment pourrait-elle oublier ce qu’il avait fait ? Pourtant, quelque chose la poussait à l’écouter, à essayer de comprendre. Ses sentiments pour lui n’étaient pas effacés en un instant, même si la vérité dévastatrice était entrée dans sa vie comme une décharge électrique. Il n'y avait plus de place pour l'innocence entre eux, mais la colère qui bouillonnait en elle n’était pas simplement dirigée contre Karim. Elle était contre elle-même

Les jours suivants furent un tourbillon pour Aïcha. Chaque minute qui passait semblait se dilater dans une douleur infinie. Après cette confrontation avec Karim, tout dans sa vie semblait flou, comme si l’essence même de son existence avait été dérobée par les mots cruels qu’il lui avait révélés. Elle avait quitté son appartement et s'était réfugiée dans la maison de sa tante à la campagne, espérant que l'éloignement pourrait apaiser les tumultes de son esprit. Mais rien ne calmait la tempête qui faisait rage en elle. Elle se levait chaque matin avec un poids immense sur la poitrine, la culpabilité et le dégoût s'entrelaçant. La vérité sur Karim l’avait anéantie, mais ce n'était pas la seule chose qui la détruisait. C'était l'incompréhension profonde de son propre cœur, de son propre amour pour cet homme. Comment avait-elle pu l'aimer malgré tout ? Comment avait-elle pu nourrir en elle une affection sincère pour celui qui avait brisé sa vie de manière aussi brutale ? Les journées é

Les semaines passèrent, et Aïcha, après avoir pris le temps de s’éloigner de tout, retourna au village. Le calme et l’isolement étaient ce dont elle avait besoin. La douceur des paysages, la sérénité des champs, et les sourires chaleureux des villageois lui apportaient une forme de guérison qu’elle n’avait jamais espérée. Elle s’était rendue compte qu’elle avait longtemps fui le silence, mais aujourd’hui, ce silence avait une autre couleur, une couleur apaisante. Elle passa de longues journées à écrire. Les mots qu’elle posait sur le papier étaient lourds de sens, mais aussi d’une grande libération. Chaque phrase qu’elle écrivait était comme une pièce qui, petit à petit, venait combler le vide dans son cœur. Elle n’écrivait plus pour revivre la souffrance, mais pour transformer cette douleur en quelque chose de plus grand, quelque chose qui pouvait aider d’autres personnes. Elle ne savait pas encore ce qu’elle allait en faire, mais l’écriture était devenue son exutoire, sa voie de gu

Quelques mois s’étaient écoulés depuis la publication du livre d’Aïcha. Sa vie avait pris un tournant. Son histoire, marquée par le courage et la résilience, était désormais lue et partagée par des milliers de personnes. Mais malgré cette réussite, malgré la reconnaissance qui lui était offerte, son cœur restait attaché à une douleur ancienne, à une personne qu’elle avait pourtant décidé de laisser derrière elle : Rahim. Aïcha s’était battue pour se reconstruire, pour se libérer des chaînes de son passé. Mais malgré ses efforts, chaque moment de paix était souvent perturbé par un écho du passé, un souvenir de lui, un parfum familier qui effleurait ses pensées. La vie à la campagne avait été bénéfique, mais la solitude et la simplicité de ses journées lui permettaient parfois de se perdre dans ses réflexions. Ses rêves étaient peuplés de lui, de ses yeux pleins de douleur, de ses gestes tendres, de ses mots silencieux. Elle avait, dans sa démarche, cru qu’il fallait tout effacer pour

Aïcha rentra chez elle le cœur lourd, l'esprit en tourmente. La visite à la prison avait été un choc émotionnel. Les mots de Rahim, ses yeux remplis de douleur et d'espoir, tournaient en boucle dans sa tête. Elle savait que tout ce qu'il lui avait dit était sincère, mais cela n'était pas suffisant pour effacer le passé, pour effacer ce qu'il lui avait fait. Pourtant, l'amour qu'elle ressentait encore pour lui était indéniable, une émotion profonde et irrationnelle, que le temps ne semblait pas pouvoir effacer. En revenant à son appartement, elle trouva un message de Malik. Il lui avait écrit, comme chaque soir, pour lui rappeler combien il était heureux qu'elle ait accepté de le connaître. Mais aujourd'hui, il semblait plus insistant, plus pressant. Il voulait une réponse. Il lui proposait de venir le voir chez lui ce week-end, pour discuter de leur avenir. Aïcha posa son téléphone sur la table. La demande de Malik était sérieuse, il semblait vraiment vouloir construire quelque chos