ELIANLe café est prêt, noir, dense, amer, je le bois seul, face à la baie vitrée du sixième étage, la ville s’étale en contrebas, silencieuse, floue, grise, engourdie sous le ciel sans contours, comme un drap trop tiré, sans pli, sans nuance.Derrière moi, elles dorment , elles respirent lentement, mais je sais qu’elles sentent déjà le vide, le glissement du contrôle, la morsure de l’après.Moi, je n’ai pas dormi, je ne cherche même plus, la nuit m’a donné ce que je voulais, elle m’a laissé les fragments, les traces, le contrôle, et autre chose encore, quelque chose que je n’ai pas encore nommé mais qui vibre dans mes mains, dans mes tempes, dans mes souvenirs.Je ferme les yeux, et je revois.Lilia hurle, pas un cri de douleur, pas un cri de peur, un cri brut, profond, animal, un cri d’abandon, de franchissement, de démembrement intérieur, sa voix éclate contre les murs, se fracasse dans l’air comme une vague trop forte.Maëva est contre elle, ses doigts enfoncés dans sa chair, ses c
Last Updated : 2025-08-05 Read more