Semua Bab Les chaînes du Destin: Bab 101 - Bab 110

Livia ne dormait plus.Depuis la déclaration de Raphaël, depuis cette étreinte arrachée à l’enfer, elle aurait dû se sentir soulagée, rassurée. Mais l’émotion qui avait afflué en elle ce soir-là s’était dissipée comme un mirage, laissant place à un ressac d’inquiétude, plus profond, plus insidieux.Son regard errait dans la pénombre de la chambre sécurisée où Marc-Antoine la retenait encore. Il n'était pas venu depuis deux jours, ce qui aurait dû être une bénédiction. Mais c'était pire. Le silence, l'absence… tout sonnait comme une accalmie feinte. Le genre qui précède les tempêtes les plus brutales.Elle s’assit sur le lit, une main sur son ventre. Le bébé bougea doucement, comme pour la recentrer. La vie. C’était cela qu’elle devait protéger.Elle se leva, s’approcha de la fenêtre verrouillée. Dehors, un jardin parfaitement entretenu, calme, figé. Les gardes postés à bonne distance. Rien ne semblait anormal. Et pourtant, tout en elle criait le contraire.Un frisson la traversa.Elle

Les couloirs de la clinique semblaient flotter dans un silence suspendu, comme si les murs eux-mêmes retenaient leur souffle. Livia haletait, crispée sur le brancard que Victor poussait à vive allure, flanqué de deux agents de sécurité discrets. Elle ne criait pas. Pas encore. Elle contenait cette douleur qui s’éveillait en elle avec une précision chirurgicale, lente, insidieuse. Une douleur qui annonçait plus que la naissance : l’irréversible.Marc-Antoine avait accepté qu’elle accouche ailleurs, sous réserve qu’elle reste sous étroite surveillance. Mais il ne savait pas que Victor avait déjà modifié l’adresse de la clinique à la dernière minute. Ce qu’il croyait contrôler… lui échappait déjà.Raphaël courait à ses côtés, la mâchoire contractée, les poings serrés, incapable de cacher l'angoisse dans ses yeux. Il aurait voulu l’emporter dans ses bras, lui épargner chaque spasme, chaque sursaut, chaque contraction. Mais il ne pouvait qu’être là. Présent. Et prier pour que rien ne lui s

Le vent avait une odeur de sel et d’algues. Un goût de fuite. D’abandon.Livia avançait lentement le long du chemin sablonneux, sa fille endormie contre sa poitrine dans une écharpe nouée. Le ciel d’automne tirait sur l’ardoise, menaçant de pluie, et les vagues en contrebas semblaient battre la plage avec la même rage sourde qu’elle portait en elle.Cela faisait un mois.Trente jours depuis l’attaque. Depuis l’évacuation en urgence. Depuis ce mot laissé dans une couverture. Depuis que Victor lui avait dit de partir, de disparaître, pendant qu’il brouillait les pistes. Pendant qu’on enterrait un corps calciné censé être celui de Raphaël.Un mois sans nouvelles. Un mois à vivre avec cette absence comme un poison.Elle avait suivi les instructions de Victor : ne parler à personne. Ne pas donner son nom. Ne pas utiliser de téléphone. Se faire petite. Invisible.Et elle y arrivait.Elle avait loué une petite maison au bord du village, à flanc de falaise, face à l’océan. Une bâtisse vieillo

Le vent portait une odeur de sel et de terre humide.Raphaël avançait lentement sur le chemin de pierre qui serpentait entre les maisons blanchies à la chaux. Chaque pas résonnait comme une trahison contre le silence qu’il avait laissé derrière lui. Trois ans. Trois ans de nuit sans fin. De survie au bord du gouffre. Trois ans à la croire morte, puis prisonnière, puis trop loin. Et aujourd’hui, enfin, Victor l’avait menée jusqu’ici.Il portait une veste trop fine pour la saison, une barbe mal taillée et des yeux fatigués par l’absence. Mais dans son regard, il y avait quelque chose d’inaltérable. Une fièvre. Une promesse. Celle qu’il s’était faite en silence : la retrouver ou mourir en cherchant.Victor ne l’attendait pas sur le pas de la porte. Il l’avait déposé à quelques rues du village et était reparti aussitôt, comme un fantôme bienveillant. « Elle doit te voir sans moi. Elle doit croire avec ses yeux. »Le message était clair : il devait entrer dans sa vie comme une apparition.

Le matin s’était levé sans prévenir, déposant une brume salée sur les carreaux de la librairie. Livia observait la mer depuis la porte entrouverte, un café à la main, les épaules lourdes de souvenirs qui refusaient de se dissoudre. Dans le fauteuil près de l’étagère aux contes illustrés, Raphaël était resté silencieux, les traits tirés, les yeux cernés par une nuit sans sommeil.Et dans un coin de la pièce, assise en tailleur sur un tapis coloré, Anna, leur fille, le regardait sans le regarder.La veille avait été un choc pour elle. À trois ans, elle ne comprenait pas ce que « mort » ou « retour » signifiait, mais elle avait senti. Livia l’avait vue se crisper, serrer sa peluche contre sa poitrine comme un talisman, et observer l’homme au regard identique au sien avec une prudence presque animale.Ce matin, elle dessinait. Des spirales, des maisons, des formes sans logique. Mais ses yeux dérivaient régulièrement vers lui.Raphaël ne disait rien. Il ne savait pas comment faire. Comment