Tous les chapitres de : Chapitre 31 - Chapitre 40

TESSAJe m’assis, m’enfonçant dans le siège moelleux qui semblait avaler ma nervosité, et croisai les jambes avec élégance, un geste instinctif pour reprendre contenance, le tissu de ma jupe frôlant mes cuisses. À côté de moi s’installa le gars de la DRH, ajoutant une tension palpable à l’air déjà chargé, son souffle discret mais audible dans le silence.Il me regarda intensément, ses yeux plongeant dans les miens comme s’il cherchait à lire mes pensées, un frisson me parcourant l’échine. Je me demandais pourquoi j’avais accepté ce poste, une vague de regrets me submergeant comme une marée noire, des souvenirs de ma jeunesse naïve remontant à la surface, me laissant tremblante. Pourquoi avais-je cru que ce travail serait une échappatoire, une rédemption après les erreurs passées ?Il regarda le CV, puis l’homme à côté de moi, un échange silencieux passant entre eux, un courant que je ne comprenais pas.— Alors ? demanda-t-il, sa voix teintée d’une impatience contenue.— Anglais parfai

TessaDix minutes plus tard, dans un costume rouge aux couleurs du luxe, qui épousait mes formes comme une seconde peau, j’étais à l’accueil avec un certain Philippe, un homme d’une trentaine d’années qui devrait être mon formateur. Il était un peu collant, avec ses regards insistants qui me mettaient mal à l’aise.Réceptionner, diriger, enregistrer – cela ne devrait pas être trop difficile, mais Philippe semblait plus intéressé par moi que par la formation.— Tu as vu le patron ?me demanda-t-il d’un coup, sa voix baissée comme pour un complot.— Comme tous ceux qui bossent ici, je pense !— Ah, moi non. Il ne reçoit que les filles. Ça m’étonne qu’il t’ait embauchée. Il aime plutôt les blondes. Celle qui bossait à ta place, il se l’est tapée,lâcha Philippe, avec un clin d’œil complice.— Ça ne me regarde pas !— Tu as raison, je m’excuse ! Bon, tu vois, ce n’est pas trop compliqué !— Je pense réussir !— Tu veux venir boire un verre après le taf pour faire connaissance ?— Je termi

TESSAÀ peine dehors, j’ai sorti mon téléphone comme une dingue et appelé Cynthia, ma cousine, ma moitié, celle avec qui je balance tout, les galères comme les conneries. Je lui ai déballé le coup foireux que ma meilleure amie m’a fait – un truc qui m’a mise dans la merde jusqu’au cou – et comment je me suis sentie obligée, ouais carrément forcée, de bosser dans son hôtel à lui, ce salaud. Ma voix tremblait un peu, entre la rage et l’injustice qui me bouffait.— Mais fallait dire non, ma chérie ! m’a lancé Cynthia, sa voix douce mais ferme, comme si c’était évident.— Mais j’ai pris une grande décision ! Il va payer, je vais me venger et venger toutes les pauvres filles qu’il a roulées dans la farine avec ses belles paroles ou son beau cul de merde ! j’ai explosé, les mots jaillissant comme un feu d’artifice.— Waouh, attends, ça va pas, laisse-le tranquille, il n’en vaut même pas la peine, a-t-elle rétorqué, un peu paniquée, je l’imaginais fronçant les sourcils de l’autre côté du fil

Tessa“Balade-toi en sous-vêtements, ma chérie. Fais-lui perdre la tête avant même qu’ils ait le temps de respirer.”Les mots de Cynthia, ma cousine, me reviennent en écho alors que je me tiens sous le jet brûlant de la douche. L’eau coule sur ma peau, emportant avec elle les dernières traces de la journée — cette chaleur étouffante, cette tension qui ne me quitte plus depuis que Noah est rentré. Je ferme les yeux, laisse l’eau me marteler les épaules, et je me répète sa phrase comme un mantra. Il faut oser. Il faut jouer le jeu.Je sors de la douche, m’enroule dans une serviette éponge, trop grande, qui me couvre à peine les cuisses. Mon reflet dans le miroir est flou à cause de la buée, mais je distingue assez pour voir mes joues roses, mes yeux un peu trop brillants. Tu peux le faire. Je respire un bon coup, les doigts serrés sur le tissu humide, et j’ouvre la porte.L’air de la pièce est lourd, chargé d’une chaleur presque étouffante. Noah est là, affalé sur le canapé, une bière à

TessaJ’étais pile à l’heure pour les séances photo. Dario comptait sur moi, et moi, je comptais sur ses contrats. C’est lui qui m’avait repérée à un arrêt de bus, il y a des années, alors que je grelottais sous une veste trop légère pour l’hiver normand. “Tu as un visage qui vend du rêve, ma belle,” m’avait-il dit en me tendant sa carte. Depuis, il me trouvait des jobs, prenait sa commission, et je ne posais pas de questions. Tant pis si je devais jouer les mannequins à moitié nue pour des marques de parfum ou des calendriers. Mon corps, je le connaissais par cœur, et je n’avais pas honte de le montrer.Aujourd’hui, c’était pour la nouvelle campagne de Miss Bluet Or, version internationale. Un shooting avec un mannequin masculin, un blond aux yeux d’acier et à la peau hâlée, le genre de gars qui faisait battre le cœur des femmes et grincer les dents des hommes. Moi, je m’en fichais. J’étais là pour le chèque.Le studio était une fournaise. Les projecteurs braqués sur moi me donnaient