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MikeLe jour s'est levé, implacable, dessinant des rectangles de lumière crue sur les draps en désordre. La paix de l'aube n'était qu'une illusion, un rêve fragile que la réalité a dissipé.Tara dort. Son souffle est trop régulier, son immobilité trop parfaite. Je la regarde, allongé sur le dos, les mains sous ma nuque. Le parfum de sa peau, de notre union, imprègne encore l'air. C'est une odeur enivrante et accusatrice.Mon bras, là où elle s'était blottie, est froid.Chaque parcelle de mon être est tendue, déchirée. La vulnérabilité de la nuit m'a laissé nu, non seulement physiquement, mais moralement. J'ai laissé tomber le mur. J'ai laissé entrer le chaos, la douceur, l'espoir. Et maintenant, la peur revient, dix fois plus forte, un goût de rouille dans la bouche.Qu'ai-je fait ?Je me suis levé sans un bruit, m'habillant avec une hâte silencieuse, comme si je pouvais enfiler mon armure en même temps que mes vêtements. Chaque regard vers son corps endormi est une brûlure. Une tenta

TaraSa main est froide sous la mienne. Le contact est si léger, si précaire, que je retiens mon souffle de peur de le rompre. Je vois les muscles de sa mâchoire se contracter, les veines qui battent à ses tempes. Il est à la fois si proche et si loin, cet homme qui vient de déposer le fardeau de ses démons entre nous.Les secondes s’égrènent, lourdes et silencieuses. Puis, il retire sa main.Le geste n’est pas brutal. Il est lent, comme épuisé. Il se lève et se dirige vers la fenêtre, tournant le dos à la pièce, à moi. Son dos est une ligne droite et raide, un rempart qui se reconstruit pierre après pierre devant mes yeux.— Tu devrais y aller.Sa voix est neutre, métallique. Celle qu’il utilise pour les réunions d’affaires. Celle qui ne laisse aucune place à l’argumentation.Le cœur me manque. Après cette confession déchirante, après ce contact fragile, c’est tout ce qu’il trouve à dire ? Un renvoi poli ?Je me relève, les genoux tremblants. La fatigue me rattrape, mêlée à un sentim

TaraLa Bentley glisse dans la nuit chicagolaise, aussi noire et luisante qu’une arme. À mes côtés, Mike est un bloc de silence taillé dans un costume trois-pieces sombre. L’air entre nous est aussi épais que le verre blindé qui nous sépare de la ville.— N’oublie pas, commence-t-il sans me regarder. Les Kowalski. Très traditionnels. Très… procéduriers. Évite de parler religion, politique, ou de leur rappeler que leur grand-père était un bootlegger.— Je noterai : discuter de la météo et admirer la décoration, je réplique en ajuster ma bague.—Parfait. Et si l’un des fils de la famille Moretti te propose un verre, dis non. Il drogue systématiquement les femmes qu’il trouve trop jolies.— Un compliment ? Mike, je rougis.Il tourne enfin la tête, son regard gris balayant ma robe, un fourreau de soie vert émeraude qui est à la fois une armure et une provocation.—Une observation. Tu es la femme de Michael . Tu es une cible. Sois-en consciente.Le convoi s’arrête devant une demeure néocla

TaraLa visite chez les Moretti était une formalité. Une nécessité politique pour calmer les esprits après la "scène" de la terrasse. Mike l'avait décidé, et j'avais accepté, curieuse de revoir Alessandro sur son territoire.La demeure des Moretti est un palais baroque au cœur de Little Italy, écrasant et théâtral. L'air y est saturé de l'odeur du cuir vieilli, du café fort et d'un parfum d'orange amère. Le vieux Moretti, Vittorio, nous reçoit dans son bureau, un antre tapissé de livres reliés et d'armes anciennes. Mike et lui parlent affaires, voix basses et mesures. Je suis là, ornement silencieux, sourire poli.Mais je sens son regard. Avant même de le voir .Alessandro est appuyé contre le chambranle d'une porte dérobée, presque dissimulé dans les ombres. Il ne sourit pas. Il observe. Comme un félin qui aurait repéré une proie et qui prend son temps, savourant l'attente. Son regard est un poids physique sur ma peau, un scanner qui enregistre chaque détail, de la façon dont mes doi

TaraLe poids de Mike sur moi est une ancre, me retenant à la terre après le vertige. Sa respiration, encore haletante, s’enfonce dans le rythme du mien. La sueur fait coller ma peau à la sienne, un mélange salé de colère et d’abandon. Il ne bouge pas, son visage toujours enfoui dans le creux de mon cou, comme s’il cherchait refuge.Puis, lentement, il se retire.Le froid de l’air remplace la chaleur de son corps, un frisson me parcourt. Il se lève du lit, un spectre pâle et musclé dans la pénombre. Son dos, là où mes ongles ont tracé leur chemin, est zébré de stries rouges. Une preuve. Une marque. Il ne me regarde pas, ramassant sa chemise du sol avant de se diriger vers la fenêtre. Il écarte le lourd rideau, laissant la lumière froide de la lune inonder la pièce, dessinant les muscles tendus de son dos.Le silence n’est plus chargé de colère, mais de quelque chose de plus lourd, de plus complexe. Les cendres de notre embrasement retombent, révélant le champ de bataille.Je m’assois