Chapitre 22 — Le sang, les cendres, l’éveil
Nikolai
Je n’ai jamais cru aux miracles.
Encore moins à ceux qui viennent avec la douleur.
Et pourtant, ce matin, quand je regarde Aelis respirer, là, dans mes bras, une part de moi se fissure.
Elle a tenu bon.
Elle a marché droit vers le cœur du feu.
Elle a mis un genou en terre devant un pouvoir ancien…
…et elle l’a forcé à plier.
Mais je vois déjà la brûlure dans ses yeux.
Je sens le prix qu’elle a payé.
Le vent soulève ses mèches, colle contre ses joues les cendres de la tour détruite.
Autour de nous, les soldats crient, s’embrassent, rient ou pleurent. On dirait qu’ils ne savent pas ce qu’ils célèbrent exactement : la victoire ou le simple fait d’être encore debout.
Moi, je ne célèbre rien.
Je me contente de la serrer plus fort.
— Ne me lâche pas, murmure-t-elle.
Sa voix est rauque, abîmée.
— Jamais, Aelis.
Je la porte jusqu’à notre tente, traversant les rangées de blessés, de visages fatigués, de mains tremblantes qui me saluent. Le si