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Le prix du feu
Last Updated:
2025-06-21 18:40:50
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L'empreinte du désir Là où le silence devient cri
Chapitre 75 — Là où le silence devient criAelisIl a laissé la porte entrebâillée.Ce n’est pas son genre.Nikolaï verrouille tout. Les entrées. Les regards. Les soupirs. Il verrouille même ses silences, comme s’ils étaient des armes à dissimuler.Mais ce matin, quelque chose cloche.L’air est plus dense. Le temps, ralenti. Quelque chose flotte. Une absence, peut-être. Une cassure.Je pousse doucement la porte.La pièce est vide.Le désordre est minime, mais trahit la hâte. Une chaise reculée. Une tasse encore chaude. Une fenêtre entrouverte sur une aube qui ne sait pas encore si elle doit éclore ou se taire.Et sur le bureau, une feuille.Blanche. Lisse. Centrée. Offerte. Abandonnée.Je sais.Je n’ai pas besoin de lire pour comprendre que c’est pour moi.C’est son silence, mis en forme.Je tends la main. Mes doigts effleurent le papier comme on toucherait une peau qu’on n’a plus le droit d’aimer. Et quand je le soulève, je sens l’écho de lui — ce parfum discret, cette chaleur qui s’
L'empreinte du désir Là où le nom n’est plus un refuge
Chapitre 74 — Là où le nom n’est plus un refugeNikolaïJe ne dors plus.Je ne rêve plus non plus.Pas parce que le sommeil me fuit, mais parce que je n’ose plus m’y abandonner.Les rêves sont devenus des lames. Des pièges. Des aveux.Je préfère le vide au souvenir.Parce que dans ce vide-là, au moins, je reste entier. Brisé, peut-être, mais sans avoir à recoller les morceaux.Dans les rêves, ils reviennent tous.Leurs visages.Leurs voix.Leurs sanglots étouffés.Leurs hurlements silencieux.Et parmi eux, toujours, le sien.Pas Aelis.L’autre.Celle que j’ai laissée derrière la ligne. Celle dont les yeux me hantaient même avant qu’elle ne tombe. Celle qui, en partant, m’a arraché ce qu’il me restait d’humain.Je ne prononce jamais son nom.Même dans mes pensées, je l’effleure sans le dire.Parce qu’il suffit qu’il résonne, pour que tout recommence.Je me lève.Mes pas ne font aucun bruit. Comme si même le parquet avait appris à ne plus me trahir.Je traverse les couloirs. Pieds nus.
L'empreinte du désir Là où les masques tombent
Chapitre 73 — Là où les masques tombentAelisJe l’attendais.Je le savais.Je l’ai senti dans l’air, dans le frisson invisible qui traverse les murs depuis ce matin. Quelque chose allait basculer. Quelque chose s’effrite dans le silence, et je suis assez lucide pour reconnaître ce genre de pressentiment.Quand Sasha entre, il ne frappe pas.Il ne s’annonce pas.Ses pas résonnent doucement contre le parquet ancien. Un pas sûr, mais pas arrogant. Il ferme la porte derrière lui. Sans brutalité. Juste assez lentement pour faire comprendre qu’il ne vient ni pour s’imposer, ni pour fuir.Il reste debout, là, à deux mètres de moi, comme s’il évaluait la distance entre nous avant de décider de la franchir.Je suis déjà assise, jambes croisées, dans ce salon devenu presque un sanctuaire de calme au cœur du chaos. Le feu crépite dans l’âtre, lançant des ombres vacillantes sur les murs. Dehors, la pluie a repris. Fine. Persistante. Un rideau liquide entre nous et le reste du monde.Un cocon. Ou
L'empreinte du désir Là où s’échangent les vérités
Chapitre 72 – Là où s’échangent les véritésSashaIl m’a donné rendez-vous dans l’ancien bureau, au fond du bâtiment Est.Celui qu’on n’utilise plus.Celui où l’air est plus dense, plus froid, chargé de l’odeur de la poussière, du bois sec et des secrets trop vieux pour respirer.Ici, même les murs semblent vouloir oublier.Je pousse la porte sans frapper.Alexeï est déjà là.Immobile.Silhouette haute, sèche, tournée vers les vitres opaques où la lumière grise du matin peine à filtrer.Son dos est droit, rigide.Ses mains croisées dans le dos.Une posture d’ancien soldat. Ou de vieux roi.Je referme doucement la porte.Le verrou claque avec un bruit discret, mais définitif.— Tu viens comme un homme en paix, ou comme un joueur ? dit-il sans se retourner.Sa voix est acérée, sans agressivité.C’est un scalpel qui ne cherche pas à trancher juste à sonder.— Ce matin, est-ce que les deux ne sont pas la même chose ?Il pivote lentement.Son regard me fixe.Froid.Limpide.Un regard d’hom
L'empreinte du désir Là où se tisse le filet
Chapitre 71 – Là où se tisse le filetMikhaïlLa nuit s’accroche encore aux murs, aux ombres, à la moiteur glaciale du QG.Elle s’accroche à moi aussi.À ma nuque, à mes épaules, à mes tempes battantes.Elle me tient comme un rappel : tout ce qui va suivre a commencé dans le noir.Sous les premières lueurs grises de l’aube, je suis déjà là, immobile, face à mes écrans qui clignotent, vibrent, me tendent leurs secrets.Chaque pixel, chaque flux, chaque ligne de code est un fil que je dois démêler avant que la toile ne se referme sur eux sur eux tous.Et moi.Je ne m’autorise aucune distraction.Même le café que j’ai laissé refroidir dans un coin de la console est oublié.Les capteurs thermiques, les flux satellites, les lignes codées sont mes battements de cœur.La lumière du jour n’est pas encore levée, mais la pression est déjà là, dense, poisseuse, comme une main autour de la gorge.Les sons du poste sont étouffés, presque irréels : un bip régulier d’une machine de surveillance card
L'empreinte du désir Là où se décide l’aube
Chapitre 70 – Là où se décide l’aubeAelisJe n’ai pas vraiment dormi.Ou plutôt, je me suis glissée dans le sommeil comme dans un vêtement trop étroit : à contrecœur, avec cette sensation d’étouffement au moindre mouvement.Pas plus que lui.Il ne dort pas vraiment, non plus. Son souffle est trop régulier, trop calculé, comme s’il retenait son propre rythme. Le poids de son bras autour de ma taille, son corps chaud contre moi, ne m’apportent pas la paix.Au contraire, c’est comme si la guerre s’était infiltrée sous ma peau, là où il m’a touchée, là où il s’est abandonné.J’ai fermé les yeux. Juste pour fuir ce silence. Cette attente insoutenable.Et l’espace d’un instant, j’ai cru qu’on pouvait encore choisir.Rester.Vivre.Mentir à la nuit.Mais au premier silence du matin, au moindre frémissement du jour, je sais.Il est déjà parti.Pas physiquement.Pas de la pièce.Pas du lit.Non. Il est parti de l’intérieur.Je sens ce vide qui l’habite, ce calcul froid qui l’obsède, ce visage
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