ElenaLa nuit tombe.Le domaine tout entier s'agite d’une nervosité moite.Ils sentent que quelque chose a changé.Sans savoir quoi.L'air est trop lourd. Chaque respiration est une lutte.Chaque pas résonne comme une annonce funèbre.ElenaGiovanni hurle sur ses conseillers.Il accuse. Il menace.Il cherche un coupable, un traître, un fantôme.Il ne comprend pas que c’est trop tard.Que le poison n’est plus dans le verre.Il est dans son sang.Il est dans ses os.Il est dans chaque regard qui ose enfin ne plus baisser les yeux.ElenaJe reste en retrait.Je regarde les murs vibrer sous ses cris.Je compte les secondes.Les respirations.Les battements de cœur.Le pouvoir meurt rarement d’un coup d’épée.Il meurt de mille coupures invisibles.Giovanni« Qui a osé ?! QUI ?! »ElenaNous tous, Père.Nous tous.Tu as semé la peur.Nous avons semé la fin.ElenaSilvano me glisse un billet.Un seul mot griffonné : Minuit.Un lieu : l’orangerie.Une promesse silencieuse.ElenaJe sais ce qu
ElenaL’aube ne vient pas.Pas encore.Le ciel hésite.Comme nous.Suspendus entre chute et ascension.Entre les restes d’un empire et les cendres d’un rêve.Le silence pèse sur les toits, glisse entre les pierres froides, ronge le cœur.Même les oiseaux se taisent.Comme si le monde retenait son souffle.ElenaLe palais dort d’un sommeil empoisonné.Les tentures frissonnent au moindre courant d’air, comme si elles pleuraient des secrets.Les gardes, épuisés, marchent à l’aveugle.Leur fidélité n’est plus qu’une habitude, un réflexe.Ils ne savent plus qui ils protègent.Les couloirs résonnent des pas qui fuient, des voix qui murmurent.La peur a changé de camp.Elle s’est retournée contre ses maîtres.Et nous, nous marchons dans ce silence.Droits.Déterminés.Mais pas indemnes.Inès« Il faut partir avant que le soleil se lève. La lumière rend les traîtres visibles. »ElenaJe la regarde.Elle n’a jamais tremblé.Même maintenant, dans cet entre-deux fragile, elle tient droit.Comme
ElenaLa porte claque derrière nous, le bruit résonne dans l’air humide de la nuit. Le vieux relais gémit sous le vent qui hurle, mais à l’intérieur, il fait chaud. Pas à cause du feu qui crépite dans l’âtre. Pas seulement à cause de la chaleur de l’instant. Mais à cause de nous. De ce qui est inévitable entre nous. Cette tension, électrifiée, qui pulse entre nos corps depuis des heures. Des jours. Des années, peut-être. Depuis ce premier regard, celui où je l’ai vu sans armure, où lui m’a vue sans masque, sans faux-semblants. Depuis ce premier souffle partagé dans la folie de nos choix, de nos combats. Depuis que la guerre a fait de nous ce que nous sommes : deux âmes perdues mais liées par une promesse plus grande que la vie elle-même.DanteJe la déshabille sans hâte. Ses vêtements tombent sur le sol comme des ombres qui s’effacent. Chaque bouton défait est une victoire. Une victoire contre la peur, contre les cicatrices du passé, contre la violence du monde. Il n’y a plus de place
ElenaLa route s’étire devant nous comme une promesse arrachée aux ténèbres. Les cailloux crissent sous nos semelles, la rosée accroche nos jambes, les feuilles tremblent mais ne tombent pas. Le monde retient son souffle. Et moi aussi.Il y a quelque chose dans l’air. Une vibration. Comme si la terre savait. Comme si elle s’apprêtait à boire le sang d’un nouveau sacrifice.Je marche. Le dos droit. Le regard fixé devant. Le cœur tambourinant dans ma poitrine. Pas de peur. C’est terminé, ça. Il ne reste que la tension brute, l’impatience d’un fauve.Je tourne la tête vers Dante. Il est là. Toujours. Son ombre épouse la mienne. Il ne m’a jamais quittée depuis ce matin-là. Et je crois que quelque part, depuis cette nuit où tout a brûlé, il n’est plus question de fuite. Seulement de combat.Je l’observe. Son visage est dur, presque figé. Mais ses yeux... Ses yeux disent autre chose. Ils parlent de tout ce qu’on ne s’est pas dit. Tout ce qu’on n’a pas eu le temps de se promettre.Je veux su
ElenaLa terre sent le sang. L’odeur de poudre brûlée colle à la gorge, griffe les narines. Le silence après le carnage est plus fort que les cris. Il résonne. Il pèse.Je marche entre les carcasses noircies, les pneus fondus, les corps disloqués, les mains encore crispées sur des armes inutiles.Je ne détourne pas les yeux. Plus maintenant.Ce n’est pas de l’insensibilité. C’est une promesse. Une manière de dire : je vous ai vus mourir, et je ne vous oublierai pas.Je glisse la main dans la poche intérieure de ma veste. Le papier y est toujours. Froissé. Humide.C’est la lettre de ma mère.Elle ne l’a jamais terminée. Juste quelques mots, comme un murmure arraché à l’oubli : Ne te rends jamais.Je ferme les yeux. Un instant.Puis je les ouvre sur Dante.Il surveille l’horizon. Une main sur son arme. Une autre sur mon dos.Toujours là. Solide. Entier. Implacable.Et moi, malgré le sang sur mes bottes, malgré la douleur dans mes côtes, je me tiens droite.Parce que lui est debout.Dant
LorenzoJe ne dors pas.Depuis des jours, peut-être des semaines, le sommeil est un luxe que je ne m’autorise plus. Chaque fois que je ferme les yeux, je la vois. Son dos qui s’éloigne. Ses cheveux battus par le vent. Cette ombre dans son regard, celle qu’elle refuse d’affronter.Alors je reste éveillé.À écouter les bruissements dans le silence. À anticiper les dangers. À regretter.Le monde autour de nous vacille. Rien n’est stable. Rien n’est sûr.Et elle…Elle est trop loin.LorenzoElena n’a pas quitté mes pensées.Pas une seconde.Même quand le sang coule, même quand les décisions doivent être tranchées à vif, même quand les cris éclatent et que la guerre menace — elle est là.Elle vit entre mes côtes.Elle pulse sous ma peau comme une brûlure ancienne qu’on n’a jamais soignée.Un éclat fiché dans mon être.Je la regarde quand elle ne me voit pas.Quand elle croit que personne ne remarque qu’elle vacille.Elle rit moins. Parle moins.Mais elle tient debout.Et moi, je la suis.P
DanteJe la sens glisser.Comme du sable entre mes doigts.Comme une promesse qui s’efface dans le vent.Comme une prière à laquelle plus personne ne croit.Elle est là. À quelques pas.Et pourtant, chaque jour, elle est plus loin.Elena.Elle respire encore sous le même ciel.Elle s’assoit sur la même chaise.Elle boit dans la même tasse.Mais ce n’est plus elle. Pas vraiment.C’est un fantôme doux, poli, distant.Une version d’elle que je ne reconnais plus.Et pourtant, je l’aime encore.Je l’aime, même dans ce silence qui me blesse.Je l’aime, même quand elle ne me regarde plus vraiment.Je la vois panser les autres.Comme si les cœurs cassés autour d’elle étaient plus urgents que le sien.Je la vois contourner mes douleurs.Comme on contourne un gouffre pour ne pas y tomber.Elle me sourit. Oui.Mais c’est un sourire vide.Un sourire d’automate, de politesse, de fatigue.Jamais comme avant.Avant, il y avait l’étincelle.Ce quelque chose qui me disait qu’elle n’était là qu’avec mo
ElenaL’odeur du sang flotte dans l’air.Épaisse. Métallique. Elle s’insinue dans mes narines, me donne envie de vomir, mais je suis trop paralysée pour bouger. Devant moi, le corps d’un homme s’effondre lourdement, une tache rouge se répandant sous lui comme une ombre infernale.Et juste à côté… lui.Dante Valenti.Il ne porte même pas de gants. Son costume noir est parfaitement ajusté, sans la moindre goutte de sang, comme si cette exécution n’était qu’une formalité. Il ne détourne même pas le regard du cadavre.Je ne devrais pas être là. Je ne voulais pas être là.Tout ça, c’est la faute de mon foutu job. Journaliste d’investigation. J’aurais dû écouter mon instinct, rester à distance de ces affaires louches, de cette mafia qui contrôle la ville comme une marionnette. Mais non. Il a fallu que je m’approche trop près.Et maintenant…Dante relève la tête. Ses yeux capturent les miens. Un frisson me traverse, glacé et brûlant à la fois. Je connais cet homme par réputation. Le Roi des
DanteJe la sens glisser.Comme du sable entre mes doigts.Comme une promesse qui s’efface dans le vent.Comme une prière à laquelle plus personne ne croit.Elle est là. À quelques pas.Et pourtant, chaque jour, elle est plus loin.Elena.Elle respire encore sous le même ciel.Elle s’assoit sur la même chaise.Elle boit dans la même tasse.Mais ce n’est plus elle. Pas vraiment.C’est un fantôme doux, poli, distant.Une version d’elle que je ne reconnais plus.Et pourtant, je l’aime encore.Je l’aime, même dans ce silence qui me blesse.Je l’aime, même quand elle ne me regarde plus vraiment.Je la vois panser les autres.Comme si les cœurs cassés autour d’elle étaient plus urgents que le sien.Je la vois contourner mes douleurs.Comme on contourne un gouffre pour ne pas y tomber.Elle me sourit. Oui.Mais c’est un sourire vide.Un sourire d’automate, de politesse, de fatigue.Jamais comme avant.Avant, il y avait l’étincelle.Ce quelque chose qui me disait qu’elle n’était là qu’avec mo
LorenzoJe ne dors pas.Depuis des jours, peut-être des semaines, le sommeil est un luxe que je ne m’autorise plus. Chaque fois que je ferme les yeux, je la vois. Son dos qui s’éloigne. Ses cheveux battus par le vent. Cette ombre dans son regard, celle qu’elle refuse d’affronter.Alors je reste éveillé.À écouter les bruissements dans le silence. À anticiper les dangers. À regretter.Le monde autour de nous vacille. Rien n’est stable. Rien n’est sûr.Et elle…Elle est trop loin.LorenzoElena n’a pas quitté mes pensées.Pas une seconde.Même quand le sang coule, même quand les décisions doivent être tranchées à vif, même quand les cris éclatent et que la guerre menace — elle est là.Elle vit entre mes côtes.Elle pulse sous ma peau comme une brûlure ancienne qu’on n’a jamais soignée.Un éclat fiché dans mon être.Je la regarde quand elle ne me voit pas.Quand elle croit que personne ne remarque qu’elle vacille.Elle rit moins. Parle moins.Mais elle tient debout.Et moi, je la suis.P
ElenaLa terre sent le sang. L’odeur de poudre brûlée colle à la gorge, griffe les narines. Le silence après le carnage est plus fort que les cris. Il résonne. Il pèse.Je marche entre les carcasses noircies, les pneus fondus, les corps disloqués, les mains encore crispées sur des armes inutiles.Je ne détourne pas les yeux. Plus maintenant.Ce n’est pas de l’insensibilité. C’est une promesse. Une manière de dire : je vous ai vus mourir, et je ne vous oublierai pas.Je glisse la main dans la poche intérieure de ma veste. Le papier y est toujours. Froissé. Humide.C’est la lettre de ma mère.Elle ne l’a jamais terminée. Juste quelques mots, comme un murmure arraché à l’oubli : Ne te rends jamais.Je ferme les yeux. Un instant.Puis je les ouvre sur Dante.Il surveille l’horizon. Une main sur son arme. Une autre sur mon dos.Toujours là. Solide. Entier. Implacable.Et moi, malgré le sang sur mes bottes, malgré la douleur dans mes côtes, je me tiens droite.Parce que lui est debout.Dant
ElenaLa route s’étire devant nous comme une promesse arrachée aux ténèbres. Les cailloux crissent sous nos semelles, la rosée accroche nos jambes, les feuilles tremblent mais ne tombent pas. Le monde retient son souffle. Et moi aussi.Il y a quelque chose dans l’air. Une vibration. Comme si la terre savait. Comme si elle s’apprêtait à boire le sang d’un nouveau sacrifice.Je marche. Le dos droit. Le regard fixé devant. Le cœur tambourinant dans ma poitrine. Pas de peur. C’est terminé, ça. Il ne reste que la tension brute, l’impatience d’un fauve.Je tourne la tête vers Dante. Il est là. Toujours. Son ombre épouse la mienne. Il ne m’a jamais quittée depuis ce matin-là. Et je crois que quelque part, depuis cette nuit où tout a brûlé, il n’est plus question de fuite. Seulement de combat.Je l’observe. Son visage est dur, presque figé. Mais ses yeux... Ses yeux disent autre chose. Ils parlent de tout ce qu’on ne s’est pas dit. Tout ce qu’on n’a pas eu le temps de se promettre.Je veux su
ElenaLa porte claque derrière nous, le bruit résonne dans l’air humide de la nuit. Le vieux relais gémit sous le vent qui hurle, mais à l’intérieur, il fait chaud. Pas à cause du feu qui crépite dans l’âtre. Pas seulement à cause de la chaleur de l’instant. Mais à cause de nous. De ce qui est inévitable entre nous. Cette tension, électrifiée, qui pulse entre nos corps depuis des heures. Des jours. Des années, peut-être. Depuis ce premier regard, celui où je l’ai vu sans armure, où lui m’a vue sans masque, sans faux-semblants. Depuis ce premier souffle partagé dans la folie de nos choix, de nos combats. Depuis que la guerre a fait de nous ce que nous sommes : deux âmes perdues mais liées par une promesse plus grande que la vie elle-même.DanteJe la déshabille sans hâte. Ses vêtements tombent sur le sol comme des ombres qui s’effacent. Chaque bouton défait est une victoire. Une victoire contre la peur, contre les cicatrices du passé, contre la violence du monde. Il n’y a plus de place
ElenaL’aube ne vient pas.Pas encore.Le ciel hésite.Comme nous.Suspendus entre chute et ascension.Entre les restes d’un empire et les cendres d’un rêve.Le silence pèse sur les toits, glisse entre les pierres froides, ronge le cœur.Même les oiseaux se taisent.Comme si le monde retenait son souffle.ElenaLe palais dort d’un sommeil empoisonné.Les tentures frissonnent au moindre courant d’air, comme si elles pleuraient des secrets.Les gardes, épuisés, marchent à l’aveugle.Leur fidélité n’est plus qu’une habitude, un réflexe.Ils ne savent plus qui ils protègent.Les couloirs résonnent des pas qui fuient, des voix qui murmurent.La peur a changé de camp.Elle s’est retournée contre ses maîtres.Et nous, nous marchons dans ce silence.Droits.Déterminés.Mais pas indemnes.Inès« Il faut partir avant que le soleil se lève. La lumière rend les traîtres visibles. »ElenaJe la regarde.Elle n’a jamais tremblé.Même maintenant, dans cet entre-deux fragile, elle tient droit.Comme
ElenaLa nuit tombe.Le domaine tout entier s'agite d’une nervosité moite.Ils sentent que quelque chose a changé.Sans savoir quoi.L'air est trop lourd. Chaque respiration est une lutte.Chaque pas résonne comme une annonce funèbre.ElenaGiovanni hurle sur ses conseillers.Il accuse. Il menace.Il cherche un coupable, un traître, un fantôme.Il ne comprend pas que c’est trop tard.Que le poison n’est plus dans le verre.Il est dans son sang.Il est dans ses os.Il est dans chaque regard qui ose enfin ne plus baisser les yeux.ElenaJe reste en retrait.Je regarde les murs vibrer sous ses cris.Je compte les secondes.Les respirations.Les battements de cœur.Le pouvoir meurt rarement d’un coup d’épée.Il meurt de mille coupures invisibles.Giovanni« Qui a osé ?! QUI ?! »ElenaNous tous, Père.Nous tous.Tu as semé la peur.Nous avons semé la fin.ElenaSilvano me glisse un billet.Un seul mot griffonné : Minuit.Un lieu : l’orangerie.Une promesse silencieuse.ElenaJe sais ce qu
ElenaLe lendemain, l'air sent déjà la cendre.Tout est plus lourd, plus lent.Même le vent semble hésiter à souffler.Je me lève. J'enfile une robe noire simple, sans bijoux. Pas de chaînes inutiles. Aujourd'hui, je suis l'ombre.ElenaInès m'attend dans le couloir.Ses yeux brillent. Pas d'excitation. Pas de peur.La certitude, froide et vive.Elle porte une veste légère, doublée de lames fines comme des éclats d'hiver.À sa ceinture : une seringue. Remplie de quelque chose de rapide. Silencieux.Inès« Prête ? »ElenaJe souris. Ce n'est pas une question.C'est un serment.ElenaNous descendons sans bruit.Chaque marche craque à peine sous nos pas.Le manoir est un cadavre en sursis.Giovanni croit que la fête qu'il a ordonnée pour ce soir va cimenter son pouvoir.Il ignore que ses fondations sont déjà rongées par nos dents.ElenaÀ la cave, Silvano nous attend.Il a changé. Plus maigre. Plus nerveux. Plus dangereux.Un animal blessé qui a cessé de croire en la rédemption.Il tend
ElenaLe matin se lève sur une lumière pâle. Un jour de plus. Un jour de moins.Je ne sais plus. Je ne compte plus que les secondes utiles.Celles où j’avance.Celles où je frappe sans qu’ils le voient.Le reste n’existe pas. C’est un décor flou, un murmure d’illusions.ElenaJe me lève avant Lorenzo. Comme toujours.Il dort, abandonné au mensonge d’une paix qu’il croit acquise.Je l’observe. Longtemps.Ses paupières qui tremblent. Sa bouche entrouverte. La main posée sur le drap, comme celle d’un enfant.Il est amoureux. De moi ou de l’idée qu’il se fait de moi.Ça n’a aucune importance.Il est un pion. Et je suis celle qui déplace les pièces.Mais parfois…Parfois, je le regarde trop longtemps.Et je me demande s’il verrait le couteau avant qu’il le sente.ElenaInès frappe. Trois coups brefs. Notre signal.Je l’ouvre. Elle entre.Aujourd’hui, elle ne tremble pas.Elle a attaché ses cheveux. Porté ses bottes les plus discrètes.Elle me tend une bague. Fine. En or. Une minuscule pier