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Déesse
Déesse
Auteur: Écrivain rêveur

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Chapitre 2 : famille recomposée 

-Cyril

On a passé le week-end à Disney Land Paris avant de prendre l’avion pour le Gabon où toute ma famille nous attendait. 

Coralie n’avait pas démonté le sapin de Noël et les cadeaux de Cyrielle s’y trouvaient toujours. Moi qui pensais qu’elle aurait filé se coucher, elle débordait d’énergie. Elle a ouvert tous ses cadeaux avec enthousiasme en me montrant à chaque fois le contenu. 

J’ai passé trois semaines pleines au près de ma fille, tant pis si elle commence les cours en retard. Trois semaines à voir ma fille heureuse et épanouie, à profiter d’elle pleinement. Mais toute bonne chose a une fin et il a fallu que je retourne au boulot et Cyrielle à l’école. 

La veille de son départ, elle est venue s’assoir sur mes genoux en posant sa tête sur mon torse. 

Cyrielle : papa je veux rester ici avec toi s’il te plaît. Je ne ferai pas de bêtises, je serai sage. 

Moi un peu triste : papa aussi veut que tu restes mais je ne peux pas. 

Cyrielle : mais je sais me laver toute seule et faire mes devoirs. Je pourrai rester seule quand tu seras au travail. 

Moi après une grande inspiration : dans deux ans quand tu seras au collège ok ?

Cyrielle déçue : …

Moi comptant sur mes doigts : tu es déjà au CM1, en septembre tu seras en CM2, et après je viendrai te chercher et tu resteras ici avec moi. 

Cyrielle avec une petite voix : d’accord !

Je l’ai gardée contre ma poitrine jusqu’à ce qu’elle s’endorme et je suis allé la déposer sur son lit. 

Si seulement je pouvais t’expliquer que c’est pour ton bien que je te garde loin d’ici. Plus tard tu seras plus forte, plus à même d’affronter la vérité, mais pas maintenant. Tu es encore trop fragile, ton mental est encore trop fragile. Mais je t’aime plus que ma vie Cyrielle. 

Maman : ça fait sept ans Cyril, quand est-ce que tu vas te remettre de l’échec de ton premier mariage ? Regarde toi, tu travailles comme un forcené, tu n’as plus de vie, ne vois plus ta fille, c’est comment ?

Moi ne voyant pas la nécessité de répondre : …

Maman : j’ai trouvé une femme pour toi. 

Moi ahuri : quoi ?!

Maman : tu m’as bien entendue. Tu es l’aîné de cette maison, Coralie et Maxime te regardent. En plus ton oncle veut te donner un poste à responsabilité, il faut que tu te maries. Sans compter que si tu as une femme, ta fille ne sera plus obligée de vivre loin de sa famille. 

Moi : …

Maman : elle s’appelle Patricia et…

Moi la coupant : je ne vais même pas chercher à savoir qui elle est. 

Maman : et pourtant il va bien falloir. C’est ça la vie d’adulte, c’est faire des sacrifices, des compromis. Il te faut une femme et Patricia est très bien. C’est la cousine de Bernadette (une belle-sœur). Si tu ne veux pas de femme, sache que Cyrielle a besoin d’une mère. 

-Inelle

A peine je pose mes fesses qu’on m’annonce que Cyrielle était là pour les vacances de fin d’année. Apparemment elle ne vit pas ici mais en France. Le Gabon la c’est pour eux non ? Mais la France c’est pour les français. Comme les OKOUMBA ne veulent pas régler ce problème à l’amiable, on va tous utiliser la force. 

Dès lundi j’étais à l’ambassade de France prendre des renseignements sur la procédure à suivre. 

La femme : comment s’appelle la petite ?

Moi : OKOUMBA Cyrielle, elle a neuf ans. 

La femme : et vous dites que vous n’avez aucun papier, aucune photo ?

Moi : non. 

Elle ne faisait qu’écrire depuis là. 

La femme : ok ! Vous avez porté plainte ?

Moi : non. 

La femme : il va falloir commencer par là madame. Et si vous dites qu’il a changé son acte de naissance, qu’est-ce qui vous fait croire qu’elle porte toujours le même nom ?

En gros elle ne peut pas m’aider. Pas grave, je ne baisserai pas les bras. Cyril n’a pas le droit de m’empêcher de voir mon enfant, c’est moi qui l’ai porté neuf mois dans mon ventre, qui ai souffert le martyre pour qu’elle vienne au monde. C’est MON enfant. 

[Sonnerie de téléphone]

Doris : allô ? Bonjour (…) oui (…) deux secondes (…) madame c’est pour vous. 

Moi : c’est qui ?

Doris : monsieur Jean-Blaise. 

Moi me levant : je vais prendre l’appel dans ma chambre. 

Je suis allée dans ma chambre, climatisation en marche avant de prendre le téléphone. 

Moi : allô ?

JB : bonjour Inelle. 

Moi : bonjour Jean-Blaise. Comment tu vas ?

JB : ça va, ça va. Je rentre à peine de cite. 

On a parlé un bon bout de temps et on a raccroché après avoir ficelé un rendez-vous pour ce soir. 

Jean-Blaise à trente-cinq ans, il est dans le pétrole et travaille trente jours sur soixante sur site. Avant il vivait à Port-Gentil, mais son fils l’a emmené à déménager sur Libreville (il a un petit garçon de dix ans). C’est quelqu’un de plutôt calme et mature. Ça fait trois mois qu’on se fréquente et il me traite plutôt bien. 

Le soir après que mon chef ne soit allé se coucher, j’ai fait signe à JB avant de le rejoindre. 

JB : tu as mangé ?

Moi : oui t’inquiète. 

Ce qui me plaît bien avec cette relation c’est qu’on discute beaucoup. Ça fait sept ans que je suis célibataire -on parle de vraie relation- mais je m’en sors plutôt pas mal avec lui. 

A six heures, après une nuit bien mouvementée, je l’ai réveillé pour qu’il aille me déposer avant le réveil de mon chef. Il a brossé les dents, un tee-shirt et un short, ses clés de voiture et nous nous sommes mis en route. Devant chez moi, il a coupé le moteur. 

JB : Inelle tu sais que j’ai trente-cinq ans, la quarantaine me guette et gloire à Dieu je gagne bien ma vie. Mais j’ai passé l’âge de ce genre de relation. Je veux me poser, avoir une famille qui m’attend quand je rentre. 

Moi : ça ne fait que trois mois JB. Et sur les trois mois tu étais absent pendant un mois. 

JB : et alors ? A nos âges on devrait savoir exactement ce qu’on attend l’un de l’autre, on n’a pas besoin d’attendre mille ans. Je veux faire d’autres enfants, avoir une situation familiale stable. S’il te plaît, penses-y. 

Moi ouvrant la portière : ok !

Je suis allée faire ma toilette et continuer mon sommeil. Même pas trente minutes que je m’allongeais que mon bébé venait me rejoindre dans mon lit. 

Au réveil on a pris notre petit déjeuné, un tour à la douche et nous sommes allées relaxer à la piscine. Je n’ai cessé de repenser à la conversation avec JB pour conclure qu’on pourrait aller tous les quatre en week-end et voir comment ça se passe. 

Moi à ma princesse : le week-end prochain on ira au Cap. 

Janelle excitée : ouiiiiii. Je vais manger les grosses crevettes avec les crabes farcis. 

Moi amusée : tu pourras manger tout ce que tu veux. 

Janelle : et je vais mettre mon maillot de bain rose. 

A midi on a mangé et juste quand la piscine commençait à se remplir nous sommes parties. C’est pour ça que j’aime venir le matin. 

Je roulais quand j’ai vu une cousine à Cyril entrain d’acheter de la banane sur la route. Je me suis garée sans réfléchir. 

Moi : Modestie bonjour. 

Elle avec dédain : oui ?

Moi : il faut parler à ton frère, rendez-moi mon enfant. 

Modestie : lequel enfant ? Celui que tu as abandonné ? Mais va porter plainte, ce n’est pas ce qu’on t’a demandé de faire à l’ambassade de France ? Va porter plainte. 

Moi folle de rage : parce que vous avez l’argent et les relations ? Parce que vous êtes les parents directs du…

Modestie me coupant : eeeh pardon ! Va porter plainte c’est ce qu’on t’a demandé de faire. Petite ingrate comme ça !

Elle a pris son sachet et s’en est allée me laissant là toute penaude. La douleur, la colère. Je me suis mise à pleurer. Je veux mon enfant, rendez-moi mon enfant. 

Toute la semaine j’ai demandé conseils de gauche à droite et tout le monde m’a conseillé la même chose : cherche à régler ça pacifiquement. C’est ainsi que j’ai décidé d’aller voir la mère de Cyril non pas ce week-end car on va au Cap avec JB et les enfants, mais le week-end suivant. Pour cela j’aurai besoin de la présence de mes parents. Rien qu’à y penser je soupir seule. 

JB et son fils Eric sont venus nous chercher à 7h comme conclu pour que j’ai le temps de faire quelques courses en route. J’ai décidé d’embarquer Doris dans l’aventure pour qu’elle garde les enfants qu’on JB et moi aurons envie d’intimité. 

Nous sommes arrivés au Cap Lopez à midi car JB et les enfants ont décidé de faire un tour en forêt en plus de s’arrêter ci et là en chemin. 

On a pris une maison de 2 chambres, la chambre des enfants avait deux lits superposés ce qui nous arrangeait. 

.

Janelle : maman après manger on peut aller nager avec Doris. 

JB : on dit tata Doris. Quand une personne est plus âgée que toi tu dis « tonton » ou « tantine ». Ok ?

Janelle mécontente : …

JB insistant : ok Janelle ?

Janelle du bout des lèvres : oui. 

JB : oui qui ?

Janelle : oui tonton Jean-Blaise. 

JB : très bien. Après manger vous allez digérer et ensuite vous pourrez aller nager. 

Janelle est restée silencieuse jusqu’à la fin du repas. Ça commence bien. 

JB : tu laisses ta fille appeler les grandes personnes par leur nom ?

Moi : Doris n’est pas sa tante. 

JB : je viens d’une famille où on respecte énormément les aînés. Janelle ne pourra pas aller appeler les gens par leurs prénoms là-bas, impossible. Pareil pour les enfants qu’on aura. 

Moi : …

Je ne vois pas pourquoi Janelle devrait appeler Doris « tantine » ou « tata », Doris n’est pas un membre de sa famille mais une employée. 

Ce week-end m’a permis de voir JB dans son rôle de père, je le trouve trop strict, est-ce que c’est l’armée ? Il a passé tout le week-end à me martyriser l’enfant. 

Moi : si elle ne t’aime pas ensuite il ne faudra pas te plaindre. 

JB : tu entends comment ta fille parle souvent ? Les choses qu’elle sort de sa bouche devant une personne assez âgée pour être sa mère ?

Moi : tu veux dire que Janelle est impolie ?

JB : je suis désolé mais oui. 

Moi me levant : ok !

J’ai pris mes affaires et je suis allée les attendre sur la terrasse. JB est sorti peu après avec les enfants et sans un mot ni regard pour moi, il est allé charger la voiture. Je me suis levée avec mon sac et j’ai fait de même. La voiture était silencieuse jusqu’à la maison. Il a commencé par son fils et quand il s’est garé devant le portail j’ai demandé à Doris de descendre avec Janelle car j’avais deux mots à dire à JB. 

Moi : aucun homme ne passera jamais devant ma fille, jamais. 

JB : ok !

Moi : ok quoi ?

JB : écoute Inelle, j’ai trente-cinq ans ok ? Je cherche une femme, une vraie. Une femme mature qui va m’aider à aller encore plus loin. Pas une petite fille qui va bouder à la moindre réflexion ou ramasser ses bagages à la moindre petite dispute. Ça c’est un. De deux, une petite fille de six ans ne viendra pas semer la terreur dans ma maison, je dis non. A six ans on obéit aux parents, on ne fait pas la loi. 

Si tu trouves que je t’en demande trop et que tu veux arrêter je ne te retiendrai pas. Je ne t’en voudrais même pas. 

Moi : je pense qu’on n’a plus rien à se dire alors. 

JB : ok !

J’ai pris mon sac et je suis rentrée chez moi. Ce ne sont pas les hommes ou les prétendants qui manquent. Lui j’ai bien voulu aller plus loin parce qu’il m’avait l’air posé, mais si c’est pour me traumatiser l’enfant qu’il reste. 

Dans la maison, Janelle était entrain de bouder dans sa chambre. 

Janelle : je n’aime pas tonton Jean-Blaise. 

Moi la rassurant : je sais, et il ne t’embêtera plus. 

Le mardi je suis allée chez mes parents, ils doivent m’accompagner ce samedi chez Anastasie et Dieu-donné OKOUMBA. 

Maman : c’est aujourd’hui que tu te souviens que tu as un enfant Inelle ? C’est aujourd’hui ?

Moi : ne me blâme même pas un peu quand tu sais que tu es l’origine même du problème. 

Maman se tapant sur la poitrine : moi ?

Moi : oui toi. Toi qui m’as obligée à me marier à dix-sept ans à un homme que je n’aimais pas pour tes propres intérêts. 

Maman : mes intérêts Inelle ? Mais tu es ingrate. Qui a le plus bénéficié de ce mariage et continue de le faire ? C’est moi ?

Moi : je ne l’aimais pas. 

Maman : tu connaissais quoi de l’amour à dix-sept ans ? Tu aimais qui ? Ce rigolo de Janvier ? Va dehors et prends cent garçons de dix-huit ans, demande leur combien pense au mariage. Demande leur combien d’entre eux sont prêts à prendre en charge une femme même si on leur en donnait les moyens. Cyril t’a toujours traitée comme une reine, et toi, et ta famille. Sa famille t’a payé tes études dans la meilleure école du Québec, tu ne manquais de rien. Même quand Cyrielle est née, il a tout mis en place pour que tes études ne soient pas compromis. Tu sais combien de femmes rêvent d’un tel mari ? Un mari qui est prêt à fermer les yeux sur ton infidélité, à reconnaître ton enfant adultérin…

Moi sentant la moutarde monter : tu ne parles pas comme ça de mon enfant. 

Maman se levant mains aux hanches : je dis ce que je veux, je suis chez moi. Qu’est-ce que Cyril ne t’a pas donné ? Le travail que tu as, tu l’as grâce à qui ?

Moi : j’ai des diplômes, des compétences. 

Maman : ah bon ? Tous ceux qui défilent à l’O.N.E (Office National de l’Emploi) pendant des années n’en ont pas ? Tous les chômeurs de Libreville n’en ont pas ? Tu as eu dès la signature de ton contrat tous les avantages que les gens attendent des années à avoir. S’il était mauvais il devait te faire virer et t’empêcher de trouver du boulot dans ce pays. Mais il t’a tellement aimée qu’il n’en a rien fait. 

Je pensais que tu étais la plus maligne de tous mes enfants mais visiblement ton intelligence ne s’arrêtait qu’à l’école. Janvier t’aurai donné quoi Inelle ? Même Dieu lui-même qui a instauré le mariage n’a jamais demandé à la femme d’aimer son mari, juste de lui être soumise. C’est à l’homme qu’on a demandé d’aimer sa femme. Tu serais loin aujourd’hui Inelle, très loin. 

Moi : tu devrais ouvrir ton église vu ta facilité à adapté la parole selon tes propres besoins. Dans tous les cas, ça ne te donnait pas le droit de choisir pour moi. Tu vas dire que tu m’as donné le choix mais c’est faux et tu le sais. Tu m’as fait du chantage affectif ce jour en larmes, je n’avais que dix-sept ans. Peut-être que ça n’aurait pas marché avec Janvier, mais au moins j’aurais essayé. J’aurais vécu mon histoire d’amour. Cyril et moi c’est mort maman, fais-toi une raison. Je suis ici pour parler de mon enfant, Cyrielle. Je veux mon enfant. 

-Cyril

J’ai fini par accepter de rencontrer la fameuse Patricia. Elle n’est pas vilaine, c’est la première chose qu’on remarque en la regardant. Elle est très élégante, classe, je dirai pas vulgaire du tout. Bref je comprends mieux pourquoi elle plaît autant à maman. Mais le physique ne fait pas tout. 

Moi : tu sais que j’ai une fille de neuf ans ?

Patricia : oui maman m’en a parlé. 

Moi : c’est premièrement pour elle que je me marie. Est-ce que tu es prête à devenir belle-mère ?

Patricia : le mot « belle-mère » n’existe pas dans le vocabulaire africain. La mère de ton mari est ta mère, la femme de ton père est ta mère. 

Elle ne le sait peut-être pas mais elle vient de marquer 50 points en seulement deux phrases. 

Moi : elle sera là les grandes vacances, c’est seulement après votre rencontre que je pourrai éventuellement songer à un avenir entre nous. Pour le moment tu dormiras dans la chambre d’amis. 

Patricia : d’accord.

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