Chapitre 3

Après l'examen, le chef guérisseur de la meute m'a ordonné de me reposer.

J'ai enfin compris pourquoi Gérard était si furieux.

L'enfant était mort, le vieil Alpha, accablé de chagrin, avait annoncé qu'il allait bannir Sandrine de la meute.

Croyant à tort que je me vengeais, Sandrine a pleuré devant Gérard avec sa version exagérée des faits.

C'était pour cela que Gérard m'avait attaquée.

En plus, Gérard a révoqué mon poste au Bureau de la Maison de la Meute et l'a donné à Sandrine.

Pour lui faire plaisir, il a acheté vingt pierres de guérison en cristal violet lors d'une vente aux enchères pour Sandrine.

Lors d'une interview, Sandrine a montré avec suffisance sa bague en diamant sertie de pierres de guérison de première qualité.

« Je ne me suis jamais considérée comme une briseuse de famille. Les mariages sans amour ne durent pas, ils ne reçoivent pas la bénédiction de la Déesse de la Lune. »

« D'ailleurs, l'actuelle Mme Dubois n'est devenue la compagne de Gérard que pour le pouvoir et le statut de la Luna. Je suis différente, mes sentiments pour Gérard sont purs et sincères. »

Les commentaires étaient très divisés.

Les fanatiques de Sandrine sur Facebook ont tagué mon compte.

Différentes insultes et malédictions me demandaient de céder la place à Sandrine.

En regardant tout cela, je ne ressentais que de l'ironie.

Après toutes ces années, les méthodes de Gérard pour charmer les femmes n'ont pas changé.

A l'époque, il m'avait fait la même chose.

Lorsqu'il a appris que ma famille était pauvre et que je n'avais jamais eu de vacances familiales, il a organisé un voyage d'un mois autour du monde.

Depuis les aventures au bord de la mer qui m'avaient manqué lorsque j'étais enfant, jusqu'aux randonnées en montagne auxquelles j'aspirais lorsque j'étais adolescente, et aux aurores boréales que je rêvais de voir à l'âge adulte.

Il m'a dit qu'il me montrerait tous les endroits que j'aurais dû voir avec ma famille.

Je me souvenais encore de ce jour quand nous étions sur le yacht dans la mer Égée au coucher du soleil, il m'a pris la main.

« Alina, j'ai perdu mes parents quand j'étais jeune, désormais, je traiterai ta mère comme la mienne, je construirai avec toi la famille la plus heureuse et je vous emmènerai tous dans des endroits encore plus lointains. »

J'ai fondu dans son regard passionné.

Je pensais naïvement avoir trouvé quelqu'un avec qui je pourrais passer ma vie.

Mais plus tard, une fois l'effet de nouveauté passé, Gérard a vite changé.

Un jour, j'ai obtenu une précieuse pierre de guérison de première qualité. Tous les guérisseurs disaient qu'avec cette pierre, la louve de ma mère se réveillerait.

Mais Gérard a pris cette pierre et l'a donnée à sa maîtresse. Sans le meilleur matériel de guérison, ma mère a perdu sa seule chance de guérir. Elle était alitée jusqu'à ce qu'elle meure en me protégeant contre les loups sauvages.

Plus tard, j'ai découvert que la maîtresse de Gérard n'avait même pas besoin de cette pierre. Elle a donné la pierre précieuse qui aurait pu sauver ma mère à son chien de compagnie.

C'était à ce moment-là que j'aurais dû comprendre.

Cet homme était égoïste et inconstant, il ne s'installerait jamais avec quelqu'un.

Cet accord n'était qu'une excuse qu'il utilisait pour justifier sa tromperie.

En pensant à cela, j'ai laissé un commentaire sous la vidéo de Sandrine.

« Je vous souhaite à tous les deux une vie de bonheur et d'avoir beaucoup d'enfants. »

Peu de temps après, Sandrine a supprimé la vidéo.

Il s'en est suivi un coup de fil furieux de Gérard.

Je n'ai pas répondu.

Au lieu de cela, comme il faisait toujours avec moi, je l'ai calmement bloqué.

Puis je me suis soudain souvenue que c'était aujourd'hui l'incinération de ma mère.

J'ai expliqué la situation et j'ai demandé à sortir plus tôt.

Le guérisseur traitant était inquiet mais ne pouvait pas me contredire, il a donc proposé de m'accompagner.

Lorsque l'employé du funérarium m'a remis l'urne, je n'ai pas ressenti l'immense chagrin auquel je m'attendais.

Je sentais seulement que les chaînes qui m'avaient liée pendant sept ans s'étaient enfin complètement brisées.

J'ai soupiré doucement, dit au revoir au médecin et je suis retournée seule à la maison de Dubois pour faire mes valises.

En entrant dans le salon, j'ai vu Gérard et Sandrine assis sur le canapé.

En me voyant revenir, Sandrine a rapidement remonté la fermeture éclair de sa robe.

Mais les marques rouges qui couvraient son corps révélaient encore l'intensité de leurs activités récentes.

Je ne ressentais aucune tristesse, aucune colère.

Comme si je n'avais rien vu, j'ai marché calmement jusqu'à la chambre.

Lorsque je suis sortie, Sandrine était déjà partie.

Gérard est resté seul, assis en train de boire.

Me voyant sortir, il a lentement relevé la tête.

La faible lumière s'est répandue sur son visage, rendant impossible la lecture de son expression.

« Alina, où es-tu allée aujourd'hui ? »

« Ça ne te regarde pas. »

Je ne voulais pas en dire plus, mais Gérard a soudain brisé son verre.

Il s'est approché de moi à grands pas.

« Arrête de faire l'innocente, tu crois que je ne sais pas que tu es allée t'amuser avec d'autres Alphas. »

« Alina, es-tu vraiment si désespérée ? Tu me reproches de t'avoir négligée ces derniers temps ? Si c'est le cas, je vais te donner ce que tu veux ! »

Sur ce, Gérard a déchiré mes vêtements et m'a entraînée vers le lit.

J'ai été choquée par son geste.

Je me suis battue désespérément.

« Gérard, es-tu fou ? Notre enfant... »

Gérard a perdu la raison et ne voulait rien entendre, iI m'a mordu l'épaule avec force.

J'ai repoussé Gérard de toutes mes forces et je l'ai giflé.

Furieux, Gérard ne s'est pas retenu non plus. Il a libéré sa domination de loup d'Alpha pour me réprimer.

Venant de subir de graves blessures et de perdre mon enfant, ma louve n'avait pas la force de résister.

Des gouttes de sang ont lentement coulé de mon front.

Gérard s'est figé un instant, puis a tendu instinctivement la main pour m'aider.

« Depuis quand es-tu si fragile... »

J'ai reculé de quelques pas en essayant de parler.

Mais mon corps n'a pas pu me soutenir et je me suis effondrée.