Chapitre 1

Les guérisseurs m'avaient donné une sentence mortelle, et ma mort serait la vengeance ultime contre mon Alpha indifférent et la famille qui m'avait impitoyablement tourmentée.

À peine ces mots prononcés que les portes de la salle ont été violemment repoussées.

Le rugissement de Collin a résonné dans le hall. « Hélène ! Qu'est-ce que tu crois faire ? »

Je me suis retournée pour voir ses yeux sombres brûlant de fureur.

Derrière lui, Lydia s'est précipitée, le visage masqué par une feinte inquiétude.

« Entre tous les jours, il fallait que tu fasses une scène aujourd'hui ? » Collin s'est approché de moi en quelques enjambées. « Lydia vient d'être promue Guerrière d'Élite. La meute entière la célèbre, et tu choisis aujourd'hui pour monter ce coup ? »

Sans un mot de plus, il m'a frappée. Une gifle cinglante a claqué sur mon visage.

La violence du choc m'a fait trébucher, ma joue gonflant instantanément sous la brûlure.

Il m'a fallu plusieurs secondes pour réaliser quel jour nous étions : la cérémonie en l'honneur de Lydia.

Collin avait spécifiquement reporté une patrouille de deux jours dans notre territoire rien que pour célébrer sa promotion.

Et moi, sa compagne, j'étais en phase terminale de dépérissement spirituel.

Mon esprit s'éteignait, et mon seul crime avait été de tendre la main vers lui, implorant son aide, pour qu'il m'accuse d'avoir abusé notre lien.

Les larmes ont embué ma vision, mais j'ai lutté pour les retenir.

J'allais parler quand une quinte de toux violente a secoué mon corps.

Des gouttelettes de sang ont éclaboussé le sol, épanouies comme des fleurs rouge sombre sur le marbre blanc.

J'ai lutté pour retrouver mon équilibre, la voix tremblante alors que j'essayais d'expliquer, m'accrochant à un dernier espoir. « Collin, je n'ai vraiment pas... »

Le front de Collin s'est froncé un instant, peut-être à la vue du sang sur mes lèvres, mais il n'a rien dit.

La voix délicate de Lydia est intervenue au moment parfait. « Mais, Hélène, l'Alpha est venu spécialement pour toi... »

« Je vous avais dit de la laisser tranquille. Elle ne cherche que des ennuis », la voix de ma mère Sarah a retenti dans le lien mental. « Elle fait toujours ce genre de cinéma pour attirer l'attention depuis petite. Croit-elle vraiment qu'on va tomber dans ce pathétique manège ? »

« Hélène, irais-tu jusqu'à te blesser pour m'attirer ici et gâcher la cérémonie de Lydia ? » Collin s'est approché de moi, m'attrapant par le col.

Lydia s'est précipitée pour le retenir. Ses yeux se sont emplis de larmes en me regardant, la voix tremblante de supplication.

« Je suis tellement désolée, Hélène. Je n'aurais pas dû accepter cette promotion. Tout est de ma faute ! Je t'en prie, arrête de te faire du mal ! L'Alpha est déjà assez inquiet pour toi. Si tu peux vraiment te repentir, je jure que je n'accepterai plus jamais aucun honneur ! »

Ses paroles étaient des poignards, chacun me transperçant le cœur et me donnant le rôle de la malfaisante.

Le ton de Sarah s'est instantanément adouci d'affection. « Chérie, ce n'est pas ta faute. Tu es si exceptionnelle, tu mérites chaque honneur qui t'est accordé. »

Bien que j'aie assisté d'innombrables fois à ces démonstrations de tendresse maternelle, chaque fois cette douleur revenait, comme si mon cœur était taillé à la lame émoussée.

Cela faisait si longtemps que je n'avais pas ressenti l'amour maternel qui aurait dû m'être destiné.

Désormais, il était tout entier déversé sur Lydia.

Mais cela n'importait plus. Quand on meurt, on finit par lâcher bien des choses.

Mon cœur n'était plus qu'une terre aride. Une nouvelle vague de sang au goût métallique a coulé du coin de ma bouche.

Collin a arraché le rapport médical de mes mains. Après l'avoir parcouru, il a ricané, « Dépérissement Spirituel de la Louve ? Tu ne peux même pas inventer un mensonge crédible. »

Le document a été réduit en lambeaux, les fragments voltigeant autour de mes pieds.

Son regard s'est attardé une seconde sur mon visage d'une pâleur cadavérique.

En croisant ses yeux, j'ai revu le vert étincelant qui brillait d'émerveillement lors de ma cérémonie des dix-huit ans.

À présent, ils étaient aussi ternes et sans vie que des eaux stagnantes.

J'ai levé une main tremblante pour essuyer le sang, le corps vacillant alors que je me retournais vers l'officier du conseil. « Veuillez accomplir le rituel de rupture. Je ne veux aucun délai quand mon esprit s'éteindra dans trois jours. »

Le corps de Collin a tressauté. Il a saisi mon poignet. « Tu entraînes un officier du conseil dans cette farce rien que pour gâcher la cérémonie de Lydia ! » Sa voix était épaisse de fureur. « C'est absolument absurde ! »

« Hélène, rentre avec moi immédiatement. Arrête de donner ce spectacle. »

Collin a tourné les talons et s'est dirigé vers la porte sans un regard en arrière, le bras enlaçant la taille de Lydia.