เข้าสู่ระบบLilithLa veille du couronnement, la ville est un corps nerveux. Des barrages militaires, des drones en essaims silencieux, une atmosphère de couvercle posé sur une casserole en ébullition. Ils croient contrôler la sécurité. Ils ne font que décorer la cage.Dans la chambre forte, on m’apporte la tenue. Ce n’est pas une robe. C’est une armure. Du cuir noir mat, travaillé de fils d’or qui forment des runes que je suis la seule à comprendre. Des plaques discrètes, pare-balles, se moulent à mes hanches, ma poitrine. La cape, lourde, d’un rouge sang, est doublée d’un tissu pare-lames. Azazel a veillé lui-même sur sa confection. Chaque couture est une incantation de protection. Chaque fibre, imprégnée de notre volonté commune.Je me tiens nue devant le miroir, et on m’habille. Des femmes aux yeux baissés, des mains qui tremblent en ajustant les sangles. Elles sentent le froid qui émane de moi, la présence autre. Une d’elles, en attachant une bretelle, effleure la marque laissée par Azazel s
LilithEt le pouvoir, le vrai pouvoir terrestre, commence à couler vers moi.Le Parti, orphelin, paniqué, se tourne vers la seule figure stable : moi. La veuve du héros. Celle qui partageait ses nuits et ses secrets. Ils me voient comme un symbole, un pont vers sa mémoire. Ils ne voient pas la prédatrice.Azazel, désormais, n’est plus un spectre. Il est mon ombre portée, mon conseiller occulte. La nuit, dans les appartements privés que j’occupe désormais au palais, il se matérialise.— Ils ont peur, murmure-t-il, passant derrière moi tandis que je regarde la ville scintiller. Sa main effleure ma nuque, un contact de glace et de braise qui me fait frissonner. La peur est le ciment des trônes. Utilise-la.Sa présence n’est plus seulement mentale. Elle est charnelle. Une nuit, alors que les derniers conseillers nous ont quittés, il me fait face. L’air est lourd, chargé d’ozone et de menace.— Tu as goûté à son âme. Mais tu n’as pas encore goûté à la mienne, dit-il.Il avance, et cette fo
LilithJe souris, un sourire triste et doux.— Je veux te montrer à quel point tu peux me faire confiance. À quel point nous ne faisons qu'un.Je me lève et je viens derrière lui. Je pose mes mains sur ses tempes.— Ferme les yeux. Vois à travers les miens.Il obéit, confiant, amoureux.Et alors, je lui ouvre mon esprit.Pas entièrement. Juste un flot contrôlé. Je lui montre des images. La simulation de l'attentat, mes hommes payés pour être neutralisés. Je lui montre mes manipulations dans son cabinet, les âmes faibles que j'ai tordues. Je lui montre Azazel, non pas dans sa forme démoniaque, mais comme une présence, un partenaire dans l'ombre. Je lui montre chaque mensonge, chaque manipulation, chaque goutte de pouvoir que j'ai soutirée, le tissant dans un récit pervers d'un amour si absolu qu'il justifie toute trahison.Je lui montre tout cela, non pas avec cruauté, mais avec une tendre mélancolie, comme si je lui confiais le secret le plus précieux et le plus tragique de mon âme.J
LilithLa lune de miel est une opération militaire. Nous sommes dans une villa isolée sur une falaise surplombant une mer démontée, un décor parfait pour un drame. Valerius la voit comme un refuge idyllique. Moi, je la vois comme un laboratoire, une arène close.Le premier soir, alors qu'il me serre contre lui devant la cheminée, ivre de bonheur et de vieux brandy, je commence.Je pose ma main sur sa tempe, un geste qu'il prend pour une caresse. Je ferme les yeux et j'ouvre le conduit. Le fil noir qui nous relie depuis l'église pulse soudain, passif devient actif. Ce n'est plus une simple sensation, c'est une vanne que je tourne.— Tu es mon roc, Lilith, murmure-t-il, son souffle chaud contre mon cou.— Je le sais, chuchoté-je.Et je bois.Ce n'est pas une gorgée discrète comme avec les autres. C'est un torrent. Sa confiance en moi, aveugle et totale, est un nectar sucré et épais. Je l'aspire, et la sensation est si enivrante que ma tête tourne. Un soupir lui échappe, qu'il prend pour
LilithLe monde se met à genoux. Littéralement. La nouvelle de mes fiançailles avec le Président Valerius est une onde de choc qui balaie les marchés, les médias et les cercles du pouvoir. Je suis partout : la mystérieuse bienfaitrice, la beauté fatale qui a sauvé la vie du président et a capturé son cœur. On dissèque mon passé, un chef-d'œuvre de fiction que j'ai patiemment tissé au fil des années. On s'extasie sur mon élégance, on chuchote sur ma fortune, on spécule sur mon influence. Ils ne voient que l'écrin. Ils sont aveugles à la lame.Valerius, lui, se métamorphose. La solitude qui le ronge s'est dissipée, remplacée par une confiance nouvelle, presque arrogante. Il voit en moi son pilier, son talisman. Il me consulte pour tout, des dossiers économiques aux remaniements ministériels. Mes "conseils", toujours teintés de la sagesse perverse d'Azazel, sont des ordres déguisés. Je deviens l'éminence grise couronnée, l'épouse officieuse de la nation.Mais chaque nuit, je paye le prix
LilithLe pouvoir nouvellement acquis est un vin épais dans mes veines. Chaque âme que je prends pour Azazel laisse en moi un résidu de puissance, une énergie noire qui aiguise mes sens et affûte ma volonté. Mais comme il l'avait prédit, un seul goût rend accro. La petite reine de sang d'une ville ? C'était hier. Aujourd'hui, je veux un trône à l'épreuve des balles et des lois.Mes nouveaux sens, affinés par la magie noire du pacte, me guident vers les faiblesses du monde. Je traque non plus avec un couteau, mais avec une intuition démoniaque. Et je la sens, de loin, la faille la plus prometteuse : le Président Valerius.Je l'étudie. Veuf. Charismatique. Assoiffé de stabilité après un premier mandat tumultueux. Il est entouré d'une cour de sycophantes, mais son âme crie sa solitude et sa peur de l'effondrement. Une peur que je peux apaiser. Une faille que je peux combler.Je ne le rencontre pas dans un salon mondain. Trop prévisible. Je crée une situation. Une attaque terroriste simul