ÉliseLa journée s’étire, interminable.Chaque minute devient un supplice.Je m’occupe du bébé. Je prépare des repas que personne ne touche. Je nettoie des surfaces déjà propres.J’étouffe dans cette maison.Julien m’évite, mais ses yeux me cherchent sans cesse.Nos regards se croisent. Se fuient. Se retrouvent.Chaque échange, chaque silence est une brûlure.Camille, elle, flotte autour de nous, comme si elle sentait ce qui se trame sous la surface sans encore parvenir à mettre un mot dessus.Elle parle peu. Observe beaucoup.Et ce poids, cette chape de plomb, me cloue au sol.L’après-midi s’étire.Camille dort dans le salon, le bébé contre elle.Je la regarde, le cœur au bord des lèvres.Elle est si douce, si vulnérable.Et je suis là, monstre tapi dans l’ombre.Sa mère.La femme qui a trahi.JulienJe la vois.Élise.Belle à en crever.La fatigue la rend plus vraie encore, plus brute.Je ne dors plus.Je ne mange plus.Je la veux . Je ne veux qu’elle.Camille me regarde parfois, c
Julien Je m’arrête une seconde.Pitié de quoi ?Pitié d’arrêter ?Ou pitié de continuer à la briser ainsi ?Je caresse ses joues humides, je l’embrasse avec une douceur inattendue.— Tu es magnifique quand tu pleures…Elle sanglote, mais elle m’ouvre ses jambes, incapable de résister à ce que nous sommes en train de devenir.Je l’aime, bordel.Je la hais aussi.Et cette haine nourrit mon désir.Je la prends encore, sans retenue, jusqu’à ce qu’elle crie dans la nuit, incapable de taire ce plaisir monstrueux qui la submerge.ÉliseJe me perds.Je me perds dans ses bras, dans sa peau, dans cette violence qui devient ma seule vérité.Je l’implore, je le supplie, mais il continue.Et je jouis contre lui, dévastée, détruite, consumée.Je pleure dans son cou, incapable de comprendre comment j’en suis arrivée là.Comment ai-je pu trahir ainsi ma propre fille ?Et pourtant… je veux encore.— Ne me laisse pas, Julien…Il me serre fort, et dans un murmure, il m’achève :— Je te laisserai plus j
ÉliseLa nuit est tombée.La maison respire ce silence pesant que je redoute.Camille dort, épuisée, la petite lovée contre elle.Je les ai regardées s’endormir, le cœur noué par cette culpabilité qui ne me quitte plus.Je reste dans la cuisine, incapable de monter me coucher.Et lui, il est là.Assis dans l’ombre du salon.Il ne bouge pas. Il ne parle pas.Mais je sais qu’il m’attend.Chaque soir, c’est la même chose.Je lutte. Je m’interdis d’y aller.Mais je sens mon corps céder, lentement.Je me lève, incapable de supporter plus longtemps cette tension dans ma poitrine.— Julien…Ma voix tremble. J’ai honte de l’appeler.Il relève la tête, ses yeux brillants dans la pénombre.— Viens, Élise. Viens, on doit parler.Je reste figée.Je sais que ce n’est pas de paroles dont il a envie.Et moi… je ne suis pas certaine d’être capable de résister cette fois.JulienElle est venue.Ses cheveux lâchés, son visage tendu par la fatigue et la peur.Elle est encore plus belle comme ça, abîmée,
ÉliseL’aube perce à peine, et déjà tout me semble plus lourd.La chambre est baignée d’une lumière grise, froide, celle qui ne promet rien de bon.Je suis là, allongée contre lui, encore nue sous le drap froissé.Ses bras autour de moi. Sa peau contre la mienne.Et pourtant…Tout est terminé.Tout commence.Je tourne la tête, lentement. Je l’observe, la gorge nouée.Julien dort d’un sommeil lourd, comme si la nuit avait dévoré ses forces.Je n’arrive pas à fermer l’œil.Je n’ai pas le droit.Camille a accouché.Je ferme les yeux. La nausée me saisit.Le souvenir de ses cris pendant le travail me hante encore.Ses larmes de douleur.Ses appels à Julien.Et nous…Nous, incapables de lui répondre. Prisonniers de ce lit, l’un contre l’autre, liés par ce que nous venions de faire.JulienJe me réveille au moment où elle tremble.Je la sens respirer fort, comme si elle se noyait.J’ouvre les yeux et je la vois.Élise. Belle à en crever.Mais le visage ravagé.— Qu’est-ce qu’il y a ? je mur
ÉliseLe jour n’a pas encore percé.La chambre flotte dans cette lumière trouble, grise, où tout semble irréel.Je suis allongée sur lui. Nue. Ma joue contre son torse, bercée par les battements lents de son cœur.Je respire Julien. Son odeur. Sa peau.Je m’imprègne de lui comme si ce moment allait me manquer toute ma vie.Ses doigts effleurent distraitement ma nuque. Ils tracent des cercles invisibles, apaisants, presque tendres.Je ferme les yeux.Je ne veux pas que ça s’arrête. Pas encore.— Tu penses à quoi ? me demande-t-il dans un souffle rauque.Je prends le temps de répondre, la gorge nouée.— À nous. À ce qu’on vient de faire. À ce qu’on est en train de devenir…Il ne dit rien. Mais je le sens se crisper légèrement sous moi.Parce qu’on sait tous les deux qu’il n’y a pas de réponse à ça.Je relève la tête. Mon regard accroche le sien.Et là, sans réfléchir, je l’embrasse.Longtemps. Lentement.Un baiser sans la moindre violence. Juste une faim douce, un besoin de le sentir à
JulienJe sens son corps contre le mien.Je ne peux plus lutter.Sa peau. Son odeur. Cette foutue sensation de retrouver ce qui me rend vivant.Je la plaque contre le mur. Elle ne résiste pas.Elle m’attendait autant que je la voulais.— Dis-moi d’arrêter… soufflé-je. Dis-le et je me casse.Elle ne dit rien. Ses lèvres tremblent.Alors je cède. Encore.Ma bouche s’abat sur la sienne dans un baiser brutal. Désespéré.Nos corps se cherchent, se retrouvent, se brûlent.C’est sale. C’est indécent.Et Dieu sait qu’on ne mérite pas ça.Je la dévore. Là, dans cette cuisine qui a vu Camille rire des années entières.Là où elle se sent en sécurité.Et moi, je salis tout.Mes mains glissent sous son pull. Sa peau frissonne.Je sens ses ongles s’enfoncer dans ma nuque.— Arrête… murmure-t-elle, la voix brisée.Mais ses hanches bougent. Son corps réclame ce que sa bouche refuse.Je la soulève. Elle s’accroche à moi.Nos souffles se mêlent.Je la prends là. Contre le mur.Sans tendresse. Avec rage