Mara
À peine rentrée à la maison, je n’eus pas le temps de retirer mes chaussures que la voix de ma tante me glaça le sang. — Où étais-tu encore passée, Mara ? Je la fixai un instant depuis l’entrée, mes clés toujours en main. Elle se tenait debout, les bras croisés, comme toujours. Prête à me juger. — J’étais chez Mariam, répondis-je, le ton neutre. Ses sourcils se haussèrent avec suspicion, et elle s’approcha de moi d’un pas sec. — J’espère que tu ne fais pas la pute dehors. Je restai figée, la gorge serrée. Mon regard planté dans le sien, je ne dis rien. Aucune réplique ne me semblait digne de ce moment. Je me contentai de monter les marches, les mains dans les poches, la rage coincée entre mes dents serrées. Une fois dans ma chambre, je claquai la porte derrière moi et m’appuyai contre elle. Mon cœur battait un peu trop vite, pas à cause de la peur, mais d’une lassitude profonde. J’étais fatiguée. Fatiguée d’avoir à supporter des accusations gratuites. Fatiguée d’avoir à justifier une vie que je n’avais même pas encore eu le temps de vivre. Je m’écroulai sur mon lit, les yeux rivés vers le plafond. Mon avenir... À quoi pouvait-il bien ressembler ? Une fuite sans fin ? Un combat constant ? Parfois, j’avais l’impression d’être une étrangère dans cette maison. Ma tante ne m’a jamais considérée comme sa nièce. Juste comme un fardeau dont elle aurait bien voulu se débarrasser. Je me levai et allai prendre une douche. L’eau chaude coula sur ma peau, chassant un peu de cette tension qui collait à mes muscles. C’était apaisant, du moins pour quelques instants. J’aurais voulu que l’eau emporte aussi mes pensées, mais elles s’accrochaient à mon crâne comme une tique. De retour dans ma chambre, j’attrapai mon téléphone. Comme souvent, je glissai sur les réseaux sans réel but. Juste pour m’éloigner un peu de ma réalité. Je vis passer une story de Mariam, une blague idiote qui me fit sourire. Puis, sans prévenir, Kelly entra dans ma chambre. Je levai les yeux au ciel. — Tu pouvais frapper avant d’entrer, non ? Elle haussa les épaules avec ce petit sourire agaçant. — Je peux si tu veux… mais bon, c’est la maison de ma mère, pas la tienne. Je soupirai. Ce genre de remarques, j’y étais habituée. Depuis que j’étais ici, Kelly n’avait jamais manqué une occasion de me rappeler que je n’étais qu’une invitée tolérée. — Qu’est-ce que tu viens faire ici ? demandai-je en verrouillant mon écran. Elle s’assit sur le bord de mon lit, comme si de rien n’était, et me lança un regard curieux. — Je voulais savoir… Ma mère dit que tu fais la pute. C’est vrai ? Je la fixai, choquée de la brutalité de la question. Mais je n’avais plus la force de jouer la surprise. — Peut-être, répondis-je sèchement. Ses yeux s’illuminèrent, presque amusés. — C’est comment ? Tu gagnes bien ta vie ? Ça paie combien ? Je veux tout savoir. — Et tu veux faire comme moi ? demandai-je, mi-sérieuse, mi-moqueuse. — Non, répondit-elle en riant. Je veux juste savoir, c’est tout. Curiosité. Je ne répondis rien. Cette discussion me dérangeait, et pourtant je la laissai rester quelques minutes de plus. Finalement, elle se leva sans dire un mot de plus et quitta la pièce. Je soufflai longuement et retournai une seconde fois sous la douche. Juste pour calmer mon esprit. L’eau cette fois me sembla glaciale. Je ne savais plus quoi ressentir. Je me glissai sous les draps, espérant que le sommeil viendrait vite. Mais il refusa de me trouver. Plus tard dans la nuit, incapable de dormir, je me levai doucement et descendis au salon. Il régnait un silence total dans la maison, seulement troublé par le tic-tac discret de l’horloge du mur. Je me servis un verre d’eau, que je bus lentement. Puis, je m’approchai de la fenêtre. Les rideaux laissèrent passer le clair de lune, et je me perdis dans la contemplation du ciel. Les étoiles brillaient fort ce soir. C’était rare dans cette ville pleine de pollution. Je les regardais en pensant à mes parents. À ce qu’aurait été ma vie s’ils étaient encore là. Aurais-je été plus heureuse ? Plus aimée ? Aurais-je eu le droit à une chambre où personne n’entre sans frapper ? Aurais-je eu une mère qui me croit quand je lui dis que je vais bien ? Je sentis une boule me monter dans la gorge, mais je refusai de pleurer. Je remontai lentement les escaliers, le cœur un peu plus lourd. Une fois dans ma chambre, je m’allongeai de nouveau. Une notification s’afficha sur mon téléphone. C’était Mariam. « Tu dors ? » Je souris. « Non. Toi non plus ? » "Moi non plus. Je pense à tout ce que je t’ai dit cet après-midi. Jonathan… il devient bizarre. Froid. Distant. J’ai peur qu’il me trompe, Mara." "T’es sûre ? Peut-être qu’il a juste ses soucis…" "Tu parles. Il a changé, je le sens. Et je me demande si c’est pas moi le problème." "T’es pas le problème. S’il te respecte pas, c’est lui l’idiot. Tu vaux cent fois mieux que lui." "Merci ma belle. T’es la seule à vraiment me comprendre." On échangea quelques messages, puis des memes débiles qu’on s’envoyait toujours pour se faire rire. Elle me raconta aussi un souvenir de collège qui me fit éclater de rire toute seule dans le lit. Finalement, je posai le téléphone sur ma table de nuit. Je restai un moment allongée, les yeux ouverts, à fixer le plafond. Mes pensées étaient un chaos. Mais je me sentais un peu moins seule. Et puis, le sommeil m’emporta doucement.MaraLe lendemain matin, j’étais encore allongée sur le lit, les yeux grands ouverts, le regard perdu au plafond. Les souvenirs de la veille tournaient en boucle dans ma tête. Ce message d’Elias, ce sourire qu’il avait réussi à faire naître sur mon visage… C’était doux. Inattendu. Dangereusement agréable.Je m’étirai paresseusement avant de m’asseoir au bord du lit. Je passai une main dans mes cheveux tout emmêlés et laissai échapper un soupir. J’avais une routine à reprendre, une journée à affronter. Pas le temps de rêvasser.Je me levai, rangeai un peu ma chambre, puis filai sous la douche. L’eau chaude me fit un bien fou, comme si elle lavait un peu mes doutes. À peine sortie, mon téléphone vibra sur la table de chevet. Une notification.> « Bonjour la belle au bois dormant, j’espère que tu es bien réveillée et passe une bonne journée ma belle. — Elias »Je souris comme une idiote. Mes joues se réchauffèrent sans prévenir. Je me surpris même à relire le message une deuxième fois. P
MaraJe me tiens devant le miroir, les mains moites, le cœur battant un peu trop vite. Cette robe noire me fixe comme un défi. Courte. Serrée. Trop sexy pour moi. Je n’ai jamais porté ce genre de choses. Je me demande encore comment Mariam a réussi à me convaincre…Je pousse un léger soupir et passe mes doigts dans mes cheveux, hésitant entre les laisser détachés ou les attacher. Finalement, je les boucle légèrement et les laisse tomber sur mes épaules. Un peu de gloss, un trait d’eyeliner, un soupçon de parfum. Voilà. Ce n’est pas grand-chose, mais pour moi, c’est énorme.Dans le miroir, je me regarde une dernière fois. C’est comme si une autre fille me faisait face. Une version de moi que je ne connais pas. Une version plus sûre, plus audacieuse… mais est-ce vraiment moi ?Je descends doucement les escaliers, espérant ne pas croiser ma tante. Par chance, elle est devant la télé, concentrée sur son feuilleton. Je murmure un simple "je sors avec Mariam" et file dehors avant qu’elle ne
MaraJe ne sais pas si c’est la fatigue, la routine, ou simplement cette impression d’être de trop ici… mais ce matin, quelque chose en moi a changé. Je le sens. En me regardant dans le miroir, je ne vois plus seulement une fille brisée. Je vois une fille qui lutte pour tenir debout, même quand personne ne l’aide.Après une courte nuit, je me lève avec cette boule dans la gorge. Je prends ma douche en silence, je range ma chambre comme d’habitude, puis je descends sans un mot. Il y a toujours du monde au salon, et pourtant je me sens terriblement seule.Je prends mon petit déjeuner rapidement. Ma tante, fidèle à elle-même, me lance : — Quand tu rentres, passe à la pharmacie pour moi.Je hoche la tête. Même plus la force de répondre.Quand j’arrive au magasin, Josh me lance un sourire : — Hey Mara ! T’as pas l’air en forme ce matin, tout va bien ?Je force un sourire. — Ouais, juste une nuit courte.Je la remercie du regard. Si seulement je pouvais tout raconter… Mais par où commencer
Mara lendemain matin, je me réveillai doucement, bercée par la lumière du soleil qui filtrait à travers les rideaux. J’étais encore à moitié endormie, mais je me forçai à quitter le lit. Comme chaque jour, je me regardai longuement dans le miroir accroché à la vieille armoire. Mon reflet me semblait plus fatigué que d’habitude. J’avais les traits tirés, les cernes visibles. Je passai une main dans mes cheveux avant de soupirer. Allez, Mara, une nouvelle journée t’attend.Je pris une douche rapide, me laissant un instant envahir par la chaleur de l’eau, comme si elle pouvait laver toutes mes pensées sombres. Une fois propre, j’enfilai des vêtements confortables, rangeai un peu ma chambre — refaire le lit, remettre les chaussures à leur place, plier les vêtements qui traînaient — puis je descendis au salon.Tout le monde était déjà là. Mes cousines , leur mère lisait un journal en sirotant son café, et mon oncle regardait distraitement les infos à la télé. Je ne dis pas grand-chose, co
MaraÀ peine rentrée à la maison, je n’eus pas le temps de retirer mes chaussures que la voix de ma tante me glaça le sang.— Où étais-tu encore passée, Mara ?Je la fixai un instant depuis l’entrée, mes clés toujours en main. Elle se tenait debout, les bras croisés, comme toujours. Prête à me juger.— J’étais chez Mariam, répondis-je, le ton neutre.Ses sourcils se haussèrent avec suspicion, et elle s’approcha de moi d’un pas sec.— J’espère que tu ne fais pas la pute dehors.Je restai figée, la gorge serrée. Mon regard planté dans le sien, je ne dis rien. Aucune réplique ne me semblait digne de ce moment. Je me contentai de monter les marches, les mains dans les poches, la rage coincée entre mes dents serrées.Une fois dans ma chambre, je claquai la porte derrière moi et m’appuyai contre elle. Mon cœur battait un peu trop vite, pas à cause de la peur, mais d’une lassitude profonde. J’étais fatiguée. Fatiguée d’avoir à supporter des accusations gratuites. Fatiguée d’avoir à justifier
Mara Je me réveillai lentement, les rayons du soleil filtrant à travers les rideaux beiges de ma chambre. Il faisait bon. Pas trop chaud, pas trop frais. Juste ce qu’il fallait pour me donner envie de rester au lit, mais je n’étais pas du genre à traîner. J’aimais commencer mes journées tôt, surtout quand je savais que je n’avais rien à faire. Pour une fois.Aujourd’hui, je ne travaillais pas. Pas de clients à servir, pas de visages à affronter, pas de sourire à forcer. J’avais le luxe rare de respirer à mon rythme. Et Dieu sait à quel point c’était devenu précieux, ces derniers temps.Je m’étirai longuement, posant les pieds au sol avec lenteur. Mon regard balaya la chambre : tout était à sa place. Ma vie, elle, l’était un peu moins.Direction la salle de bain. Je pris une bonne douche chaude, laissant l’eau glisser sur ma peau comme si elle pouvait emporter mes pensées sombres. En sortant, j’enfilai un short noir et un t-shirt ample. Je ne comptais pas impressionner qui que ce soit