Chapitre 4

En me voyant, elle a pris soin de me saluer, avec ce ton faussement poli :

« Oh, Luna Lucie ! Je suis désolée de vous déranger si tard… Il restait quelques dossiers non traités à la meute, je suis venue les apporter à Alpha Ethan. Vous ne m'en voulez pas, j'espère ? »

Elle portait encore ces boucles d'oreilles en saphir, dont les pierres brillaient d'un éclat presque aveuglant sous la lumière du couloir.

En m'approchant, j'ai reconnu sur elle le même parfum que celui qu'Ethan portait ce soir-là.

Avant même que je ne dise un mot, Ethan a pris la parole, le ton brusque : « Qui t'a permis de venir ici ?! Je ne t'ai pas dit que le travail ne devait jamais interférer avec ma vie de famille ?! »

Je l'ai observé, et un sourire ironique m'a effleuré les lèvres.

Avait-il peur que je sois dérangée, ou simplement que je découvre la vérité ?

Nora a pris un air blessé : « Je voulais juste te remettre ces documents… »

L'atmosphère s'est figée. J'ai décidé d'intervenir, ma voix calme : « Nora est là pour le travail. Laisse-la entrer. »

Elle a franchi la porte, puis, d'un geste soigneusement calculé, elle a attrapé la manche d'Ethan.

« Et justement, tu as laissé ta cravate au bureau. Je te l'ai apportée. »

Son ton semblait innocent, mais son regard, lui, me défiait ouvertement.

Elle voulait que je comprenne. Que ce soir, ils avaient été seuls ensemble. Et qu'il y avait eu assez d'intimité pour qu'il enlève sa cravate.

J'ai eu envie de rire.

Autrefois, j'aurais explosé, hurlé, exigé la vérité. Mais plus maintenant. La colère avait laissé place à un calme froid, presque indifférent. Sa provocation me paraissait désormais ridicule.

« Ce n'est rien », ai-je dit en prenant la cravate des mains de Nora. « Merci de t'être déplacée aussi tard. »

Ethan, les cheveux encore humides, l'a brutalement tirée par le bras.

« Assez parlé. Viens avec moi dans le bureau. »

Puis il s'est tourné vers moi, sa voix redevenue douce : « Mon amour, va te coucher. Je règle ça rapidement et je te rejoins. »

J'ai hoché la tête, puis je suis montée dans la chambre. J'ai fermé la porte derrière moi.

À travers le silence, j'ai entendu ses pas précipités et la porte du bureau se refermer. Il avait pris soin de la verrouiller.

Si ce n'était qu'une affaire de travail… pourquoi verrouiller la porte ?

Ethan croyait sans doute que j'ignorerais tout. Mais il avait oublié qu'autrefois, pour me prouver sa loyauté, il m'avait donné accès à la caméra de son ordinateur.

Je n'y avais jamais touché, par confiance. Avec le temps, nous avions fini par oublier cette promesse naïve.

Ce soir-là pourtant, j'ai allumé mon téléphone et ouvert l'application de surveillance.

L'écran s'est chargé lentement…

Et au moment où l'image du bureau est apparue, j'ai senti tout mon sang se figer.