Chapitre 3

Après m'avoir offert le collier, Alpha Ethan m'a emmenée dîner dans un restaurant prestigieux.

On disait que seuls les membres VIP pouvaient y entrer, et qu'il fallait réserver un mois à l'avance.

Au moment de commander, Ethan n'a pas hésité une seconde : il a cité tous mes plats préférés.

Je n'avais pourtant pas d'appétit. À mi-repas, je me suis levée pour aller aux toilettes.

À peine arrivée près de la porte, j'ai entendu des voix féminines à l'intérieur.

« Vous avez vu ? Le collier qu'Ethan a offert à sa Luna aujourd'hui ? Il est magnifique ! »

« Et en plus, il l'a fabriqué lui-même. C'est tellement touchant ! »

« Quelle chance ! J'aimerais tellement avoir un compagnon qui m'aime comme ça. »

« Pff, ce n'est rien, ça. »

Intriguée, j'ai penché la tête et j'ai aperçu Nora, debout parmi elles.

Elle portait une paire de boucles d'oreilles serties de pierres bleues éclatantes, qui captaient la lumière à chaque mouvement. Les autres louves la regardaient avec admiration.

« Vous voyez ça ? C'est un cadeau de mon petit ami », a-t-elle déclaré fièrement. « Ce sont des saphirs bleus, il n'en existe que cinq dans tout le pays. Même avec de l'argent, on ne peut pas les acheter facilement. Mon petit ami les a tous achetés pour moi, pour en faire un ensemble de bijoux. Et ça, ce n'est qu'une paire de boucles d'oreilles. »

« Incroyable ! », se sont exclamées les autres louves en s'approchant d'elle. « Ton petit ami doit être très riche ! »

« Bien sûr », a répondu Nora avec un sourire satisfait. « À peine neuf chiffres… mais pour lui, ce n'est pas grand-chose. »

« Waouh… Les saphirs sont bien plus rares que les diamants bleus synthétiques. À côté, le collier de Luna Lucie paraît presque ordinaire. »

« Tu as beaucoup de chance, Nora. Ton compagnon est vraiment généreux ! »

« On peut le rencontrer, ton petit ami ? »

Nora a haussé les sourcils, l'air supérieur.

« J'aimerais bien, mais il est très occupé. Et puis, à son niveau, il ne voit pas grand monde. Mais j'ai prévu qu'il m'accompagne faire les boutiques ce soir. Je posterai des photos sur mes réseaux, vous verrez bien. »

Je suis retournée à table. Ethan était en train de décortiquer un crabe pour moi.

Je me suis assise en face de lui et je lui ai demandé : « Tu as des projets pour ce soir ? »

Il a eu un léger sursaut avant de répondre sans hésitation : « Bien sûr que non. J'ai enfin fini ce déplacement, je compte bien passer la soirée avec toi. »

Mais quelques minutes plus tard, son téléphone a vibré.

Il m'a lancé un regard furtif, avant de décrocher précipitamment.

Quelques mots étouffés, puis il a raccroché, le visage désolé.

« Désolé, mon amour », a-t-il dit doucement. « Le conseil de la meute a besoin de moi d'urgence. Je dois y aller. »

J'ai esquissé un sourire presque imperceptible : « Vas-y, ne t'en fais pas pour moi. »

Il m'a étreinte rapidement avant de s'éclipser, le pas pressé.

Après son départ, je n'ai plus eu envie de manger.

Je suis rentrée seule à la maison. Il était presque minuit lorsqu'il est revenu, titubant, l'odeur de l'alcool planant autour de lui. Ses vêtements étaient impeccablement remis, mais sa cravate avait disparu.

Quand il a allumé la lumière, il m'a vue assise sur le canapé. Son regard s'est empli d'une nervosité fugace.

« Chérie… tu ne dors pas encore ? »

Je me suis souvenue d'une époque où, en me voyant l'attendre si tard, il se sentait ému, touché. À présent, il ne ressentait plus que la peur d'être pris sur le fait.

Je lui ai souri tristement.

« Rien, j'ai juste rangé quelques affaires, je n'ai pas vu le temps passer. »

« Quelles affaires ? »

« De vieilles photos. Je suis tombée dessus en nettoyant la chambre. »

J'ai ouvert l'album posé sur mes genoux. Chaque page racontait un souvenir : des sourires, des moments partagés, des jours heureux. Certaines photos avaient jauni, mais les visages, eux, restaient éclatants de joie.

Les yeux d'Ethan se sont illuminés. Il s'est assis près de moi et a commencé à tourner les pages avec soin.

« Celle-là, je m'en souviens. C'était au bord du lac de la Lune Claire. Notre première sortie ensemble. »

« Et celle-ci ! C'était pendant la chasse, au sud du territoire. Tu voulais un renardeau, j'ai mis des heures à en attraper un. »

« Tu le tenais si doucement dans tes mains… Tes yeux brillaient. Tu étais magnifique. »

« Tu ne te rendais même pas compte que je t'aimais déjà. J'étais fou de toi, mais je n'osais pas te le dire. »

En parlant, il souriait, les yeux pleins d'une tendresse presque douloureuse.

Je l'ai observé en silence.

Pourquoi un homme pouvait-il aimer et trahir en même temps ? Comment l'amour et le mensonge pouvaient-ils coexister dans un même cœur ?

Une odeur familière a flotté jusqu'à moi : un parfum féminin, à la lavande et au romarin.

Je l'avais déjà senti, sur Nora.

« Tu sens quoi, Ethan ? C'est agréable », ai-je dit calmement.

Il s'est raidi, visiblement pris de panique.

« Oh… ça ? Peut-être du parfum, à la réception. Tu sais, les soirées de travail… »

Son mensonge bancal n'a provoqué en moi aucune émotion.

Il s'est précipité vers la salle de bain, comme pour fuir.

« Mon amour, si tu n'aimes pas, je vais me laver tout de suite. »

Il est ressorti quelques minutes plus tard, vêtu d'un peignoir, l'air faussement détendu.

Je me suis écartée légèrement de lui.

« Ethan, tu te souviens de ce que tu as dit le jour de notre lien d'union ? »

Il a hoché la tête, répétant mot pour mot : « Je t'aimerai toujours, je te protégerai, et si je trahis mon serment, que la douleur du monde s'abatte sur moi. »

Je n'ai rien répondu.

Comment un homme pouvait-il réciter son serment tout en le piétinant ?

« Ne t'inquiète pas, ma belle », a-t-il ajouté en passant un bras autour de mes épaules. « Je ne ferai jamais rien qui puisse te blesser. »

Mais à cet instant, la sonnette a retenti.

Ethan s'est levé pour aller ouvrir.

J'ai entendu sa voix, soudain tendue : « Qu'est-ce que… toi ? »

Je me suis approchée. Et là, sur le pas de la porte, se tenait Nora.