Le vendredi qui suit, est très dur à vivre psychologiquement.
Mon petit frère pleure beaucoup dans la voiture quand Max et moi allons le déposer chez ma grand-mère comme tous les weekend.
Il ne comprends pas pourquoi je ne le laisse pas voir notre mère, et ma réponse habituelle "Elle ne se sent pas très bien en ce moment " ne fonctionne plus.
Je suis incapable d'emmener mon petit frère de sept ans voir sa mère mourante à l'hôpital. J'ai beau être une experte avec les autres, je suis une psy pitoyable avec mes proches.
Mon petit frère finit par me faire la gueule, et comme à chaque fois que mon monde s'effondre, mon corps cherche à vivre.
Sur le chemin du retour, Max se gare dans un endroit protégé de la forêt, et on fait l'amour dans sa voiture. Sa façon de posséder mon corps me ramène toujours à la vie.
Nos rapports sont toujours intenses, mais périodiques. On peut passer une semaine (voire deux) sans se toucher, pour ensuite ne plus se décoller l'un de l'autre pendant des nuits entières.
Au début (il y a six mois environ) on évitait de se "retrouver" quand Hylan était présent à la maison, puis avec le temps Hylan a compris que j'ai autant besoin de lui que de son frère.
On n'a jamais de gestes tendres ou affectueux Max et moi, c'est purement sexuel. Ma part affective étant toujours comblée par Hylan.
Bref, je ne vais pas en dire plus aujourd'hui, je pense que vous avez compris en gros mes relations avec les frères Henderson.
Si, une chose importante: pas de relations sexuelles avec les frères pendant le week-end (c'est ma propre décision que les frères ont toujours respectée).
Le « Basix », l'endroit où on a l'habitude d'aller tous les vendredis soirs, se situe à plus de quarante kilomètres d'Edimbourg.
Et dans ce coin perdu : personne ne connaît personne. Je suis une jeune fille anonyme parmi d'autres, et je raffole de cette sensation.
Ce soir je bois plus que d'habitude, et à chaque fois c'est pareil : je me mets en mode "électron libre".
Je sais pertinemment que les frères Henderson ont toujours un œil sur moi, donc je ne risque rien.
Je ne me souviens plus très bien quelle est ma proie ce soir, mais lorsque je me présente nue à lui, il ne me repousse pas.
Mais à peine le temps d'apprécier la pénétration, qu'un fou furieux commence à tambouriner à la porte comme s'il voulait la défoncer.
On se rhabille vite fait, et quand j'ouvre la porte en furie, deux gros yeux marrons me fusillent.
Jaden saisi violemment mon bras, et sans savoir comment, on se retrouve en moins de deux minutes à l'extérieur.
Ses yeux sont noirs, et son ton très sec :
—Je veux ma chance.
—Quoi ?
—T'as très bien entendu !
J'éclate de rire tout en m'adossant contre un mur congelé.
—C'était vendredi dernier ! T'es en retard d'une semaine Jad !
J'ai bien articulé "Jad" juste pour le faire chier.
Mais il est aussi doué que moi à ce petit jeu.
Il pose ses mains de part et d'autre de ma tête, pour me souffler à deux centimètres de mon visage :
—Tout le monde a le droit à une seconde chance.
J'ignore pourquoi, mais cette phrase m'atteint en plein coeur.
C'est le seul à être lucide à cet instant-là, ma conscience m'a lâchée depuis bien longtemps.
—Ma puce, ça va ?
Hylan arrive juste à temps avant que mon coeur explose.
Il jette un regard assassin à Jaden, avant de me tirer à l'intérieur en enroulant son bras autour de ma taille.
—T'es morte de froid ! Qu'est-ce que tu fou dehors à cette heure ci ?
Me blottir dans mes bras est ma seule réponse. Les psys parlent assez en journée ; le soir ils sont en mode veille.
Quand on arrive à notre table, je vois noir.
La sale petite allumeuse que je déteste plus que tout, est debout entre les jambes de Max.
Ça me rend dingue.
Je me penche à l'oreille du blond décoloré :
—Dis-lui de dégager.
Deux minutes plus tard, la petasse est partie. Mon esprit peut enfin respirer. Je ne partage pas les frères. Ils doivent veiller sur moi.
On se remet à boire tous les trois quelques bières, dans une ambiance légère et festive digne d'un début de weekend.
Hylan a essayé de se renseigner sur Jaden, mais face à mon mutisme il a fini par me foutre la paix. D'ailleurs ce dernier a disparu du bar.
Quelques instants plus tard, une main glisse dans la mienne. Surprise, je tourne la tête pour découvrir Max qui me fait un clin d'œil.
Il tire ma main pour me lever des genoux de son frère.
C'est la première fois qu'il se permet d'avoir un geste aussi intime devant son frère. À croire que les litres d'alcool ingurgités, nous désinhibent de tout contrôle.
Ma main toujours dans la sienne, Max m'entraîne dans le petit coin danse du bar. Je suis heureuse de partager ce moment avec lui. C'est comme si on venait de transgresser une nouvelle barrière : ne plus se cacher devant son frère.
Son débardeur blanc super sexy épouse les muscles de son corps, et le rend encore plus irrésistible ce soir.
On se déhanche pendant une bonne partie de la soirée comme des vrais gamins. On échange de nombreux fous rires, on se rapproche, on s'embrasse plusieurs fois.
Nos corps collés l'un à l'autre n'arrêtent pas de s'échanger des ondes sensuelles sans équivoque.
D'une voix suave, Max me chuchote à l'oreille :
—Tu sais comment ça va finir toi et moi ?
Je lui rend un sourire complice, avant de me raviser.
—J'ai un con qui me colle ! On ne pourra pas ce soir...
Son regard s'assombri.
—C'est qui ?
—Laisse tomber, Max.
Il passe son bras autour de mon épaule pour me forcer à lui montrer.
Mes yeux balayent le bar, jusqu'à que je tombe sur un regard marron qui me scrute avec intensité.
Je fais un signe de la tête à Max, et c'est d'un pas déterminé, avec son bras toujours fermement accroché à mon épaule, qu'on se dirige vers Jaden.
Entouré par les mêmes collègues de l'hôpital que la dernière fois, l'intéressé croise ses bras sur son torse, et semble nous attendre avec un visage très, très sombre.
Quand on arrive à sa hauteur, Max ne perd pas de temps et lui crie à l'oreille:
—J'ai envie de baiser avec ma copine, alors tu l'oublies, ok ?
L'instant d'après, Max et moi on se retrouve dans une petite pièce sombre du bar.
Pendant qu'il se déshabille dans une excitation totale, la dernière phrase prononcée par Jaden bourdonne dans mes oreilles.
« Tout le monde a le droit à une seconde chance. »
Ma conscience bourrée, cherche mes hormones qui se sont éteintes. L'alcool a provoqué un bazar incroyable dans mon crâne.
Je fixe l'énorme tatouage du dragon sur le torse musclé de Max. Les yeux de la bête qui sont en forme d'amandes et disproportionnés par rapport au reste de sa gueule, me donnent de plus en plus la nausée.
—Tu fous quoi là ? râle Max.
Nu comme un vers de terre, il me dévisage avec les sourcils plissés.
—Max, je n'ai plus envie...
—Tu te fous de ma gueule ? C'est toi qui m'a chauffé pendant une heure !
Je baisse la tête comme une petite fille.
Max se rhabille alors en quatrième vitesse, bouillonnant de colère, avant de sortir du cagibi en claquant la porte.
Mercredi matin, 10h.Je fixe depuis trente minutes ce vieux portail en fer, derrière lequel se trouve la maison de retraite qui accueille ma cousine.Je n'ai pas dormi de la nuit.J'étais fou d'inquiétude pour Léna.Est-ce qu'elle va bien? Est-ce qu'elle s'est encore barrée de chez elle à cause du boloss, et qu'elle n'a pas osé venir chez moi ?Pourquoi elle ne m'appelle jamais quand ça ne va pas ?J'écrase ma troisième cigarette, enfin décidé à aller voir ma cousine.Je suis sûr que Léna est venue bosser même si j'ai prévenu la secrétaire lundi qu'elle ne viendrait pas de toute la semaine.J'aurais tellement voulu qu'elle reste avec moi ce jour-là, et même toute la nuit comme je lui avais proposé, mais cette fille fuis les hommes autant qu'elle les ensorcelle.Une fois à l'intérieur de cette maison de retraite de bourges, l'hôtesse de l'accueil m'indique poliment le numéro de la chambre de ma cousine : numéro 23, deuxième étage.Mon courage en main, cinq minutes plus tard je me tiens
Point de vue JADEN—Parce que je voulais prendre l'air. J'étouffe là-bas !Les bras croisés sur sa poitrine, ses magnifiques yeux verts s'ancrent en moi de manière désespérée.La voir encore plus fragile que d'habitude, là juste devant moi, sous mon toit, me rend encore plus fou d'elle.Je dois l'embrasser.Je m'approche d'elle pour coller ma main sur sa joue, quand des coups contre la porte me ramènent à moi.Son mec.Je fais un pas en arrière, à bout de nerfs que ce gars veuille la récupérer.Elle est venu chez moi, putain ! Ça veut tout dire ducon !—Il faut que tu lui parles.Je l'entends soupirer fort, et quand je me retourne pour croiser ses yeux, elle acquiesce de la tête.J'ouvre au connard du soir qui fait pitié à voir, et avant de sortir de la chambre je jette un dernier regard à ma rose.Elle ne me voit déjà plus, obnubilée par son mec qui la prends immédiatement dans ses bras.Ok, cette fille est compliquée.Je me demande même si elle est vraiment psy ? Il faudrait que je
Quand je redescends dans le salon, Hylan est en train de fumer une cigarette dans le jardin, pendant que son frère comate devant la télé.Je les fixe tous les deux avec un grand vide dans mon cœur.C'est la fin du ménage à trois.C'est la fin de ma liberté.La schizophrène que je suis, attrape son sac à main et les clés de voiture. Je claque la porte de la maison des frères Henderson.Je conduit vite, trop vite, à travers de longues nappes de brouillard.Une voiture me suit derrière moi et n'arrête pas de me faire des appels des phares. C'est Max.J'appuie sur l'accélérateur jusqu'à 120 km/h sur des routes limitées à 90.Je dois fuir aussi loin que possible, pour que Max ne puisse jamais me rattraper.Dix minutes plus tard, je me gare en trombe devant le gîte, déglinguant sur mon passage une table et des chaises. Le fracas est terrible.Affolée, je sors de la voiture, quand j'entends celle de Max écraser le reste des débris qui jonchent sur le sol.J'ai à peine le temps de tambouriner
Le soir, après avoir couché mon petit frère, Hylan m'attends dans le couloir.Son regard froid ne présage rien de bon.D'un pas tremblant, je suis Hylan dans sa chambre, ignorant quelle pierre va encore tomber sur ma tête...Assis face à face sur le grand lit de sa chambre, il me dévisage avec un regard trouble.—Mon frère est venu me parler.—Mmmh...—Apparemment vous avez décidé de vous mettre ensemble?—...—T'as envie de te mettre avec lui ?—Tu me connais Hylan, je sors avec personne. À part toi.—Oui mais toi et moi, on est quoi pour toi ?—On est...On est...On est Nous !—Tu nous considères comme un couple ?—Hylan, ça fait cinq ans qu'on est ensemble ! Donc oui !—T'es prête à laisser tomber Max ?—Ah non ! Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi !Je me lève furieuse du lit, et je commence à faire les cent pas dans la chambre.—Ma puce, j'ai besoin de réponses.—Et moi j'ai besoin qu'on me laisse tranquille !Je m'arrête de marcher en posant mes mains sur mes hanches.—Je suis en
Depuis combien de temps n'ais-je plus fait l'amour "normalement" dans un lit avec un garçon qui s'intéresse réellement à moi ?L'instant qui suit est baigné de sérénité. Une douce sérénité que je n'ai plus côtoyé depuis fort longtemps.Jad me fait rouler sur son ventre, et on se contemple dans un beau silence.Cependant son regard perd peu à peu de sa lumière, jusqu'à que je réalise qu'il est devenu soucieux.—Il faut qu'on parle.—Pourquoi est-ce qu'on doit toujours parler avec toi ? je marmonne.—Parce qu'on ne peut pas continuer comme ça !—Alors quitte-moi ! Disparais de ma vie !Je tente de me dégager de son ventre, mais il me maintient fermement dans ses bras.—C'est trop tard. Je tiens trop à toi.Abasourdie par ses paroles, je lache prise, et mon corps s'écroule sur le sien.Mon visage enfouis dans son cou, je chuchote :—Jad, ne fais pas ça.—Faire quoi ?—N'espère pas quelque chose avec moi. S'il te plaît.Il retire ses bras de mon dos, et j'en profite pour rouler sur le côt
En arrivant à la maison de retraite le lendemain matin, une voiture sportive gris métallisée, est garée juste à côté du portail.Je reconnais immédiatement celle de Jaden. Je sors de ma voiture avec ma colère qui est revenue en force.Il sort aussi de sa Golf pour se diriger droit vers moi. Il est vêtu exactement comme le premier jour de notre rencontre : un jean et un k-way noir.Un vrai vagabond.—Pourquoi t'as pas répondu à mes appels ?s'inquiète-t-il en s'arrêtant devant moi.—Tu l'as tuée, Jad ! Tu l'as tuée !Choquées, ses pupilles s'écarquillent.Animée d'une rage indescriptible, je me rue vers lui pour frapper son torse aussi fort que je peux.—C'est à cause de toi qu'elle est morte ! Tu m'as forcée à la tuer !J'éclate en sanglots.Une fois de plus.Ses bras viennent m'envelopper avec une profonde douceur, alors que la douleur qui me ronge depuis deux jours se libère avec fracas.Pendant que je m'effondre dans ses bras, il recule contre un arbre, pour se mettre à l'abri du fr