Point de vue de BéréniceJ’arpente la longueur du salon, mes yeux alternant entre la porte et l’horloge murale. Il va sans dire que Kaïs est la raison de mon agitation.C’est la quatrième fois que je me retrouve dans cette situation, et chaque nouvelle fois me rend encore plus folle que la précédente.Il a radicalement changé depuis ce jour dans son bureau, et nous n’avons pas eu de véritable discussion depuis. Cependant, ça a été pire ces trois derniers jours. Je n’ai pas vu Kaïs depuis trois putains de jours, et je deviens folle rien qu’en y pensant.Il part très tôt le matin avant même que je ne me réveille, puis rentre tard à minuit. Le premier jour où j’ai remarqué ce schéma, c’était il y a deux jours. J’ai obstinément attendu son retour, mais je n’ai pas tenu jusqu’à minuit avant de m’endormir sur le canapé.Ma grossesse avance lentement vers le deuxième trimestre. Je deviens plus faible et épuisée rien qu’en faisant les choses les plus basiques. Et il y a aussi les nausées matin
Il a l’air légèrement échevelé et comme s’il n’avait pas dormi depuis trois jours. Mais où diable est-il allé ?« Où étais-tu ? », je lui demande, gardant ma voix calme pour éviter que ça ne dégénère en dispute. J’ai réalisé que je ne peux plus être autoritaire avec Kaïs. Ça ne ferait que se retourner contre moi.« Quelque part. » C’est sa réponse. Si décontractée, comme s’il n’avait aucun intérêt à avoir cette conversation avec moi.Cet homme qui était fou amoureux de moi, cet homme que j’ai manipulé pendant quatre ans, n’a soudainement plus aucun intérêt pour moi.Ça ne me fait pas mal, parce que je n’ai jamais aimé Kaïs.Pas une seule fois.Ça me fait juste peur, parce que ça signifie que je ne pourrai pas obtenir ce que je veux de lui. Dois-je à nouveau éliminer Lucie de l’équation ?J’ai trop peur d’essayer de m’en débarrasser à nouveau. Et si je me fais attraper ? J’ai réussi à m’occuper de la dernière fois, et elle n’était même pas une menace aussi grande à l’époque. Est-ce que
Point de vue de LucieJe franchis les portes du bureau, mes talons claquant contre le sol poli, l’odeur familière du café et du papier m’enveloppant comme une étreinte chaleureuse.Cela fait plus d’une semaine, mais cela semble une éternité. Le traumatisme des derniers jours plane à la limite de mon esprit, mais aujourd’hui, je suis déterminée à reprendre ma place, ma routine.« Bienvenue parmi nous ! » Mon assistante personnelle, Diane, m’accueille avec une chaleur inhabituelle. Son attitude stoïque habituelle s’est adoucie, et c’est un soulagement de la voir sourire. « Tu nous as manqué. »« Merci, Diane. C’est bon d’être de retour », réponds-je, le pensant sincèrement.L’équipe de design fait écho à ses sentiments, leurs sourires et hochements de tête me rassurant que je leur aie manqué.Le bourdonnement du bureau m’enveloppe, familier et réconfortant. Je prends une profonde inspiration, inhalant l’énergie de cet endroit où j’ai passé tant de temps à construire une véritable carrièr
« Lucie, entre », dit-il en désignant la chaise en face de lui.« Merci, M. Hudon », dis-je en m’asseyant. Mes mains sont posées calmement sur mes genoux, en contraste total avec le tumulte intérieur.« Je suis content de te revoir. Comment vas-tu ? », demande-t-il, son ton empreint d’une véritable préoccupation. Qu’est-ce que mon père lui a raconté ?« Je vais mieux, merci. C’est bon d’être de retour », réponds-je en croisant son regard. Il y a une sincérité dans ses yeux qui me fait croire qu’il se soucie vraiment de ses employés. « Désolée d’être partie sans vous informer moi-même de mon absence. »Il fait un geste de la main pour m’arrêter. « Tu n’as pas à expliquer quoi que ce soit. »Pendant un instant, je me demande s’il est gentil avec moi juste pour gagner les faveurs de mon père, mais je chasse cette pensée.« Je voulais te parler de ton lancement qui a lieu dans quelques mois. J’ai vu les progrès, et je dois dire que c’est impressionnant. Tu as fait un travail fantastique en
« As-tu besoin de quelque chose avant que je parte ? », demande-t-elle, sa sollicitude touchante.« Non, merci. Tu as été d’une grande aide aujourd’hui. Repose-toi bien », dis-je, appréciant son dévouement.« Bonne nuit, Mlle Jackson », dit-elle en refermant la porte derrière elle.Je reste assise dans le calme de mon bureau, les événements de la journée défilant dans mon esprit. Le soutien de mon équipe, la confrontation avec Daphné, la réunion avec M. Hudon, et le rappel constant de Kaïs. Ça a été un tourbillon, mais je ressens un regain de détermination.Je rassemble mes affaires et me prépare à partir, m’arrêtant pour regarder les violettes une dernière fois. « Tu ne me reconquerras pas aussi facilement, Kaïs », je murmure à la pièce vide. « Je suis allée trop loin pour faire demi-tour maintenant. »Alors que je sors dans la nuit, l’air frais remplit mes poumons, rafraîchissant et revigorant. Les lumières de la ville scintillent au loin, un rappel de la vie et de la vitalité qui m’
Point de vue de KaïsLes jours suivants, j’ai passé mon temps à « régler » Bérénice, comme je l’avais promis à Lucie.Au fond de moi, je savais que ce ne serait pas sa seule condition pour revenir avec moi. Je savais aussi qu’un gros bouquet de violettes envoyé à son bureau chaque jour ne la convaincrait pas immédiatement de sauter dans mes bras.Pas après tout ce que je lui ai fait. Pas après toutes les paroles blessantes que je lui ai lancées. C’est fou à quel point je m’en souviens.Combien de fois ai-je dit « laisse tomber », « reste en dehors de ça », « je ne t’ai jamais demandé de faire ça », « ne te mêle pas de mes affaires », « ne refais plus jamais ce genre de chose » ? Je ne peux pas reprendre ces mots, et le temps ne peut pas revenir en arrière pour que je refasse toutes mes actions terribles envers Lucie.Mais j’ai le reste de ma vie pour me consacrer à lui faire oublier tout ça.Et ça commence maintenant.À cet instant précis, au milieu de cet appartement entièrement meubl
Point de vue de BéréniceVous connaissez ce sentiment où vous savez que quelque chose arrive ?Quand vous l’avez ressenti dans vos os pendant des jours, mais que, quand ça arrive enfin, ça vous frappe si fort que tout l’air est expulsé de vos poumons ? Oui, celui-là. C’est exactement ce que je ressens en ce moment, debout devant Kaïs.Je savais que quelque chose comme ça allait arriver. Ça m’a tenue en haleine pendant des jours, sachant que tôt ou tard, Kaïs trouverait une solution durable, puisqu’il a clairement fait comprendre que nous ne pouvions pas être ce que nous étions autrefois.Pourtant, ça me coupe toujours le souffle. J’ai du mal à respirer et je me sens même légèrement étourdie. Avec cette putain de grossesse, je ne sais pas si ce sont mes hormones ou une combinaison de l’annonce de Kaïs.Je le regarde, m’efforçant de ne pas trop cligner des yeux.Il ne plaisante pas. Il n’y a pas une once de blague dans ses yeux. Il n’a pas mâché ses mots non plus ; il retourne avec Lucie
Point de vue de BéréniceAttaque de panique.Je n’en ai pas eu depuis que je suis enceinte, mais l’idée que ce soit enfin la fin pour moi a dû la faire resurgir, me rappelant que ma santé mentale est en lambeaux.L’appartement maudit qui sera désormais mon chez-moi tourne autour de moi pendant que je respire par la bouche et le nez. Ça ne fait rien pour arrêter la façon dont ma poitrine se serre si douloureusement que je dois la tenir. Mon cœur bat si fort que j’entends le grondement comme du tonnerre dans mes oreilles.Kaïs est parti depuis longtemps.Je n’ai pas les médicaments que je cache quelque part chez lui, parce que personne ne doit savoir à propos des démons que je combats. Ils semblent gagner maintenant, et je lutte pour me mettre debout, sachant que je dois faire quelque chose ou je vais mourir.« Salle de bain… Je dois trouver… la salle de bain. »Je m’écrase contre les murs et j’ouvre chaque porte de la maison à coups de pied jusqu’à ce que je trouve enfin la salle de ba
Il a haussé un sourcil face à mon langage, mais je me foutais bien des bonnes manières à ce moment-là. J’étais déjà étiqueté comme un prédateur sexuel, ajouter un langage grossier n’allait plus changer grand-chose.Le docteur a pris la bouteille, l’a ouverte et l’a reniflée.« Vous dites avoir ressenti une excitation sexuelle accrue à cause de ce médicament ? » Il a reposé la question, comme pour être sûr. « Cela ne devrait pas se produire. »« Eh bien, c’est arrivé ! Et ça me rend fou. Je veux des réponses, maintenant. »La réaction calme du médecin donnait l’impression que ce n’était qu’un jour de travail comme un autre pour lui, alors que pour moi, c’était bien plus que ça. Finalement, il a reposé le flacon et s’est tourné vers moi.« Je comprends votre frustration, monsieur Sinclair, et je suis tout aussi perplexe que vous. J’ai d’autres patients qui ont essayé ce médicament bien avant vous et un tel effet n’a jamais été signalé. Pouvez-vous me raconter ce qui s’est passé ? »
CHAPITRE 35 [Laissé à pleurer]TIMOTHÉEAprès avoir quitté la maison des Wellington ce matin-là, ma première destination a été l’hôpital. Quelqu’un devait me donner des explications. Quelqu’un devait payer pour avoir déréglé mon système.J’ai refusé de croire que j’étais capable de commettre un acte aussi honteux sans être sous l’influence de quelque chose. La seule chose qui aurait pu influencer un tel comportement, ce sont mes pilules.Elles m’ont été prescrites personnellement par mon médecin, et elles étaient nouvelles et totalement différentes de celles que j’ai utilisées depuis l’accident. Les médicaments n’en étaient qu’à la deuxième phase des essais cliniques, mais il m’a convaincu de les essayer.Il a dit qu’ils pouvaient être la solution permanente à mes tremblements et à mes crises, avec des effets secondaires précoces tels qu’une légère somnolence après usage. Ce qui a rendu la proposition irrésistible pour moi, c’était l’idée que ma maladie puisse disparaître pour de b
CHAPITRE 34 [Le méchant et la victime]TIMOTHÉE« Papa... » George semblait lutter contre ses émotions, incapable de décider s'il devait réconforter sa fille en sanglots ou s'en prendre à l'homme qui l'avait poussée à pleurer. « Chérie, je t'ai dit qu'il n'y avait aucune chance qu'elle soit là-dedans... » Sa femme l’a rejoint innocemment à la porte, haletant avant même d'avoir pu terminer sa phrase. « Bon Dieu ! » La situation était loin d'être gênante ou embarrassante. Elle était honteuse. C'était le genre de situation qui pourrait mettre à mal un nom que j'ai travaillé si dur à construire. Comment ai-je pu, moi, Timothée Sinclair, être surpris au lit avec une femme dans la maison de son père ? Il est surprenant que, malgré son regard menaçant, Geroge ait d'abord choisi de consoler sa fille. Il l’a serré dans ses bras, lui permettant d'enfouir son visage dans sa poitrine où elle pleurait à chaudes larmes. Quelle que soit la vérité, ces larmes à elles seules m'incriminaient.
CHAPITRE 33 [Un Rêve Fiévreux]TIMOTHÉE Le bruit qui m’a réveillé ressemblait à un mélange de sanglots humains et de plaintes animales. Mes matinées étaient habituellement calmes, alors ce son n’a pas seulement été étrange, il m’a aussi donné mal à la tête.Au fur et à mesure que ma conscience est revenue, le bruit est devenu plus clair. Même si j’ai voulu l’ignorer, c’est vite devenu impossible. J’ai entrouvert les yeux pour voir ce qui faisait ce bruit.Ce n’était pas un quoi. C’était un qui.Parmi les trois choses que j’ai remarquées immédiatement, je n’ai pas su laquelle m’a le plus choqué : qu’il y ait quelqu’un dans mon lit, que ce quelqu’un soit une femme ou que cette femme soit manifestement nue, même si elle a tenté de dissimuler son corps avec la couette.Mais peu importait laquelle de ces choses était la plus choquante, car ma réaction à toutes les trois a été la même : j’ai sursauté en arrière. Je n’ai pas eu le temps d’atteindre le bord du lit qu’une quatrième vérité
CHAPITRE 32 [Jusqu’au bout]SOPHIEJe n’étais pas vierge, et Timothée ne m’a certainement pas traitée comme telle.Il ne cherchait pas à m’embrasser jusqu’à ce que mes lèvres soient gonflées, ni à caresser mes seins sensibles jusqu’à ce que je sois trempée et prête à accueillir sa queue. Rien de ces préliminaires de doux amants.Tout ce qu’il voulait, c’était du soulagement. Tout ce dont il avait eu besoin, c’était d’un corps capable d’absorber la chaleur de son propre corps avant qu’elle ne le dévore de l’intérieur.Et ça m’allait qu’il n’ait eu besoin que de ça, à ce moment-là. Après tout, les mots qu’il m’avait dits avec cette voix terriblement sexy m’avaient électrisée, moi aussi. J’étais en feu pour lui, moi aussi, et je n’avais qu’une envie : que nos flammes s’entrechoquent.La fermeture éclair de ma robe lui a donné un mal fou. C’était comme s’il ne pouvait plus voir clair ni penser, haletant bruyamment, couvrant ma peau de son souffle brûlant.« Putain de merde ! »Il a f
CHAPITRE 31 [Enlève-le, Timothée]SOPHIE « S'il te plaît… »Cet appel désespéré a été ma perte. Je ne savais pas pourquoi cela lui arrivait, mais peu importe, puisqu'il se tordait d’impuissance.« D'accord, je vais le retirer pour toi. » Je l'ai rassuré, posant ma main libre sur sa joue. Il a grogné, se penchant vers mon toucher. Mon cerveau a vaguement enregistré combien cela pourrait me causer de problèmes plus tard, pourtant mes mains n’ont pas hésité à baisser son pantalon.Il a soulevé ses hanches du lit, m’aidant à faire glisser le pantalon sur ses hanches, ses cuisses et ses chevilles, jusqu'à ce qu'il soit enfin débarrassé de cet habit.« Sexy. Tellement putain de sexy. » Il a gémi, se tordant sur le lit. Apparemment, le pantalon n’avait rien fait pour atténuer la chaleur que son corps dégageait en vagues. La seule chose qu’il avait accomplie était de rendre la bosse entre les jambes de Timothée moins impressionnante qu'elle ne l’était en réalité.Par contre, ses caleçons
CHAPITRE 30 [Enlève-le, Sophie]SOPHIEFidèle à ses paroles, Justin a pris le lit.Il m’a trouvé une couverture fine avec quelques oreillers et me les a pratiquement lancés dessus.« Si tu ronfles, je te fous dehors », m’a-t-il menacée avant de s’affaler sur son lit moelleux, et je rajoute, king size. Ce lit pouvait facilement accueillir trois personnes, mais il était tellement mesquin et se fichait clairement d’être un gentleman.Je ne savais pas pourquoi j’espérais encore une once de décence venant de lui. C’était le même homme qui était ravi à l’idée que j’aboie comme un chien. Sans parler du fait qu’il m’avait forcée à acheter et à porter une robe et des chaussures que je n’aurais jamais choisies, juste pour s’amuser à embêter son père.« Psychopathe », ai-je marmonné dans ma barbe. Pas étonnant que son père ne puisse pas le voir en peinture.« J’ai entendu », a-t-il dit, dos tourné, en tripotant son téléphone. Je continuais à l’insulter en silence, grognant en m’installant su
Je suis la première à me précipiter hors de ma chaise pour le rejoindre.Le corps de Timothée se secoue de manière incontrôlable sur le sol. Ses yeux sont déjà retournés jusqu’au fond de son crâne. On dirait qu’il lutte pour garder le contrôle de son corps, mais qu’il perd, douloureusement.L’arrière de sa tête cogne le sol à plusieurs reprises.J’essaie de le saisir pour pouvoir poser sa tête sur mes cuisses et atténuer sa douleur, mais quelqu’un me pousse brusquement.« Recule ! »C’est Elaine. Elle a relevé sa robe et s’est agenouillée devant Timothée.« C’est une crise. » Sa voix reflète l’urgence de la situation. « Il fait une crise ! »« L’ambulance, il faut que j’appelle l’ambulance ! », s’écrie son père en sortant son téléphone.« L’ambulance n’arrivera pas à temps. Il a besoin d’aide tout de suite ! »Je me fige, terrifiée par ce qui va lui arriver si même une ambulance ne peut pas le sauver à temps. Je me sens inutile, incapable d’aider l’homme que j’aime tant.Tout le monde
Mes oreilles peuvent me jouer des tours, mais sûrement pas mes yeux. Surtout pas quand je vois la belle-mère d’Elaine lever la main pour la gifler à nouveau.Le bruit de sa paume frappant la joue d’Elaine résonne dans le couloir. C’est un miracle que les gens dans les autres pièces de ce manoir ne l’entendent pas.« Réponds-moi ! Ne t’ai-je pas avertie de ne parler que quand on t’adresse la parole ? »De là où je suis, je vois la tête d’Elaine inclinée en signe de soumission, ses longs cheveux noirs tombant pour cacher le côté de son visage. Le dos de sa belle-mère est tourné vers moi, aussi rigide que les mots qui sortent de sa bouche.« Je suis désolée, Maman, je voulais juste… »« Ne m’appelle pas comme ça ! »Elle attrape Elaine par les cheveux, tirant son visage vers le haut. Je grimace, sachant à quel point cela doit faire mal. La douleur se lit sur le visage d’Elaine, mais elle garde les yeux baissés. Sa réaction immédiate montre bien une chose.Ce n’est pas la première fois.To