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DANS SON OMBRE
DANS SON OMBRE
Author: L'invincible

Chapitre 1 – Ce n’est pas du hasard

Author: L'invincible
last update Last Updated: 2025-07-27 23:04:46

Mila

Je sais ce qu’il mange au petit-déjeuner.

Trois œufs brouillés, un café noir, jamais de sucre.

Je sais comment il respire quand il dort, je l’ai écouté pendant des heures, à travers les murs, derrière les portes, sur les enregistrements volés.

Je sais à quelle heure il se réveille. Toujours entre 6h47 et 6h53, sauf quand il a bu la veille.

Je sais ce qu’il lit même s’il ne finit jamais ses livres. Il commence tout, abandonne tout. Sauf la musique.

Et surtout, je sais qu’il ne se souvient jamais de ses rêves. Il l’a dit une fois, en interview. Il l’a dit comme si c’était banal. Pour moi, c’était une révélation. Comme un code secret qu’il m’adressait. Un vide à combler. Un rôle à jouer.

Il est 3h42. J’ai le souffle coupé.

Pas à cause du froid ,la clim est coupée .

Mais parce que je suis là.

Dans sa chambre d’hôtel.

Assise. Sur le fauteuil en cuir beige. Celui qu’on voit en fond sur ses stories I*******m. Celui qu’il n’utilise jamais. Celui qui attendait que je m’y assoie. Que je m’imprime dans le décor de sa vie.

Il dort paisiblement . Il a gardé ses écouteurs. Je distingue le fil blanc qui dépasse de son oreille gauche. Il doit écouter les maquettes de ses nouveaux morceaux. Ou peut-être sa propre voix, en boucle.

Son bras droit est replié sous sa tête. L’autre repose sur le drap, ouvert, offert.

Je l’entends respirer.

Chaque inspiration est un secret que je recueille.

Je pourrais rester ici pour toujours.

Ne rien dire juste le regarder et l’aimer en silence.

Chaque détail me traverse comme un frisson.

Je repense à la première fois où je l’ai vu sur scène. Il y avait des milliers de gens. Ils criaient, pleuraient, brandissaient leurs téléphones. Mais moi, j’étais immobile. J’étais figée. Comme si mon cœur reconnaissait quelque chose.

Ce n’était pas de l’admiration. C’était de la certitude.

Lui , c’était lui....et moi, j’étais à lui.

Ce n’est pas du hasard, si je suis ici.

Ce n’est pas une coïncidence.

J’ai attendu des semaines. Observé chaque date de concert , croisé les publications de ses fans , suivi les déplacements du van noir qui le transporte.

J’ai infiltré des groupes de fans privés, j’ai noté les horaires, j’ai posé des questions discrètes.

J’ai payé un faux badge de technicienne. Un type dans une ruelle m’a donné une clé magnétique. J’ai attendu qu’il cligne des yeux pour copier son code d’accès sur l’écran de l’hôtel.

J’ai menti. Beaucoup.

Mais maintenant… je suis là.

Et lui, il dort.

Il n’a pas encore vu mon visage.

Pas vraiment.

Une fois, à la sortie d’un concert, nos regards se sont croisés.

Il a souri.

Pas pour moi. Pour la foule. Mais je l’ai reçu comme un appel.

Comme une promesse.

Je n’ai pas détourné les yeux.

Lui non plus. Enfin… c’est ce que j’ai cru.

Ou voulu croire.

Et maintenant, j’attends.

Je ne vais pas le réveiller.

Pas encore.

Juste… rester un peu.

Me noyer dans sa présence.

Respirer en même temps que lui. Imaginer que c’est moi qu’il rêve.

J’ai lu que l’amour peut commencer à sens unique.

Et qu’ensuite, il se propage.

Comme une fièvre.

Comme un feu sans oxygène qui devient brasier dès qu’on ouvre la fenêtre.

Est-ce que ça fait de moi une folle ?

Je ne crois pas.

Je suis juste en avance.

Sur lui.

Sur nous.

Il a besoin de temps. Moi, j’ai déjà tout vu. Tout senti. Tout compris.

Je connais la forme exacte de ses mains.

Je sais que son oreille droite est légèrement plus basse que la gauche.

Je sais qu’il a une tâche de naissance dans le creux de l’épaule gauche.

Je sais que ses cicatrices sont discrètes, mais réelles.

Je sais qu’il doute, qu’il se cache derrière des lunettes de soleil et des punchlines.

Je sais que parfois, il regarde le public avec un vide dans les yeux.

Et je veux être celle qui le remplit.

Il a parlé un jour d’une chanson qu’il n’osait pas écrire.

Une chanson trop intime.

Je l’écrirai pour lui.

Je la connais déjà. Elle est en moi.

Chaque mot. Chaque note.

Je suis cette chanson.

Il ouvrira les yeux, un jour.

Et il comprendra.

Je suis celle qui a toujours été là.

Dans l’ombre.

À sa place.

La seule capable de comprendre ce qu’il ne dit jamais.

Je me lève doucement. Je m’approche du lit.

Ses paupières tremblent.

Un murmure s’échappe de ses lèvres , un prénom , mais ce n'est pas le mien , pas encore.

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