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Chapitre 2 – L’instant fragile

Auteur: L'invincible
last update Dernière mise à jour: 2025-07-27 23:07:07

Mila

Je suis encore là, à le regarder.

À guetter la moindre respiration.

Le moindre tressaillement sous les draps.

Il dort comme un enfant, inconscient du chaos qui l’attend. La pâle lumière de l’aube caresse son visage, révèle ses cernes, ses traits fatigués. Il a l’air vulnérable, presque fragile. Je le préfère comme ça. Sans son masque , sans le sourire de façade qu’il offre au monde. Juste lui , rien que lui , il est magnifique .

Les draps ont glissé, dévoilant sa peau. Son torse, la courbe de son épaule, ce creux qui m’appelle. Ma main me brûle de le toucher. J’en crève d’envie. Mais je me retiens. Pas encore. J’ai envie qu’il sente ma présence avant même de comprendre que je suis réelle.

Je l’observe. J’écoute. J’ai l’impression de battre à son rythme, comme si mon cœur s’était calé sur le sien. Ou peut-être est-ce lui qui bat au mien.

Il fronce les sourcils. Ses paupières tremblent. Il remue légèrement.

Il va se réveiller.

Mon souffle se bloque. C’est l’instant. Celui que j’attends depuis des jours.

Ses yeux s’ouvrent lentement, brumeux, confus. Il grogne, une main sur le visage. Puis il se fige. Ses narines frémissent comme un animal qui sent un danger. L’air a changé, il le sait.

– Qui… qui est là ?

Sa voix est rauque, glaciale.

Je ne réponds pas. Je veux qu’il me cherche, qu’il sente ma présence avant de la voir. Son regard balaie la pièce, nerveux, tendu. Puis il se tourne et me voit.

Nos regards se heurtent.

C’est un choc, oui. Mais pas celui que j’avais imaginé.

Je vois la colère s’allumer dans ses yeux.

– Qu’est-ce que…

Il se tait, les mots coincés dans sa gorge. Ses traits se durcissent.

Je reste droite, immobile, presque insolente.

– Bonjour.

Il plisse les yeux, se redresse, repousse les draps d’un geste sec.

– Mais tu es qui, putain ?

Sa colère est brutale, tranchante. Mais elle me fait sourire.

– Je t’attendais, je dis calmement.

– Quoi ? Tu te fous de moi ? Comment tu as fait pour entrer ?

Il se lève d’un bond. Sa voix monte.

– Tu crois que c’est normal de te réveiller et de trouver une tarée dans sa chambre ?

Je penche la tête, je le détaille, je laisse mon regard glisser sur lui comme une caresse.

– Je suis Mila. Et je suis là parce que tu m’as appelé.

– Quoi ? C’est quoi ces conneries ?

Il éclate presque de rire, un rire amer . Barre-toi avant que je te foute dehors.

Je ne bouge pas.

– Tu mens. Tu sais que tu avais besoin de moi.

– Pardon ?

Il s’approche, menaçant, les poings serrés.

– Tu veux que j’appelle la sécurité ? Ou tu préfères que je te jette moi-même ?

Je ne recule pas. Au contraire, je fais un pas vers lui.

– Tu as pas peur mais pas de moi , pas vraiment.

Je souris, lentement.

– Parce que tu sais que je dis vrai.

– Arrête ça.

Sa voix est plus dure, mais je vois la faille dans ses yeux.

– Arrête tes conneries mystiques. Tu ne me connais pas. Tu sais rien de moi.

– Je sais tout, je murmure. Tout ce que tu caches. Tout ce qui te ronge.

Je le frôle presque.

– Je sais même ce que tu ressens là, maintenant.

Il recule brusquement comme si je l’avais brûlé.

– Dégage , tu entends ? Tu me fais flipper.

Je souris encore.

– Tu peux hurler , me haïr , me menacer. Mais tu sens, pas vrai ?

Je pose ma main sur ma poitrine, lentement, comme si je touchais son cœur à travers l’air.

– Tu sens que je suis déjà là, dans ta tête.

– Ferme-la !

Il explose, sa voix claque. Ses yeux sont noirs de colère.

– Je veux plus rien entendre. Tu vas partir , tout de suite.

Je fais un pas de plus, je le défie.

– Tu ne veux pas que je parte. Tu veux juste que je reste à la bonne distance pour ne pas voir à quel point tu as besoin de moi.

Il s’arrête net. Sa respiration saccadée me frôle. Je vois ses mâchoires serrées, sa rage prête à déborder.

– Encore un mot, souffle-t-il, et je te…

Il ne finit pas. Il tremble, de colère ou d’autre chose, je ne sais pas.

– Et tu feras quoi ?

Ma voix est douce, presque un murmure.

– Me tuer ? Tu sais que tu pourrais pas.

Le silence tombe, brutal, coupant.

Il me fixe, les yeux pleins de fureur, mais je vois qu’il vacille. Et je sais que c’est gagné.

Parce que plus il me hait, plus il m’écoute . Sans lui laisser plus d'opportunités ,je me jette sur ses lèvres et l'embrasse avec passion .

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