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Chapitre 8

Author: FlemmeDeNom
Alexandre ne s'attendait pas à une réponse si rapide : « Tu es sûre de toi ? »

« Oui, » a répondu Amélie, la voix ferme. « J'ai réfléchi, mais… j'ai une demande. »

« Je t'écoute. »

« Je ne veux pas que mes parents soient au courant pour le moment. »

Alexandre est resté silencieux quelques secondes avant de répondre : « Ce n'est pas très correct. Le mariage, c'est quelque chose d'important. Normalement, on informe les parents, on les rencontre, on discute ensemble, et on fixe une date. C'est comme ça que ça devrait se faire. »

Amélie a serré les lèvres : « Je n'en veux pas. S'ils découvrent que je suis enceinte, ils me forceront à interrompre la grossesse. »

Michel était très soucieux des apparences. S'ils découvraient la vérité, Amélie n'affronterait que des reproches… et probablement des coups.

Alexandre, à l'autre bout du fil, n'a rien répondu.

Redoutant qu'il change d'avis, Amélie a murmuré d'une voix tremblante : « Je n'ai besoin de rien. Je veux juste qu'on se marie vite. »

Elle a fini par parler d'une voix étranglée : « Monsieur Beaumont… je veux juste avoir un foyer. »

La voix d'Amélie, traversant la ligne, a résonné dans l'oreille d'Alexandre.

Il a eu l'impression de la voir, cette jeune fille, seule et sans défense, plantée dans l'obscurité, les yeux implorants, cherchant désespérément une lueur à laquelle se raccrocher.

Le silence s'est installé entre eux, lourd et oppressant. Amélie attendait, le souffle court, comme si elle guettait un verdict.

« Ce numéro, c'est aussi mon WhatsApp. Ajoute-moi et envoie-moi tes informations. Quand j'aurai fixé un rendez-vous pour les formalités, je te tiendrai au courant. »

C'était un « oui ».

Un sourire a traversé le visage d'Amélie : « D'accord. »

« Il fait frais ce soir. Rentre vite. »

Il savait qu'elle était dehors.

Amélie a répondu dans un souffle : « Oui… »

« Repose-toi. Fais de beaux rêves. »

Peut-être que c'était son imagination, mais ce soir-là, à travers le téléphone, la voix d'Alexandre lui a semblé étrangement douce.

Plus tard, elle s'est souvent dit que cet appel avait été le choix le plus juste de toute sa vie.

Elle avait foncé, le cœur rempli d'un courage fou, vers Alexandre. Et lui, fidèle à sa parole, ne l'avait pas déçue : il lui avait offert ce qu'elle avait toujours désiré — un foyer.

——

Lundi matin, Amélie a pris, chose exceptionnelle, une journée de congé. Son livret de famille serré contre elle, elle est sortie de l'université.

Le livret de famille, elle l'a demandé à Marguerite la veille, avant de retourner sur le campus, en prétextant que l'administration en avait besoin. Son cœur battait si fort à ce moment-là. Et chaque fois qu'elle pensait à ce qu'elle allait en faire, elle se sentait encore plus nerveuse, craignant qu'un mot de trop ne trahisse la vérité si sa mère posait la moindre question.

Un Mercedes noir était garé un peu plus loin, dans un angle discret. Alexandre, assis derrière le volant, a remarqué sa silhouette dans le rétroviseur. Il a coupé le moteur et est sorti de la voiture.

Quand Amélie l'a vu, elle est restée figée, le cœur affolé.

Grand, droit dans son costume parfaitement taillé, il paraissait encore plus élégant, ses traits calmes et réguliers accentués par une gravité naturelle.

Elle, à côté, n'était qu'une étudiante au visage enfantin, en jean et pull, bien loin de sa prestance.

Nerveuse, elle a tiré sur les manches de sa veste, s'en voulant de ne pas avoir pris le temps de se préparer un minimum.

Alexandre a perçu, lui aussi, le décalage entre eux. Son regard a glissé de sa silhouette à la sienne, avant qu'il ne laisse apparaître un sourire : « C'est moi qui en fais trop. »

Amélie a agité les mains, paniquée : « Non, ce n'est pas de ta faute, c'est la mienne… j'aurais dû mieux me préparer. Je… je peux retourner me changer. »

Elle s'est tournée, prête à repartir.

Une main a saisi son poignet. La chaleur de ce contact l'a fait sursauter. Elle s'est retournée, presque malgré elle, et a croisé le visage net et calme d'Alexandre.

« L'heure est juste, » a-t-il dit posément. « Si tu retournes maintenant, on va rater le créneau. »

Les pas d'Amélie se sont figés.

« Et puis, ce problème… ça se règle très facilement, non ? »

Sous ses yeux, Amélie a vu Alexandre retirer sa veste de costume. Sa chemise blanche, parfaitement ajustée, a pris la lumière. Il a glissé sa cravate hors du col, l'a laissée tomber sur le siège et a défait deux boutons.

D'un coup, il a perdu un peu de ce sérieux impeccable… et gagné quelque chose d'autre. Un mélange de décontraction, presque d'assurance insolente… et un charme troublant, terriblement sensuel.

Le regard d'Amélie a effleuré le creux de sa gorge, l'ombre de sa pomme d'Adam, la ligne de sa clavicule, et plus bas… La chaleur lui est montée aux joues, et elle a baissé le regard aussitôt, le cœur affolé.

« Alors ? Comme ça, je ne ressemble plus à un vieux qui court après une gamine, pas vrai ? » a lancé Alexandre, avec un air malicieusement détendu.

Alexandre, dans l'esprit d'Amélie, avait toujours été l'incarnation du sérieux. Jamais elle n'aurait imaginé qu'il puisse plaisanter ainsi.

Puis, sans qu'elle ne puisse l'empêcher, un sourire a doucement étiré ses lèvres.

Il avait raison : comme ça, il n'en avait plus l'air. Mais son âge, lui, restait le même.

Cette pensée, Amélie l'a gardée pour elle. On disait que les hommes plus âgés étaient sensibles à la question de l'âge, et elle n'avait aucune envie de tester cette théorie.

« Le temps presse. Monte. »

Alexandre a ouvert la portière côté passager avec un geste courtois. Amélie a soufflé un petit « merci » avant de s'installer dans le siège avant.

Alexandre s'est assis derrière le volant, puis lui a tendu un sac en papier : « Ton petit-déjeuner. »

Amélie n'avait pas imaginé une seconde qu'il lui apporterait le petit-déjeuner. Ce matin-là, elle avait attendu que ses colocataires quittent le dortoir avant de sortir discrètement, et elle n'avait même pas osé passer par la cafétéria.

En réalité, rien ne l'en empêchait… mais elle se sentait toujours coupable, comme si quelqu'un allait deviner ce qu'elle cachait.

« Merci… » a-t-elle dit d'une voix timide en prenant le sac.

« Mange tant que c'est encore chaud, » a répondu Alexandre en démarrant la voiture.

Dans le sac, il y avait un croissant doré, un pain au chocolat encore tiède et un gobelet de chocolat chaud qui dégageait un parfum réconfortant. Amélie a ouvert le sac, puis, comme si une pensée venait de la traverser, elle a demandé : « Et toi ? Tu as déjà mangé ? »

« Oui. Ne t'inquiète pas pour moi, » a répondu Alexandre en gardant les yeux sur la route, les mains fermes sur le volant.

« Oh… » a soufflé Amélie avant de porter le croissant à ses lèvres.

Le feuilleté croustillant s'est brisé sous ses dents, laissant un goût beurré et réconfortant lui envahir la bouche. Rien que cette sensation a allégé un peu le poids qui lui serrait la poitrine.

Après deux bouchées, elle a porté le gobelet de chocolat chaud à ses lèvres. Mais, en relevant légèrement le gobelet, une goutte a glissé sur le rebord et a coulé sur ses doigts.

Des mouchoirs, vite !

Paniquée à l'idée de salir l'intérieur impeccable de la voiture, elle a cherché fébrilement de quoi s'essuyer.

« Les mouchoirs sont dans le vide-poche, juste devant toi. » La voix d'Alexandre, calme et assurée, a résonné à côté d'elle.

Il conduisait, les yeux fixés sur la route. Comment pouvait-il deviner qu'elle cherchait des mouchoirs ?

Amélie, les joues un peu chaudes, a ouvert le compartiment et a tiré une feuille pour s'essuyer les doigts.

Quand ils sont arrivés devant la mairie, le petit-déjeuner était terminé. Alexandre a vu Amélie jeter le sac dans la poubelle à l'entrée et, intérieurement, il a noté un détail :

Oui, elle avait de l'appétit. Pour l'instant, aucun signe fort de nausées de début de grossesse.

Dès qu'elle a franchi la porte, Amélie a senti sa tête se vider. Tout lui paraissait irréel, presque flou.

Pendant tout le processus, elle a suivi Alexandre comme une marionnette. Quand il lui a tendu le dossier pour vérifier les papiers, elle a signé sans réfléchir ; quand il lui a demandé de relire un document, elle a hoché la tête mécaniquement.

Alexandre, lui, semblait parfaitement à l'aise. Il connaissait chaque étape du processus : le dépôt du dossier, la vérification des pièces, la remise du récépissé… Tout lui paraissait d'une simplicité déconcertante.

Finalement, incapable de se retenir, Amélie a soufflé : « Monsieur Beaumont… est-ce que tu t'es déjà marié ? »

Il tendait à ce moment-là les formulaires remplis à l'agent derrière le guichet. À ces mots, il a relevé les yeux vers elle, et même l'agent a arrêté de bouger pour les regarder.

« … »

Amélie a senti ses joues s'embraser. Elle venait de se rendre compte qu'elle avait dit une bêtise et un malaise l'a envahie.

« Pourquoi tu me demandes ça ? » a demandé Alexandre, calmement.

Rouge jusqu'aux oreilles, Amélie a murmuré : « Je… je te voyais tellement à l'aise avec le processus que j'ai cru que… tu avais déjà fait ça. »

Alexandre a esquissé un sourire : « Les agents peuvent te le confirmer, c'est ma première fois ici. J'avais juste fait mes recherches avant. Je n'aime pas me lancer sans préparation. »

Puis il a plongé son regard dans le sien, un peu plus longtemps : « Sauf avec toi. Toi, c'est différent. »

Le cœur d'Amélie s'est emballé, incontrôlable.

Ah… Professeur Beaumont, est-ce que tu te rends compte à quel point cette phrase est troublante ?
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