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Chapitre 4

Author: Limonade Douce
Chloé non plus n'avait pas l'air commode. Elle a retroussé doucement sa manche, révélant un bras bandé. « Je suis blessée, je peux pas cuisiner. »

Les mots que Lucien s'apprêtait à dire restaient coincés dans sa gorge. « Si t'es blessée, pourquoi tu l'as pas dit plus tôt ? »

Chloé esquissait un sourire ironique. Et à quoi ça aurait servi ? Depuis trois ans, qu'elle soit malade ou blessée, il n'en avait jamais rien eu à faire. Elle se souvenait encore de la fois où elle avait eu une appendicite. Mia et le chauffeur étaient absents, elle lui avait téléphoné pour qu'il l'accompagne à l'hôpital. Mais Lucien s'apprêtait à embarquer pour l'Angleterre. Il lui avait répondu de se débrouiller. Elle avait dû appeler une ambulance. Après l'opération, elle avait payé une infirmière à domicile pour s'occuper d'elle. Lui, il n'était même pas venu la voir une seule fois.

Trop de déceptions s'étaient accumulées. Elle n'attendait plus rien de lui. Heureusement, leur histoire touchait à sa fin.

La sonnerie du téléphone de Lucien a brisé le silence entre eux. Il a jeté un œil à l'écran, puis s'éloignait vers le balcon. Chloé le regardait de dos, distinguant faiblement sa voix douce appeler : « Jeanne… »

Le vent du balcon s'est engouffré dans la pièce. Elle a frissonné légèrement, a enfilé une veste et est descendue.

Mia lui avait envoyé un message tôt le matin : son petit-fils était malade, elle ne pouvait pas venir aujourd'hui. Chloé lui avait répondu de ne pas s'inquiéter, qu'elle s'en occuperait seule.

Elle est sortie des flocons d'avoine du placard, en versait une cuillère dans une tasse. Elle prenait un œuf du frigo, le cassait dessus, perçait le jaune, ajoutait de l'eau chaude, couvrait et mettait le tout au micro-ondes. Trois minutes plus tard, le petit-déjeuner était prêt. Elle a ajouté un peu de lait écrémé et quelques noix par-dessus avant de s'installer pour manger.

Lucien est descendu à ce moment-là. En voyant qu'elle n'avait préparé qu'une seule portion, il a montré un léger mécontentement. Mais en pensant à sa blessure, il n'osait rien dire.

Il s'approchait pour voir ce qu'elle mangeait, fronçait les sourcils en découvrant ce simple bol d'avoine. « Tu manges que ça ? »

Chloé ne le regardait même pas. « Pour les jours à venir, tu te débrouilles pour tes repas. Je suis sûre que ta super assistante saura te satisfaire. »

Lucien avait justement voulu lui demander la recette de la Soupe à l'Oignon pour que son assistante le prépare à Jeanne. Mais en voyant son air si distant, il a renoncé.

Il se retournait, prêt à partir pour l'hôpital. « Je vais passer les deux prochains jours avec Jeanne. Si jamais t'as besoin, appelle mon assistante. »

Chloé mâchait lentement une noix. « D'accord. »

Deux ans plus tôt, quand il s'était remis au travail, elle l'appelait et lui envoyait des messages tous les jours pour savoir comment il allait, à quelle heure il rentrait dîner. Mais il n'avait jamais eu la patience pour ses attentions. Il avait fini par la mettre en liste noire. Elle ne pouvait plus l'appeler, seulement lui écrire sur Messenger. Depuis, elle ne l'avait presque plus contacté. C'était lui, désormais, qui appelait avec le téléphone de son assistante quand il avait un besoin urgent.

À l'hôpital, l'assistante avait déjà apporté le petit-déjeuner. « M. Bernard, voici ce que vous avez demandé : la Soupe à l'Oignon, la Bouillabaisse, quelques encas. Tout vient d'Epicure et de Plénitude. »

Lucien acquiesçait, lui faisait signe d'apporter le plateau dans la chambre de Jeanne. Cette dernière venait de finir de se maquiller légèrement. En entendant frapper, elle rangeait vite les produits dans l'armoire, puis s'est couchée et lançait : « Entrez. »

Quand Lucien et son assistante pénétraient dans la pièce, elle s'est assise lentement en baillant. « Je t'ai réveillé, Jeanne ? » demandait-il en s'approchant pour lui prendre la main.

Jeanne lui souriait. « Pas du tout. Tu es resté avec moi toute la nuit, ta femme ne va pas être fâchée ? »

Il restait un instant figé. C'est vrai. Ses paroles lui rappelaient l'attitude froide de Chloé ce matin.

Même s'il n'y avait rien entre Jeanne et lui, Chloé n'aurait pas dû être aussi indifférente. Elle aurait dû… Mais il ne savait même pas ce qu'elle aurait dû ressentir.

« Elle a bon caractère. Elle ne se met jamais en colère. Allez, mange un peu. »

Jeanne a hoché la tête. « Tu manges avec moi ? »

« Bien sûr. » Il lui servait un bol de soupe et goûtait aussi, mais fronçait rapidement les sourcils.

Il s'était habitué aux petits-déjeuners de Chloé. Tout ce qui venait de l'extérieur lui paraissait fade.

Jeanne le remarquait : « Ça va pas, Lucien ? C'est pas bon ? Pourtant c'est bien la Soupe à l'Oignon d'Epicure, non ? Celui qu'on mangeait enfants… »

Il ne disait rien de ce qu'il pensait. « Non, ça va. J'ai pas très faim. »

Il a reposé la cuillère, ne touchait plus au reste. En sortant sur le balcon, il a allumé une cigarette. Ce n'est qu'en aspirant une bouffée que la nervosité qu'il ressentait s'est dissipé un peu.

L'assistante s'approchait. « M. Bernard, la réunion de 9h30 ce matin, on la décale ? »

« Non. » Sa voix était froide. Dans son esprit, l'image de Chloé, calme et douce, s'imposait.

Il se tournait vers elle : « Wendy, tu laisses la réunion à Yann. Toi, va chercher madame à la maison, qu'elle aille faire examiner son bras. »

L'assistante restait bouche bée. Habituellement, elle s'occupait bien de quelques affaires personnelles, mais jamais il ne lui avait demandé de s'occuper de son épouse. Mais c'était l'ordre du patron. Elle n'hésitait pas.

« Très bien, j'y vais tout de suite. »

Lucien retournait dans la chambre pour prévenir Jeanne, puis a quitté l'hôpital.

Pendant ce temps, l'assistante finissait de ranger les boîtes à déjeuner. Alors qu'elle allait partir, Jeanne l'appelait doucement : « Wendy, j'ai un peu mal à la tête. Tu pourrais rester et m'accompagner pour un petit check-up ? »

L'assistante hésitait un instant. Dans l'esprit de M. Bernard, il était évident que Mademoiselle Laurent comptait bien plus que sa femme. Si elle n'allait pas chercher madame à cause de Jeanne, il ne dirait sûrement rien.

Elle affichait un sourire poli. « Bien sûr, Mlle Laurent. Je vais demander au médecin traitant de vous arranger ça tout de suite. »

Jeanne, satisfaite, affichait un petit sourire.

N'ayant rien à faire chez elle, Chloé a invité une ancienne camarade à déjeuner, histoire de discuter d'un futur travail.

Elles se retrouvaient dans un café. En la voyant arriver, Élise la serrait dans ses bras. « Chloé, ça fait si longtemps ! »

Elles évoquaient leurs souvenirs d'université, un brin de nostalgie dans la voix.

« Tu sais, Chloé, si à l'époque tu m'avais suivie pour lancer un projet, ça aurait été génial. Tu gagnais tous les concours nationaux ! Même le professeur Wiggins voulait que tu fasses un master avec lui ! »

Chloé repensait à cette époque. Tout avait changé. Après la mort de son père et les frais médicaux de sa mère, épouser Lucien avait été un non-choix. Heureusement, elle allait enfin être libre.

Élise revenait sur le sujet du travail. Elle lui présentait l'endroit où elle travaillait : le Centre d'Art Harmonie Sonore, fondé par une héritière richissime, peu impliquée dans la gestion. Tout était entre les mains de quelques associés.

Le centre avait des ressources, des contacts et beaucoup d'argent. Les clients étaient issus de la haute société, et les salaires étaient plus que généreux.

« Si tu viens bosser avec nous, tu n'auras plus à t'inquiéter pour les frais médicaux de ta mère. Le centre paie très bien, et en fin d'année les primes sont énormes. Bon, cela dit, nos clients sont souvent capricieux, les enfants ou les parents ont parfois mauvais caractère… Tu risques d'en baver un peu au début. »

Chloé a hoché la tête. « Je comprends. Je ferai de mon mieux. »

Après trois ans passés à supporter le sale caractère de Lucien, elle se sentait blindée.

Élise buvait une gorgée de café, puis demandait : « Et tu veux commencer quand ? »

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