Yvi Le soleil a déjà grimpé haut quand je me réveille à nouveau, nichée contre Lyam. La chambre est baignée d’une lueur dorée, et l’odeur de musc flotte encore dans l’air. Pourtant, la tension de la veille s’est apaisée. Kael s’étire paresseusement près de moi, tandis que Soren observe la scène, adossé à la tête du lit, un sourire satisfait aux lèvres.Lyam murmure contre ma tempe :— Aujourd’hui, tu ne bouges pas sans nous. On a des affaires à régler, mais tu restes là… auprès de nous.Je hoche la tête sans discuter. Je sens ce besoin, viscéral, de ne pas m’éloigner. De rester dans leur monde, dans leur odeur, dans cette bulle où je suis leur Reine.Les servantes ne tardent pas à entrer discrètement, déposant de quoi nous nourrir. Du pain encore chaud, des fruits mûrs, de la viande saignante. Soren s’empare d’une grappe de raisin, et, sans un mot, glisse un grain entre mes lèvres.— Mange… il faut que tu reprennes des forces, souffle-t-il, ses yeux me dévorant comme si je n’étais qu
Le soleil perce à peine l’horizon lorsque Kael se redresse, l’oreille tendue. Son regard s’assombrit, son corps se tend contre le mien. Lyam et Soren grognent à leur tour. L’instant de répit s’évanouit. Quelque chose approche.— Qu’est-ce que… ? je murmure, encore haletante sous leurs corps.Lyam caresse ma joue avec une douceur troublante.— Reste ici, Ivy. On sent… un sang ancien. Ça ne vient pas d’ici.Un silence de plomb s’abat, rompu par des coups frappés à la porte d’entrée. Pas un loup de la meute. Pas un de leurs alliés. Quelqu’un d’autre. Soraya déboule dans la chambre, les traits tirés par l’inquiétude.— C’est… c’est un messager d’une ancienne lignée. Ils exigent audience. Maintenant.Je me redresse, encore nue sous les draps, le cœur battant.— Une lignée ? Qui ?Kael serre les poings.— Les héritiers des Alphas déchus. Ceux qui ont perdu le pouvoir il y a des décennies. On pensait leur sang éteint…Soren, sombre, lâche :— Ils veulent récupérer ce qui, selon eux, leur app
Le vent mord ma peau alors que je m’avance. Chaque pas me semble un arrachement. Kael, Lyam et Soren sont là, prêts à m’arracher à la moindre tentative d’enlèvement, mais leurs muscles tendus trahissent leur rage.L’homme aux cheveux d’argent me fixe, amusé.— Approche, petite reine. Tu sais qui je suis ?Je secoue la tête, incapable de parler.Kael crache :— Fenrik des Crocs de Fer. Traître à sa propre meute.Fenrik incline la tête, faussement humble.— On m’a toujours appris que la loyauté va au plus fort. Et toi, Ivy… tu es plus forte que tu ne le penses. Ton sang nous appartient.Je serre les poings.— Mon sang n’appartient à personne.Fenrik rit doucement.— C’est faux, et tu le sais. Les Aelarian ne sont pas faits pour l’amour ou la tendresse. Vous êtes des souverains. Vous régnez ou vous tombez. Je viens t’offrir un trône, Ivy.Un silence. Ses hommes montrent Maelis, enchaînée, le regard suppliant. Mon cœur se serre.— Si tu refuses… elle meurt la première. Et après elle… tout
SorenJe tombe à genoux. Mon cœur s’arrête. La terre tremble sous ses pieds nus. Elle… elle change. Devant nous. Devant toute la meute.— Par les Anciens… c’est pas possible…Elle est là. Plus belle, plus sauvage que jamais. Sa peau brille d’un éclat lunaire. Ses yeux… putain… dorés, fendus comme ceux d’un prédateur.Kael— C’est quoi, ça…? Qui tu es, Ivy ?Elle sourit. Un sourire de loup.IvyJe le sens, enfin. La vérité qui éclate dans mes veines. Je ne suis pas leur faiblesse. Je suis leur reine. Leur malédiction. Leur salut.— Je suis celle que vous avez appelée. Celle qui était endormie. Maintenant… je suis réveillée.LyamJe la regarde, incapable de bouger. Chaque fibre de mon être hurle de la rejoindre. De l’adorer. De la suivre jusqu’en enfer.— Tu nous as menti.Elle secoue la tête.— Je ne savais pas. Mais maintenant… c’est fini. On ne se cache plus.IvyJe lève la tête vers la lune. Le sang de Maelis pulse encore dans la terre. Et je sais. Je sais ce que je dois faire.— On
IvyLe froid mord ma peau, mais je n’en ressens rien. Il n’y a plus que leurs mains, leurs souffles, leurs corps qui m’entourent. La lune éclaire notre déchéance, et je souris, ivre de leur désir.— Ne me ménagez pas… je murmure. Je suis à vous.Le grognement de Kael me traverse, rauque, bestial. Il me plaque contre l’arbre, son corps brûlant de rage et d’envie. Sa main s’égare sur ma gorge, juste assez serrée pour me rappeler qu’il me possède.— Tu n’as pas idée de ce que tu viens de libérer, Ivy.KaelPutain, je la veux. Sauvage. Soumise. Putain de Reine qui nous entraîne dans cette folie. J’écarte ses cuisses, je m’enfonce en elle d’un coup, sans la prévenir. Son cri résonne, et j’en grogne de plaisir.Elle est à nous, et elle le sait maintenant.SorenJe ne tiens plus. Mes griffes sortent, je lacère le sol en la regardant se faire dévorer par Kael. Mais ce n’est pas assez. J’attrape ses cheveux, je penche sa tête en arrière et je mords. Fort. Jusqu’au sang.— Crie pour moi, Ivy. C
LyamJe m’approche d’elle, je lui murmure :— On va te laver, ma Reine. Et après… tu dors.Elle sourit faiblement, puis acquiesce.— Mais je veux que vous restiez… je veux vous sentir… encore.IvyIls m’escortent jusqu’à l’intérieur. Les grandes portes se referment derrière nous. J’entends les servantes s’agiter, mais Kael grogne, les renvoyant d’un geste brutal.— Personne. C’est nous qui nous occupons d’elle.Le bain est prêt. Une grande cuve fumante. Lyam me soulève doucement et me dépose dans l’eau. La chaleur m’arrache un gémissement.KaelJe tremble en la regardant glisser dans l’eau. Ses seins remontent à la surface, la marque de mes crocs encore visible sur sa gorge. J’en ai la gorge nouée.— Laisse-nous, Ivy… laisse-nous te chérir.SorenOn se déshabille sans honte et on la rejoint. Je m’assieds derrière elle, mes mains la massent, glissent sur son ventre, ses hanches.— Tu sens… ce qu’on t’a fait… ce qu’on t’a pris… et ce qu’on t’a donné ?Elle hoche la tête, les larmes aux
IvyQuand j’entre dans la grande salle, je découvre la table dressée. Du pain encore chaud, des fruits juteux, des plats fumants. Et Soraya… déjà assise, le menton relevé.Un instant, je me fige. Hier encore, elle me toisait avec mépris. Aujourd’hui… son regard est différent. Plus doux. Presque curieux.LyamJe serre la main d’Ivy dans la mienne et j’avance sans lui laisser le choix.— Tu es chez toi ici. Ne baisse plus jamais les yeux devant personne.Je lance un regard à Soraya. Elle se redresse, et je vois la lutte dans son regard. Mais elle incline légèrement la tête. Une soumission discrète… mais réelle.SorayaJe la regarde. Cette femme… cette humaine… Elle n’en est plus une, je le sens. Et mes frères l’aiment. À la folie.— Bonjour Ivy. J’espère que tu as bien dormi.Ma voix est douce. Une première. Parce que je comprends enfin ce qu’elle est. Leur compagne. Leur égale. Peut-être… ma future Reine.IvySa voix me surprend. Je lui souris doucement, encore sur mes gardes.— Oui… t
IvyLa voiture ralentit dans l’allée principale. Le soleil couchant baigne la demeure d’une lumière dorée. Mon cœur bat vite. J’ai presque peur de descendre, peur de croiser leurs regards… peur de ce qu’ils verront.Soraya m’effleure la main.— Ne baisse pas les yeux, Ivy. Tu es leur égale. Tu es leur Reine.J’inspire un grand coup et sors.Ils sont là.Lyam, Kael, Soren. Appuyés nonchalamment contre la balustrade, dans cette posture désinvolte qui ne trompe personne. Leurs regards me dévorent avant même que je ne fasse un pas.LyamJe la vois. Et pendant un instant, je ne respire plus.Soraya l’a transformée. Elle n’est plus la petite humaine timide. Elle avance, tête haute, le regard brûlant. Sa robe noire épouse ses courbes à la perfection. Et cette fente… putain.Je sens Kael et Soren figer à mes côtés. Même eux, ils n’osent plus bouger.— Viens là… souffle Kael d’une voix rauque.KaelJe ne sais pas comment j’arrive à aligner ces mots. Elle s’approche, et j’ai l’impression qu’un
YviJe suis debout, mais tout est flou autour de moi. Mes yeux s'ouvrent lentement, et je sens une étrange sensation, comme si je sortais d’un long cauchemar. Le froid de la pierre sous mes pieds, la lourdeur de l’air, tout cela me ramène à la réalité. Mais qu’est-ce que c’est, cette réalité ? Ce poids qui pèse sur mes épaules, ce fardeau que je n’ai jamais demandé à porter… Ces hommes autour de moi, leurs regards lourds de décisions qu’ils attendent de moi. Je n’ai plus de forces pour tout cela. Je ne veux pas. Je n’ai pas à faire ce choix.Je ferme les yeux un instant, cherchant à calmer les battements de mon cœur qui accélèrent dans ma poitrine. C’est une tempête de pensées qui s’empare de moi, une mer déchaînée que je ne parviens pas à maîtriser. L'enfant, l'amour, les triplés, Aleksandr… tout cela s’entrelace dans ma tête comme des fils emmêlés que je ne sais pas démêler.Mais je ne peux pas choisir. Je ne peux pas laisser un seul d’entre eux derrière moi. Chaque seconde qui pass
KaelL’air dans le palais semble plus lourd, comme une brume épaisse qui nous envahit et nous emprisonne dans ce lieu de solitude et de secrets. Le silence est devenu une présence tangible, un spectre qui rôde autour de nous, nous observant, attendant le moment où nos âmes fragiles céderont à la pression. C’est dans cette atmosphère chargée que nous nous retrouvons, ici, devant le choix que nous devons faire. Un choix que personne n’aurait pu anticiper. Un choix imposé par le destin, par l’amour et par la vie elle-même.Je jette un regard furtif à Yvi. Elle semble plus fragile que jamais, et pourtant, il y a quelque chose en elle, quelque chose de plus puissant que tout ce que je pourrais imaginer. Elle porte en elle la réponse à cette bataille silencieuse qui fait rage entre nous tous. Mais elle ne sait pas encore ce qu’elle est sur le point de devenir. Et elle ne sait pas ce que nous, les hommes qui l’entourent, sommes prêts à sacrifier pour elle.Mais il y a une vérité que je n’ai
KaelLe palais d’Aleksandr est un endroit où le temps semble se figer. Chaque couloir que nous traversons est une vieille relique, une pièce de l’histoire du vampire qui nous guide dans ce lieu oublié des vivants. Les murs, ornés de tapisseries anciennes, racontent des histoires de batailles et de sang versé, des légendes de créatures mythologiques perdues dans la brume du temps. C’est dans cet endroit que nous avons été amenés, dans cet endroit qui se dresse comme un monstre qui attend patiemment d’être réveillé.Mais c’est Yvi qui domine tout. Elle est notre lumière et notre ténèbre, notre faiblesse et notre force. Il n’y a pas un seul de nous qui ne soit pas prêt à tout sacrifier pour elle, à tout risquer, même nos âmes. Peut-être que cela fait de nous des fous, des êtres égarés, mais c’est ainsi. Et dans ce silence pesant, je sais que cette guerre silencieuse que nous menons tous est plus qu’une simple question de territoire ou de pouvoir. Elle est bien plus profonde. C’est une qu
KaelL’ombre du palais d’Aleksandr se profile devant nous, immense, imposante, presque irréelle dans l’obscurité qui tombe sur nous. Le vent qui nous a poursuivis jusque-là semble se dissiper à l’entrée, remplacé par un silence lourd, presque étouffant. L’architecture du palais est une œuvre de pierre et de verre, une structure gothique qui semble vouloir fusionner avec la nuit elle-même. Les murs sont ornés de statues de créatures oubliées, leurs regards vides fixant un destin que nous partageons tous, d’une manière ou d’une autre. Nous avons franchi le seuil, et avec ce passage, il n’y a plus de retour en arrière.Aleksandr est en tête, son allure silencieuse, presque irréelle, dégageant une puissance que même les loups-garous les plus redoutés ne peuvent ignorer. Ses yeux, des braises ardentes dans la pénombre, scrutent l’horizon comme un prédateur anticipant le moindre mouvement. Il est un vampire. Un prédateur à part entière dans un monde de proies, et pourtant, ce qui nous lie a
Kael, Lyam, Soren, AleksandrKael La terre tremble encore sous nos pas. La bataille que nous avons livrée a laissé des cicatrices invisibles, mais elles sont là, profondément ancrées dans l'âme de chaque membre de notre groupe. Nous avons cru, un instant, que la guerre était terminée. Mais le calme, ce silence pesant qui nous enveloppe, n’est qu'une illusion. Nous savons tous que la véritable épreuve n’a fait que commencer. Le vent, toujours aussi froid, semble porteur d'un message de menace, d'un avertissement que nous n’avons pas encore compris.Je jette un coup d'œil furtif à Aleksandr. Son regard est noir de détermination, et il marche sans un mot, comme un spectre parmi les vivants. Il a combattu à nos côtés, mais il n'est pas comme nous. Il n’appartient pas à notre meute, à notre famille. Il est l'inconnu, l'intrus parmi les nôtres, et pourtant, sa présence ne fait qu'ajouter à la lourdeur de l'instant. Il a ses propres démons, des batailles qu'il mène dans l'ombre, loin de notr
KaelLe poids de la victoire est plus lourd que je ne l’avais imaginé. Ce n’est pas une légèreté de triomphe que je ressens, mais une lourdeur, comme si chaque battement de mon cœur me rappelait que ce n’est jamais simplement une victoire. Chaque perte, chaque instant de douleur, a imprimé son écho sur nous. Nous avons retrouvé Yvi, oui. Mais à quel prix? Le visage de Soren est impassible, ses yeux d’acier scrutant l’horizon, comme s’il attendait le prochain coup. Lyam, à mes côtés, semble plus léger. Peut-être parce qu'il voit ce que je ne vois pas encore. Il croit que la bataille est finie. Moi, je sais qu'il y a toujours un dernier sacrifice qui nous attend.Je lève les yeux vers l'horizon, où les ombres se fondent dans la lumière naissante. L’aube est encore un mirage, une promesse distante. La guerre nous change. Elle ne nous laisse jamais intacts.— Kael, dis quelque chose, murmure Lyam, la voix brisée par la tension qui s’effondre enfin. C’est fini, non?Je le regarde. Ses yeux
KaelLes couloirs défilent à une vitesse irréelle. Chaque pas que nous faisons, chaque souffle pris dans l’obscurité de ce palais, est chargé de la même urgence : Yvi. Elle est là, quelque part dans cette forteresse de pierre et de secrets. Le froid ne me touche plus. Il est noyé sous l’incendie de ce que je ressens, l’appel brûlant qui ne s’éteint pas.Je sens la meute derrière moi, silencieuse mais prête. Ils sont là pour elle. Tous. Pour briser les chaînes qui la retiennent, pour réécrire ce qui a été forgé dans l’ombre.Lyam marche à ma gauche. Ses pas sont aussi mesurés que les siens, et pourtant je sens la ferveur dans chacun d’eux. Il se bat contre son propre fardeau, celui d’un frère qui se doit de protéger. Mais ce n’est pas simplement la protection qui nous lie à Yvi. C’est la rédemption.— Elle est proche, dis-je sans vraiment y penser, ma voix s’éteignant dans le vacarme de la rage qui gronde sous la surface.LyamLa tension est palpable. Chaque fibre de mon être vibre, ch
KaelLe vent gifle mon visage, froid comme une lame. Mais ce n’est pas le froid qui m’arrache un frisson. Ce n’est pas l’hiver, ni la menace de la guerre. C’est elle. C’est Yvi.Elle est quelque part entre ces murs, seule. Et en danger.Je serre les poings. Les couloirs d’Aleksandr puent la domination et le sang ancien. Ce palais est un piège doré, une forteresse pour les monstres. Et pourtant, c’est ici qu’elle est retenue.Je lève les yeux. Lyam est à ma droite, Soren à ma gauche. Nos regards se croisent, et la tension entre nous devient vibration.L’appel est là, sourd, viscéral. Il pulse sous notre peau.— Il est temps. On doit l’appeler, dis-je.Ils hochent la tête. Rien d’autre n’est nécessaire. On agit. Toujours. Ensemble.Je ferme les yeux. Je tends mes racines intérieures vers la terre, même si elle est étouffée sous les pierres, écrasée par le pouvoir d’Aleksandr. L’énergie répond. Faible, mais vivante.Je puise dedans. Je me laisse envahir.Et d’un cri brut, un rugissement
Aleksandr, YviAleksandrL'alerte est donnée. Les grondements de la guerre résonnent à travers les murs de mon château, aussi sûrs qu'ils aient été construits. Je le sens dans l'air, cette tension qui se tisse, invisible mais implacable, comme un serpent prêt à frapper. Une attaque. C’est tout ce que je sais. Tout ce que j'ai le temps d'entendre avant que tout ne bascule.Je me tiens sur le balcon, les yeux fixés sur l’horizon obscurci par l'ombre de l'attaque qui se profile. Le vent fait claquer les bannières de mon royaume, comme un cri dans la nuit. Mais ce n'est pas le vent qui me frappe le plus. C'est cette lourdeur, cette pression palpable dans l'air, comme si tout l'univers se préparait à se resserrer autour de moi. Je ressens ce poids lourd, cette pression sur ma poitrine. Mais il y a aussi autre chose. Quelque chose de plus fort. Une rage qui commence à bouillir, comme le sang dans mes veines, prête à exploser. Mes mains se serrent sur la balustrade, mes poings craquant sous