Beranda / Romance / DÉVOTION / 2 - L’échappée nocturne

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2 - L’échappée nocturne

Penulis: Léajoy
last update Terakhir Diperbarui: 2024-11-21 19:30:22

**Amara**

— Monte dans la voiture, Amara.

La voix, grave et percutante, me frappe comme un coup de tonnerre, perçant le tumulte de mes pensées éparses. Elle semble suspendre le temps, me clouant sur place. Je reste immobile, figée, luttant contre une multitude de questions qui tourbillonnent dans mon esprit, comme des oiseaux pris dans une tempête.

L’homme devant moi dégage quelque chose d’intense, une énergie à la fois rassurante et imposante. Chaque mouvement qu’il fait semble maîtrisé, calculé, comme s’il avait l’habitude de diriger des situations bien plus complexes que celle-ci. Ce n’est pas une demande, ni une suggestion. C’est un ordre enveloppé d’une douceur étrange, mais sans appel, presque irréel.

Je tente de respirer, mais l’air semble s’épaissir autour de moi, lourd d’incertitudes. L’alcool dans mes veines brouille tout, rendant mes pensées floues, incertaines, comme une peinture qui se fond sous la pluie. Pourtant, lui, il reste là, solide, comme une île au milieu de mon océan de confusion. Son regard me transperce, entre inquiétude et détermination, comme s’il savait quelque chose que je ne comprends pas encore.

« Pourquoi cet homme s’intéresse-t-il à moi ? Que veut-il ? Pourquoi m’aider ainsi, sans rien attendre en retour ? »

Ces questions tournoient dans ma tête, mais je les laisse glisser sans réponse, comme des oiseaux s’échappant sans laisser de trace.

— Pourquoi tu veux m’aider ? murmurai-je, plus pour moi-même que pour lui, la voix à peine audible, trahie par l'angoisse et l'alcool qui floutent mes mots.

Ma voix se brise à peine, effacée par l'angoisse qui se mêle à l’alcool. Ces mots tombent dans l'air, fragiles, comme un secret murmuré dans le vent. Mais il ne semble pas choqué. Il m’observe un moment, le silence s’étirant entre nous comme un fil invisible, presque tangible. Puis il répond, sa voix grave et calme, mais marquée d'une certitude douce et pénétrante.

— Je ne vais pas te laisser seule, ivre, dans une ruelle sombre. Je refuse que quelque chose t’arrive. Alors laisse-moi te raccompagner.

Ses paroles frappent, simples mais d’une force brute, comme une vérité qui ne souffre aucune contestation. Je sens une vague de soulagement mêlée à la peur. Et si je n’avais pas croisé son chemin ce soir ? L’idée m’effraie, un frisson glacé me parcourt l’échine. Je détourne les yeux, tentant de repousser cette pensée inquiétante.

— D’accord, murmuré-je, presque inaudible, mes lèvres tremblantes.

Il hoche la tête en silence, comme s’il savait que je n’avais plus le choix, comme s’il connaissait déjà ma décision avant même que je ne l’énonce. Il contourne la voiture avec une facilité déconcertante, sans un mot de plus, et ouvre la portière côté passager. Le bruit du mécanisme me tire de ma torpeur. J’hésite, mon corps réagissant plus lentement que mon esprit.

Finalement, d’un geste hésitant, je m’installe à l’intérieur. Le cuir du siège est froid, comme une morsure glacée qui me ramène à la réalité, à cette nuit étrange et lourde de secrets. Un frisson me parcourt, et instinctivement, je replie mes jambes contre moi, comme si cela pouvait me protéger de tout ce qui m’effraie. Ses yeux, posés sur moi, sont insondables, à la fois perçants et étrangement apaisants.

La voiture démarre dans un vrombissement doux, et je me laisse emporter par le mouvement, les néons de la ville filant derrière la vitre, dessinant des traînées lumineuses. Chaque ruelle déserte que nous traversons semble nous éloigner un peu plus du chaos de la nuit. Et pourtant, au fond de moi, une question brûlante persiste :

« Pourquoi cet homme a-t-il ce pouvoir étrange sur moi ? »

Le silence est lourd. Ni confortable, ni oppressant, mais emplis de ces non-dits qui pèsent sur les épaules, invisibles mais presque palpables. Je sens ses yeux sur moi, souvent, mais je n’ose les croiser. Il y a quelque chose d’indéfinissable dans cette atmosphère. Une tension douce mais constante, un écho d’émotions que je n’arrive pas à saisir, mais qui se glisse dans mon esprit comme une mélodie oubliée.

La voiture ralentit enfin, et mon cœur se serre en reconnaissant la silhouette de ma maison. Quand le moteur s’éteint, une autre forme de silence envahit l’habitacle, plus pesant encore, comme une couverture étouffante. Je devrais me sentir soulagée, mais au lieu de cela, une vague d’angoisse me submerge. Je ne veux pas entrer. Pas dans ce lieu que je fuie, où l’air est toujours saturé de jugements non prononcés, où chaque recoin semble m’attendre pour me rappeler ma place.

— Ça va ? demande-t-il doucement, brisant le silence, comme un souffle dans l’obscurité.

Je lève les yeux, enfin. Son regard est ferme mais d’une douceur inattendue. Il ne cherche pas à percer mes secrets, mais il y a dans cette question quelque chose de tellement sincère que cela me touche au plus profond. Je voudrais être honnête, mais les mots que je prononce sont bien loin de la vérité.

— Oui… Ça va. Je suis juste fatiguée. Et ivre. Merci… vraiment.

Il hoche la tête, sans insister. Mais son regard me suit, insistant, presque réconfortant, jusqu’à ce que j’ouvre la portière et en sorte. Le froid m’envahit, tranchant, me ramenant brutalement à la réalité. Chaque pas vers la porte me semble plus lourd, plus difficile, comme si mes pieds étaient faits de plomb. Derrière moi, le moteur de la voiture reprend son souffle, s’éloignant dans le silence de la nuit, comme une présence qui se dissipe lentement, mais qui laisse derrière elle une trace indélébile.

❀❀❀

Il est 1h04 du matin. Je n’ai même pas besoin de regarder l’heure. Je connais ce silence, ce froid. Mon père est là, implacable, comme une ombre silencieuse qui me poursuit partout où je vais. L’air est glacé à l’intérieur, l'atmosphère plus épaisse que l’acier. Le tic-tac de l’horloge est la seule chose qui ose troubler ce silence devenu presque palpable, chaque seconde se mesurant à l’écho de la solitude.

— Tu pensais aller où, exactement ? Sa voix tranche, sèche, glacialement calme.

Je me fige. Mon cœur rate un battement. Lentement, je tourne la tête. Il est là, assis dans l’obscurité du salon, son visage figé dans une colère silencieuse. Ses yeux, aussi perçants qu’une lame, me transpercent. Une panique sourde me noue l'estomac, mais je reste là, immobile, figée.

— J’étais avec Lily… J’ai perdu la notion du temps, murmuré-je, ma voix tremblante. Désolée si—

— Épargne-moi tes excuses, me coupe-t-il brusquement, se levant d’un mouvement brusque. Tu crois que ça m’intéresse où tu étais ? Je me demande vraiment comment j’ai pu supporter ta présence tout ce temps.

Les mots me frappent comme un coup de poing. Ils me blessent, encore et encore. Mais aujourd’hui, quelque chose en moi se brise. Une colère refoulée éclate, aussi sauvage qu’inattendue.

— Si je suis encore là, c’est parce que tu refuses de me laisser partir, lancé-je d’une voix tremblante, mais ferme. Alors, dis-moi, comment tu fais, hein ? Comment tu tiens ton emprise sur moi ?

Sa réaction est immédiate, et brutale. Il ne parle pas, il agit. Sa main frappe violemment ma joue. La douleur est cuisante, mais ce qui me fait le plus mal, c’est son regard. Ce regard froid, sans une once de regret, qui m'écrase.

— Dans deux jours, tu ne seras plus là. Et crois-moi, ce sera un soulagement, murmure-t-il, un sourire cruel sur les lèvres.

Je recule d’un pas, mes jambes flageolantes sous le poids de sa violence. Les larmes montent, mais je me les refuse. Pas devant lui. Pas ce soir.

Dans ma chambre, je m’effondre contre la porte, repliée sur moi-même, mes sanglots silencieux noyés par la peur. Mon téléphone vibre soudainement, brisant le silence de la nuit. Je m’essuie les yeux avant de consulter le message.

**Amara**

Hé, tu es là ?

Quelques secondes passent avant qu’une réponse n’apparaisse.

**Christian**

Ouais, avec des potes. Tout va bien ?

Je ne perds pas de temps, mes doigts tapent frénétiquement sur l’écran.

**Amara**

Juste… ça va pas avec mon père. Je me sens seule.

La réponse tarde à venir, m’enfonçant dans l’attente. Puis enfin, une notification :

**Christian**

Je sais pas trop quoi dire, mais… demain, j’ai une surprise pour toi. Ça pourrait t’aider.

Un petit sourire timide éclaire mes lèvres, une lueur de réconfort malgré tout. Son message me touche plus que je ne voudrais l’admettre.

**Amara**

Hâte d’y être. Merci, Chris. Bonne nuit. Bisous.

Je pose le téléphone sur la table de chevet et m’allonge. Le poids dans ma poitrine reste là, mais il est un peu moins lourd. Et cette image, son regard vert, celui qui semblait vouloir me protéger, refuse de quitter mes pensées.

« Pourquoi lui ? Pourquoi je pense encore à lui ? »

❀❀❀

La suite dans le prochain chapitre.

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