Chapitre 6 - Le défi du cœur
Les jours suivants furent un tourbillon d'émotions contradictoires pour Elena. Elle n’arrivait toujours pas à accepter sa nouvelle réalité, celle où les règles du monde ne s'appliquaient plus. Où les monstres légendaires n'étaient plus des fables, mais une vérité brûlante et tangible.
Damian ne l'avait pas quittée d'une semelle, mais il ne semblait pas pressé de tout lui expliquer non plus. Au lieu de cela, il l’avait laissée dans un état de confusion totale, comme si la vérité qu’il détenait était quelque chose de trop lourd à partager.
Il lui avait montré sa maison, l’avait protégée, mais il restait un mystère, un voile d’ombres qu’elle n'arrivait pas à percer. Et plus elle se retrouvait seule dans cette étrange demeure, plus ses pensées la torturaient.
Un matin, après une nuit de sommeil agité, Elena se réveilla sur le canapé. Le soleil filtrait à peine à travers les rideaux épais de la pièce, et la lueur douce de l’aube apportait avec elle un sentiment de calme. Mais ce n'était qu'une illusion. Elle savait que l'inquiétude ne disparaîtrait pas.
Elle entendit des bruits dans la cuisine. Damian était là, préparant du café, ses cheveux éparsement en bataille, son torse nu toujours aussi magnétique, malgré l'énervement qu’il lui causait.
"Tu m'as réveillée trop tôt," marmonna-t-elle, la tête encore lourde de sommeil.
Damian ne se tourna pas immédiatement. Il continuait à s’affairer à la cuisine, sans une parole. Elena n’était pas sûre de l'approche qu’il adoptait. Il lui semblait à la fois distant et protecteur, et cela la perturbait encore plus.
"Il est déjà 8 heures, répondit-il calmement. Tu devrais t'habituer à être éveillée tôt. Les chasses ne se font pas la nuit. "
Il avait dit cela avec une telle légèreté que Elena frissonna, se rendant compte qu’il parlait littéralement de chasser. Il n’y avait pas d’autre moyen d’interpréter ses mots.
Elle se leva, et ses yeux se posèrent sur l'armoire à côté, où un révolver était soigneusement rangé. Une arme à feu. Des armes. Elle sentit une vague de nervosité monter en elle.
"Qu’est-ce que c’est que ça ?" demanda-t-elle brusquement, pointant l'armoire du doigt.
Damian tourna la tête et haussant les sourcils, il répondit d’un ton presque détaché.
"C’est pour ta protection. "
"Ma protection ?" répéta-t-elle, incrédule. "Contre quoi exactement ? Contre des loups-garous ? "
Le regard de Damian se fit soudain plus sombre.
"Contre tout. Contre ce que tu ne comprends pas encore."
Elena se sentit en colère. Il lui parlait toujours comme si elle était une enfant, comme si elle ne méritait pas de savoir ce qui se passait. Mais cette fois, elle n'allait pas se laisser faire. Elle n’était plus une spectatrice passive.
Elle s’approcha de lui, se plantant devant la table.
"Tu sais quoi ? Je suis fatiguée de jouer à ce jeu. Tu m’as dit que je n’avais pas le choix. Mais qu’est-ce que ça signifie, au juste ? Pourquoi suis-je ici ? Pourquoi moi ? "
Damian la regarda, une lueur d'amusement dans les yeux, comme si son éclat de colère était quelque chose qu’il attendait. Finalement, il posa son café et se tourna vers elle.
"Parce que tu es la clé."
Le mot résonna dans la pièce comme un coup de tonnerre. Elena recula d’un pas.
"La clé… La clé de quoi ?"
Il se rapprocha d’elle, mais cette fois, Elena n’eut pas peur. Elle voulait comprendre.
"De tout ça. De ce monde. De ce qui est en train de se préparer. "
Il la fixa avec une intensité presque douloureuse. Elle sentit son cœur s'emballer, son corps réagir malgré elle à cette proximité. Elle se détesta pour cela, mais il était trop puissant. Trop magnétique.
"Mais pourquoi moi ? Pourquoi une simple humaine ? Tu veux dire que tout ce qui m’arrive est dû à un simple hasard ? "
Damian secoua la tête.
"Non, Elena. Rien n’est dû au hasard. "
Il la conduisit vers une porte cachée au fond de l’appartement, une porte qu’Elena n’avait pas remarquée jusque-là. Lorsqu’il l’ouvrit, elle se retrouva dans une pièce sombre, mais elle y distingua des photos, des cartes, des symboles étranges accrochés aux murs. Il y avait aussi des livres ouverts, des documents, tout un monde secret qui semblait se cacher juste sous la surface de ce qu’elle croyait être une vie ordinaire.
Damian s’arrêta devant un tableau où se trouvaient des dessins de loup-garous, des groupes, des marques et des symboles qu’Elena n’avait jamais vus. Il pointa du doigt l'un d’eux.
"Voici l’un des anciens clans. Le Loup d’Argent. Celui auquel j’appartiens. "
Il se tourna vers elle, ses yeux de plus en plus graves.
"Tu es l’élue, Elena. La seule qui puisse réunir les clans. Parce que tu as vu ce que personne d'autre ne devrait voir. Parce que tu comprends ce que l’on veut te faire oublier. "
Un silence pesant s’installa. Elena avait du mal à saisir tout ce qu’il venait de dire. Elle balbutia.
"Mais… Pourquoi moi ? Je ne suis personne… Je ne veux pas être une élue. "
Damian la fixa un long moment, puis s’avança, se tenant juste devant elle. Il plongea son regard dans le sien.
"C’est trop tard pour fuir, Elena. Le destin t’a choisie. Et avec ça, tu ne peux que te battre ou te soumettre."
Il n’y avait plus de distance entre eux maintenant. Elena sentait son souffle se couper, comme si elle était en train de se noyer dans la profondeur de ses yeux dorés. Elle devait lutter contre la chaleur qui montait en elle, mais c’était plus fort qu’elle.
Elle s’éloigna brusquement, se mordant la lèvre inférieure.
"Qu’est-ce que tu attends de moi ?"
Damian la regarda longuement, une tension palpable entre eux. Finalement, il murmura.
"De faire un choix. Ton choix..."
Elena courait. Elle ne sentait plus ses jambes, ni l’air glacé fouetter son visage. Tout ce qui existait à cet instant, c’était Damian, à genoux, en sang, et Connor levant son arme pour l’achever. Non. Elle ne laisserait pas cela arriver. Pas après tout ce qu’ils avaient traversé. Son cœur tambourinait dans sa poitrine, son souffle était court, mais elle ne ralentit pas.Sa main tremblante se referma autour de la dague du traqueur qu’elle venait d’affronter. Connor savourait l’instant. Il était sûr de sa victoire, sûr de sa supériorité. Il leva sa lame d’argent au-dessus de la poitrine de Damian, prêt à l’abattre. Elena lança son arme.La dague fusa dans la nuit, rapide comme un éclair, et se planta profondément dans l’épaule droite de Connor. Il recula sous l’impact, un grognement furieux s’échappant de sa gorge. Puis, lentement, il tourna la tête vers elle.Ses yeux d’un noir d’encre rencontrèrent les siens, et elle sentit un frisson glacial lui parcourir l’échi
Le cri déchirant qui résonna dans la nuit figea Elena sur place. Ce n’était pas un hurlement de loup. C’était un cri humain, tordu par la douleur et la peur. Damian pivota brusquement, son regard brûlant d’une rage contenue. Il n’y avait plus de place pour les questions. Plus de temps pour les reproches. L’ennemi était là.Et il venait de frapper. Elena se remit debout, la douleur lancinante dans son dos la ramenant brutalement à la réalité. Elle ramassa sa lame d’une main tremblante et jeta un regard vers Damian. Son expression avait changé. Il n’était plus seulement en colère. Il était en guerre. Sans un mot, il se retourna et partit à toute vitesse en direction du village. Elena ne réfléchit pas. Elle le suivit. Lorsqu’ils atteignirent la lisière des bois, la scène qui s’offrit à eux lui coupa le souffle. Des flammes dansaient dans l’obscurité, léchant les toits des maisons en bois. L’air était saturé de fumée et d’une odeur métallique, âcre. Le sang. D
Le silence après le départ de Damian et Tobias fut assourdissant. Elena restait figée dans la pièce, son cœur battant à un rythme effréné. Elle savait qu’elle aurait dû rester en retrait, attendre prudemment, mais quelque chose en elle refusait d’obéir. L’adrénaline pulsait dans ses veines. Elle n’était plus la même qu’avant. Elle ne voulait plus être une proie. Elle saisit la lame que Damian lui avait donnée et la serra fermement dans sa main. Puis, elle prit une décision qu’elle ne pourrait plus annuler.Elle sortit. L’air nocturne était glacé et saturé d’électricité. Les hurlements avaient cessé, mais une tension lourde planait dans l’air. Elena longea la bâtisse principale, gardant un profil bas. Elle aperçut au loin Damian et quelques autres loups en pleine discussion rapide. Mais elle ne s’attarda pas. Si elle voulait prouver qu’elle était capable de se défendre, elle devait agir seule. Elle pénétra dans la forêt. Chaque branche craquait sous son poids,
Le silence s’étira dans la pièce après l’annonce de Tobias. Les traqueurs étaient déjà là. Elena sentit un frisson glacé remonter le long de sa colonne vertébrale. Son entraînement venait à peine de commencer, et elle se retrouvait déjà plongée en plein cœur du danger. Damian, lui, restait impassible. Son regard sombre était fixé sur Tobias, mais Elena voyait les muscles de sa mâchoire se contracter légèrement. Un signe qu’il était furieux. « Où exactement ? » demanda-t-il enfin. « À la frontière sud. Pas loin des falaises. Ils bougent vite, mais ils ne sont pas entrés dans notre territoire. Ils attendent. »Ils attendent.Ce mot résonna dans l’esprit d’Elena comme un mauvais présage. Pourquoi ne pas attaquer directement ? Pourquoi observer, traquer, tester les défenses ? Elle connaissait déjà la réponse. Ils ne voulaient pas simplement attaquer. Ils voulaient semer la peur.Elena sentit son cœur cogner violemment dans sa poitrine. Elle n’était pas une louve. E
Le silence était retombé sur la clairière, mais l’air vibrait encore d’une tension palpable. Damian scrutait la forêt, ses muscles toujours tendus, prêt à bondir si nécessaire. Elena, quant à elle, peinait à reprendre son souffle. Le traqueur était parti, mais il n’était pas vaincu. Elle avait vu la lueur malsaine dans ses yeux, cet amusement tordu qui laissait présager quelque chose de bien pire à venir. Damian se tourna brusquement vers elle. « On rentre. » Sa voix était sans appel. Elena hocha la tête, trop bouleversée pour protester. Son corps entier tremblait encore sous l’effet de l’adrénaline. Elle le suivit à travers les bois, leurs pas rapides brisant le silence oppressant. Chaque ombre semblait prête à s’animer, chaque bruissement de feuilles lui donnait des sueurs froides. De retour à la maison de la meute, Damian poussa violemment la porte, attirant instantanément l’attention des loups présents. Tous relevèrent la tête, leurs regards alertes se posant su
La nuit s'étendait sur le territoire de la meute comme un voile d’encre. Malgré la chaleur réconfortante de la maison, Elena n'arrivait pas à trouver le sommeil. Allongée sur le lit que Damian lui avait assigné dans l'aile des invités, elle fixait le plafond, le cœur battant encore sous l'effet de l’adrénaline. Les paroles de Viktor la hantaient. "Tu devras choisir ton camp." Elle se redressa, poussant un soupir frustré. Comment était-elle censée dormir après une telle déclaration ? Damian lui avait promis qu’il l’entraînerait, qu’il lui apprendrait à se défendre. Mais même ainsi, elle ne comprenait toujours pas pourquoi elle était impliquée dans cette histoire.Elle aurait donné n’importe quoi pour retrouver sa vie d’avant. Mais elle savait que c’était impossible. Se levant, elle enfila un sweat avant de sortir silencieusement de la chambre. Les couloirs de la maison de la meute étaient plongés dans la pénombre, illuminés seulement par la lueur de la lune filtrant à traver
La nuit était tombée sur la forêt, enveloppant le territoire de la meute d’une obscurité presque surnaturelle. Elena, encore essoufflée par l’entraînement avec Damian, s’adossait contre un arbre, ses muscles endoloris. Son corps criait de fatigue, mais son esprit refusait de se calmer. Damian était parti quelques minutes plus tôt, appelé par un membre de la meute pour une urgence. Elle était seule, mais elle sentait… quelque chose. Un frisson remonta le long de sa colonne vertébrale.Elle n’était pas seule. Un bruissement. Une ombre entre les arbres. Elena retint son souffle. "Tu progresses bien."La voix, grave et posée, fit accélérer son cœur. Ce n’était pas Damian. Ce n’était pas un membre de la meute. C’était Viktor.Il sortit des ténèbres avec une nonchalance déconcertante. Sa silhouette imposante semblait fondre dans la nuit, ses yeux brillaient d’une lueur dorée. Elena recula instinctivement. "Qu’est-ce que tu fais ici ?" demanda-t-elle, tentant de cacher la paniq
Les mots de Damian résonnaient encore dans l’esprit d’Elena alors qu’elle se tenait face à lui, au milieu d’une clairière isolée. L’air était frais, chargé de l’odeur humide de la terre et des feuilles, et le bruissement du vent dans les arbres formait une mélodie apaisante. Pourtant, son cœur battait à tout rompre. Elle avait demandé à apprendre. Maintenant, il n’y avait plus de retour en arrière. Damian se tenait à quelques mètres d’elle, torse nu, les bras croisés sur son torse puissant. Ses muscles roulaient sous sa peau, son regard perçant ne la quittait pas. Il était une incarnation brute de la force et du contrôle. "Dernière chance de reculer." Sa voix était grave, un avertissement déguisé en défi. Elena serra les poings. "Je suis prête."Un sourire amusé passa sur les lèvres de Damian. "Très bien. Alors, attaque-moi."Elle haussa un sourcil. "Tu es sérieux ?""Complètement." Elle hésita, puis fonça droit sur lui. Mais avant même qu’elle ne puisse lever le bras,
L’homme aux cheveux d’argent ne bougeait pas. Assis confortablement dans le fauteuil de Damian, il les observait avec un calme presque dérangeant. Derrière lui, l’ombre d’un sourire flottait sur ses lèvres pâles, comme s’il se délectait de la tension qui saturait l’air. Damian, lui, était un prédateur à l’affût. Chaque muscle tendu, chaque respiration mesurée, il attendait le moindre faux mouvement de l’intrus pour frapper. Elena, quant à elle, luttait contre l’envie de reculer. Ce n’était pas de la peur. Non, c’était autre chose. Une intuition. Comme si l’homme devant elle n’était pas simplement un ennemi, mais un élément clé dans le puzzle qui la dépassait encore. L’homme se leva lentement, son manteau glissant sur le sol dans un bruissement feutré. "Détends-toi, Alpha," dit-il d’une voix douce mais teintée d’une autorité glaciale. "Si j’étais venu pour vous massacrer, ce serait déjà fait." Damian ne broncha pas. "Pourquoi es-tu ici, alors ?"L’intrus fit un pas en avant.