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Chapitre 71 : Là où le silence respire

作者: L'invincible
last update 最終更新日: 2025-06-02 19:53:57

Aelya

La descente commence à la lueur des torches.

Le boyau s’ouvre juste sous la paroi, invisible à l’œil nu. Une faille entre deux pierres, comme une bouche oubliée, figée dans un cri muet. Il faut ramper au début. Sentir la roche contre la peau, l’humidité dans les cheveux, l’écho de sa propre respiration dans la gorge. L’obscurité a une odeur, ici : terre, cendre, cuivre. Et quelque chose d’ancien. De trop ancien.

Le silence y est plus lourd qu’ailleurs. Il n’attend pas. Il s’impose.

Quand nous débouchons dans la première salle, le monde change.

Le silence tombe.

Pas un silence ordinaire. Celui-ci est dense, vivant. Il s’insinue dans les oreilles, dans les pensées, jusqu’aux os. Même les respirations paraissent coupables. Même les battements de cœur paraissent déplacés.

Kael allume une seconde torche. La flamme tremble, puis s’élève. Lentement, les murs se révèlent : des gravures rongées par le temps, des visages d’ombres figés dans la pierre. Certains prient. D'autres fuient. Et
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    KaelElle tremble dans mes bras. Et pourtant, c’est le monde qui chancelle autour d’elle.Aelya… Non, celle qu’elle est devenue. Celle qu’elle a réveillée. Celle qu’elle porte.Je sens son souffle contre mon cou. Brûlant. Presque trop chaud pour un être vivant. Et sa peau, elle aussi, pulse encore, comme si la pierre en elle n’avait pas fini de s’ancrer. Comme si elle vivait. Comme si elle respirait à travers elle.Chaque battement de son cœur fait vibrer l’air. Le silence est trop épais, trop chargé. On dirait qu’il écoute. Qu’il attend.Autour de nous, les gravures anciennes vibrent. Les chaînes mortes rampent encore contre les murs, comme des serpents de métal réveillés d’un cauchemar millénaire. Les flammes des torches vacillent, non pas à cause du vent, mais d’un souffle venu d’en dessous. Un avertissement sans mots.Un silence s’abat, lourd, suintant d’un pouvoir contenu. Prêt à se briser. À éclater.Mais ce n’est pas fini. Je le sens. Je le vois dans les yeux de Myrren. Dans la

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    KaelElle se tient là, au bord du puits, et pourtant… ce n’est plus elle.Ou plutôt, si. C’est Aelya, mais traversée. Habitée. Brûlée de l’intérieur par une force qui dépasse tout ce que je croyais possible. Elle ne vacille pas. Elle ne tremble pas. Et c’est bien ça, le plus terrifiant.Son regard n’a plus d’ombre. Plus d’humanité non plus. Juste cette lumière crue, écarlate, presque divine. Une lumière qui me juge, qui me consume, qui me renvoie à tout ce que je suis incapable d’être.Personne ne parle.Même Myrren, d’ordinaire si rapide à réagir, reste figée. Une ombre de peur traverse ses traits, mais elle ne bouge pas. Elle sait, elle sent, elle comprend que quelque chose a basculé.Je veux m’avancer. L’appeler. La rappeler à nous. À elle-même.Mais le feu me cloue. Pas celui qui crépite au fond du puits. Pas même celui qui danse autour de ses bras comme une extension de sa volonté. Non. Le feu, c’est elle.Ses cheveux flottent, comme baignés dans un courant d’air que je ne ressen

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    AelyaLa descente commence à la lueur des torches.Le boyau s’ouvre juste sous la paroi, invisible à l’œil nu. Une faille entre deux pierres, comme une bouche oubliée, figée dans un cri muet. Il faut ramper au début. Sentir la roche contre la peau, l’humidité dans les cheveux, l’écho de sa propre respiration dans la gorge. L’obscurité a une odeur, ici : terre, cendre, cuivre. Et quelque chose d’ancien. De trop ancien.Le silence y est plus lourd qu’ailleurs. Il n’attend pas. Il s’impose.Quand nous débouchons dans la première salle, le monde change.Le silence tombe.Pas un silence ordinaire. Celui-ci est dense, vivant. Il s’insinue dans les oreilles, dans les pensées, jusqu’aux os. Même les respirations paraissent coupables. Même les battements de cœur paraissent déplacés.Kael allume une seconde torche. La flamme tremble, puis s’élève. Lentement, les murs se révèlent : des gravures rongées par le temps, des visages d’ombres figés dans la pierre. Certains prient. D'autres fuient. Et

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    AelyaLa descente est lente. Traîtresse.Chaque pas pourrait être le dernier. La neige se transforme en verglas, puis en roche humide. L’obscurité n’est plus une simple absence de lumière. C’est une matière. Elle s’accroche à la peau, s’insinue dans les os. Elle murmure, elle attend.Les torches vacillent, jetant des ombres monstrueuses sur les parois. Le silence est devenu autre chose. Une entité vivante, tapie entre les pierres, respirant au rythme de nos pas.Je sens la pierre pulser contre ma poitrine. Plus fort maintenant. Comme si elle reconnaissait le lieu. Comme si elle s’éveillait… ou appelait quelque chose.— On est proches, dis-je.Ma voix semble flotter un instant, suspendue, avant de se dissoudre. Kael se rapproche. Il marche près de moi. Sans un mot. Mais sa main frôle la mienne. Juste assez pour rappeler qu’il est là. Que je ne suis pas seule.Myrren referme son manteau autour de l’enfant. Il ne dort plus. Il regarde autour de lui, les yeux grands ouverts. Pas effrayé.

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    AelyaLe froid mord dès les premières heures.Pas un froid de surface, qu’on chasse d’un geste ou d’un souffle chaud. Un froid profond, ancien, qui pénètre la chair et ronge les os. Le genre de froid qu’on oublie en ville, mais que la terre, elle, n’a jamais oublié.Nous avançons en colonne, les pas enfoncés dans la neige fraîche. Le vent souffle en rafales, rasant les collines. Il porte les cendres de l’hiver, les échos de ceux qui sont tombés. Derrière moi, les murmures sont rares. Les voix basses. On garde l’énergie. On garde les mots.Kael marche près de moi. Toujours légèrement en retrait, comme s’il voulait me laisser l’espace… ou m’observer. Parfois, nos regards se croisent. Rien n’est dit. Mais je sens. Il est là. Il veille. Pas sur moi. Sur l’idée que je suis devenue.Derrière, Elian organise les relais. Il veille à ce que les plus jeunes restent à l’intérieur du cercle. Myrren tient toujours l’enfant contre elle. Il dort souvent, le souffle court, mais ses doigts restent acc

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