PDV – Lila
Les secondes s’égrenaient comme des coups de marteau dans son crâne. Le message tournait en boucle dans sa tête : “Tu as 48 heures. Après, tout changera.” Elle n’avait pas dormi de la nuit. Impossible. Chaque ombre semblait vivante, chaque craquement dans les murs, une menace. Elle s’était enfermée dans son appartement, tiré les rideaux, débranché l’interphone. Mais malgré tout, elle sentait une présence. Le carnet de son père ouvert sur la table, elle repassait les symboles un à un, les comparant aux souvenirs de son enfance. Elle ne comprenait pas tout. Mais certaines choses résonnaient… intuitivement. Une page attira son attention. Elle n’était pas comme les autres. Au centre, un dessin : un arbre aux racines profondes, dont les branches formaient une carte de la ville. Sur l’une d’elles, un petit cercle violet avec une annotation manuscrite : “Parc de l’Est – Entrée du cercle – Veille de l’éveil” Lila (à voix basse) : — C’est ce soir… Le parc de l’Est. C’était l’endroit mentionné sur la vitre, le soir où tout avait basculé. “Minuit. Parc de l’Est. Viens seule.” Elle devait y aller. PDV – Lila (pensée) Mais si tout ça est vrai… si je suis vraiment “la dernière du sang” comme ils disent… alors ce cercle, c’est peut-être une porte. Un passage. Ou un piège. Elle enfila une veste noire, glissa le carnet et la lettre dans son sac, et sortit. La ville semblait endormie. Trop silencieuse. Même les lampadaires semblaient plus pâles que d’habitude. Quand elle atteignit le parc, il était 23h59. Elle s’arrêta juste à l’entrée. Un courant d’air glacé passa dans les arbres. La pluie avait cessé, mais l’herbe était encore détrempée. Au loin, les balançoires grincèrent, bien que personne ne semblait là. Elle avança, guidée par la lumière tremblante de son téléphone. Puis elle le vit. Un cercle de pierres au sol, dissimulé entre les arbres. Ancien. Usé. Mais intact. Et en son centre… Liam. Lila (stupéfaite) : — Liam ?! Il leva les yeux. Son regard n’était plus le même. Moins humain. Plus… ancien. Liam (calmement) : — Tu es venue. Tu l’as senti, n’est-ce pas ? Ce lien entre nous. Lila : — Ce lien ? Qu’est-ce que tu me racontes encore ? Tu connais mon père. Tu sais ce qui s’est passé. Tu m’as menti depuis le début. Liam : — Non. Je t’ai protégée. Depuis toujours. Même quand tu ne savais rien. Même quand tu m’as oublié. Elle recula d’un pas. Lila : — Oublié… ? Tu étais qui pour moi ? Liam (à voix basse) : — J’étais ton ombre, Lila. Ton gardien. Ton bourreau… si un jour tu t’éveillais au mauvais moment. Le sol vibra légèrement. Des symboles apparurent en cercle autour de lui, gravés dans la terre. Lila : — C’est quoi ce rituel ? Tu vas me tuer ? Liam : — Non. Tu vas renaître. Elle sentit une brûlure à l’intérieur de sa poitrine. Une chaleur ancienne. Vivante. Quelque chose se réactivait. Liam (souriant tristement) : — Il est trop tard pour reculer. Tu n’es pas simplement “la dernière”. Tu es la clé. À suivre….PDV LILA Le vent soufflait doucement sur la plaine d’Argéline, caressant les hautes herbes d’or comme s’il feuilletait les pages d’un livre ancien. Lila marchait seule, sa plume à la main, son cœur calme. Autour d’elle, le monde respirait autrement. Le Vide n’existait plus, remplacé par une pulsation vivante, comme un chant que seul l’esprit pouvait entendre. Elle atteignit la pierre blanche où tout avait commencé — là où elle avait trouvé le premier fragment, là où le récit avait choisi de renaître à travers elle. — Kaelys, murmura-t-elle. Pas un appel. Pas une plainte. Une reconnaissance. Une prière. Elle s’agenouilla, toucha la pierre. Elle était tiède, vibrante, comme si elle abritait un cœur invisible. Lila ferma les yeux, leva la plume, et traça dans l’air une dernière ligne invisible. Pas pour sceller une histoire. Mais pour la transmettre. Car les récits ne
PDV LILALila sentait son cœur battre à un rythme démesuré. Le ciel au-dessus de la Tour de la Source s’était assombri, non pas d’orage ou de pluie, mais d’une matière étrange, comme si l’encre elle-même s’était échappée de récits oubliés pour recouvrir le monde.Ils savaient que ce moment viendrait.Mais ils n’étaient pas prêts pour son ampleur.— Maxence ! cria-t-elle, courant dans les couloirs de la Tour.Des fragments de mémoire s’effondraient autour d’elle, comme si les fondations du monde tremblaient. Des enfants s’étaient réfugiés dans la salle des Plumes, blottis les uns contre les autres, récitant à voix basse des passages anciens pour garder les ténèbres à distance.Maxence surgit d’un escalier latéral, couvert de poussière et tenant un manuscrit ancien dans les bras.— L’Arche… commence à se fissurer, dit-il, haletant. Ce n’est plus seulement la faille de Kaelys. Quelqu’un… ou quelque chose… essaie de tout eff
PDV LILALes jours qui suivirent la cérémonie de la Trame furent marqués par un calme étrange, presque sacré. Dans la Tour de la Source, le silence n’était plus une absence, mais une respiration collective.Les enfants venaient chaque jour s’asseoir autour de l’Arbre-Récit, écoutant les Porteurs leur transmettre les histoires anciennes, mais aussi celles qu’ils avaient eux-mêmes vécues. Des récits de peines, de luttes, de victoires fragiles.Lila observait l’un de ces cercles, le cœur battant.— C’est comme si nous étions devenus les personnages des contes qu’on nous lisait quand on était petits, souffla-t-elle à Maxence.Il hocha la tête.— Sauf que cette fois, ce sont nos mots qui protègent les leurs.Mais au fond de ses pensées, un murmure insistant s’était installé depuis la cérémonie : et si ce calme n’était qu’un prélude ?PDV LÉOLéo marchait seul près des anciennes ruines. Là où le tout avait co
PDV LILALes premiers mots écrits dans le nouveau manuscrit provoquèrent une onde invisible qui parcourut tout l’Arbre-Récit. Les branches vibrèrent, les feuilles s’illuminèrent, et les anciennes histoires se réajustèrent, comme si elles s’inclinaient devant ce qui allait venir.— Tu sens ça ? murmura Lila, la main tremblante.— Oui, répondit Maxence. C’est la Trame… elle nous écoute.Ils avaient appris, au fil du temps, que la Trame du monde n’était pas figée. Elle pouvait être influencée, corrigée… ou corrompue. Mais pour y accéder pleinement, il fallait passer l’Épreuve.Un cercle se dessina autour d’eux, formé de racines vivantes. Une voix ancienne, celle de l’Ancienne Source, résonna :« Celui qui voudra écrire la nouvelle ère devra d’abord affronter sa propre vérité. »PDV LÉOLéo fut le premier aspiré dans la lumière.Il se retrouva dans une salle d’encre noire. Face à lui, une silhouette : lui-m
PDV LILALe vent soufflait plus fort, chargé d’une énergie ancienne que Lila n’avait jamais ressentie auparavant. Elle se tenait à l’orée de la Vallée d’Encre, là où les mots non écrits flottaient dans l’air, suspendus entre l’oubli et la création.À ses côtés, Maxence relisait les dernières lignes du Codex des Fragments — une relique retrouvée dans la Salle des Voix. Le texte y évoquait une prophétie oubliée : le retour du Manuscrit d’Or, unique artefact capable de restaurer ou d’annihiler toute narration vivante.— On ne devrait peut-être pas chercher à le réveiller, murmura Maxence. Il y a des récits qui dorment pour de bonnes raisons.Lila garda le regard fixé sur la vallée. Elle sentait les présences, les échos de ceux qui avaient écrit avant eux. Des millénaires de rêveurs, de conteurs, de Porteurs.— On ne peut pas laisser l’équilibre reposer sur des ruines, répondit-elle. Il faut une clé. Une vérité plus grande que le silence.
PDV LILALe vent soufflait plus fort, chargé d’une énergie ancienne que Lila n’avait jamais ressentie auparavant. Elle se tenait à l’orée de la Vallée d’Encre, là où les mots non écrits flottaient dans l’air, suspendus entre l’oubli et la création.À ses côtés, Maxence relisait les dernières lignes du Codex des Fragments — une relique retrouvée dans la Salle des Voix. Le texte y évoquait une prophétie oubliée : le retour du Manuscrit d’Or, unique artefact capable de restaurer ou d’annihiler toute narration vivante.— On ne devrait peut-être pas chercher à le réveiller, murmura Maxence. Il y a des récits qui dorment pour de bonnes raisons.Lila garda le regard fixé sur la vallée. Elle sentait les présences, les échos de ceux qui avaient écrit avant eux. Des millénaires de rêveurs, de conteurs, de Porteurs.— On ne peut pas laisser l’équilibre reposer sur des ruines, répondit-elle. Il faut une clé. Une vérité plus grande que le silence.