PDV – Lila
Lila rentra chez elle sans sentir ses jambes. Tout semblait irréel. La pluie tombait, froide et drue, mais elle ne s’en préoccupait pas. Elle ne pensait qu’à une seule chose : la lettre. Celle que Liam lui avait confiée avant de disparaître dans l’ombre. Une fois la porte verrouillée derrière elle, elle s’effondra sur le canapé, ruisselante, le souffle court. Elle tenait l’enveloppe comme une clé vers un passé qu’elle croyait figé. Une vérité qu’elle n’avait jamais imaginée. Elle l’ouvrit lentement. À l’intérieur, une page pliée. Une écriture familière. “Si tu lis cette lettre, c’est que tu as décidé de ne plus fuir. Il est temps de te souvenir. Ton père n’est jamais mort par accident. Il a été exécuté pour avoir caché ce que tu es. Lila… tu es la dernière de ton sang. Et ce que tu portes en toi vaut plus que toutes les vies qu’ils ont détruites.” Ses mains tremblèrent. Lila (voix brisée) : — Qu’est-ce que je suis censée comprendre, là…? Elle se leva d’un bond, la lettre à la main, et se dirigea vers sa bibliothèque. Elle fouilla frénétiquement, jetant des livres au sol, jusqu’à retrouver un vieux coffre en bois, hérité de son père. Elle ne l’avait jamais ouvert. Il n’avait pas de serrure. Juste un symbole gravé : un cercle traversé d’un éclair. Soudain, le papier de la lettre s’illumina légèrement. Un petit éclat violet, presque invisible à l’œil nu. Elle approcha la lettre du coffre. Un déclic. Le couvercle s’ouvrit. Lila (abasourdie) : — Non… c’est pas possible. À l’intérieur : – Une montre ancienne, arrêtée à 23h47. – Une photo en noir et blanc où l’on voyait son père… avec Liam. Tous les deux plus jeunes. – Et un carnet aux pages remplies de symboles étranges, incompréhensibles… mais curieusement familiers. PDV – Lila (pensée) Qu’est-ce que c’est que tout ça ? Liam connaissait mon père ? Depuis quand ? Pourquoi ne m’en a-t-il jamais parlé, à l’époque ? Un frisson la traversa. Elle s’assit à même le sol et ouvrit le carnet. Certaines pages étaient annotées dans une langue qu’elle ne comprenait pas, mais d’autres contenaient des croquis. Des cartes. Des cercles rituels. Des visages. Puis elle tomba sur un dessin d’elle, enfant. En dessous, une phrase : “Protégée jusqu’à l’éveil.” Lila (chuchotant) : — L’éveil…? Elle leva les yeux vers l’horloge. Minuit vingt. Le monde semblait figé. Puis, la lumière s’éteignit brutalement. L’appartement plongea dans le noir. Un bruit métallique résonna dans la pièce. Elle se leva d’un bond, attrapant son téléphone pour faire de la lumière. Et là, sur le mur du salon, quelqu’un avait écrit en lettres tremblantes, à l’encre violette : “Tu n’es plus seule. Ils arrivent.” Elle recula lentement, les yeux rivés sur l’inscription qui venait d’apparaître. Sa gorge était sèche, son cœur cognait si fort qu’elle avait l’impression qu’il allait exploser. Lila (murmurant) : — Ils arrivent… mais qui ? Qu’est-ce qu’ils veulent ? Le faisceau tremblant de son téléphone balaya la pièce. Rien. Et pourtant, l’air semblait plus lourd, comme chargé d’électricité. Le genre de tension qu’on ressent juste avant un orage. Ou une catastrophe. Une vibration soudaine dans sa main la fit sursauter. Son téléphone. Un nouveau message. Numéro inconnu. “Ne sors pas. Ne parle à personne. Ne dors pas.” Elle écarquilla les yeux. Les lettres s’affichaient une à une, lentement, comme si quelqu’un les écrivait en temps réel. Un second message suivit immédiatement. “Tu as 48 heures. Après, tout changera.” Lila (à voix basse) : — Qu’est-ce que ça veut dire ?! C’est une menace ? Un avertissement ? Elle tenta de répondre, mais le message disparut à peine son doigt toucha l’écran. Comme s’il n’avait jamais existé. Son regard se tourna à nouveau vers le carnet. 48 heures. Elle savait, au fond, que ce n’était que le début. Le mystère ne faisait que s’épaissir. Mais ce qui l’effrayait le plus… ce n’était pas ce qu’elle ignorait. C’était ce qu’elle commençait à se souvenir. À suivre….PDV LILA Le vent soufflait doucement sur la plaine d’Argéline, caressant les hautes herbes d’or comme s’il feuilletait les pages d’un livre ancien. Lila marchait seule, sa plume à la main, son cœur calme. Autour d’elle, le monde respirait autrement. Le Vide n’existait plus, remplacé par une pulsation vivante, comme un chant que seul l’esprit pouvait entendre. Elle atteignit la pierre blanche où tout avait commencé — là où elle avait trouvé le premier fragment, là où le récit avait choisi de renaître à travers elle. — Kaelys, murmura-t-elle. Pas un appel. Pas une plainte. Une reconnaissance. Une prière. Elle s’agenouilla, toucha la pierre. Elle était tiède, vibrante, comme si elle abritait un cœur invisible. Lila ferma les yeux, leva la plume, et traça dans l’air une dernière ligne invisible. Pas pour sceller une histoire. Mais pour la transmettre. Car les récits ne
PDV LILALila sentait son cœur battre à un rythme démesuré. Le ciel au-dessus de la Tour de la Source s’était assombri, non pas d’orage ou de pluie, mais d’une matière étrange, comme si l’encre elle-même s’était échappée de récits oubliés pour recouvrir le monde.Ils savaient que ce moment viendrait.Mais ils n’étaient pas prêts pour son ampleur.— Maxence ! cria-t-elle, courant dans les couloirs de la Tour.Des fragments de mémoire s’effondraient autour d’elle, comme si les fondations du monde tremblaient. Des enfants s’étaient réfugiés dans la salle des Plumes, blottis les uns contre les autres, récitant à voix basse des passages anciens pour garder les ténèbres à distance.Maxence surgit d’un escalier latéral, couvert de poussière et tenant un manuscrit ancien dans les bras.— L’Arche… commence à se fissurer, dit-il, haletant. Ce n’est plus seulement la faille de Kaelys. Quelqu’un… ou quelque chose… essaie de tout eff
PDV LILALes jours qui suivirent la cérémonie de la Trame furent marqués par un calme étrange, presque sacré. Dans la Tour de la Source, le silence n’était plus une absence, mais une respiration collective.Les enfants venaient chaque jour s’asseoir autour de l’Arbre-Récit, écoutant les Porteurs leur transmettre les histoires anciennes, mais aussi celles qu’ils avaient eux-mêmes vécues. Des récits de peines, de luttes, de victoires fragiles.Lila observait l’un de ces cercles, le cœur battant.— C’est comme si nous étions devenus les personnages des contes qu’on nous lisait quand on était petits, souffla-t-elle à Maxence.Il hocha la tête.— Sauf que cette fois, ce sont nos mots qui protègent les leurs.Mais au fond de ses pensées, un murmure insistant s’était installé depuis la cérémonie : et si ce calme n’était qu’un prélude ?PDV LÉOLéo marchait seul près des anciennes ruines. Là où le tout avait co
PDV LILALes premiers mots écrits dans le nouveau manuscrit provoquèrent une onde invisible qui parcourut tout l’Arbre-Récit. Les branches vibrèrent, les feuilles s’illuminèrent, et les anciennes histoires se réajustèrent, comme si elles s’inclinaient devant ce qui allait venir.— Tu sens ça ? murmura Lila, la main tremblante.— Oui, répondit Maxence. C’est la Trame… elle nous écoute.Ils avaient appris, au fil du temps, que la Trame du monde n’était pas figée. Elle pouvait être influencée, corrigée… ou corrompue. Mais pour y accéder pleinement, il fallait passer l’Épreuve.Un cercle se dessina autour d’eux, formé de racines vivantes. Une voix ancienne, celle de l’Ancienne Source, résonna :« Celui qui voudra écrire la nouvelle ère devra d’abord affronter sa propre vérité. »PDV LÉOLéo fut le premier aspiré dans la lumière.Il se retrouva dans une salle d’encre noire. Face à lui, une silhouette : lui-m
PDV LILALe vent soufflait plus fort, chargé d’une énergie ancienne que Lila n’avait jamais ressentie auparavant. Elle se tenait à l’orée de la Vallée d’Encre, là où les mots non écrits flottaient dans l’air, suspendus entre l’oubli et la création.À ses côtés, Maxence relisait les dernières lignes du Codex des Fragments — une relique retrouvée dans la Salle des Voix. Le texte y évoquait une prophétie oubliée : le retour du Manuscrit d’Or, unique artefact capable de restaurer ou d’annihiler toute narration vivante.— On ne devrait peut-être pas chercher à le réveiller, murmura Maxence. Il y a des récits qui dorment pour de bonnes raisons.Lila garda le regard fixé sur la vallée. Elle sentait les présences, les échos de ceux qui avaient écrit avant eux. Des millénaires de rêveurs, de conteurs, de Porteurs.— On ne peut pas laisser l’équilibre reposer sur des ruines, répondit-elle. Il faut une clé. Une vérité plus grande que le silence.
PDV LILALe vent soufflait plus fort, chargé d’une énergie ancienne que Lila n’avait jamais ressentie auparavant. Elle se tenait à l’orée de la Vallée d’Encre, là où les mots non écrits flottaient dans l’air, suspendus entre l’oubli et la création.À ses côtés, Maxence relisait les dernières lignes du Codex des Fragments — une relique retrouvée dans la Salle des Voix. Le texte y évoquait une prophétie oubliée : le retour du Manuscrit d’Or, unique artefact capable de restaurer ou d’annihiler toute narration vivante.— On ne devrait peut-être pas chercher à le réveiller, murmura Maxence. Il y a des récits qui dorment pour de bonnes raisons.Lila garda le regard fixé sur la vallée. Elle sentait les présences, les échos de ceux qui avaient écrit avant eux. Des millénaires de rêveurs, de conteurs, de Porteurs.— On ne peut pas laisser l’équilibre reposer sur des ruines, répondit-elle. Il faut une clé. Une vérité plus grande que le silence.