Masuk« Parfois, la vérité ne guérit pas. Elle détruit. »
Damien la dévisagea un instant, un léger sourire en coin, comme si elle venait de lui jouer une de ses fameuses comédies pour le faire réagir. — Wouah… franchement, bravo, lâcha-t-il avec un rire amer. Tu peux être fière de toi. Il fit un pas vers elle, la fixant droit dans les yeux. — Tu crois que c’est aussi facile ? Tu penses vraiment pouvoir utiliser mon fils, encore et encore, comme un vulgaire moyen de pression pour obtenir ce que tu veux ? Julia sentit ses mains trembler, mais elle resta immobile, le regard dur. — Ton fils ? Tu es vraiment sérieux, Damien ? Tu n’as jamais considéré Lucas comme ton fils. Regarde-toi : froid, distant… tu ne lui adresses presque jamais la parole. Tu le traites comme un étranger. Et pourquoi ? Simplement parce que tu n’as jamais voulu… Parce que c’est plus simple pour toi de le blâmer, de le rendre responsable de tes propres échecs. Elle fit un pas en avant, le défiant. — Je ne te laisserai pas continuer à lui nuire. Si tu tiens tant que ça à une famille heureuse, va donc voir Rebecca. Elle serait ravie de porter ton enfant. Après tout… c’est elle que tu aimes, pas moi. Un sourire en coin se dessina sur les lèvres de Damien, presque satisfait de l’entendre prononcer ce nom. — Ah… je vois enfin où est le problème, murmura-t-il. Tu es jalouse de Beka. Et j’aimerais bien savoir pourquoi. Il se pencha légèrement, comme pour lui confier un secret cruel. — Oui… c’est elle que j’aime. C’est elle que j’aime éperdument. Mais pourtant, c’est avec toi que je suis. C’est toi que j’ai épousée. C’est dans ton lit que je dors et que je me réveille chaque matin. N’est-ce pas ce que tu voulais ? Me garder pour toi. Son ton se fit plus tranchant, presque venimeux. — Eh bien, tu as réussi. Tu as eu les restes… ce que Beka a bien voulu te laisser. Il laissa planer un silence, avant de frapper là où il savait que ça ferait le plus mal. — Et le pire… c’est qu’à chaque fois que je te touchais, à chaque fois que je te faisais l’amour, c’est à elle que je pensais. Pas à toi. La colère et le désespoir bouillonnaient en Julia. Sans réfléchir, elle leva la main et gifla Damien avec une force incontrôlable. Le bruit sec de la gifle résonna dans la pièce, et pour un instant, le temps sembla suspendu. Elle connaissait déjà cette vérité… mais l’entendre, crue et acide, de la bouche de l’homme qu’elle avait tant aimé, celui pour qui elle avait tout sacrifié, fut comme recevoir un coup au cœur. Les yeux de Damien se plantèrent dans les siens, sombres, brûlants de rage. Julia fit un pas en arrière, un frisson glacé lui remontant la nuque. Jamais elle ne l’avait vu dans un tel état. En deux pas, il fut sur elle. Sa main se referma sur la sienne, violente, possessive. — Comment oses-tu… Elle tenta de se dégager, mais sa poigne était de fer. — Lâche-moi ! cria-t-elle. Il la tira brutalement vers lui, si fort qu’elle ferma les yeux par réflexe, son souffle coupé. — Maman ! Papa ! La voix de Lucas fendit l’air comme un rayon de lumière. Julia pivota aussitôt. Jamais elle n’avait été aussi soulagée de voir son fils. Elle savait qu’aussi imprévisible que soit Damien, il n’oserait pas lever la main sur elle devant lui. Elle arracha sa main de son emprise et s’agenouilla près du petit garçon. Ses doigts tremblants vinrent caresser sa joue avec douceur. — Tout va bien, mon cœur… Ton père est venu parce qu’il voulait te voir… mais malheureusement, il doit repartir. Elle força un sourire, puis demanda doucement : — Que fais-tu ici ? Je t’avais demandé de commencer à te préparer. Lucas haussa les épaules. — Oui, maman… mais je n’arrive pas à faire mes lacets. Julia ébaucha un vrai sourire cette fois. — Ne t’en fais pas. On va monter dans la chambre, je vais t’aider à attacher tes gros lacets, dit-elle en lui pinçant tendrement la joue. Ensuite, tu viendras prendre ton petit-déjeuner, et on filera à l’école.« Parfois, la fin d’une histoire est le début d’une autre. » Le bureau de Damien baignait dans une lumière douce d’après-midi. Les dossiers s’étalaient devant lui sur le bureau, et la conversation avec Marc était concentrée, ponctuée de chiffres, de plans et de décisions à prendre. Damien avait l’habitude de contrôler chaque détail, mais une tension sourde crispait ses épaules. Un léger coup frappa à la porte. — Monsieur, excusez-moi de vous déranger, mais vous avez une visite, annonça la secrétaire, la voix calme mais ferme. Damien fronça les sourcils, surpris. — Il me semblait que tous mes rendez-vous étaient terminés, murmura-t-il, un peu irrité. — Oui… mais il s’agit d’un certain monsieur Bernard, avocat. Il vient pour une affaire très importante, précisa-t-elle. Intrigué, Damien se redressa et fit signe à l’homme d’entrer. Maître Bernard, un homme d’une cinquantaine d’années, entra d’un pas mesuré. Il portait un costume sombre impeccablement ajusté et tenait un doss
« Il n’est de cage plus solide que celle que l’on croit faite d’amour. » La nuit avait déjà enveloppé la ville lorsque Damien gara sa voiture dans l’allée pavée de sa demeure. La façade immaculée, illuminée par des lampadaires discrets, se dressait devant lui comme un rappel silencieux de tout ce qu’il possédait… et de tout ce qu’il risquait de perdre. Il entra, traversa le vaste hall au marbre glacé et monta l’escalier en colimaçon menant à sa chambre. Ses pas résonnaient dans le vide de la maison. Pas de rires d’enfants, pas de voix pour briser le silence. Dans sa chambre, il posa sa veste sur le dossier d’un fauteuil, décrocha sa montre et la laissa tomber sur la table de chevet. Avant de se diriger vers la salle de bain, il sortit son téléphone. L’écran s’illumina, affichant une série de notifications. Des appels manqués. Des messages non lus. Et surtout… une longue liste d’alertes de sa banque. Damien fronça les sourcils et s’assit au bord du lit. Les chiffres défilèrent.
Damien tenait le volant d’une main ferme, les yeux fixés sur la route, mais son esprit était loin devant. Les lumières orangées du soleil couchant se reflétaient sur le pare-brise, et le ronronnement régulier du moteur emplissait l’habitacle d’un fond sonore apaisant. Sur la banquette arrière, Lucas, attaché dans son siège, était tout l’inverse de son père : débordant d’énergie. Il tenait sa peluche-dinosaure contre lui comme si c’était un trésor. Le petit animal en tissu vert semblait déjà avoir trouvé sa place dans ses bras. — Tu sais, papa, je vais jamais le lâcher… Parce que c’est toi qui l’as gagné pour moi. — Ah bon ? Même pour dormir ? — Même pour dormir. Et à l’école, j’vais le montrer à tout le monde ! Damien esquissa un sourire dans le rétroviseur. Ce n’était qu’une peluche bon marché, mais pour Lucas, c’était le trophée d’un père qui, pour une fois, avait été là. Le petit enchaîna, la voix animée : — Et le manège qui tourne super vite… beurk, j’aime pas du tou
« Le passé est un invité qui ne frappe jamais à la porte. Il se glisse dans les pièces et s’installe sans prévenir. » Julia fit claquer la porte de son appartement. Les sacs de shopping glissèrent sur le canapé, un à un, comme des trophées silencieux. Elle retira ses lunettes de soleil, jeta un coup d’œil autour d’elle… et se surprit à sourire. Sa journée avait été… intense. Elle venait tout juste de rentrer d’une virée en ville avec Cécile. Le parfum discret d’un café pris en terrasse lui revenait encore, mêlé à celui des vitrines fraîchement cirées des boutiques qu’elles avaient longées. Elle avait reçu un message de Cécile ce matin. Habille-toi. Talons obligatoires. Je t’emmène voir quelque chose et l'avait rejoint tôt, presque surexcitée. Elles s’étaient retrouvées au volant de la berline noire de Cécile, filant vers le centre-ville huppé. Les immeubles semblaient s’incliner à leur passage. Et puis… la vitrine. Une façade d’un blanc parfait, encadrée de colonnes, surmont
« Il n’est jamais trop tard pour bien faire. » Damien resta un moment immobile derrière le volant, observant Julia à travers la vitre. Elle était assise dans sa propre voiture, les mains posées sur le volant, le regard fixé devant elle. Aucun sourire, aucune expression qui pourrait trahir ce qu’elle pensait. Il se surprit à chercher dans ses yeux une hésitation, un signe qu’elle changerait d’avis, qu’elle viendrait avec eux… Mais elle démarra simplement, sans un mot, et s’éloigna. Damien inspira profondément. Dans le rétroviseur, il croisa le regard de Lucas, assis sagement sur la banquette arrière. Le petit était déjà prêt depuis longtemps, visiblement excité, mais aussi curieux de ce qui allait se passer. Damien n’avait jamais été seul avec lui pour ce genre de sortie. L’idée lui donnait une sensation étrange : un mélange de gêne, d’appréhension et… de peur de mal faire. — Bon… on y va, dit-il enfin en mettant le moteur en marche. La route vers le parc d’attractions se fit
Le week-end était arrivé sans que Julia s’en rende compte. Assise dans le salon, un livre ouvert en main, elle attendait l’arrivée de Damien. La lumière douce du matin filtrait à travers les rideaux, caressant ses cheveux légèrement ondulés et donnant au salon une atmosphère tranquille. En temps normal, la femme qu’elle était se serait précipitée dans sa chambre, aurait choisi une tenue simple mais élégante, et aurait pris le temps de se coiffer et de se maquiller de façon à faire tomber son époux sous son charme. Mais aujourd’hui, rien de tout cela. Elle avait un autre programme. Damien voulait passer du temps avec son fils ? Soit. Qu’il fasse ce qu’il voulait. Elle, de son côté, allait profiter de sa liberté : flâner dans les boutiques, s’offrir enfin ce dont elle s’était privée par le passé, et surtout… faire chauffer la carte de Damien comme jamais auparavant. L’idée lui arracha un petit sourire complice. Il était déjà huit heures quand son fils sortit de sa chambre, encore







