Nous sommes tous facilement explicables, mais restons inextricables (Vénus à la fourrure, Sacher Masoch)
*** Point de vue de Paul ***
La bruyère courbe l’échine sous le vent de Bretagne. En bas des falaises, le ressac fait entendre son grondement. Les odeurs des genêts et de l’iode se mélangent.
J’avance sur une longue plage de sable fin, longue à n’en plus finir. Le sable me brûle la plante des pieds. Les minuscules particules crissent doucement.
Le ciel est d’un bleu vraiment bleu, comme on en voit dans les prospectus d’agence de voyages. La mer est d’un vert opale, genre pub shampoing L&r
*** Point de vue de Paul ***Dehors les flocons de neige tombent à grosses volutes et tourbillonnent dans la faible lumière de ma fenêtre éclairée. En ce soir de Noël, je suis seul, mais bien. Enroulé dans ma couverture polaire, je savoure un Armagnac qui glisse par goulées lentes dans ma gorge. Le digestif réchauffe tout mon être.Ma chatte Bastet vient se frotter contre mes jambes et ronronne. Elle attend des caresses et que je m’installe sur mon fauteuil avec dossier massant, releveur électrique pour les jambes, le tout habillé d’un cuir marron. Une pure merveille qui fait face au deuxième fauteuil hélas! vide de ma femme qui est partie veiller des parents mourants en République dominicaine.
*** Point de vue de Paul ***Les grillons chantent par cette nuit d’été. Lune rousse dans le ciel éclaire les flancs des montagnes de l’arrière-pays provençal. Je regarde nos deux invités qui nous sont tellement familiers maintenant: Aude et Jean-Louis. Nous sommes à cette heure de la soirée où les langues se délient, notre petite Solea est couchée depuis bien longtemps, mais nous chuchotons tranquillement dans la quiétude du moment. L’eau de la piscine, éclairée par quelques lampes au fond, projette une lumière bleue. Linda a le menton posé sur la main et devise avec Aude sur la beauté du village que nous avons visité: La roquette sur Var. C’est une bourgade enclavée dans les mont
** Point de vue de Paul **Avec ma femme à mes côtés, je parcours les derniers kilomètres du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle qui nous mène à Conque en Auvergne. Conque une ville, mais aussi le nom d’un beau coquillage dont l’embouchure fait penser aux lèvres du sexe de la femme. Le soleil de cette fin d’août darde de ses rayons pas trop ardents nos peaux échauffées à travers les feuillages. Les oiseaux gazouillent. Cela fait maintenant une dizaine de jours que nous sommes partis du Puy en Velay et parcourons l’Auvergne et ses flancs arrondis. Ce sont des congés loin de l’agitation mondaine pour nous retrouver. C’est la première fois que Linda s’adonne à ce genre d’exercice. J’avais peur que &c
*** Point de vue de Paul ***Avant le rendez-vous avec Aude, je flâne entre les tombes du cimetière Montparnasse. Quelques jonquilles fleurissent vaillamment malgré les cailloux et les blocs de pierre plus ou moins vieux. Les croix ouvragées ou simples répondent aux quelques fleurs présentes. Le soleil de printemps réchauffe doucement le lieu et mon être serein. Je cligne des yeux et passe ma main en visière pour admirer un superbe cèdre aux immenses branches et au tronc énorme. Depuis combien de temps veille-t-il sur ce lieu? Quelques siècles? Je prends conscience que ma vie n’est qu’un nuage, destinée à s’enfuir dans un souffle imperceptible.Il est bientôt 16h, je me dirige noncha
*** Point de vue de Linda ***Je ne suis vraiment pas sûre que ce soit une bonne idée, mais il est trop tard. Assise confortablement dans la voiture de Paul, je me laisse embarquer dans ce qui pourrait bien être une grosse ineptie. Et puis voir la psychologue de Paul… Comment vais-je réagir? Les arbres décharnés de la forêt de Fontainebleau défilent lentement en contrepoint de mes pensées. Les branches griffues recouvertes d’un fin duvet blanc se perdent dans le gris d’un matin de février. Guère emballant. Mais peut-être est-ce la peur de l’inconnu?Je regarde mon homme qui conduit. Il est assez excité de vivre cette expérience et en attend beaucoup. J’espère qu’il
*** Point de vue de Paul ***L’instant d’après que mes aveux soient sortis de ma bouche, le stylo d’Aude s’arrête d’écrire dans sa course sans fin. J’imagine la ligne de calligramme presque illisible sur le papier blanc pareille à un électroencéphalogramme qui s’arrête, suspendue au cheminement de sa conscience entrelacée à la mienne. L’espace d’une heure, nos deux consciences vivent en osmose, c’est sans doute pour ça que les séances de psychothérapie sont aussi intenses et éprouvantes. Nous sommes nus, vulnérables.—Vous vous rendez compte que vous avez frappé votre femme?Je ne m’agite m&ecir