Victor resta un moment immobile, le téléphone à la main, hésitant. Puis, d’un geste brusque, il composa le numéro de cette fille qu’il avait rencontrée il y a quelques semaines. Elle s’appelait Lyna. Une bouffée de légèreté dans son quotidien étouffant.
Il porta l'appareil à son oreille. Une tonalité… Deux… Puis un message automatique :
"Le numéro que vous avez demandé n'est pas disponible pour le moment."
Victor fronça les sourcils, soupira, et reposa son téléphone.
Je ne vais pas passer une autre soirée seul.
Sans trop réfléchir, il prit ses clés et quitta son appartement.
Le quartier de Lyna n'était pas loin. Un endroit modeste mais vivant, avec des enfants qui jouaient dans la rue et des voisins qui discutaient devant leurs portes.
Arrivé devant son immeuble, il inspira profondément et frappa doucement.
Quelques secondes plus tard, la porte s’ouvrit.
— Victor ? fit Lyna, visiblement surprise.
Elle portait un jogging ample et un débardeur, ses cheveux relevés en un chignon désordonné. Elle avait l’air naturelle, simple… et belle.
— Salut… dit-il, un peu gêné. Je t'ai appelée, mais ton téléphone ne passe pas.
Elle sourit doucement.
— Ah, mince… J'ai oublié de le recharger. Entre, tu tombes bien, je préparais à manger.
Victor hésita une fraction de seconde, puis entra. L’appartement sentait bon les épices et la chaleur d’un vrai foyer.
— Assieds-toi, fais comme chez toi.
Il s’installa sur le canapé pendant qu’elle retournait à la cuisine.
— Tu cuisines quoi ? demanda-t-il pour briser le silence.
— Un couscous rapide. Rien de bien extravagant, répondit-elle en riant. Mais ça réchauffe le cœur.
Victor la regarda s’activer, le sourire léger, sans la tension permanente qu’il ressentait auprès de Camille.
— Je crois que ça me fera du bien.
Elle leva les yeux vers lui, intriguée.
— Mauvaise journée ?
Il haussa les épaules.
— Mauvaise année, plutôt.
Elle s’approcha de lui avec deux assiettes fumantes.
— Alors ce soir, on oublie tout ça. dit-elle en posant une assiette devant lui. Accordé ?
Victor esquissa un vrai sourire, le premier depuis longtemps.
— Accordé.
Ils mangèrent en discutant de tout et de rien. Lyna avait ce don rare : elle ne forçait rien. Elle écoutait vraiment. Elle riait sans se moquer. Elle ne le jugeait pas.
À 21h, Victor jeta un coup d’œil à son téléphone. Il se leva à contrecœur.
— Il faut que je rentre… murmura-t-il.
Lyna sourit, un peu triste.
— Tu sais que tu peux rester encore un peu, si tu veux.
Victor hésita, tira sur sa veste.
— Une autre fois. Merci pour tout, vraiment.
Alors qu’il allait atteindre la porte, on frappa.
Ils échangèrent un regard surpris.
Lyna alla ouvrir.
C'était une jeune femme, d’environ leur âge, au regard vif.
— Lyna ! Tu m'avais dit qu'on se voyait ce soir, tu te souviens ? dit-elle en riant. Puis elle remarqua Victor et arqua un sourcil, malicieuse. Oh… Je dérange, peut-être ?
Lyna éclata de rire.
— Non, pas du tout ! Entre, Amel.
Victor, un peu embarrassé, sourit poliment.
— Bonsoir.
— Bonsoir ! répondit Amel en lui lançant un regard complice. Je suis l’amie reloue qui débarque sans prévenir.
Victor rit malgré lui.
Lyna ferma la porte et se tourna vers lui.
— Tu veux rester un peu ? demanda-t-elle doucement.
Victor regarda Lyna, puis Amel qui s'installait déjà sur le canapé avec l'aisance d'une habituée.
Son cœur hésita. Il pensait à Camille, à la froideur de sa maison vide. Et ici, il y avait de la chaleur, des rires, des voix.
Pour la première fois depuis longtemps, il se sentit presque vivant.
— D'accord, je reste un peu. dit-il.
L’ambiance dans le petit salon était détendue. Lyna riait en racontant une anecdote pendant qu’Amel, assise à côté de Victor, lui lançait de temps à autre des regards appuyés.
Au bout d'un moment, Amel posa son verre vide sur la table basse et dit d’une voix douce :
— Lyna, tu pourrais me chercher un verre d’eau, s’il te plaît ?
Lyna hocha la tête en souriant.
— Bien sûr ! Bouge pas.
Elle se leva et disparut dans la petite cuisine, laissant Victor seul avec Amel.
Immédiatement, Amel se rapprocha, glissant presque imperceptiblement vers lui sur le canapé. Ses yeux brillaient d’une lueur de séduction assumée.
— Alors, Victor… souffla-t-elle. Tu es souvent dans le quartier ?
Victor, encore perdu dans ses pensées, répondit distraitement :
— Pas vraiment.
Amel joua avec une mèche de ses cheveux, puis laissa échapper un rire léger.
— C’est dommage… Les garçons sympas comme toi, on n’en croise pas tous les jours.
Victor esquissa un sourire poli, sans vraiment mordre à l’hameçon.
— Merci, c’est gentil.
Il détourna aussitôt le regard, manifestement pas intéressé. Amel se mordilla la lèvre, un peu vexée par son manque de réaction.
À ce moment-là, Lyna revint avec le verre d’eau.
— Tiens ! dit-elle en le tendant à son amie.
Amel reprit sa place normale, un peu refroidie, tandis que Victor se redressa légèrement, soulagé de voir Lyna revenir.
---
Voici la suite de la scène entre Lyna et Victor, pleine de douceur mais aussi teintée d’un soupçon de danger inconnu :Dans le fond de la boutique, le temps semblait suspendu.Victor observait Lyna ranger une étagère avec soin. Chaque geste qu’elle faisait était délicat, précis, comme si tout ce qu’elle touchait méritait de l’attention. Il se surprenait à la regarder souvent, simplement pour s’assurer qu’elle était bien réelle.— Tu veux quelque chose à boire ? demanda Lyna en se retournant vers lui.— De toi ? Toujours. répondit-il avec un petit sourire malicieux.Lyna rit doucement, puis disparut un instant dans l’arrière-boutique. Elle revint avec deux verres de bissap frais.— Je te garde en vie avec mes boissons maison maintenant ?— Tu fais plus que ça. Tu me rappelles que je peux encore respirer.Ils s'assirent à nouveau, leurs genoux se frôlant. Lyna posa sa main sur celle de Victor.— Tu n’as pas à dire ce que tu vis chez toi. Je le sens. Mais je veux que tu saches… ici, tu p
Le silence de la maison était lourd lorsque Camille entra dans le salon. Victor, assis sur le canapé, venait de rentrer du travail. Il avait desserré sa cravate, son visage fatigué, mais calme.Camille s’arrêta devant lui, les bras croisés, les yeux chargés d’un mélange de colère et de défi.— Victor, regarde-moi.Il releva les yeux, surpris par son ton.— Tu me trompes déjà, n’est-ce pas ? Tu as une maîtresse.Victor fronça les sourcils, pris de court par la violence directe de l’accusation. Il ne répondit pas tout de suite. Il se contenta de la fixer, les lèvres entrouvertes, comme s’il cherchait les mots justes.— Pourquoi tu ne dis rien ? lança-t-elle plus fort.— Tu crois que je suis stupide ? Tu rentres tard, tu souris tout seul, tu es distant. Et maintenant tu veux jouer au muet ?Victor soupira doucement, puis prit son téléphone sur la table basse.— Camille, je crois qu’il vaut mieux qu’on parle calmement…Mais à peine avait-il effleuré son téléphone que Camille s’interposa v
18h30 – Retour à la maisonÉlise ouvre la porte de leur maison. Elle porte encore le parfum léger du café où elle a ri quelques heures plus tôt. Son sourire s’estompe dès qu’elle entre.L’odeur de l’alcool est omniprésente. Le salon est en désordre : bouteilles vides, cendriers pleins, vêtements jetés à même le sol. Antoine est affalé sur le canapé, les yeux rouges, le visage tiré.— T’étais où ?! grogne-t-il en la voyant entrer.— Je suis sortie. J’avais besoin d’air.Elle tente de contourner la discussion, de passer dans la cuisine, mais Antoine se lève brusquement, instable.— Besoin d’air ? Ou besoin de voir un autre homme, c’est ça ?!— Tu es ivre, Antoine. Repose-toi. On en parlera quand tu seras lucide.— Tu te fous de moi ! hurle-t-il. Il saisit un verre sur la table et le jette au sol. Il éclate en mille morceaux.Élise recule, apeurée.— Antoine, arrête ! Tu n’es plus toi-même !— Moi-même ? C’est toi qui changes, Élise. Depuis quand tu me parles comme ça ? Tu crois que tu p
Il était 6h30 quand le téléphone de Victor vibra sur sa table de nuit. Il ouvrit les yeux doucement, encore enveloppé par les bribes de son rêve, et tendit le bras.Lyna : Bonjour à l’homme qui me donne le sourire dès le matin.Un léger sourire se dessina sur les lèvres de Victor. Il prit quelques secondes avant de répondre, touché par la simplicité de ces mots.Victor : Et bonjour à celle qui me le redonne sans le savoir. Tu m’as réveillé en douceur. Tu as bien dormi ?Lyna : Oui, je me suis endormie en repensant à hier soir… et j’espère que ce n’était pas qu’un moment de passage pour toi.Victor resta un moment à relire cette phrase. Il sentit quelque chose bouger en lui. De la tendresse. Une paix qu’il n’avait pas connue depuis longtemps.Victor : C’était réel. Sincère. Tu es comme un souffle d’air pur dans un monde qui étouffe.À 7h30, il était déjà assis à la table de la cuisine. La bonne lui servit un petit déjeuner simple, et il mangea en silence, serein. C’est alors que Camill
Camille resta quelques secondes plantée dans l’entrée, la main encore suspendue au bouton de son manteau qu’elle venait d’ôter. Le bruit de la porte qui se referma doucement derrière Victor résonna comme un coup de tonnerre silencieux.Pas de dispute.Pas d’accusation.Pas même un soupçon de jalousie.Juste un « D’accord. Bonne journée. »Elle enleva ses lunettes de soleil et les posa sur la table basse. Son regard croisa celui d’Aïcha, qui passait avec une assiette vide.— Besoin de quelque chose, madame ? demanda la bonne, polie comme toujours.— Non… Non, merci Aïcha, répondit Camille en s'asseyant au bord du canapé.Un silence pesant retomba sur la pièce.Camille prit son téléphone et revint sur les messages de la veille.Ceux de son amant.Les photos, les blagues, les mots doux… « Tu me manques déjà », « J’ai aimé chaque seconde », « Vivement notre prochain week-end ».Elle relut les messages sans sourire.Tout lui semblait soudain creux. Mécanique.Elle se leva et entra dans la
Il était 22h08 quand Victor gara sa voiture devant la maison. La nuit était calme, le quartier plongé dans une demi-obscurité. Il coupa le moteur et resta un instant immobile, les deux mains sur le volant. Il pensait à sa soirée avec Lyna : sa douceur, ses rires simples, sa façon de le regarder avec attention.Il soupira doucement, puis sortit.En entrant dans la maison, il fut accueilli par Gloria, la bonne, qui rangeait encore quelques affaires dans le salon.— Bonsoir monsieur Victor.— Bonsoir Gloria. répondit-il poliment, en retirant sa veste.Il jeta un coup d’œil autour de lui, espérant peut-être entendre un bruit venant de la chambre, ou sentir une présence. Mais la maison était figée dans un silence poli.— Elle est où, madame ? demanda-t-il en posant calmement sa question.Gloria baissa les yeux un instant.— Elle m’a dit de vous dire qu’elle a été appelée d’urgence par une amie. C’est tout ce qu’elle m’a dit.Victor eut un léger rictus.— Ah… les fameuses urgences.Il secou