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Chapitre 6– Les Cicatrices Invisibles

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-02-28 19:02:07

Léa

Je détourne les yeux.

— Ce n’est pas ton problème.

— À partir du moment où ce connard te fixe comme s’il allait te bouffer toute crue, si, ça devient mon problème.

Je le regarde à nouveau, cherchant à décrypter son expression.

Il est sérieux.

Et ça, c’est dangereux.

Parce qu’il ne devrait pas s’impliquer.

Parce que moi non plus.

Mais alors que je devrais couper court à cette conversation, quelque chose me pousse à parler.

— Il y a longtemps, Thomas était tout pour moi.

Je marque une pause.

Maxime attend.

— Puis il est devenu quelqu’un d’autre.

Un silence.

— C’est pas juste une histoire d’ex toxique, hein ?

Je ne réponds pas.

Parce que Maxime vient de toucher du doigt la vérité.

Et je sais qu’il ne va pas lâcher l’affaire.

Je déteste ce regard.

Celui de Maxime, braqué sur moi avec une intensité qui m’étouffe. Il veut comprendre. Décortiquer chaque non-dit, chaque frisson que Thomas a laissé derrière lui. Mais je ne suis pas prête à lui donner ces morceaux de moi.

Pas ce soir.

Je bois une autre gorgée de vin, espérant noyer l’inconfort dans l’alcool. Maxime, lui, ne bouge pas. Il m’observe avec cette patience exaspérante. Il attend.

— Tu comptes me fixer comme ça toute la nuit ?

Un sourire amusé effleure ses lèvres.

— Si ça te met mal à l’aise, c’est que j’ai raison de le faire.

Je roule des yeux.

— Tu es insupportable.

— Je sais.

Il pose son verre sur la table basse et s’installe plus confortablement sur le canapé. Ses jambes s’étendent nonchalamment, son bras passe derrière le dossier, et pourtant… Malgré cette posture détendue, je sens qu’il est en alerte.

Il veut me percer à jour.

Mais ce soir, je ne suis pas une énigme à résoudre.

— Bon, dis-je en reposant mon verre, je vais y aller.

Maxime arque un sourcil.

— Vraiment ?

Je fronce les sourcils.

— Oui. Pourquoi cette tête ?

— Parce que tu ne veux pas rentrer chez toi.

Je croise les bras.

— Et tu crois mieux savoir que moi ce que je veux ?

Il hausse les épaules.

— Ce n’est pas une question de savoir, juste d’observer. Tu évites de regarder ton téléphone depuis tout à l’heure. Tu bois ton vin comme si tu voulais qu’il te fasse oublier quelque chose. Et surtout…

Il marque une pause, un sourire en coin.

— Tu n’as pas remis tes chaussures.

Je baisse les yeux.

Merde.

Je serre les mâchoires, agacée. Contre lui, contre moi. Il n’a pas tort.

Rentrer signifie affronter le silence de mon appartement, mes pensées envahissantes, et surtout… cette sensation poisseuse que Thomas a laissée derrière lui.

Maxime pousse un soupir et se lève. Il tend une main vers moi.

— Allez, viens.

Je le dévisage, méfiante.

— Où ?

— Je vais te changer les idées.

Je fronce les sourcils.

— Il est presque minuit.

— Et alors ?

— Tu comptes m’emmener où à cette heure ?

Il esquisse un sourire énigmatique.

— Fais-moi confiance.

Maxime – Une Nuit Pour Oublier

Léa hésite encore, mais au bout de quelques secondes, elle glisse sa main dans la mienne. Une petite victoire.

On quitte mon appartement et je l’entraîne dans ma voiture.

— Sérieusement, tu ne veux pas me dire où on va ? demande-t-elle, les bras croisés.

— Non.

Elle souffle d’exaspération, mais je vois au fond d’elle une curiosité qu’elle tente de masquer.

On roule à travers la ville silencieuse. Paris, à cette heure, est différente. Plus intime, presque mystique. Les néons colorés se reflètent sur le bitume mouillé, les rues se vident, laissant place à une autre facette de la capitale.

Finalement, je me gare près des quais de Seine.

Léa fronce les sourcils en regardant autour d’elle.

— Tu veux qu’on se balade sur les quais ?

— Oui.

Elle arque un sourcil, perplexe.

— Pourquoi ?

Je coupe le moteur et tourne la tête vers elle.

— Parce que ça fait du bien.

Elle reste silencieuse un instant avant de hausser les épaules et de sortir de la voiture.

Léa – Légèreté Volée

L’air nocturne est frais, vivifiant. J’inspire profondément, tentant d’apaiser cette tension qui refuse de me quitter.

Maxime marche à mes côtés, les mains dans les poches, comme si tout ça était normal. Comme si on n’avait pas eu une altercation avec mon passé il y a moins d’une heure.

— Alors, c’est quoi ton grand plan ? je demande.

Il sourit.

— Profiter du moment.

— T’es vraiment un philosophe incompris, hein ?

Il rit doucement.

— Je prends ça comme un compliment.

On continue à marcher en silence, les lumières de la ville dansant sur l’eau.

Peu à peu, je sens la pression retomber.

C’est étrange, mais avec Maxime, tout semble plus simple.

— Je devrais t’en vouloir, dis-je finalement.

Il arque un sourcil.

— Pour quoi ?

— Pour m’avoir traînée ici au lieu de me laisser rentrer chez moi.

— Mais tu ne m’en veux pas.

Je roule des yeux.

— Peut-être un peu.

— Mais pas assez pour me détester.

Je le fixe un instant. Ce sourire. Ce foutu sourire.

— Qui te dit que je ne te déteste pas ?

— Ton regard.

Un frisson me parcourt.

Il s’arrête et me fait face.

— Ce mec, Thomas. Il a fait quoi, exactement ?

Je détourne les yeux.

— Laisse tomber.

— Léa…

— Je ne veux pas en parler, Maxime.

Il serre les mâchoires, mais n’insiste pas.

Et pourtant, son regard me dit qu’il n’a pas dit son dernier mot.

Je devrais avoir peur de ce qu’il pourrait découvrir.

Mais au fond de moi, une part infime espère qu’il ne lâchera pas l’affaire.

Parce qu’une partie de moi est fatiguée de porter ce poids seule.

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