Dans une vaste propriété à l’écart du tumulte de la ville, dissimulée derrière de hauts murs surmontés de barbelés et surveillée par un réseau de caméras dernier cri, une autre forme de pouvoir se réveillait.
Ici vivait Vital Mavula.
Député influent aux discours tranchants, orateur respecté à l’Assemblée, homme de réseaux, d’alliances... et de menaces feutrées. Rival silencieux de tous ceux qui prétendaient régner, il ne cherchait ni l’argent ni la gloire. Il visait le sommet, la présidence. Et il comptait bien y arriver, quitte à marcher sur les cadavres de ses alliés.
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Il était 6h30. Le soleil perçait à peine entre les rideaux épais du salon, mais la villa était déjà en activité.
Le jardinier tondait la pelouse à pas lents, les yeux bas, le dos courbé comme un serviteur fidèle. La cuisinière disposait soigneusement les viennoiseries et les fruits frais dans des assiettes en porcelaine. Chaque geste était chronométré, précis. Car chez Vital, le désordre n’existait pas.
Debout face au grand miroir du salon, l’homme nouait sa cravate avec une minutie d’orfèvre. Costume sur mesure anthracite, chemise blanche impeccable, boutons de manchettes en or blanc. Il avait l’allure d’un roi, et la froideur d’un serpent.
Clarisse, sa femme, entra dans la pièce en peignoir de soie ivoire, une tasse de thé fumant à la main.
— Encore debout si tôt ? dit-elle doucement, un sourire au coin des lèvres. Tu vas finir par dormir au Parlement.
Vital se retourna. Son visage dur s’adoucit un instant.
— Le pays n’attend pas, ma reine. Si je dors trop, un autre s’assoit sur mon trône.
— Tu n’es même pas encore président que tu parles déjà comme un roi…
Il esquissa un sourire froid.
— Parce que je le suis dans l’âme. Les autres jouent à être puissants. Moi, je le suis réellement.
Elle s’approcha de lui, effleura sa cravate, puis déposa un baiser sur sa joue.
— J’espère juste que ton ambition ne nous mettra pas en danger un jour.
Vital la regarda, longuement, comme pour graver cette phrase dans sa mémoire. Puis, d’une voix plus grave :
— Tant que tu restes à mes côtés, rien ne peut me nuire. Tu es ma lumière dans ce nid de vipères.
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Les enfants descendirent en courant dans l’escalier en colimaçon.
Chanel, 16 ans, élève brillante dans un lycée privé de renom, portait son uniforme avec grâce. Junior, 11 ans, traînait son sac à dos trop rempli, le regard encore ensommeillé.
— Papa ! Tu peux signer mon mot d’excuse pour hier ? J’avais mal au ventre, lança Chanel en lui tendant son carnet.
Sans un mot, Vital signa.
— Ne mens jamais pour rien, Chanel. Mais mens très bien quand il le faut.
— Tu veux dire… comme toi en politique ?
Le regard de Vital se figea. Il la fixa, un sourcil levé.
— Ne sois pas trop maligne. L’intelligence provoque la jalousie. Et la jalousie, l’attaque. Apprends à briller sans aveugler.
Junior, lui, s’agita.
— Papa, tu peux venir à mon match samedi ? Le coach dit que je peux devenir attaquant pro !
Vital lui tapota affectueusement la tête.
— Dès que j’arrive au pouvoir, je te construis un stade rien que pour toi.
Ils éclatèrent de rire. Clarisse, elle, observait la scène avec un mélange de tendresse et d’inquiétude. Vital avait toujours su jouer à la perfection son rôle de père… mais elle savait qu’au fond, il ne vivait que pour une chose : la conquête.
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Alors qu’il boutonnait son manteau, elle s’approcha, hésitante.
— Aujourd’hui, tu vois Yannick, non ? Il m’a dit hier qu’il assisterait à la réunion.
Vital s’arrêta net. Son regard se durcit.
— Yannick est utile. Mais il parle trop. Et dans ce jeu… trop parler, c’est creuser sa propre tombe.
— Mais c’est ton ami, Vital. Depuis des années…
Il s’approcha d’elle, ses lèvres tout près de son oreille.
— En politique, Clarisse, il n’y a pas d’amis. Il n’y a que des intérêts. Des pions. Et moi… je tiens l’échiquier.
Il sortit sans ajouter un mot.
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Dehors, le soleil baignait la cour pavée d’une lumière dorée. Le garde ouvrit la portière de la berline noire. Vital monta, posa son attaché-case sur ses genoux. Il ne regardait ni sa montre, ni son téléphone. Il fixait l’horizon, perdu dans ses pensées.
— Aujourd’hui, on avance, murmura-t-il. Et personne ne m’arrêtera… pas même Yannick.
Et dans ses yeux, il n’y avait plus de douceur.
Seulement une faim glaciale. Celle de ceux qui ne veulent pas le pouvoir…
Mais qui veulent tout.
Il était 20h. Le ciel s’assombrissait au-dessus de la ville, et une légère brise secouait les rideaux du restaurant chic où Vital avait donné rendez-vous à Fabrice. Une salle privée, éclairée par une lumière dorée, les isolait du reste des clients. La nappe était immaculée. Deux verres de vin rouge attendaient. Une ambiance élégante… mais l’atmosphère, elle, était glaciale.Fabrice arriva, vêtu simplement, son visage plus fermé qu’à l’accoutumée. Il s’installa sans un mot. Vital, déjà là, afficha son éternel sourire, mais ses yeux étaient sombres. Il leva son verre sans conviction.Vital (d’un ton calme) :— Content que tu sois venu. Ce vin est exceptionnel. Tu devrais goûter.Fabrice (regard figé) :— Je ne suis pas venu pour trinquer. Je suis venu pour comprendre.Un silence tendu s’installa. Vital le regarda un instant, puis posa lentement son verre.Vital :— Tu as toujours été curieux, Fabrice. Mais parfois, la curiosité mène à des endroits… dangereux.Fabrice (le défiant du rega
18h – Restaurant Chez Maman, centre-villeFabrice était assis derrière le comptoir, un plat de riz sauce gombo à moitié terminé devant lui. Autour de lui, les clients discutaient fort, un match de football battait son plein à la télévision accrochée au mur. Mais soudain, tout le restaurant se figea.Un flash spécial interrompit la retransmission.Voix de la présentatrice :— « Alerte disparition. La jeune Nina N’Dongo, fille unique de l’homme politique influent Nathan N’Dongo, est portée disparue depuis plus de 24 heures. Selon nos informations, elle aurait quitté son lieu de travail hier sans jamais arriver chez elle… »Sur l’écran, le visage souriant de Nina s’afficha en grand format, la même photo que celle imprimée par Vital. Le silence tomba d’un coup dans la salle. Fabrice sentit son cœur rater un battement.Client 1 (choqué) :— C’est la fille de Nathan, non ? Le conseiller spécial du Gouverneur ?Client 2 :— Ah ouais… Ça va faire du bruit, ça. Ce genre de disparition, c’est p
16h30 – Résidence de NathanNathan referma la portière de sa voiture, le pas rapide, le visage tendu. À peine arrivé au salon, il posa sa mallette et interpella sa femme.Nathan (pressé) :— Elle est là ? Nina ?Épouse de Nathan (calme) :— Non… toujours pas. Elle devait finir plus tard, peut-être. Tu sais comme elle est dévouée à son boulot.Nathan (s’inquiétant) :— Non, ça ne lui ressemble pas. Elle répond toujours. Là, j’ai essayé trois fois. Son téléphone est coupé.Il attrapa son propre portable et lança un appel vidéo, sans succès. Sa mâchoire se crispa.Nathan (à voix basse) :— Quelque chose ne va pas…Il envoya des messages à plusieurs contacts, puis appela quelques amis de sa fille, une camarade de l’université, une collègue de travail. Rien.Camarade (au téléphone) :— Nina ? Je ne l’ai pas vue depuis hier, Nathan. Elle n’est pas venue au cours ce matin non plus…Nathan raccrocha, le cœur battant. Il tourna un regard grave vers sa femme.Nathan :— Je vais alerter les auto
9h00 – Bureau du GouverneurLe soleil illuminait le large bureau du Gouverneur. Les rideaux tirés laissaient passer une lumière douce. Nathan, en chemise beige et veste sombre, examinait une carte géographique étalée sur la table centrale. À côté de lui, Vital sirotait un café noir, l'air parfaitement détendu.Gouverneur : — Ce terrain… il est stratégique. Il faut absolument que les investisseurs le voient sous son meilleur jour. Et que la presse locale soit bien tenue à l’écart, pour l’instant.Nathan : — J’ai déjà sécurisé les accès. L’unité spéciale sera déployée discrètement. Pas de caméras. Pas de témoins.Vital acquiesça, un léger sourire aux lèvres.Vital : — Et les riverains ?Nathan : — Évacués pour des raisons “sanitaires”. Officiellement, une opération de désinfection. Officieusement… le terrain devient invisible pour au moins deux semaines.Gouverneur (satisfait) : — Parfait. Allons sur place. Je veux voir ça de mes propres yeux.---10h30 – Sur le terrain en périphérieSo
6h00 – Chez NathanLa lumière du petit matin passait à travers les rideaux tirés. Nathan, assis au bord du lit, fronçait les sourcils. Sa montre affichait 6h00. Il regarda autour de lui, puis se leva et entra dans le couloir.Il frappa légèrement à la porte de la chambre de sa fille, mais aucun son ne vint. Il tourna la poignée doucement. Lit vide. Draps défaits.Il revint vers la chambre conjugale, les sourcils froncés, légèrement tendu.Nathan : — Chérie… tu sais où est Nina ? Je l’ai pas vue hier soir. Et là, elle est pas là non plus…Sa femme, encore à moitié endormie, ouvrit les yeux lentement.Femme de Nathan (voix pâteuse) : — Elle est rentrée très tard hier… vers deux heures du matin, je crois. Elle m’a dit qu’elle sortait d’un “rendez-vous urgent” au cabinet. Elle doit encore dormir.Nathan secoua la tête, peu convaincu.Nathan : — Son lit est vide. Elle est pas là.Elle se redressa un peu, maintenant bien réveillée.Femme de Nathan : — T’es sûr ? Peut-être qu’elle est partie
16h45. Le Café Azure baignait dans une lumière dorée. En terrasse, quelques clients sirotaient leurs boissons, insouciants. Le bruit régulier des voitures au rond-point rythmait l’après-midi.Fabrice était déjà là. Assis à une table isolée, dos au mur, il observait les alentours avec calme. Il portait une veste sombre, une casquette abaissée sur ses yeux. Son téléphone était posé face cachée, une tasse de café à moitié vide devant lui.Il jeta un œil à sa montre. 16h58.Soudain, une silhouette féminine apparut au coin de la rue. Nina.Elle portait une robe fluide, des lunettes de soleil et une petite sacoche en bandoulière. Elle s’arrêta quelques secondes, scrutant les visages, avant de s’approcher lentement de la table.— C’est vous qui avez appelé hier ?Fabrice leva les yeux, retira sa casquette.— Oui. Assieds-toi, s’il te plaît.Elle s’installa prudemment, le regard méfiant.— J’espère que vous avez une bonne raison. J’ai hésité à venir.— Tu as bien fait. Je vais être honnête. J