Chapitre 2 Secrétaire contractuelle

Évidemment, Camille ne le croyait pas.

Certes, à l'école, beaucoup d'amis lui disaient que le grain de beauté rouge sur son lobe d'oreille avait quelque chose de mystique, ce n'était qu'un simple grain de beauté, après tout.

Mais de là à ce que le grand PDG du Groupe MK lui offre dix mille par mois simplement pour ça ?

C'était elle qui devenait folle, ou bien lui ?

Le temps qu'elle revienne à elle, Martin s'était déjà redressé.

Il a reboutonné calmement sa chemise, dégageant une prestance naturelle.

« Je ne force jamais personne, réfléchis bien. »

Sur ces mots, il a tourné les talons et a quitté la pièce.

À la porte, son assistant Lucas patientait depuis longtemps déjà.

Voyant les légers cernes sous les yeux de M. Bernard, il n'a pas pu cacher sa stupéfaction.

Ça alors ! M. Bernard, toujours si vertueux d'habitude…Non seulement il a cédé cette nuit, mais visiblement, ça n'a pas été de tout repos !

Se ressaisissant, Lucas s'est empressé de faire son rapport : « M. Bernard, les informations que vous avez demandées sont sur votre téléphone. Mlle Leroy n'est pas celle que vous cherchez. Je la fais partir ? »

Le visage de Martin est resté impassible. « Non, j'ai déjà vu son dossier. Elle a un CV irréprochable. Le plus important, c'est qu'elle ne me déplaît pas, et le secrétariat manque quelqu'un de compétent. Si elle se présente au Groupe MK dans les trois jours, embauche-là directement. »

Lucas s'est risqué à insister : « Et si elle ne vient pas ? »

Martin a répondu sans hésiter : « Alors, tant pis pour elle. »

...

Trois ans plus tard, dans le bureau du PDG du Groupe MK.

Camille tenait une tablette en main et énumérait à Martin le programme de la journée.

« M. Bernard, à dix heures, réunion de direction. À midi, déjeuner avec le patron du groupe Apolo. À seize heures, dîner politique... »

Elle gardait les yeux baissés, ses lèvres charnues remuant délicatement. Même sans maquillage, son petit visage demeurait irrésistiblement séduisant.

Le regard de Martin, qui venait de quitter ses dossiers, s'est attardé sur Camille. Ses yeux étroits prenant une lueur ardente.

Sa pomme d'Adam a tressauté.

Au bout d'un moment, il a laissé tomber les papiers sur le bureau, ses longs doigts tirant sa cravate avec impatience.

« Viens ici. » , dit Martin d'une voix froide et impérieuse.

Camille a relevé la tête, interdite, mais dès qu'elle a croisé le regard profond de Martin, elle a compris immédiatement ce qu'il attendait d'elle.

Elle a posé la tablette sur le bureau et s'est approchée docilement de Martin. Sans lui laisser le temps de se stabiliser, il l'a saisie avec autorité et l'a installée sur ses genoux.

Martin lui a saisi le menton, ses traits séduisants teintés de danger et de provocation.

« Après trois ans, tu ne sais toujours pas ce qu'il faut faire ? » a-t-il demandé.

Camille s'est raidie, mais l'instant d'après, c'est elle qui a posé ses lèvres sur celles, fines et fraîches, de Martin.

...

Un moment d'intimité s'est achevé.

Martin a remis sa veste et a quitté le bureau pour aller en réunion.

Le regard éteint, Camille a ramassé ses vêtements éparpillés sur le sol.

En enfilant sa chemise, elle a aperçu les nombreuses marques de baisers qui parsemaient sa poitrine. Face à ces traces suggestives, Camille a esquissé un sourire amer.

Trois ans plus tôt, Martin lui avait lancé une carte de visite, en lui demandant si elle voulait être sa secrétaire chez Groupe MK.

Après deux jours d'hésitation, elle était finalement venue. Sa mère était tombée gravement malade.

Les frais médicaux exorbitants et les dettes de jeu de son père l'avaient forcée à se plier à la réalité.

Dix mille euros par mois. Elle savait, bien sûr, que ce n'était pas qu'un simple poste de secrétaire.

Durant ces trois années, elle n'avait pas seulement été le bras droit de Martin, mais bien plus encore sa maitresse.

Chaque fois, au lit, il devenait comme fou, comme s'il brûle de la dévorer tout entière.

Au début, Camille, un peu narcissique, avait cru que c'était grâce à son propre charme. Mais plus tard, elle avait compris que Martin ne l'avait choisie que pour ce grain de beauté rouge sur son lobe d'oreille.

Dans son enfance, Martin avait eu un grave accident. Une fillette l'avait sauvé. Elle avait justement un grain de beauté rouge identique sur le lobe de l'oreille.

Pendant ces trois années, Martin n'avait jamais cessé de la rechercher.

Il avait même fait signer à Camille un contrat : le jour où il retrouverait la véritable élue, elle devrait quitter Merville pour toujours, avec une compensation généreuse.

Après avoir remis de l'ordre dans ses vêtements, Camille a effacé toutes les traces ambiguës sur la chaise avant de partir.

Elle s'est rendue au service RH, des dossiers à la main. Arrivée devant la porte, elle a entendu éclater une violente dispute.