~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Je suis restée figée un long moment après qu’elle soit partie. Veronica White. Je savais qui elle était. Bien sûr que je savais. On ne peut pas aimer un homme comme Melrick sans connaître les fantômes ou les déesses qui gravitent autour de lui. Mais je ne m’attendais pas à ça. Pas à ce regard. Pas à cette voix si calme, si maîtrisée. Pas à ce poison lent qu’elle m’a glissé dans le cœur avec un sourire. __ On a fait l'amour. Ces mots résonnent encore en boucle dans ma tête. Je serre les poings, puis les relâche. Le glaçage dans ma poche à douille tremble sous la pression de mes doigts. Je suis en train de me faire avoir. Et je le sais. Mais ce qui me fait le plus mal… ce n’est pas elle. C’est lui. Est-ce que Rick m’aurait vraiment trahie ?Ou est-ce qu’elle joue juste à un jeu cruel, comme seule une femme comme elle sait le faire ? Je n’ai même pas pu lui répondre. J’étais figée. Pas par peur. Pas par faiblesse. Mais par choc. E
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Je claque la porte derrière moi, à peine conscient des regards surpris que je croise dans le couloir. J’ai besoin d’air, de silence et de distance. J’avance sans but précis dans les couloirs de White Industries d'un pas rapide. Mon torse se soulève à chaque respiration. Je déteste ce qu’elle me fait, ce qu’elle me fait ressentir et ce qu’elle me rappelle. Mais je sais qu'elle a raison. Et c'est ça le pire. Chaque mot qu’elle a prononcé… j’y pense encore. Je m’en souviens. Trop bien. Sa voix. Sa peau. Sa façon de m’embrasser comme si elle me possédait déjà. Comme si elle savait que je finirais par lui appartenir, malgré moi. Je serre les poings et je repense à Cassandra. Sa douceur, sa patience, sa force et maintenant son regard méfiant parce qu’elle a senti ce parfum sur moi. Parce qu’elle sait qu’il y a quelque chose. Et je lui mens. Je l'ai trahie. Je m’adosse au mur du couloir désert et je ferme les yeux. J’aurais dû refuser ce poste. J’au
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ J'entre dans le bureau et je claque la porte derrière moi, les yeux noirs de rage. Veronica lève immédiatement les siens vers moi, surprise par ma brusquerie. Elle est assise à son bureau, dans ce tailleur impeccable, son café encore fumant devant elle. Je ne lui laisse pas le temps de parler. _ Qu’est-ce que tu as fait, Veronica ? je lance, la voix basse mais pleine de venin. Elle reste muette un instant, comme si elle cherchait une échappatoire. Je n’attends pas sa réponse. _ Tu es allée voir Cassandra. Tu lui as dit pour nous. Tu as failli foutre ma famille en l’air. _ Je voulais juste qu’elle sache la vérité, dit-elle doucement, presque comme une excuse. _ CE N’ÉTAIT PAS À TOI DE FAIRE ÇA !! Je frappe du poing sur le bureau. Elle sursaute. _ TU N’AVAIS AUCUN DROIT. TU M’AS MIS DANS UNE POSITION IMPOSSIBLE, VERONICA. Elle se lève lentement. _ Tu ne peux pas nier ce qu’il s’est passé entre nous, Melrick. Tu ne peux pas me faire
~~~~~ Veronica White ~~~~~Je reste dans le bureau pendant plusieurs heures. Il n'est pas venu. Pas une fois. Je lisse mon tailleur du plat de la main, je me fixe dans le miroir accroché à la porte de mon bureau et je prends une grande inspiration. Mon mascara est intact. Mon regard, presque aussi froid que celui que Melrick m’a lancé. Très bien. S’il veut de la distance, il va en avoir. Mais pas celle qu’il imagine. Je quitte mon bureau, et je me dirige vers les escaliers. Marcos qui était sur le chemin, s’écarte immédiatement, comme s’il sentait que ce n’était pas le moment de me parler. Je ne lui accorde même pas un regard. _ Faites venir l’équipe de communication dans la salle de réunion 3. Immédiatement, dis-je à mon assistante en passant. _ Oui, mademoiselle White. Je descends l’escalier au lieu de prendre l’ascenseur. J’ai besoin de sentir chaque marche. De me rappeler que je suis solide. Ancrée. Inébranlable. Dans la salle de réunion, je dicte mes exigence
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Une semaine est passée. Sept jours à me tenir droit, à contenir ce feu, à prétendre que je suis un simple chauffeur. Un bras droit. Rien de plus. Je l’attends chaque matin devant le manoir et je ne klaxonne jamais. Elle le sait à chaque fois que je suis là. Elle descend, sublime comme toujours, et me salue d’un hochement de tête… comme si rien ne s’était jamais passé. Mais tout s’est passé. Et chaque seconde passée à côté d’elle me le rappelle. Son parfum. Sa voix. Ce foutu sourire qu’elle lance à Théo quand elle sait que je regarde. Je joue le jeu. Parce que je dois. Parce que j’ai choisi. Mais à l’intérieur, c’est l’enfer. Aujourd’hui, elle a mis du rouge. Une robe faite pour troubler, pour dominer, pour conquérir. Et Dieu sait qu’elle y arrive. Elle marche avec cette assurance désarmante. Et moi, je la suis, toujours à une distance raisonnable. Comme un garde du corps, pas comme un homme tenté. La réunion se passe bien. Elle impress
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Je n’ai pas eu le temps de reprendre mon souffle que la voix de Marcos grésille dans l’interphone. _ Veronica, Monsieur Langston est arrivé. Il t'attend dans la salle de conférence. Je prends une inspiration lente. Je me lève, lisse ma robe, remets mon masque de la professionnelle et intouchable Veronica White. J’ouvre la porte, et bien sûr, Melrick est là. Debout, les bras croisés et le regard fuyant. Il me devance d’un pas, ouvre le chemin jusqu’à la salle de conférence sans un mot. Il fait comme s’il ne s’était rien passé. Moi aussi. Mais chaque geste, chaque mouvement de son corps, chaque petit silence me rappelle l’intimité que nous venons de partager. C’est insupportable. Et terriblement excitant. Quand nous entrons, Monsieur Langston, l’investisseur venu de Chicago, se lève avec un large sourire et vint me faire la bise : _ Veronica !! Toujours aussi ravissante. _ Bonjour, monsieur Langston, répondis-je avec un large sourire.
~~~~~ Veronica White ~~~~~Quelques minutes plus tard, on arrive enfin devant le manoir. Je ne dis rien mais je sens son trouble et son hésitation. Je veux voir jusqu'où je peux aller. Il sort pour m’ouvrir la portière, toujours aussi professionnel, mais ses yeux me trahissent. Il brûle de l’intérieur. Je descends lentement, frôle volontairement sa main. Puis je me penche vers lui, tout près de son oreille. _ Monte avec moi. Juste pour un café. Rien de plus. Il ne répond pas mais il me suit. Dans le salon, je retire ma veste et la pose négligemment sur l’accoudoir. Je l’invite à s’asseoir dans le coin lounge. Je verse le café, doucement, en silence, puis je me retourne et je m’avance vers lui. _ Tu peux respirer, tu sais. Je ne vais pas te sauter dessus… pas si tu ne le veux pas. Je lui tends sa tasse, mais au lieu de la lâcher tout de suite, mes doigts restent sur les siens.... Longtemps... Trop longtemps. Il me regarde. Son regard descend lentement sur mes lèvre
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Le silence de la maison est encore doux quand je me glisse hors du lit. Cassandra dort paisiblement. Je dépose un baiser sur son épaule nue et file vers la cuisine. C'est samedi et je ne vais pas travailler. Ce matin, j’ai envie qu’elle se réveille autrement. Qu’elle sente que, malgré tout, je suis là. Présent. Aimant. Je prépare ses pancakes préférés, avec un peu de sirop d’érable et les fruits frais qu’elle adore. Je décore l’assiette avec une rose que j’ai achetée hier. Ça ne compense pas mes absences, mais c’est un début. Alors que je termine de disposer le plateau, j’entends un petit bruit de pas hésitants. Roy. Il se tient au bout du couloir, dans son pyjama à rayures, les yeux encore mi-clos. Il tend les bras. _ Hey, champion, tu t’es réveillé tout seul ? Je le prends dans les bras. Il pose sa tête contre mon épaule, encore groggy. Il sent le sommeil et le lait chaud. _ Chut, maman dort encore. On va lui faire une surprise, d’accord ?
Je sors et ferme la porte derrière moi d’un geste vif car je n'ai pas envie qu'il voit mes enfants et je n'ai pas envie non plus qu'ils le voient. Je le fixe et il me fixe. _ Qu’est-ce que tu fais ici ? je murmure, les bras croisés. Tu n'as alors rien retenu de ce qu'on s'est dit hier ? Je le fixe sans ciller, bien que tout mon corps hurle de l’intérieur. _ Tu crois vraiment que j’allais repartir comme ça sans revoir mon fils ? réplique-t-il d’un ton bas. Je suis venu voir Roy. _ Non. BMa réponse est immédiate. Je ne prends même pas le temps d’y mettre des formes. _ Cassandra… commence-t-il. _ Tu n’as aucun droit sur lui, Melrick. Aucun, le coupé-je, sans attendre. Tu ne l’as pas vu grandir et tu ne sais rien de sa vie. Et aujourd’hui, tu débarques ici comme si tu pouvais t’improviser père ? Je retiens ma voix de trembler. Je lui tiens tête mais mes entrailles sont nouées. _ J’ai toujours été son père, que tu le veuilles ou non, siffle-t-il. Il a mon sang
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Le soleil monte doucement dans le ciel au dehors. Il est à peine sept heures du matin, mais la maison bourdonne déjà. Célina est la première à apparaître, encore ensommeillée, un doudou dans les bras. Je lui tends un bol de lait chaud et elle me gratifie d’un sourire, les yeux encore collés de sommeil. Quelques minutes plus tard, Sienna surgit dans la pièce en courant. Elle grimpe sur sa chaise et me dit : _ Maman, on fait des pancakes aujourd’hui ? Je souris malgré moi. C’est notre petit rituel du samedi matin, mais aujourd’hui, on est mardi. Néanmoins, je cède. _ D’accord, mais seulement si tu aides à la pâte. Elle tape dans ses mains, ravie, pendant que je sors les ingrédients. Roy descend enfin. Il a toujours été matinal, mais il aime trop râler. C’est sa façon de protester contre le réveil. Je le salue d’un baiser sur la tempe, mais je remarque que son regard est songeur ce matin. Il semble ailleurs et préoccupé. Je n’insiste
~~~~~ Grégory Smith ~~~~~ Je pousse la porte de chez moi et je le referme doucement. Au salon, comme je m’y attendais, ma mère est assise dans son fauteuil préféré, les jambes croisées, un livre à la main et ses lunettes glissées sur l’arête de son nez. Elle ressemble à une vieille reine anglaise en pleine inspection de ses sujets. Sauf qu’ici, le seul sujet, c’est moi. Je m’approche à pas comptés, mais évidemment, elle relève la tête avant que j’aie franchi la moitié du salon. Rien ne lui échappe, même pas à son âge. _ Bonsoir, Majesté, dis-je avec un large sourire en m’inclinant légèrement. Elle lève les yeux au ciel et sourit en coin. _ Arrête ton cinéma, Greg, et viens m’embrasser. Je m’exécute sans tarder et l’embrasse tendrement sur la joue. Je prends place sur le canapé en face d’elle, m’étire comme si j’avais couru un marathon… alors que j’ai seulement dîné et failli embrasser une femme qui me hante depuis des mois. Je suis fatigué, oui, mais de pensées.
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Je ne vais pas bien, pas du tout après ce qui s'est passé aujourd'hui. Melrick à Boston, ça change tout. Je n'ai pas envie qu'il décide de m'enlever mon fils et encore moins mes deux petites princesses. Je ne sais pas ce que je dois faire pour ne pas les perdre. Ce sont mes enfants... les miens. Je refuse de le laisser me les enlever. Je touille distraitement la sauce dans la casserole lorsque Greg, adossé au plan de travail à côté de moi, tente une nouvelle approche pour m’aider. J'ai d'abord refusé car je voulais cuisiner seule, perdre mon esprit dans quelque chose de de simple, sans avoir à penser à tout ce qui m'angoisse. Mais Greg a insisté avec une telle douceur que je n'ai pas eu le cœur de refuser plus longtemps. Ainsi, nous voilà, côte à côte, lui découpant des légumes avec soin, et moi m'occupant des plats principaux. Pendant de longues minutes, nous travaillons en silence. Puis, naturellement, Greg engage la conversation : _ Tu
Je reste quelques secondes planté là, incapable de bouger, encore sonné par ce que je viens de voir. Cependant, lorsque je vois la voiture de Greg s’éloigner lentement du trottoir, mon instinct reprend le dessus. Sans perdre de temps, je remonte dans le taxi qui m'attend à quelques mètres. _ Suivez cette voiture noire, vite, ordonné-je au chauffeur. Sans poser de questions, il démarre tout en gardant une distance raisonnable pour ne pas éveiller de soupçons. Le cœur battant à tout rompre, je fixe intensément la voiture de Greg, comme si ma vie en dépendait. Je dois savoir où ils vont. Je dois comprendre quelle place cet homme a prise dans la vie de mon fils... et peut-être aussi dans celle de Cassandra. Après quelques minutes de trajet, Greg s’arrête devant une petite glacerie située dans une rue. Je demande au chauffeur de s’arrêter également, un peu plus loin, pour que je puisse observer sans être vu. À travers la vitrine, je les aperçois. Greg achète des glaces aux
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Dès que la porte du bureau claque derrière Melrick, je reste figée quelques secondes, incapable de bouger et incapable de respirer. Mon cœur bat tellement vite que j'ai l'impression qu'il va exploser. Je serre les poings, je ferme les yeux et j'inspire profondément pour calmer les tremblements de mon corps. Il est ici à Boston. Oh mon Dieu !! Comment je peux faire pour cacher mes enfants maintenant ? Je m'effondre dans ma chaise, la tête entre les mains. Ce n'est pas le moment de paniquer, Cassandra. Ce n'est vraiment pas le moment. Je dois garder mon sang-froid. Je tends la main vers mon téléphone et compose nerveusement le numéro de Lenny. Elle décroche au bout de la deuxième sonnerie. _ Allô, Cassie ? _ Lenny, écoute-moi bien, dis-je avec urgence. Melrick est ici à Boston. Je viens juste de le voir à l’hôpital. Un silence inquiet s'installe au bout du fil. _ Quoi ? Mais... tu es sûre que c'est lui ? _ On vient tout juste de disc
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Je sors de son bureau et je referme doucement la porte derrière moi, mais dans mon cœur, c’est un fracas. Je serre la mâchoire et je me sens brûler de l’intérieur, consumé par la colère et le désir. Je traverse le couloir de l’hôpital en m'efforçant de ne pas laisser transparaître mon trouble, mais bordel... elle a failli craquer, je l'ai vu dans ses yeux. Elle ment. Elle me hait peut-être, mais elle ne m'a pas oublié. Je quitte le bâtiment sans ralentir et je respire enfin plus librement en sentant l'air vif sur mon visage. Je m'arrête sur le trottoir et passe une main dans mes cheveux, frustré. Ce n'était pas le bon moment. Cassandra est sur la défensive, elle est encore blessée... et méfiante. Je devrais le savoir mieux que quiconque : la forcer n’amènera rien. Je prends une profonde inspiration. J'ai attendu six ans alors je peux attendre encore un peu. Je fouille dans la poche intérieure de ma veste et je sors mon téléphone. J’ai
Il attrape mon poignet si brusquement que je sursaute et il me bascule presque contre lui. Mon cœur s'emballe et mon souffle se bloque dans ma gorge. Ses yeux... Ses yeux me dévorent et pendant un court instant, je sens son pouce effleurer ma peau, et une vague de souvenirs me traverser comme une décharge. Je me ressaisis violemment. D'un geste sec, je me dégage et lui crache, le regard noir : _ COMMENT OSES-TU ME TOUCHER ? JE T'INTERDIS de refaire ce que tu viens de faire, SINON... Je me stoppe net. Il me fixe d'un air impassible avant de faire quelques pas vers moi. _ Sinon quoi ? demande-t-il d'une voix basse, presque provocante. Je recule d'un pas sans même m'en rendre compte. Ma main tremble légèrement, mais je la cache derrière mon dos. Il avance encore, le regard cloué au mien, et lâche, moqueur : _ Tu vas me gifler ? Sa voix est douce, presque moqueuse, mais je perçois l’amertume qui suinte derrière. Il s'arrête juste devant moi, si près que je pourrais
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Je suis en train de parler à une patiente et je lui donne des conseils pour améliorer sa santé alors qu'on marché dans le couloir de l'hôpital. Mon cœur s'est allégé depuis que je suis à Boston et que je n'ai pas eu de signe de Melrick ni de Veronica. J'ose croire que ce n'est pas le calme avant la tempête. Peut-être m'ont-ils réellement oubliée. Peut-être ont-ils repris le cours de leur vie, celui qu'ils menaient sans moi depuis six ans. Je retiens un soupir, puis laisse échapper un léger souffle, presque un soupir de soulagement, en esquissant un sourire chaleureux à ma patiente. _ À très bientôt, lui dis-je doucement. Prenez soin de vous. Elle me remercie avec un sourire sincère avant de quitter la pièce. Je m'apprête à regagner mon bureau, lorsque j'aperçois un silhouette familière. Je regarde bien et... Mon cœur rate un battement. C'est Melrick. Et je comprends immédiatement qu'il m'a vue aussi, car il se lève, brusquement et se d