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Chapitre 7 — Là où la lumière frappe

Author: L'invincible
last update Last Updated: 2025-07-24 19:59:58

ZAREK

Ils avancent.

Lents. Silencieux.

Leurs pas résonnent comme des échos mortels dans ce couloir étroit. Le néon au plafond clignote par saccades, jetant des éclairs blancs sur leurs visages masqués. On dirait des spectres vêtus de chair artificielle.

Drystan lève son arme, tendu comme une corde prête à se rompre.

Je n’ai même pas besoin de respirer pour savoir que ce ne sont pas des hommes.

Leur odeur est fade, presque inexistante. Un vide.

Ils ne respirent pas comme nous. Peut-être qu’ils ne respirent pas du tout.

Sarah serre ma main.

Son cœur bat vite, affolé, comme un oiseau prisonnier. Je sens sa peur, la brûlure de son sang qui pulse. Mais sous cette panique, quelque chose vibre… une chaleur sourde, presque vivante, qui remonte le long de mon bras. Comme si elle me contaminait de sa lumière.

— Reste derrière moi, dis-je d’une voix basse et dure.

— Qui… qui sont-ils ? souffle-t-elle.

Je ne réponds pas. Pas maintenant. Le nom que je donnerais ne changerait rien.

Les silhouettes grises accélèrent. Elles glissent, rapides, comme des ombres avalant la distance. Pas de bruits de pas, pas de respiration. Rien que ce bourdonnement sourd, sinistre, qui émane de leurs armes. Des bâtons métalliques, noirs, striés de lumières bleutées. Je les reconnais. Des armes faites pour nous tuer, nous. Pas des humains. Des chasseurs.

Drystan tire.

Deux détonations claquent, violentes, brisant le silence comme une gifle.

Deux silhouettes tombent, heurtant le sol dans un fracas métallique… mais elles se relèvent aussitôt. Leurs membres craquent, se plient comme des pantins en plastique. Aucun cri. Aucun sang. Juste cette horreur glacée.

— Merde… grogne Drystan entre ses dents.

Je pousse Sarah derrière moi.

Sa chaleur traverse mes vêtements. La bête en moi rugit, alerte.

La corde de lumière, celle que je croyais imaginer, vibre à nouveau entre nos corps.

Les chasseurs se mettent à courir.

Et là…

Tout bascule.

Quand nos doigts s’enlacent, une décharge fulgurante me transperce.

Une onde, immense, brutale, jaillit de nous.

Une lumière blanche. Aveuglante. Brute.

Elle frappe le couloir comme une tempête silencieuse.

Les chasseurs sont projetés en arrière, comme arrachés à la réalité.

Leurs armes volent dans les airs, heurtant les murs. Le plafond tremble, les néons explosent en pluie d’étincelles.

Drystan recule, se protège derrière une porte métallique, les yeux écarquillés.

La vague nous traverse, brûlante, déchirante.

Ma peau hurle, mon cœur aussi. Mais je ne lâche pas Sarah.

Pas maintenant. Pas jamais.

Puis le silence.

Un silence absolu.

Je rouvre les yeux.

Tout le couloir n’est plus qu’un champ de ruines. Les chasseurs sont éparpillés au sol, leurs corps convulsant, leurs masques fendus. Certains ne bougent plus du tout.

Sarah chancelle.

Son visage est pâle, presque translucide, comme si toute son énergie venait de s’échapper. Je la rattrape juste avant qu’elle ne s’écroule.

— Qu’est-ce que… qu’est-ce que j’ai fait ? souffle-t-elle, paniquée.

— Ce n’est pas toi, dis-je doucement. Pas seulement toi. C’est… nous.

Ses yeux me fixent, larges, troublés, comme si elle craignait ce que je venais d’avouer.

Je n’ai pas le temps de réfléchir plus.

Une alarme hurle dans tout l’hôpital.

Un son strident, mécanique, qui me déchire les tympans. Les murs s’illuminent d’un rouge sanglant, comme si le bâtiment lui-même voulait nous étouffer.

Drystan revient, arme en main. Il nous regarde, puis regarde le couloir détruit, les corps au sol.

— On doit sortir. Maintenant.

Son ton ne laisse aucune place à la discussion.

Il ne pose pas de question. Pas encore.

Sarah tremble. Je sens son souffle court contre ma nuque.

Je serre sa main plus fort. Et cette fois, elle ne résiste pas.

— Tu ne comprends pas, dit-elle soudain, la voix brisée.

Je me retourne, la fixant.

— Quoi ?

Elle baisse les yeux. Ses lèvres tremblent.

— Ils ne me cherchaient pas… ils cherchaient ça.

Elle tend son poignet.

Et là, je le vois.

Un symbole. Gravé dans sa peau.

Pas un tatouage. Pas une cicatrice banale.

Une marque qui brille légèrement, comme une flamme sous sa chair.

Un tracé ancien, presque runique, palpitant comme un cœur.

Je reste figé, interdit.

— Qu’est-ce que tu es, Sarah ?

Elle secoue la tête, des larmes aux yeux.

— Je… je ne sais pas. Je ne veux pas savoir.

Mais je sais, moi, qu’on ne pourra pas fuir la vérité.

Pas avec une lumière comme la sienne.

Je sens Drystan s’impatienter derrière moi.

— Zarek, bouge. On n’a pas deux minutes.

Je hoche la tête.

La corde invisible entre Sarah et moi pulse encore.

Elle nous relie. Elle me change.

Je la prends contre moi.

Je sens son cœur cogner, fragile, mais je sais qu’elle est la clé.

Et si cette lumière était autant une arme qu’une malédiction ?

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