Asher

Tu as brisé le lien.

Tu as putain de brisé le lien.

Ces mots martelaient dans ma tête tandis que la douleur de ce que j'avais fait continuait de me secouer. Ce n'était pas qu'une simple tourmente émotionnelle, c'était une agonie physique. Logique, puisque je venais de rejeter le loup qui m'était destiné.

Mon compagnon prédestiné.

Mon compagnon prédestiné qui avait été tué, torturé, ressuscité, contrôlé et marqué par un vampire.

Un putain de vampire qui s'était fait passer pour un loup.

Greyson Dillon.

Il n'était pas l'Alpha Suprême. Il n'était aucune sorte d'Alpha. Il nous avait tous ensorcelés pour nous faire croire qu'il l'était.

Je ne savais toujours pas comment cela fonctionnait, mais j'avais des problèmes plus urgents à ce moment-là. Comme le fait que j'avais à peine échappé à la tentative de Greyson de me faire tuer par mon propre compagnon prédestiné et que lui et ses sbires me poursuivaient maintenant à travers la forêt.

Mon loup s'agita à ce rappel, le grondement rauque de sa voix résonnant dans ma poitrine alors que nous courions à travers les arbres denses qui entouraient le domaine de Greyson. La terre de la forêt était fraîche sous mes pattes, la lumière éclatante de la pleine lune qui brillait au-dessus transformant les arbres et les buissons en ombres grotesques.

La forêt s'épaississait à mesure que je m'enfonçais et j'accélérai le rythme, la dizaine de loups qui me suivaient faisant de même. J'avais été fou de penser que je pourrais m'échapper facilement. Greyson voulait ma mort, et c'était son territoire. Lui et ses hommes connaissaient ces forêts bien mieux que je ne le pourrais jamais.

Je n'étais pas la première personne qu'ils avaient traquée dans ces bois.

Je changeai de direction, me faufilant rapidement à gauche à travers un roncier qui me rapprochait de l'odeur putride des loups de Greyson. Ils gagnaient du terrain sur moi. J'aurais dû être soulagé de ne pas sentir l'odeur de pourriture tordue que Greyson dégageait, ce qui aurait dû être mon premier indice que quelque chose clochait chez ce type.

Stupide. Nous avons été si stupides.

Nous n'avions pas été complètement stupides. Nous avions su dès le début que quelque chose n'allait pas chez lui. Nous avions été trop concentrés sur le sauvetage de Nova pour le remarquer. Tous les signes étaient là. Des pièces sans fenêtres, il était toujours à l'intérieur ou surpris à se cacher dans l'ombre d'un bâtiment, et l'odeur d'une sorcière dès le premier jour...

Ça n'a plus d'importance maintenant, gronda mon loup en nous faisant changer de direction, nous éloignant de l'odeur de ma sœur. Nous nous rapprochions de Dax et Peyton et avec le nombre de loups toujours à mes trousses, je ne voulais pas trop m'approcher d'eux.

Dax et moi aurions peut-être pu les affronter, mais Peyton n'avait pas encore effectué sa première transformation.

J'avais déjà perdu Nova, je n'allais pas perdre ma sœur aussi.

Je les affronterais tous seul s'il le fallait, et vu à quel point ils me talonnaient...

Merde. J'enfonçai mes pattes dans le sol, arrêtant mon loup qui grondait, retroussant ses lèvres pour révéler une rangée de dents acérées.

Il était aussi prêt que moi.

Les poils sur la nuque de mon loup se hérissèrent, son grondement puissant résonnant à travers les arbres et la brume tourbillonnante de la forêt tandis que les loups en course se rapprochaient. L'odeur de terre et de sueur me parvint alors que le bruit de branches qui craquaient résonnait dans la petite clairière où je m'étais arrêté. Il n'y avait pas vraiment assez de place ici pour un bon combat, mais j'avais été entraîné dans des espaces comme celui-ci.

Je pouvais l'utiliser à mon avantage.

Une paire d'yeux jaunes après l'autre scrutait à travers les sombres ronciers de la forêt pour me fixer, chaque paire d'yeux accompagnée de dents blanches étincelantes et d'un grondement à mesure qu'ils s'approchaient.

Quatre. Quatre loups m'avaient suivi. Enfin, au moins quatre que je pouvais voir maintenant ; un faible craquement de branche quelque part derrière moi promettait que d'autres attendaient en embuscade. Soit ça, soit un lapin très gros qui essayait d'échapper au combat de métamorphes loups géants qui allait avoir lieu.

Les loups s'approchèrent davantage tandis que leurs hurlements s'intensifiaient, les grondements d'intimidation résonnant comme un orchestre tordu.

Mon loup agit avant qu'aucun d'entre eux ne puisse aller trop loin.

Il bondit sur le plus gros juste devant nous. Des dents et de la fourrure volèrent partout lorsque je pris le loup principal par surprise. Le loup était plus grand que les trois autres et avait clairement prévu de m'attaquer en premier, mais il n'était pas assez rapide.

Les dents du loup glissèrent contre le côté de mon museau alors que je plongeais, la gueule déjà ouverte pour enserrer le cou de la bête. Le goût de terre et de sueur de la fourrure du loup attaquant enveloppa ma langue avant que ma mâchoire ne se referme et que les saveurs amères ne soient remplacées par le goût métallique du fer et du sel. Le sang remplit ma bouche tandis que le loup gémissait, le son étranglé mettant en colère les trois autres loups autour de moi.

D'habitude, j'aurais secoué le loup jusqu'à ce que je sois sûr qu'il soit mort, mais je n'avais pas le temps. Le loup suivant se précipitait déjà vers moi. Je lâchai le loup encore haletant, me tournant avant que celui derrière moi ne m'atteigne. Le monstre à la fourrure grise bondissait sur moi, les crocs déjà découverts, prêt à s'en prendre à mon cou.

Mon côté loup fit un pas de côté, grognant alors que je me jetais sur l'autre loup qui essayait de m'attaquer par derrière. Je le mordis, l'envoyant au sol tandis que j'esquivais de justesse le deuxième loup. Le bord tranchant d'une canine glissa contre ma fourrure et ma peau, entaillant la chair de mon cou suffisamment pour que je puisse sentir l'odeur de mon propre sang.

Bon sang.

Je pensais avoir fait le bon choix en éliminant le plus gros des quatre, mais ces trois loups étaient plus petits, plus rapides et plus impitoyables que je ne l'avais prévu.

Très bien, l'heure du défi a sonné.

Mon loup grogna, ses griffes s'enfonçant dans la terre tandis qu'il se retournait, le poil hérissé et les crocs découverts. Les trois autres loups me faisaient face, avançant en ligne, leurs fourrures blanche, brune et rousse.

En tant qu'alpha, j'étais nettement plus gros qu'eux, mais s'ils m'assaillaient tous ensemble, je n'aurais aucune chance de les vaincre. Ils le savaient clairement, vu la façon dont ils s'approchaient de moi comme des jumeaux flippants dans un film d'horreur.

Ma seule option était d'abattre le plus fort d'entre eux. Puisque le blanc avait failli m'arracher le cou tandis que le brun visait mon flanc, je parierais que le plus fort était le roux. Les plus forts étaient rarement les premiers à agir dans une meute.

Enfin, sauf si vous êtes un alpha arrogant.

Donc, vous savez, moi.

Des grognements déchirèrent à nouveau la petite clairière alors qu'ils bondissaient. J'esquivai sur le côté, utilisant la forêt à mon avantage en tournant autour d'un arbre pour me diriger droit vers le loup roux qui, une fois de plus, se tenait en retrait.

Il m'attendait.

Le loup roux se retourna, les crocs découverts, les pattes en l'air alors qu'il se jetait sur moi. Je me dressai sur mes pattes arrière, la force de mon loup prenant le contrôle tandis que je le percutais et l'envoyais directement au sol. Il ne faisait pas le poids face à un loup de ma taille. Les deux autres se retournèrent, me chargeant d'un seul mouvement.

Je bougeai, ils changèrent de position, et je sentis de nouveau des dents et des griffes lacérer ma peau. Ma fourrure devint chaude et humide alors que le sang coulait des blessures, des dents d'un côté, des griffes de l'autre.

Ces salauds eurent l'audace de reculer avec des airs victorieux sur leurs museaux de loups.

Ils pensaient clairement m'avoir eu, et pour être honnête, c'était peut-être le cas. Des griffes avaient tranché les muscles de mes cuisses, des dents déchirant mon épaule du côté opposé. Mon corps se sentait faible, douloureux, et mon loup était furieux comme jamais alors qu'il se jetait sur eux.

Seul le loup blanc recula, laissant mes crocs s'enfoncer dans la chair tendre du cou du loup brun. Le loup gémit pathétiquement alors que je le secouais, laissant son sang remplir ma gueule et éclabousser les arbres avant de le lâcher.

Le loup blanc recula, le grognement sur ses babines s'estompant alors que je me dressais de toute ma hauteur, la puissance de mon loup le dominant.

Soumets-toi. Le grognement de mon loup résonna dans la clairière, mais au lieu de me présenter son cou, il se dressa, prêt à attaquer.

D'un coup de patte, je l'envoyai contre un arbre. Le corps du métamorphe heurta le tronc avec un bruit sourd avant de s'effondrer au sol.

L'odeur du sang et des excréments flottait dans la clairière tandis que je restais là, haletant et attendant que l'un de ces stupides salauds se relève pour m'attaquer. Personne ne bougea.

Avec un gémissement, mon loup s'assit, soulevant de la poussière qui se mêla à l'odeur de mon sang.

Je ne m'attendais pas à ce que ce soit facile. Je ne m'attendais pas non plus à me retrouver couvert de mon propre sang.

J'étais à moitié tenté de m'allonger dans la terre et de laisser mon loup guérir quand un craquement sec résonna dans la forêt derrière moi.