LénaMon souffle est court, saccadé.Mes membres sont engourdis, comme si mon propre corps ne m’appartenait plus.Les images continuent de tourbillonner dans mon esprit, imprégnant chaque fibre de mon être d’une douleur ancienne, lointaine… mais pourtant si familière.J’ai vu des choses qui ne devraient pas m’appartenir.J’ai ressenti une terreur qui n’était pas la mienne.Et pourtant, une partie de moi sait.Ce n’est pas la première fois.— Qu’est-ce que c’était ?Ma voix tremble, mais Alexios ne détourne pas le regard.Il est toujours là, accroupi devant moi, sa main toujours posée sur ma joue, glaciale et brûlante à la fois.— Un souvenir.Un silence s’installe.Je secoue la tête, prise de vertige.— Ce n’était pas mon souvenir.Il sourit légèrement.— Non, pas cette fois.Ses mots font naître un frisson le long de mon échine.Je déglutis difficilement.— Ça veut dire que… j’en ai d’autres ?Son regard devient plus sombre, plus perçant.— Tu crois vraiment que tout commence ici, Lé
LénaIl rit doucement, mais ce n’est pas un rire amusé.C’est un rire chargé de quelque chose d’autre.Quelque chose de dangereux.— Alors tu es encore plus perdue que je ne le pensais.Il se lève et me tend la main.J’hésite.Mon corps est encore secoué par les souvenirs de ce baiser, par la faim qui s’est réveillée en moi.Mais je l’attrape.Ses doigts serrent les miens juste assez pour me faire frissonner.Et il m’attire à lui.Je manque de trébucher, mais son bras entoure ma taille, me maintenant contre lui.Sa bouche effleure mon oreille.— Prépare-toi.— À quoi ?Il se détache sans répondre.Mais son regard en dit long.Il y a quelque chose qui arrive.Et je vais devoir y faire face.La nuit est tombée depuis longtemps quand il me conduit dans une autre pièce.Elle est vaste, éclairée par des chandeliers vacillants.Au centre, une table en bois massif.Et sur cette table, un objet que je reconnais aussitôt.Un poignard.Sa lame brille sous la lumière tremblante.Un mauvais press
LénaLes jours suivants sont un flou.Je sens la différence à chaque instant.Il est toujours là.Même quand il ne l’est pas.Son ombre me suit.Je ressens ses émotions comme si elles vibraient dans mon propre corps.Sa faim, sa frustration, ses ténèbres.Et lui…Je sais qu’il me sent aussi.Chaque fois que je suis près de lui, il se tend imperceptiblement.Ses pupilles se dilatent.Son souffle devient plus court.Il me regarde comme un homme affamé qui sait qu’il ne doit pas toucher.Mais qui lutte contre l’envie.Je devrais avoir peur.Mais ce n’est pas ce que je ressens.C’est pire.C’est un désir insidieux, brûlant.Et chaque jour, il grandit un peu plus.La nuit tombe.Je suis dans mes appartements quand une brise glaciale traverse la pièce.Je me fige.Puis, lentement, je me retourne.Alexios est là.Silencieux.Immobile.Son regard est noir de désir, d’ombre et de douleur mêlée.Il ne parle pas.Il s’avance juste.Jusqu’à ce qu’il soit si près que je puisse sentir la chaleur de
LénaLes minutes s’égrènent, mais je reste figée contre le mur, le souffle court.Alexios m’a fuie.Pas par manque d’envie.Non.Il brûle tout autant que moi.Mais il se refuse à céder.Et je ne sais pas si cela me frustre ou si cela me fascine.Je ferme les yeux un instant, tentant de calmer mon cœur affolé.Puis je prends une décision.Je ne reculerai pas.Je ne suis pas du genre à baisser les bras.Et surtout, je ne suis pas du genre à ignorer ce que je ressens.Alors cette fois, c’est moi qui vais le pousser à bout.Le lendemain, tout est normal en apparence.Le château est silencieux.L’atmosphère est lourde, chargée d’une tension invisible.Je traverse les couloirs d’un pas lent, savourant l’ombre et le calme.Mais je le sens.Il est là.Je ne sais pas où, mais je ressens sa présence.Une chaleur qui s’infiltre dans l’air.Un frisson qui me parcourt l’échine.Il m’observe.Il me guette.Et pourtant, il ne se montre pas.Alors je continue mon jeu.J’effleure les murs du bout des
LénaSes cheveux en désordre, comme si elle s’était tournée et retournée dans son lit.Ses lèvres encore marquées par notre baiser.Ses yeux, pleins d’une détermination indomptable.— Tu joues à un jeu dangereux, Léna.Elle se lève lentement, s’approche de moi avec cette grâce naturelle qui m’envoûte.Elle est si proche que je pourrais sentir la chaleur de sa peau.Mais je ne bouge pas.C’est elle qui me met à l’épreuve.— Et si j’aime ça ?Ses doigts effleurent mon poignet.Une étincelle.Un incendie.Je saisis son poignet avant qu’elle ne puisse aller plus loin, serrant juste assez pour lui rappeler qui je suis.Elle ne frissonne pas.Elle ne recule pas.Elle défie.Toujours.— Je ne suis pas un homme, Léna.— Je sais.— Je ne ressens pas comme eux.— Je sais.— Alors pourquoi es-tu ici ?Elle sourit.Et c’est ce sourire qui me détruit.— Parce que toi, tu ressens comme moi.Ma patience explose.En un battement de cil, elle est plaquée contre le mur.Mes doigts encerclent sa gorge,
LénaLucian lève les mains en signe d’innocence.— Je voulais juste voir ce qui te rend si fou, mon ami.— Elle n’est pas à toi.— Oh, mais n’est-ce pas à elle de décider ?Lucian se penche vers moi.— Après tout, pourquoi se contenter d’un seul vampire… quand on peut avoir le pouvoir de choisir ?Un frisson glacial me traverse.Je comprends alors.Ce monde n’est pas qu’une cour royale.C’est une arène.Et je suis la proie.Lucian.Son nom s’accroche à mon esprit comme une menace silencieuse.Alexios a beau se tenir près de moi, une tension sourde s’installe dans l’air, pesante, oppressante.Les autres vampires observent la scène, fascinés.Ils attendent.Mais quoi ?Un dérapage ? Un affrontement ?Moi ?Je sens le piège se refermer lentement autour de moi.— Pourquoi suis-je ici ? je répète, ma voix plus ferme cette fois.Alexios ne répond toujours pas.C’est Lucian qui s’approche, un sourire amusé aux lèvres.— Parce que tu es devenue une distraction bien trop intéressante.Il s’arr
LénaLe silence après la tempête.Je suis allongée sur le lit, le corps en feu, l’esprit troublé.Alexios est là, juste à côté. Trop près.Il me regarde, sans un mot. Son regard est une lame effilée, tranchante, perçante.Je devrais parler. Dire quelque chose. Mais la chaleur de sa peau contre la mienne m’empêche de penser.— Tu regrettes ?Sa voix est basse, rauque.Je tourne la tête vers lui.— Non.Un éclat traverse ses yeux. Une satisfaction sombre.— Alors pourquoi ce silence ?Je n’ai pas la réponse. Peut-être parce que je sens que tout a changé.Je le sens dans la manière dont il me regarde.Dans la manière dont son pouvoir danse sur sa peau, vibrant, incontrôlable.Alexios n’est pas un homme ordinaire.Il n’est pas même un simple vampire.Et je commence à comprendre que je viens de franchir une frontière dont je ne pourrai plus jamais revenir.La nuit est tombée depuis longtemps quand je me décide enfin à me lever.Je glisse hors du lit, sentant son regard peser sur moi.— Tu
LénaCe n’est pas une réponse complète, et elle le sait.Mais je ne peux pas tout lui dire. Pas encore.Elle se débat légèrement, s’écarte de moi. Je la laisse faire, bien que cela me coûte.— Je ne veux pas être un pion entre vous.Son regard est brûlant. Fier.Un sourire involontaire effleure mes lèvres.— Alors ne le sois pas.Elle ouvre la bouche pour répondre, mais un bruit à l’entrée du manoir la coupe.La porte claque contre le mur, et une silhouette s’engouffre dans le hall.Cassandra.Son regard se pose immédiatement sur moi, puis sur Léna.Et je sens la jalousie crépiter autour d’elle comme une onde brûlante.— Que se passe-t-il ici ? Sa voix est tranchante.Je me redresse.— Rien qui ne te concerne.— Vraiment ?Elle croise les bras, jetant un regard assassin à Léna.— Parce qu’il me semble que notre cher Lucian s’est amusé avec ta nouvelle protégée.Léna ne bronche pas, mais je sens sa tension monter.Cassandra s’approche d’un pas félin, son regard perçant.— Tu es une pro
Un battement.Profond.Puissant.Ancien.Ce n’est pas mon cœur.C’est le sang.Un appel viscéral, une soif que je croyais maîtriser mais qui, en cet instant, est plus forte que jamais.La TentationLéna fronce les sourcils. Elle sent le changement en moi.Elle recule légèrement, pas par peur, mais par instinct.Léna— Tu as besoin de te nourrir.Je secoue la tête.Alexio— Non. Pas maintenant.Elle pose une main sur ma joue, forçant mon regard à croiser le sien.Léna— Si tu ne le fais pas, ce sera pire.Elle a raison.Je le sais.Mais quelque chose en moi résiste.Parce que je sais que cette fois, ce ne sera pas comme d’habitude.Ce n’est pas une simple faim.C’est un gouffre.Une nécessité.Lorian a réveillé en moi ce que j’ai passé des siècles à enterrer.Je ferme les yeux, luttant contre l’appel du sang.Mais Léna ne me laisse pas fuir.Elle prend ma main, l’attire contre elle.Son pouls bat sous ma paume.Régulier.Vivant.Léna— Prends ce dont tu as besoin.Je recule brusquement
Lorian se redresse lentement. Des débris tombent autour de lui, mais il n’a pas une égratignure.Lorian— Intéressant.Il époussette nonchalamment son manteau, comme si rien ne s’était passé.Puis il me fixe.Lorian— Tu es toujours aussi impulsif.Je serre les dents. Mes muscles tremblent sous l’effort. Son pouvoir m’écrase, m’enveloppe, me traîne vers l’abîme d’où je suis censé venir.Mais je refuse.Je me redresse.Les ténèbres palpitent autour de nous, comme une bête affamée attendant son heure.Léna— Alexio, on doit partir.Sa main attrape mon poignet, essayant de m’attirer vers la sortie.Mais Lorian s’interpose en un battement de cils.Son ombre s’étire, se mêle aux pierres brisées.Lorian— Partir ?Son rire est une lame.Lorian— Tu crois qu’il peut fuir ce qu’il est ?Il tourne son regard vers Léna, et cette fois, il n’y a plus d’amusement.Seulement du jugement.Lorian— Tu n’as pas idée de ce qu’il représente.Léna ne bronche pas.Léna— Je sais qui il est.Un éclat trave
Léna Un frisson glacé parcourt mon échine.Nous avons brisé le cycle.Mais certaines forces ne supportent pas qu’on défie leur volonté.Un rire s’élève, venu de l’ombre. Profond. Ancien.Froid comme la mort.La vraie menace ne faisait que commencer.Un souffle glacé traverse le temple. Le sol vibre sous nous, comme si la terre elle-même retenait son souffle. L’Ancienne reste impassible, mais je devine une lueur d’alerte dans son regard.Puis, une voix s’élève.Un murmure, d’abord indistinct, puis plus clair. Un rire, grave, résonne dans l’immensité de la salle.???— Tu crois avoir brisé tes chaînes, Alexio ?Je me fige. Ce ton… Ce timbre de voix.Il vient de l’ombre même, d’un endroit où la lumière n’a jamais existé.Léna se rapproche instinctivement, sa main serrée autour de mon bras.Léna— Qui… qui est là ?Une silhouette se détache de l’obscurité. Lentement. Sûrement.Son pas est léger, mais chaque mouvement fait trembler les fondations du temple. Il n’est pas simplement là. Il
Alexio— Nous n’avons plus le choix.L’Ancienne incline la tête, puis tend une main vers nous. Une brume sombre s’élève du sol, s’enroule autour de nos corps, et en un instant, le monde bascule.Le Jugement du SangNous ne sommes plus dans le temple. Autour de nous, une mer de ténèbres s’étend à l’infini. Seule une plateforme de pierre nous soutient, suspendue dans le néant.Des ombres surgissent. Des silhouettes déformées, des fragments de souvenirs, des éclats de douleur.Puis, une scène prend forme devant nous.Léna— C’est…Son souffle se coupe. Nous voyons un homme et une femme. Un amour interdit. Un serment brisé.Et une trahison.Les images défilent comme une tempête, trop rapides, trop violentes. L’homme—un vampire—et la femme—humaine—avaient défié les lois de leur monde. Mais leur amour avait été leur perte.Elle avait été sacrifiée. Lui, condamné à l’errance éternelle.Leur malédiction n’avait pas pris fin avec eux. Elle s’était transmise, génération après génération… jusqu’
Le silence après le départ de cette mystérieuse femme est assourdissant. Léna et moi restons figés, son dernier avertissement résonnant encore en nous.Léna— La clé est en nous… Qu’est-ce que ça veut dire ?Je passe une main dans mes cheveux, cherchant à organiser mes pensées, mais rien ne fait sens.Alexio— Si cette clé est en nous, cela signifie que nous avons déjà une partie de la réponse. Mais nous devons comprendre comment l’utiliser.Léna croise les bras, son regard noir de frustration.Léna— Et comment on fait ça, Alexio ? On fouille dans nos souvenirs ? On cherche une cicatrice mystique sur nos corps ?Son sarcasme est une carapace. Je le sais. Je le ressens.Je m’approche d’elle et attrape doucement son poignet.Alexio— On réfléchit. Toi et moi, nous sommes liés. Depuis le début, nos vies ont été entremêlées. Cette prophétie parle d’amour, de sacrifice… et d’un choix qui n’est pas le nôtre.Léna frissonne sous ma prise, mais elle ne se recule pas.Léna— Tu penses qu’on a
Le silence qui suit les paroles de Damon est plus pesant qu’un millénaire de secrets enfouis. Léna se fige, et je vois l’ombre d’une tension traverser ses traits.AlexioJe fixe Damon, le regard acéré. Il est le messager de l’Ancienne, la plus vieille et la plus puissante de notre espèce. Chaque mot qu’il prononce a le poids d’une sentence.— Explique-toi, je lâche d’un ton tranchant.Damon ne cille pas. Son regard se pose sur moi avec la gravité de celui qui sait déjà l’issue.Damon— L’Ancienne a eu une vision. L’équilibre est en train de se rompre, Alexio. Toi et Léna… vous êtes au centre de cette chute.Je sens Léna se tendre à mes côtés. Je tourne légèrement la tête vers elle. Son souffle est court, ses yeux brûlent d’une lueur incandescente.— Et qu’est-ce que cela signifie ? demande-t-elle d’une voix dure.Damon se rapproche lentement. Il est toujours aussi calme, aussi implacable.Damon— Que l’un de vous devra faire un choix. Un sacrifice.Mon corps se tend malgré moi. Ce mot
AlexioL’odeur du sang est partout.Elle imprègne l’air, s’accroche à notre peau, glisse entre nos lèvres.Mais ce n’est pas ce qui me trouble.C’est Léna.Elle se tient immobile, le corps raide, les yeux rivés sur le vide.Ses doigts, encore souillés du cœur qu’elle vient d’écraser, tremblent imperceptiblement.Je connais ce regard.Je sais ce qui l’envahit.Le pacte.Il gronde en elle, réclame plus.C’est une faim qui ne se contente jamais, qui consume tout sur son passage.Et je sens que ce soir, elle a franchi un seuil.Je m’approche lentement, mes mouvements mesurés.— Léna…Elle ne réagit pas immédiatement.Puis, d’un battement de cils, elle revient à moi.Son regard s’ancre au mien, vacillant entre lucidité et ténèbres.— On doit partir, murmure-t-elle finalement.Elle a raison.Nous sommes trop exposés ici.Mais avant que nous puissions bouger, une autre présence surgit.---LénaUne silhouette se détache de l’ombre.Grande. Élégante.Ses pas sont lents, presque paresseux, com
AlexioLa nuit est lourde. Chargée d’électricité.Chaque ombre semble nous observer, chaque souffle du vent murmure un avertissement.Léna marche à mes côtés, mais je ressens sa fébrilité. Elle lutte contre le pacte. Contre ce feu dévorant qui pulse entre nous.Et moi aussi.Nous avons quitté Joran sans un mot de plus. Son sourire narquois nous hante encore, ses paroles résonnant dans mon esprit."Un pacte de sang doit être nourri, sinon il vous dévorera."Je n’arrive pas à m’en défaire.Parce que je ressens déjà cette faim.Un besoin primitif, viscéral.Pas seulement de sang.Pas seulement de pouvoir.Mais d’elle.Et c’est ce qui me terrifie le plus.— On doit trouver un endroit sûr, murmure Léna.Je hoche la tête, les mâchoires serrées.Nous avançons dans les ruelles sombres, nos pas silencieux sur les pavés humides. La ville dort, inconsciente de la tempête qui gronde dans nos veines.Léna vacille légèrement.Je la rattrape avant qu’elle ne tombe.Son corps est brûlant sous mes doi
LénaLes flammes des bougies vacillent, projetant des ombres mouvantes sur les murs délabrés du manoir.Tout mon corps tremble sous l’intensité du lien.C’est comme si chaque cellule de mon être s’ouvrait à lui. Comme si je percevais ses pensées, ses émotions, ses désirs avec une acuité terrifiante.Et ce que je ressens en ce moment…C’est vertigineux.Alexio est une tempête sous contrôle, un prédateur aux abois. Il lutte contre lui-même, contre moi, contre cette chose qui nous lie désormais.Joran s’écarte légèrement, nous laissant seuls dans le cercle d’incantation.— Il va falloir que vous alliez au bout du processus.Sa voix est basse, presque amusée.— Ou alors, tout ça n’aura servi à rien.Je l’ignore.Mon regard est rivé sur Alexio.Il est tendu. Son torse se soulève rapidement, ses prunelles sont noires d’un désir qu’il s’efforce de contenir.Et pourtant, je ne ressens aucune peur.Seulement cette attraction dévorante qui pulse entre nous.— Léna… Sa voix est rauque, comme un