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Chapitre 4

Penulis: Nadège Affré
À son retour, j'étais affalée sur le canapé, un gros paquet de chips à la main, les yeux rivés sur la télé. « Hé, Félicia, tu en veux ? C'est parfumé au poulet. »

Félicia a repoussé ma main d'un geste sec : « Comment tu peux encore avoir faim ? Maurice t'a trahie, bon sang ! »

J'ai attrapé des chips et les ai croquées tranquillement.

« La femme qui toussait au téléphone, c'était son premier amour. Et c'est aussi la mariée d'aujourd'hui ! Apparemment, elle a un cancer. »

Je lui ai tendu des chips et a commenté : « Eh bien, c'est du lourd. Et ensuite ? »

Elle a attrapé des chips entre ses dents, mâchouillant tout en réalisant soudain l'absurdité de ma réaction : « Attends… Ton fiancé va se marier avec une autre, et tu t'en fiches ? »

« Waouh, quelle tragédie ! » J'ai enfourné deux chips de plus, « Cancer, premier amour, mariage… On dirait un mélo. Mais Félicia, je ne le connais même pas. Qu'il épouse qui il veut. »

Elle m'a lancé un regard assassin avant de reprendre son récit, déterminée à me partager chaque détail de ses investigations.

« Maurice part en lune de miel autour du monde avec Joséphine. Tout le monde le porte aux nues maintenant, le 'homme parfait' », bouillait Félicia d'indignation, « Et toi, tu vas le laisser faire ? »

« Ben oui. Je ne le connais pas. Il ne mérite même pas que je perde mon temps à penser à lui. »

Malgré son exaspération, Félicia n'a pas lâché l'affaire.

Elle a dégoté une vidéo du mariage : Maurice et Joséphine, main dans la main, échangeaient des vœux et s'embrassaient tendrement dans un océan de fleurs.

Vraiment, ce décor était magnifique.

Félicia a poussé un cri de rage : « Ces fleurs symbolisaient l'amour éternel ! On a passé deux semaines à les choisir, à chercher chaque variété porteuse d'un message parfait. Et toi, tu as passé des nuits à dessiner leur agencement pour ce résultat… Et maintenant, c'est eux qui en profitent ! »

Affalée sur le canapé, elle a craché son venin : « Il est complètement malade ! Tu perds la mémoire, et lui, il se précipite pour épouser une autre ? J'ai envie de le tuer ! »

J'ai haussé les épaules : « C'est romantique, non ? Son premier amour est mourante, et il lui reste fidèle... »

Les jours suivants, Félicia ne manquait pas une occasion de me tenir au courant de ses dernières trouvailles. Par exemple : « Maurice est parti en voyage avec Joséphine. Direction les Cornouailles, en Angleterre. »

J'ai applaudi, indifférente : « Waouh, c'est romantique. Il paraît qu'il y a même un jardin d'Éden là-bas, comme Adam et Ève. »

Félicia, exaspérée par mon réaction, en est restée bouche bée, impuissante.

Finalement, elle a cessé de me parler d'eux. Après le départ de Maurice et Joséphine pour leur tour du monde, même elle a perdu leur trace.

J'ai retrouvé une vie paisible. Leur existence s'est peu à peu effacée, noyée dans le rythme heureux de mon quotidien : travail, bons petits plats, séries.

Pourtant, parfois, au bureau, les mots de Félicia me revenaient en tête. Et chaque fois, je me figeais, le cœur transpercé d'une douleur aiguë.

Étrange. Je n'avais aucun souvenir d'eux… Alors pourquoi ces larmes qui coulaient toutes seules ? Pourquoi cette sensation qu'une partie de moi avait pourri, puis avait été arrachée d'un coup sec, comme une chair morte qu'on excisait ?

Je secouais la tête et me replongeais dans mon travail.

...

Un mois plus tard, alors que je classais des données, mon téléphone s'est mis à vibrer frénétiquement, submergé par une avalanche de messages.

En les ouvrant, j'ai découvert une série de photos : clichés de mariage, paysages naturels, instants de vie quotidienne. Mais sur chaque image, ce Maurice était là, enlacé à une jeune femme pâle et frêle. Tous deux affichaient la complicité heureuse d'un jeune couple tout juste marié.

Pire encore, un message accompagnait le tout : « Merci d'avoir accepté de nous laisser notre bonheur. Dès son atterrissage, Maurice s'est précipité chez toi. Je n'ai pas eu le temps de lui donner les tirages photo, alors je te laisse ce petit service. »

Quoi ? Ils étaient complètement fous ? En quoi cela me concernait-il ?

N'y tenant plus, j'ai répondu sèchement : « Ton médecin t'a fait passer tous les examens ? Tu ne voudrais pas un check-up en psychiatrie, par hasard ? »

Maurice et Joséphine étaient vraiment faits l'un pour l'autre : un couple de crétins finis !

Mon âme de sarcasme s'est embrasée. J'ai immédiatement capturé la conversation pour l'envoyer à Félicia, l'invitant à se joindre à ma session d'insultes en règle.

Et c'était alors que nous étions en plein déluge verbal qu'un « BOUM ! » a retenti, et ma porte s'est ouverte violemment.

Et là, planté devant moi... se tenait Maurice en personne, l'objet même de nos insultes...
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