Chapitre 3

Point de vue d'Élise

Heureusement, les clients de la table voisine ont appelé une ambulance pour moi.

Allongée sur le lit d'hôpital, regardant la perfusion s'écouler lentement dans mes veines, je me sentais finalement rattrapée par la peur.

Si l'ambulance était arrivée ne serait-ce que quelques minutes plus tard, le bébé dans mon ventre n'aurait peut-être pas survécu.

J'ai caressé doucement mon ventre en murmurant : « Je suis désolée, bébé. Maman te protégera à partir de maintenant. »

Mon téléphone a sonné, et un message d'Albert s'est affiché :

« Où es-tu allée ? Pourquoi n'es-tu pas à l'Heure de Velours ? »

J'y ai jeté un coup d'œil et j'ai mis le téléphone de côté.

Au bout d'un moment, un autre message est arrivé :

« Tu me fais encore la tête ? Tu as vraiment besoin de réfléchir sur toi-même. »

Normalement, j'aurais répondu instantanément.

J'avais toujours réagi avec empressement à tout ce qu'il disait ou faisait.

Mais pas ce soir.

J'avais beau essayer d'être là pour Albert, il suffisait que Roxane passe un coup de fil, même au milieu de la nuit, pour qu'il laisse tout tomber et se précipite vers elle.

Fixant le ciel noir derrière ma fenêtre, j'ai laissé échapper un rire amer.

Deux visites à l'hôpital en deux jours, et mon petit avait déjà souffert deux fois à mes côtés.

J'en avais assez de me plier en quatre pour lui.

En pensant cela, je ressentais une légèreté sans précédent dans ma poitrine et je sombrais dans un profond sommeil à l'hôpital.

Le lendemain, alors que je me préparais à partir, une grande silhouette est entrée précipitamment dans la chambre.

Les yeux d'Albert contenaient une lueur de culpabilité et d'attente.

Il est resté silencieux un moment avant de prendre la parole.

« Mon homme a découvert que tu étais ici. »

Il a pris la carte d'hôpital sur ma table de chevet, l'a regardée et a reniflé.

« Une crise d'allergie ? Tu exagères. »

Je lui ai adressé un faible sourire et n'ai pas pris la peine d'argumenter.

Une infirmière est entrée pour l'examen de routine.

« Y a-t-il un malaise ? Dans ta situation, toute réaction allergique doit être traitée immédiatement à l'hôpital. Ne prends pas de médicaments de ton propre chef, ou... »

« Je sais. Merci ! »

Je l'ai interrompue rapidement, terrifiée à l'idée qu'elle puisse dire quelque chose à propos de la grossesse.

Le regard d'Albert s'est légèrement adouci.

Lorsque l'infirmière est partie, il m'a étudiée un moment et m'a demandé calmement : « Pourquoi ne pas rester quelques jours de plus ? »

« Je vais bien maintenant. Si je reste plus longtemps, les gens vont dire que je dramatise.» ai-je dit avec légèreté.

La culpabilité a traversé ses yeux pendant une fraction de seconde.

Albert a passé un bras autour de ma taille et m'a guidée vers la sortie.

Pendant le trajet du retour, j'ai regardé par la fenêtre, sans rien dire.

Albert a essayé de parler plusieurs fois, mais il a ravalé ses mots au dernier moment.

Finalement, il a demandé,

« Qu'est-ce qui t'arrive aujourd'hui ? D'habitude, c'est toi qui es la plus bavarde. »

J'ai détourné le regard et fermé les yeux.

« Je suis juste fatiguée. »

Albert avait toujours été du genre calme et distant, alors que j'étais toujours le moulin à paroles à ses côtés.

Jusqu'à hier, j'avais vu une autre facette de lui : détendu, rieur, bavard.

Mais rien de tout cela n'était pour moi.

Je n'étais pas seulement fatiguée. J'étais épuisée, émotionnellement, jusqu'à l'os.

Dans trois jours, je serais partie.

Et honnêtement, je n'en avais plus rien à faire.

Au milieu du trajet, le téléphone d'Albert a sonné.

Son visage s'est instantanément crispé lorsqu'il a répondu.

« Quoi ? C'est grave ? Je suis en route. »

Il m'a jeté un coup d'œil.

« Roxane est ivre, il faut que j'y aille tout de suite. Tu devrais venir avec moi, je ne peux pas te laisser seule ici. »

Il a appuyé sur l'accélérateur, se faufilant dans la circulation.

Mon cœur battait à tout rompre et tout ce que je pouvais faire, c'était m'agripper à la poignée pour survivre.

Lorsque nous avons poussé la porte de la salle privée du bar, Roxane s'est jetée sur Albert comme une pieuvre, l'enveloppant de toutes ses forces.

Elle ne m'a remarquée qu'au bout de quelques secondes.

« Élise... tu es là aussi ? Je... j'ai un peu trop bu... j'ai des vertiges. »

Elle a relâché son emprise à contrecœur, glissant maladroitement d'Albert et se levant en titubant.

Albert l'a ramenée rapidement sur le canapé.

Brossant une mèche de cheveux de son front avec des doigts doux, il l'a grondée doucement, « Comment as-tu pu boire autant ? ».

« Tu m'as manqué », a-t-elle murmuré en posant sa tête contre lui. « J'ai mal à la tête... »

Albert a répondu doucement : « Reste ici et repose-toi. Je vais chercher des médicaments. »

La porte s'est refermée, ne laissant que Roxane et moi à l'intérieur.

La brume de l'ivresse a disparu en un instant, remplacée par un sourire acéré et moqueur.

« Tu vois ? Tu ne peux pas m'arrêter. Si je le veux, il viendra, quoi que tu fasses. »

J'ai fait un petit sourire indifférent. Je n'allais pas lui donner la satisfaction d'une réaction.

Elle s'est rapprochée, en baissant la voix.

« Devine où je le ferai venir la prochaine fois... devine ce que nous ferons ? »

Un poids froid s'est abattu sur ma poitrine, mais j'ai feint le calme.

« Fais ce que tu veux. Je m'en fiche désormais. »

Son visage s'est transformé en une grimace bestiale.

« Mais je m'en soucie ! Tu l'as eu pour toi toutes ces années pendant que je n'étais pas là. Je vais te faire craquer, je vais transformer tout ton bonheur en larmes ! »

La porte grince. Albert est entré à reculons dans la pièce.

D'un seul geste, Roxane a attrapé le pichet d'eau glacée sur la table et l'a renversé sur elle.

Elle a crié à pleins poumons et s'est mise à pleurer.

Je me suis figée, reculant instinctivement de deux pas tandis qu'Albert se précipitait à mes côtés.