Chapitre 1

Point de vue d'Élise

Au moment où l'arche couverte de roses s'est effondrée, j'ai instinctivement poussé Roxane pour l'écarter du chemin.

La majeure partie du poids est retombée sur moi, elle n'a eu que quelques égratignures superficielles dues à la chute des ornements en verre.

J'ai heurté le sol de plein fouet, la douleur me coupant le souffle.

Albert s'est précipité au bruit, prenant dans ses bras Roxane qui hurlait, le visage empreint d'inquiétude.

Entre des sanglots, Roxane a gémi : « Je voulais juste dire bonjour à Élise... Je n'aurais jamais cru qu'elle me ferait ça... »

Le regard d'Albert s'est posé sur moi, froid, acéré et impitoyable.

Un frisson m'a parcouru l'échine.

« Je ne l'ai pas touchée », ai-je balbutié, serrant les dents contre la douleur, « et j'ai été frappée aussi... »

Les copains d'Albert se sont rapprochés, leurs voix se superposant en un chœur chaotique.

« Élise joue encore la comédie. Regarde-la, à peine une égratignure, et elle est déjà par terre. »

« Pendant ce temps, Roxane saigne. On dirait qu'elle cherche désespérément à attirer l'attention. »

« La jalousie est moche sur toi, Élise. »

Leurs mots ont tranché l'air, m'ont traversée.

Albert est resté silencieux, mais son visage s'est assombri de seconde en seconde.

Dans ses yeux, une lueur de dégoût est apparue.

La trousse de secours a été apportée. Albert a pris du désinfectant et a rapidement nettoyé la plaie de Roxane.

Puis il l'a prise dans ses bras et a aboyé : « Jaque, va chercher la voiture. Nous allons à l'hôpital. »

Je n'ai reçu qu'un seul regard glacial.

Je me suis étalée sur le sol, forçant un murmure tremblant avec le peu de force qu'il me restait.

« Albert... tu peux m'emmener aussi ? »

La douleur dans mon dos se propageait, d'abord sourde mais de plus en plus vive.

Il s'est arrêté, son visage s'est durci.

« Roxane est blessée, Élise, et tu veux encore te mesurer à elle ? Je n'ai pas de temps à perdre avec tes jeux. Si tu veux être conduite, débrouille-toi toute seule. »

Roxane a resserré ses bras autour du cou d'Albert, un petit sourire suffisant se dessinant sur ses lèvres. Et cela m'a transpercé le cœur comme une lame.

Je me suis redressée, et lui ai attrapé le bras.

« Albert, s'il te plaît... Je suis vraiment blessée, s'il te plaît, aide-moi... »

Il m'a repoussée, sa voix était froide et dure.

« Tu as blessé Roxane par jalousie, tu as dépassé les bornes. Quand je reviendrai de l'hôpital, tu ferais mieux d'être prête à en assumer les conséquences. »

Il s'est retourné et est parti sans regarder en arrière, une foule se traînant derrière lui comme des ombres fidèles.

La salle des fêtes s'est vidée en quelques secondes, me laissant seule au milieu des pétales de roses écrasés et des éclats de verre.

Je me suis effondrée sur le sol, retenant mes sanglots jusqu'à ce qu'ils deviennent silencieux.

Un serveur s'est approché prudemment, les yeux pleins de pitié.

« Madame, avez-vous besoin d'aide ? »

Ma voix s'est brisée. « Appelle-moi une ambulance. »

Cinq ans d'amour pour lui et, à ce moment précis, tout s'est transformé en glace.

Après un examen complet à l'hôpital, j'ai été soulagée d'apprendre que mon corps allait à peu près bien.

Mais l'impact avait failli me faire perdre le petit loup qui grandissait en moi.

Oui, je venais juste d'apprendre que j'étais enceinte.

Cela aurait dû être une merveilleuse nouvelle pour Albert et moi.

Mais en serrant le test de grossesse dans ma main, un poids étouffant pesait sur ma poitrine, m'empêchant de respirer.

Depuis le retour de Roxane, il y a six mois, la distance entre Albert et moi s'était agrandie.

Chaque choix, chaque préoccupation, penchait en sa faveur.

J'avais pleuré, j'avais supplié, mais Albert avait toujours ignoré mes sentiments.

Il insistait sur le fait que je réfléchissais trop, que Roxane et lui n'étaient que des amis d'enfance.

Mais son favoritisme constant à son égard était quelque chose que je ne pourrais jamais accepter.

Cinq ans d'amour... il était peut-être temps d'y mettre un terme.

Ce n'était certainement pas le bon moment pour que le petit fasse son apparition. Je n'allais pas le lui faire savoir.

Au moment où cette pensée me traversait l'esprit, Albert et ses copains sont passés devant la salle de soins.

Son regard s'est posé sur moi et, pendant une brève seconde, il s'est figé.

Il est entré.

« Élise ? Qu'est-ce que tu fais là ? »

J'ai rapidement glissé le rapport de grossesse sous l'oreiller et j'ai regardé en silence la poche de perfusion suspendue à côté du lit.

Roxane a glissé sa main dans le bras d'Albert.

Ses égratignures superficielles étaient maintenant enveloppées de plusieurs couches de gaze.

« C'est juste une perfusion. Il n'y a pas besoin d'être malade pour en avoir une, tu sais. »

« Élise, je suis blessée et je n'avais même pas besoin de ça. Mais tu as réussi à faire entrer les médecins dans ton petit jeu. »

La gaze blanche s'est agitée comme un drapeau devant moi, me piquant les yeux.

Les copains d'Albert se sont joints à eux.

« Elle n'a pas eu assez d'attention à la fête, alors elle est venue ici pour le deuxième tour. »

« Roxane est blessée et elle n'a pas fait d'histoires. Élise adore être sous les feux de la rampe. »

La légère inquiétude qui avait traversé le visage d'Albert un peu plus tôt a disparu.

Son expression s'est assombrie. Il leur a lancé un regard noir.

« Dehors. Vous tous. »

Ils se sont tus instantanément et ont glissé hors de la pièce.

La voix d'Albert était basse, comme s'il forçait une vague de colère.

« Élise, tu as vraiment été trop loin aujourd'hui. Je ne veux plus voir de conflit entre toi et Roxane. »

« Si tu veux être à mes côtés en tant que Luna, il faut que tu apprennes à garder la tête froide. »

Mes yeux se sont mis à brûler, ma gorge s'est serrée.

« Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? Quand l'arche de fleurs est tombée, j'ai essayé de la sauver... »

« C'est elle qui a engagé le fleuriste, elle a conçu le décor, je... »

Les larmes ont glissé sur mes joues avant que je ne puisse les arrêter.

« Ça suffit ! » Albert a craqué. « Arrête de trouver des excuses. Sois sage, d'accord ? »

« La place de Luna sera toujours la tienne. Personne ne te l'enlèvera. »

Albert est sorti.

Sur le seuil de la porte, Roxane a levé sa main bandée et a murmuré quelque chose à Albert, son regard pitoyable étant clairement destiné à attirer son attention sur sa blessure.

Sans hésiter, Albert l'a prise dans ses bras, m'a jeté un dernier regard froid avant de sortir.

J'ai enfoncé mon visage dans l'oreiller et les larmes ont coulé plus fort, trempant le tissu.

Mes doigts ont tremblé autour du bulletin de grossesse.

Si son amour avait disparu, ma raison de rester l'était aussi.

J'ai déverrouillé mon téléphone et j'ai réservé un vol, dans cinq jours, je serais partie.