Alba Ricci
Je me dirige vers la porte, enfile ma veste en cuir et récupère mon arme sous l’oreiller. Un simple Glock, léger, fiable. Je ne sors jamais sans.
Les rues sont désertes à cette heure. Juste quelques âmes errantes, des ombres silencieuses qui ne cherchent pas d’ennuis.
Je marche sans destination.
Jusqu’à ce que je sente un frisson dans mon dos.
Un instinct, une alerte viscérale. Quelqu’un me suit.
Je ralentis légèrement, tendant l’oreille.
Les pas sont feutrés, discrets, mais je les entends.
Je m’engage dans une ruelle plus sombre, resserre ma prise sur mon arme.
Puis je me retourne d’un coup, le canon pointé droit sur l’inconnu.
L’homme s’arrête net. Un sourire narquois se dessine sur son visage.
— Toujours aussi réactive, Ricci.
Je reconnais immédiatement la voix.
Mon sang se glace.
— Toi.
L’homme fait un pas en avant, son sourire s’élargit.
— Ça faisait longtemps.
Son ombre s’étire sous les réverbères.
Je ne m’attendais pas à le revoir.
Pas si tôt.
Et surtout pas ici.
La nuit devient encore plus froide autour de moi.
Je ne baisse pas mon arme.
Face à moi, l’homme recule d’un pas, les mains levées dans un geste de fausse innocence. Son sourire reste figé, mais son regard me détaille comme s’il évaluait mes faiblesses, cherchant la moindre faille.
— Pas besoin de sortir les grands moyens, Alba.
Sa voix me fait l’effet d’une lame glacée sur la peau.
— Qu’est-ce que tu fais ici, Carlo ?
Son sourire s’élargit. Je déteste cette expression sur son visage, ce mélange d’arrogance et de plaisir malsain.
— On m’a envoyé te chercher.
Je serre les dents. Bien sûr.
— Mon père.
Carlo Ricci hoche la tête lentement.
— Il aimerait te voir.
Un rire amer m’échappe.
— Vraiment ? Après des années sans nouvelles, il se souvient soudainement que j’existe ?
Carlo baisse les bras, fait un pas de plus. Mon index effleure la détente.
— Ne fais pas ça, Alba.
Son ton est plus bas, plus grave.
— Pourquoi ? je réplique froidement. Tu vas me tuer ?
Il ne répond pas tout de suite.
— Pas moi.
Un silence s’installe.
Mon cœur cogne dans ma poitrine, mais mon visage reste impassible. Il ne faut jamais montrer la peur. Jamais.
— Suis-moi, Alba. Ce sera plus simple.
Je secoue lentement la tête.
— Et si je refuse ?
Carlo soupire, comme s’il s’attendait à cette réponse.
— Alors d’autres viendront. Et eux, ils ne parleront pas avant de tirer.
Je le fixe un instant, les doigts crispés sur mon arme.
Carlo n’est pas un amateur. Il ne se risquerait pas à venir seul si mon père n’avait pas déjà prévu d’autres options.
Je recule lentement, toujours en jouant la prudence.
— Dis à mon père qu’il peut aller se faire voir.
Carlo secoue la tête avec un soupir de lassitude.
— Tu compliques tout, comme toujours.
— Je suis comme ça.
Puis, d’un mouvement rapide, je me fonds dans l’ombre de la ruelle et disparais.
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Gabriel Moretti – L’art de la guerre
L’aube éclaire à peine la ville lorsque je quitte ma villa.
Ma plaie me tire encore, mais je l’ignore. Le corps humain est une machine. Il suffit de la maîtriser.
Matteo m’attend près de la voiture, un dossier à la main. Son expression est grave, concentrée.
— Des nouvelles ? je demande en attrapant le dossier.
— Oui.
Je feuillette rapidement les pages. Photos, rapports, relevés. Mon regard se pose sur un visage familier.
Carlo Ricci.
Un sourire lent s’étire sur mes lèvres.
— Il est en ville.
Matteo acquiesce.
— Vu hier soir, en train de chercher quelqu’un.
Mon sourire s’efface légèrement.
Je referme le dossier et fixe la ligne d’horizon.
Carlo Ricci ne vient pas à Milan sans raison.
Et la seule raison plausible s’appelle Alba.
Un léger grondement monte en moi.
Je déteste les imprévus.
— Trouve-le.
Matteo ne pose pas de questions. Il sait que lorsque je donne un ordre, ce n’est pas une suggestion.
Il s’éloigne immédiatement, et je monte dans la voiture.
Le moteur vrombit.
Il est temps de s’occuper du problème Ricci.
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Alba Ricci – Une fuite impossible
Je cours.
Pas physiquement. Pas cette fois.
Mais l’instinct est le même. Quitter cet endroit avant qu’il ne soit trop tard. Avant que mon père ne resserre l’étau.
Je sais ce qu’il veut.
Il ne s’agit pas de réconciliation, ni de retrouvailles familiales.
Il veut me posséder comme une pièce d’échec sur son plateau.
Et je refuse d’être un pion.
J’arrive devant mon appartement, vérifie les alentours avant d’entrer. Rien d’inhabituel. Mais l’adrénaline me garde sur le qui-vive.
Je pousse la porte et referme derrière moi.
Puis je me fige.
Il est là.
Assis sur mon canapé, comme s’il possédait déjà cet endroit.
Gabriel Moretti.
Son regard sombre se pose sur moi, évaluateur, perçant.
— On dirait que tu as eu une nuit agitée.
Je reste près de la porte, sans répondre.
Il tapote le dossier sur la table basse.
— Carlo Ricci.
Ma mâchoire se serre.
Il sait.
— Pourquoi tu t’en mêles ? je murmure.
Un sourire sans joie étire ses lèvres.
— Parce que je n’aime pas qu’on touche à ce qui m’appartient.
Un frisson me parcourt.
— Je ne t’appartiens pas.
Il se lève lentement, s’approche, son omb
re se fondant à la mienne.
— Pas encore.
Son regard brûle d’une intensité que je refuse de comprendre.
Mais au fond de moi, une certitude s’ancre.
Gabriel Moretti ne me laissera jamais partir.
Et mon passé non plus.
Gabriel22h00 – Le poids de l’éternitéLe ciel est sombre, une couverture d’étoiles éparpillées à travers les cieux. La ville s’est calmée, son bourdonnement s’estompe avec les heures qui passent. Tout est paisible, presque trop paisible après tout ce que nous avons traversé. Je suis assis près de la fenêtre avec Alba, sa tête reposant sur mon épaule, nos mains entrelacées. Nous n’avons pas besoin de mots en cet instant ; le simple fait d’être ensemble suffit.Mais je sais que le silence entre nous porte un poids plus grand—quelque chose d’important. Ce soir, c’est comme si le monde retenait son souffle. Comme si tout ce qui nous avait menés ici, à cet instant précis, n’avait été qu’une longue préparation.Alba bouge légèrement, ses doigts effleurant les miens. Je sens son regard peser sur moi avant même de me tourner vers elle. Quand je le fais, ses yeux sont remplis d’une émotion que je peine à identifier—de la douceur, de la vulnérabilité, mais aussi une force tranquille.— « Je ne
Gabriel22h00 – Un instant de répitLa pièce est baignée par la douce lueur de la lune qui filtre à travers les rideaux, projetant des ombres mouvantes sur le sol. Alba est allongée à côté de moi, sa tête posée sur mon torse, sa main traçant de lents cercles sur ma peau. Il y a une tension dans l’air, quelque chose qui s’est accumulé entre nous depuis des jours et qui, maintenant, semble enfin se libérer.Le silence n’est pas vide. Il est chargé de tout ce que nous n’avons pas encore dit, de ces émotions que nous avons trop longtemps redouté d’affronter. Mais ce soir, il n’y a plus de peur. Ce soir, tout semble à sa place.Je tends la main pour repousser une mèche de cheveux derrière son oreille, effleurant sa peau au passage. Elle bouge légèrement, lève les yeux vers moi. Son regard est sombre, empreint d’une intensité que je ne parviens pas à nommer—du désir, de la passion, mais aussi quelque chose de plus fragile, de plus brut.— Je n’aurais jamais cru ressentir ça à nouveau, murmu
Gabriel23 h 30 – Tension SilencieuseLe silence de la nuit nous enveloppe comme un manteau, doux et chaud. Après le dîner, après tous les mots échangés et ceux restés en suspens, il ne reste plus que notre présence. Alba est là, juste à côté de moi. Je sens le léger mouvement de sa respiration, la chaleur de son corps si proche du mien. Nous avons parlé, nous nous sommes confiés, et maintenant… maintenant, la suite semble inévitable.Mais rien n’est précipité. Il n’y a ni urgence, ni pression. Ce n’est pas le besoin qui nous pousse, mais quelque chose de plus profond. Une connexion qui s’est tissée entre nous, silencieuse, mais indéniable. Ce soir n’a rien à voir avec le chaos d’avant. Ce soir parle de ce que nous avons construit, de ce que nous avons trouvé l’un en l’autre, au milieu des ruines.Je baisse les yeux vers elle et, un instant, je vois sa vulnérabilité. Elle ne la cache plus, pas comme avant. Elle s’est ouverte, pas totalement, mais suffisamment pour que je distingue la
Gabriel19h00 – Mise en scèneLa ville s’est calmée, le soleil n’est plus qu’un souvenir lointain alors que la nuit étend son étreinte fraîche sur tout ce qui l’entoure. Le silence est revenu, ce genre d’accalmie qui suit une tempête. La tension dans l’air s’est dissipée, ne laissant qu’un calme presque irréel.J’ai prévu quelque chose pour ce soir. Alba mérite un moment spécial, quelque chose qui soit rien qu’à nous. Après tout ce que nous avons traversé, elle mérite de se sentir… appréciée. Je ne peux pas effacer le passé, mais peut-être que je peux lui offrir une soirée sans le poids du monde sur ses épaules.Je me tiens dans la petite cuisine de l’appartement que nous avons pris pour la nuit, la pièce baignée par la lueur douce des bougies que j’ai disposées. La table est simple—rien d’extravagant—mais suffisamment soignée pour donner de l’importance à ce moment. Une bouteille de vin rouge trône au centre, les verres déjà à moitié remplis, attendant l’instant opportun. Une musique
Gabriel7h00 – Un nouveau jourLa lumière du soleil traverse la fenêtre, projetant de longues ombres dans la pièce. Je suis encore allongé à côté d’Alba, mon bras autour d’elle, sa tête posée sur ma poitrine. La chaleur de son corps contre le mien me semble être une bouée de sauvetage. C’est étrange, à quel point tout a changé en si peu de temps, comment, il y a encore quelques heures, nous n’étions pas sûrs de ce que l’avenir nous réservait. Mais maintenant, sous cette lumière douce du matin, tout semble différent. Comme si nous avions entamé un nouveau chapitre de notre vie, même si nous ignorons encore où il nous mènera.Je ne veux pas bouger. Je ne veux pas troubler cette paix fragile que nous avons trouvée. Mais je sais que nous ne pouvons pas rester ici éternellement. Le monde extérieur nous attend, avec son chaos et son incertitude.Alba remue à côté de moi, sa main pressant légèrement ma poitrine alors qu’elle bouge. Elle n’ouvre pas les yeux, mais ses gestes sont lents, délib
Et quoi qu’il arrive, nous l’affronterons avec la même force qui nous a portés à travers nos jours les plus sombres.Parce que nous ne sommes plus seuls.Et ensemble, nous pouvons tout reconstruire.---1h00 – Un instant de calmeLa pièce est plongée dans l’obscurité, seulement éclairée par la lueur tamisée des lampadaires dehors. La pluie tombe toujours, créant une rythmique apaisante contre la fenêtre. Un calme étrange s’installe, celui qui semble irréel après des semaines de tension et de chaos. Comme un instant suspendu, volé à la réalité.Je suis assis au bord du lit, les coudes sur les genoux, observant Alba. Elle est installée dans le fauteuil près de la fenêtre, les jambes repliées contre sa poitrine, le regard perdu au-delà des gouttes de pluie. Elle semble fatiguée, pas seulement physiquement, mais profondément épuisée, vidée par tout ce qu’elle a dû traverser. Pourtant, elle reste droite, résiliente, comme si elle refusait de s’effondrer.Je devrais dire quelque chose. Bris