La fin du repas se fait dans un silence écrasant , ils n’osent carrément plus parler, et moi non plus, d’ailleurs, et puis, à seulement 21 heures précise, mes grands-parents montent déjà se coucher, j’imagine que tout comme moi, ils doivent être très fatigué.
J’en profite alors pour nettoyer la cuisine , et pour avancer ma grand-mère dans ces tâches ménagères, je rejoins ensuite la chambre qui m’a été attribué pour mon séjour ici…. Celle de ma mère. Je pénètre à l’intérieur d’un pas lent , tout en traînant des pieds, je me met en pyjama, je m’allonge sur son lit, et instinctivement , je ne peux m’empêcher de me ressasser tout ce qui a été dit pendant le repas : - La lune rouge. - Les loups en chaleur. - Les ont-dit. - Mais surtout l’inquiétude grandissante de mes grands-parents face à ce phénomène dit assez rare … Je me demande tout de suite , si la lune rouge a également un effet sur les habitants de cette île ? Les loups sont t’ils autant agressifs qu’ils ont pu me le dire ? La dernière lune rouge a eu lieu il y a presque 20 ans et je trouve vraiment cette histoire assez exagérée, je veux dire…Les loups… Ils sont quand même enfermé dans la réserve , non? Réserve qui doit être forcément sécurisé…Mais aussi gardé. Mon esprit de psy me pousse à chercher du rationnel, du tangible…Et j’en viens immédiatement à la conclusion que le folklore autour de la lune rouge et de cette race de loups anciens me semble démesuré, presque caricatural…Un peu comme dans les romans , où dans les contes pour enfants. — Arfff! Je relâche un gros soupir , et me tourne sur le côté, tout en essayant bien sûr de penser à autre chose, je m’endors rapidement, complètement lessivée par la route, le stress du voyage et… tout ce que cette journée m’a fait ressentir, mais très rapidement, mes rêves me trahissent : Des brides floues, des souvenirs mêlés à des images que je ne reconnais même pas. Des arbres immenses….La nuit , le noir…. Des hurlements au loin, ils se rapprochent… Et puis un loup. Immense… Gigantesque, féroce même. Les yeux rouges sang , tout comme la lune qui brille juste au dessus de nous, il me fixe, et mon souffle se coupe, en même temps que les pulsations que m’envoient mon cœur s’accélèrent. Et la…Il bondit ! Sur moi ! Je tombe, et puis…. Je hurle ! — Arf ?! Je me réveille en sursaut, haletante, en sueur, mon cœur cogne brutalement dans ma cage thoracique, un peu comme si il voulait s’en échapper. Je tremble, ce n’était qu’un rêve… Qu’un putain de rêve. Je me redresse lentement tout en clignant des yeux. Et clairement , je suis obligée de compresser ma poitrine pour tenter de calmer les battements brutaux que mon cœur m’envoie, je repense tout de suite à toute leur histoire de loups, de lune rouge, de mâles en rutes, et je me dis que j’ai peut-être pris tout ça un peu trop à cœur, mais aussi au sérieux. J’ai besoin d’air, et tout de suite ! Je me lève d’un geste brusque, et je me dirige tout de suite vers la fenêtre, je tente de l’ouvrir , mais rien à faire, elle est bloquée, ou peut être cassée, ou verrouillée, je n’en sais rien, mais elle ne s’ouvre pas ! Trop frustrée pour laisser tomber, je décide de sortir de ma chambre et de descendre,sur la pointes des pieds , un pas après l’autre, je rejoins le rez de chaussée, je passe devant la cuisine, puis j’arrive devant la porte d’entrée. Je la déverrouille en tentant de faire le moins de bruit possible, et je l’ouvre doucement, elle grince, alors , je me précipite dehors. Je prend instinctivement plusieurs bouffées d’air, et par réflexe je regarde tout autour de moi . Il fait noir….Nuit noire. Je regarde l’heure sur ma montre et constate qu’ill est 4h du matin. Mon cœur se serre quand je me décide à avancer, je fais quelques pas dans le jardin, l’air est frais, presque glacial, mais tellement agréable, peut être même apaisant. Je respire un bon coup, et sans trop y réfléchir, j’avance encore , et je m’éloigne un peu plus de la maison…Juste un peu….Juste quelques pas, le jardin est bordé par une forêt, et malgré moi, elle m’attire et je m’y laisse glisser puis entraîner. C’est magnifique, vraiment , tout est si beau ici. Même dans le noir, il y a quelque chose de presque irréel, quelque chose de magique : Des fleurs pâles que la lune éclaire à peine, des troncs immenses, de la verdure à perte de vue. Mais aussi…Le silence, qui est profond, et enveloppant. Je marche, je ne sais pas trop où je vais, et je sais que ne devrais pas m’éloigner autant, je le sais très bien même, mais tout est si calme ici, que je continue , que je profite de ce moment. Enfin…. jusqu’à ce qu’un craquement se fasse entendre. — Arf ?! Je me fige Instantanément, et je regarde autour de moi, j’ai été trop loin, je ne reconnais plus rien, et c’est là que ça se reproduit. Un deuxième craquement…Plus fort….Plus proche. Je me crispe et tends l’oreille ? Rien, plus rien… Juste mon souffle qui se bloque, et mon cœur qui implose dans ma poitrine. J’ai peur, je tremble, et j’entends celui de trop! Un troisième….Trop proche, juste derrière moi….Juste à mon oreille. Ma bouche s’ouvre lentement, j’écoute, et je l’entend!Alors , je cours, je fonce tout droit, sans réfléchir, sans me retourner, je cours de toutes mes forces, et toute ma puissance, je ne sais même pas où je vais, mais je détale quand même. Au fond de moi…Au plus profond de mes tripes, je le sens , je le sais que je suis suivie, pourchassée. Je l’entend, je sais que quelque chose est là juste derrière moi, et cette chose me cours après ! Mon coeur tremble , je n’ai plus de souffle, mais je fonce droit devant moi sans m’arrêter, les buissons , et les branches que je traversent me griffent les bras, et les jambes, j’ai la tête qui tourne, et le cœur au bord de l’explosion, il est à deux doigts de s’arracher de ma poitrine pour tomber raide mort au sol! Mais je continue , je ne lâche pas ! Je ne sais même pas comment, mais par miracle je retrouve enfin la maison, elle surgit devant moi, comme d’un mirage, comme une seconde chance , un échappatoire. Alors je cours encore plus vite , et je me projette carrément vers la porte, mon corps s’écrase contre le bois , et dans la seconde qui suit je l’ouvre, et la referme violemment derrière moi, puis je la verrouille… Enfin ! Je reste là, le dos contre le bois, à tenter de reprendre mon souffle…Mes mains tremblent comme tout le restant de mon corps. Je suis terrorisée, alors , j’écoute, mais il ne reste que le silence, il n’y a plus de bruit, il n’y a plus rien..Juste mon cœur qui bat encore trop fort, juste ma respiration que je n’arrive pas à calmer, j’ose jeter un coup d’œil par la toute petite fenêtre qu’il y a au dessus de la porte, rien, le noir total. Je fixe les bois, et j’ai la mauvaise impression que cette chose est encore là, je le sens dans mes tripes, et au plus profond de moi. Je sais , que quelque chose dehors, ne m’a pas quittée des yeux, que cette bête m’a poursuivi jusqu’ici, et qu’elle est toujours là, dans les bois , tout près de moi et de la maison de mes grands-parents…La réponse ne doit être que : Oui… Malgré tout ce qui a pu être dit ou fait, ce lien qui nous unit est toujours là, il n’a pas été entièrement brisé, et c’est peut-être grâce à lui que je trouve la force, au fond de moi, pour tenir fermement ce fil qui me raccroche à Kalyus et à son souffle de vie. Je me force à reprendre mes esprits… un peu trop lentement peut-être… mais je continue de me battre. Et à mesure que je lutte, je sens de nouveau sa chaleur m’envahir, puis mon cœur battre de plus en plus fort… une fois… deux fois… et enfin, le troisième coup est plus brutal, presque violent, et il me ramène brusquement à la vie. — Arrk ! Un bruit venu du plus profond de ma gorge m’échappe, il est instinctif, et chargé d’une détresse si brutale qu’il fend l’air comme d’un coup de lame. Mes yeux s’ouvrent, et l’instant d’après, mon corps se met à trembler, puis il se tord de douleur, et se plie dans tous les sens… Je tousse, tout en recrachant toute l’eau que j’ai pu avaler pen
J’arrive quand même à ressentir son souffle, mais aussi son corps trempé qui tremble. Chaque pas qu’il fait est plus rapide que le précédent. Je sens aussi ses bras qui me serrent contre lui, et je voudrais lui dire que je suis là… le remercier pour ce qu’il vient de faire pour moi… mais je ne peux tout simplement pas. Il s’arrête subitement, me place un peu mieux dans ses bras, et j’ai l’impression de le sentir comme hésiter, ce qui me pousse à reprendre conscience, et quand mes paupières s’entrouvrent, je comprends pourquoi. Devant moi, il n’y a plus que l’océan. Que la mer… Cette même mer qui était si calme quelques minutes avant, mais qui, maintenant, bouillonne, comme si elle voulait nous punir de vouloir tenter de quitter cette île. Le vent se lève, les vagues s’écrasent avec violence sur les rochers. Kalyus baisse les yeux sur moi, il embrasse mon front, et chuchote d’une voix basse et inquiète. — Je n’ai pas le choix… Tiens le coup s’il te plaît , Mira. Et sans atten
Il me fixe avec une détermination glaçante, ses babines tremblent quand il me crache d’une voix enragée.— Tu, tu es… u… une… men… menteuse… trai… traîtr… traîtresse…Je serre le rocher entre mes mains tremblantes, consciente que c’est ma seule chance.— Je… je sais ce que tu es… tu es…Il secoue la tête, grogne, et puis, ses crocs claquent dans ma direction :— Tu… tu vas mourir… sous… sous mes griffes, SORCIÈRE !Et c’est là qu’il bondit sur moi.Je l’esquive de justesse, tout en me décalant sur le côté, mais aussi, en repoussant sa masse furieuse, d’un coup de pierre sec et violent.Son corps dévié, il bascule, puis retombe lourdement au sol.Il se relève presque immédiatement, grogne d’un râle haineux, et me charge à nouveau ! Cette fois-ci, je lui envoie un autre coup de rocher en plein dans l’épaule.Et croyez-moi quand je vous dis que j’y mets toute ma force.Ça le stoppe, il couine de douleur, et se tord dans tous les sens.Il a l’air… blessé.Une faiblesse presque humaine tra
Voyant ma vulnérabilité, il me fonce dessus sans attendre, il me bondit dessus et me plaque brutalement sur le sol. Je tente de le repousser, de pousser sa gueule avec mes mains, mais il saisit mon bras de ses crocs tranchants, me soulève d’un simple mouvement de mâchoire et m’éjecte à nouveau violemment sur le sol. Je souffre, un cri s’éteint dans ma gorge, mon bras se casse, je le sens tout de suite à la douleur violente qui me transperce. Je tente quand même de me relever, mais il revient à la charge, plus violent, un peu comme dans une folie frénétique, qu’il ne tente même pas de contenir. — ARRÊTE PITIÉ ! NON. Il bondit sur moi, saisit ma gorge, et resserre ses crocs contre ma chair. Je ne bouge plus. Ma respiration se coupe, un peu comme les battements de mon cœur. Je sais que s’il contracte encore à peine sa mâchoire, ils me transperceront le cou, en une seule et brève pression. Il respire de plus en plus fort, son souffle humide et puant ricoche sur ma peau pendant de
Je ne le lâche pas du regard.Je me relève d’un geste très très lent, et lui fais face tout en espérant qu’il reste caché dans les bois.— Je suis désolée… Je suis perdue ! J’attends simplement que le jour se lève, pour pouvoir quitter votre île.Ma voix est basse et calme, et je sais que je n’ai pas besoin de parler plus fort pour qu’il m’entende.Je lui lance ça, tout en espérant qu’il me laisse tranquillement jusqu’à ce que le marin revienne.Mais malheureusement pour moi, il ne rebrousse pas chemin, il avance !D’un petit bond, il sort de sa cachette, et se dirige dans ma direction.Mon cœur s’emballe, mais je tente de contenir ses battements, pour ne pas qu’il les entende.Je le trouve tout de suite bizarre, il marche d’un pas bancal, presque douloureux.Ce n’est pas un loup comme les autres.Je l’examine une courte seconde, et le constat est effroyable : sa gueule est de travers, il lui manque des crocs, et son museau est griffé et tordu par endroits.Putain ! Mais il lui manque
Le temps semble se suspendre un court instant, quelques minutes plus tard, le marin revient, et l’instant d’après, le bateau s’éloigne du ponton. À ce moment précis, un frisson glacial me transperce. Je m’en vais… Je l’ai décidé sur un coup de tête, sur une dispute de trop, mais je pars quand même. À mesure que le bateau s’éloigne, j’ai l’impression que ma flamme s’affaiblit, mais aussi, que ma louve s’agite. Puis soudain… un vertige violent me plaque contre le mur de la cabine. Mon souffle s’accélère, mes muscles se contractent, et la panique s’infiltre dans chacune de mes veines, comme un violent venin. Je comprends… je le sens : La déchirure. Le lien… qui se fissure ou se brise, c’est douloureux, brutal même comme sensation. Atroce, comme un coup de poignard en pleine poitrine. Je suffoque, mes mains tremblent, et puis, ma gorge se serre, j’ai même l’impression qu’on m’arrache les entrailles, qu’on m’évide vivante. Je crie, mais aucun son ne sort. Ma louve