Je termine de préparer le repas avec ma grand-mère, qui me demande ensuite de mettre la table, je la regarde un instant, tout en me demandant pourquoi cette atmosphère étrange persiste, mais je me tais, je ne dis rien pour le moment, je me montre obéissante, et je me dirige vers la salle à manger.
C’est là que je vois mon grand-père en train de verrouiller les volets avec de gros morceaux de bois, je m’arrête un instant, intriguée encore une fois, mais je ne dis rien, j’analyse la situation , et je préfère me faire mes propres réflexions : Je me dis tout de suite qu’il y a peut-être des bêtes sauvages dans le coin… Par exemple des ours ? Cette idée me traverse l’esprit, mais je préfère ne pas poser de questions tout de suite, à la place , je continue de mettre la table. Et puis quelques longues secondes plus tard , ma grand-mère arrive enfin, elle porte la grosse marmite, et rapidement, nous nous installons tous à table, tout d’abord, c’est le calme, un silence assez lourd et chargé de non-dit envahi la pièce, et presque instinctivement , je ressens le regard de mon grand-père qui me fixe. Je relève les yeux sur lui , et dans son regard j’y lis tout de suite de l’inquiétude , mais aussi une sorte de nervosité qu’il peine à dissimuler, il ne semble pas être à l’aise, et quelque chose me dérange immédiatement dans son attitude, alors , je brise le silence, malgré moi et peut-être sans trop le vouloir. — “Dis, papi, il y a des ours dans le coin ?” Je souris légèrement, tout en espérant détendre l’atmosphère, et la réaction de mon grand-père ne me rassure pas, il rit doucement, et un peu trop nerveusement à mon goût. — “Non, ma puce, pas d’ours ici. " — “Ni aucun gros prédateur qui y ressemble.” Je hausse un sourcil, et lui demande encore : — “Alors, pourquoi est-ce que tu as verrouillé les fenêtres avec de gros bouts de bois ?” Mon grand-père me fixe, puis détourne les yeux vers ma grand-mère et ils échangent un regard silencieux entre eux, il hésite un instant, et je ressens immédiatement une espèce de tension qui s’installe lentement dans la pièce. Finalement, il prend une grande inspiration avant de me répondre d’une voix beaucoup plus hésitante qu’il ne le voudrais. — “Demain soir, ou au plus tard après-demain, dans la nuit, la…” Il se stoppe, jette à nouveau un regard à ma grand-mère, qui reprend à sa place , tout en continuant sa phrase. — “Un phénomène assez rare va se produire.” Je fronce les sourcils, une curiosité grandissante en moi… C’est encore plus étrange. — “Ah bon ? C’est chouette, c’est quoi comme phénomène ?” Je pense tout de suite à une pluie d’étoiles filantes, ou peut-être à quelque chose de similaire, et le suspense est de courte durée, mon grand-père reprend la parole à son tour, d’un ton un peu plus sérieux. — “Cette nuit-là, la Lune rouge s’élèvera haut dans le ciel.” Je reste figée un instant. — “La Lune rouge ?” Je le répète , complètement intriguée. Ma grand-mère m’adresse un regard toujours aussi inquiet , ses yeux se plissent légèrement quand elle ajoute : — “Ou la Lune de Sang, comme beaucoup l’appellent ici.” Je détourne instinctivement mon regard vers mon grand-père, peut être en espérant qu’il continue en me donnant un peu plus de réponses. ( La Lune rouge ? ) Clairement, je n’ai jamais entendu parler de ce phénomène, je m’apprête donc a poser d’autres questions sur ce fameux phénomène, quand ma grand mère reprend : — “Elle est assez rare, et… la dernière fois que nous avons pu l’apercevoir, c’était la nuit de ta naissance Mira, il y a bientôt vingt ans de ça.” Un frisson me traverse, je baisse la tête et je fixe la table malgré moi , tout en pensant à ce qu’elle vient de me dire : la dernière lune rouge était la nuit de ma naissance… Ce que je trouve encore plus étrange, un peu comme tout le reste d’ailleurs. Tout ceci commence à m’intéresser beaucoup plus que je n’aurais pu le penser, je relève finalement les yeux vers mon grand-père, qui semble toujours un peu tendu mais aussi préoccupé par cette fameuse lune qui approche, et je comprend rapidement pourquoi , quand il reprend en ajoutant : — “Le souci avec cette lune rouge, c’est qu’elle a un impact direct sur le comportement des loups de la réserve.” Il marque une pause, comme s’il s’assurait que j’assimiler correctement ces mots. (Des loups ?)Comment des loups peuvent t’ils faire trembler à ce point mes grand parents ? — “Il parait, qu’ils deviennent beaucoup plus agressifs, et que les mâles sortent même de leurs territoires les nuits de Lune rouge.” Il continue, d’une voix beaucoup plus grave, un peu comme si chaque mot était un avertissement de ce qui allait se produire cette nuit là. — “Cette période est assez spéciale pour eux.” — “ La légende dit , que c’est à ce moment précis qu’ils…” Ma curiosité est maintenant complètement captée, et j’attends la suite totalement suspendue à ses lèvres. — “Que les mâles cherchent à se reproduire.” Je fronce les sourcils, car n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais…Des loups en rutes ? Voilà tout ?! C’est bien plus normal et beaucoup moins inquiétant que je ne l’imaginais, mes grands-parents ajoutent ensuite quelques détails, supplémentaires: Tout d’abord que ce sont les descendant directs des Carnius-Lycantropius, qui est une ancienne race de loup entièrement décimé. Ce qui fait de certains d’entre eux, des animaux plus grands et plus fort, ensuite que la Lune rouge a un effet direct sur eux : Elle les rend plus féroces, plus agités, mais aussi, ils se permettent de s’introduire sur les territoires humains pendant cette nuit si spécial pour eux, et que parfois , des attaques peuvent se produire. Du coup , je comprends maintenant pourquoi ils verrouillent tout,mais personnellement, dans un coin de ma tête, je ne peux pas m’empêcher de trouver cela un peu excessif et exagéré pour des “ loups en chaleur”, c’est un comportement naturel pour eux ,non ? Alors… La prudence est compréhensible, mais ça m’apparaît presque disproportionné. Je regarde mes grands-parents, tout en essayant de déchiffrer leur comportement, mais surtout leur nervosité apparente, je suis en train d’analyser cette situation, un peu malgré moi, mais je le fais quand même. Car j’ai besoin de comprendre ce qui se cache derrière cette attitude un peu trop inquiète à mon goût… Peut-être que, comme à mon habitude, mon esprit de psychologue prend le dessus et qu’il veut juste trouver des réponses… Mais la, j’ai juste la drôle d’impression , qu’ici, tout est encore plus complexe que ça peut y paraître, qu’ils ne me disent pas tout, et qu’ils me cachent délibérément certaines choses…La réponse ne doit être que : Oui… Malgré tout ce qui a pu être dit ou fait, ce lien qui nous unit est toujours là, il n’a pas été entièrement brisé, et c’est peut-être grâce à lui que je trouve la force, au fond de moi, pour tenir fermement ce fil qui me raccroche à Kalyus et à son souffle de vie. Je me force à reprendre mes esprits… un peu trop lentement peut-être… mais je continue de me battre. Et à mesure que je lutte, je sens de nouveau sa chaleur m’envahir, puis mon cœur battre de plus en plus fort… une fois… deux fois… et enfin, le troisième coup est plus brutal, presque violent, et il me ramène brusquement à la vie. — Arrk ! Un bruit venu du plus profond de ma gorge m’échappe, il est instinctif, et chargé d’une détresse si brutale qu’il fend l’air comme d’un coup de lame. Mes yeux s’ouvrent, et l’instant d’après, mon corps se met à trembler, puis il se tord de douleur, et se plie dans tous les sens… Je tousse, tout en recrachant toute l’eau que j’ai pu avaler pen
J’arrive quand même à ressentir son souffle, mais aussi son corps trempé qui tremble. Chaque pas qu’il fait est plus rapide que le précédent. Je sens aussi ses bras qui me serrent contre lui, et je voudrais lui dire que je suis là… le remercier pour ce qu’il vient de faire pour moi… mais je ne peux tout simplement pas. Il s’arrête subitement, me place un peu mieux dans ses bras, et j’ai l’impression de le sentir comme hésiter, ce qui me pousse à reprendre conscience, et quand mes paupières s’entrouvrent, je comprends pourquoi. Devant moi, il n’y a plus que l’océan. Que la mer… Cette même mer qui était si calme quelques minutes avant, mais qui, maintenant, bouillonne, comme si elle voulait nous punir de vouloir tenter de quitter cette île. Le vent se lève, les vagues s’écrasent avec violence sur les rochers. Kalyus baisse les yeux sur moi, il embrasse mon front, et chuchote d’une voix basse et inquiète. — Je n’ai pas le choix… Tiens le coup s’il te plaît , Mira. Et sans atten
Il me fixe avec une détermination glaçante, ses babines tremblent quand il me crache d’une voix enragée.— Tu, tu es… u… une… men… menteuse… trai… traîtr… traîtresse…Je serre le rocher entre mes mains tremblantes, consciente que c’est ma seule chance.— Je… je sais ce que tu es… tu es…Il secoue la tête, grogne, et puis, ses crocs claquent dans ma direction :— Tu… tu vas mourir… sous… sous mes griffes, SORCIÈRE !Et c’est là qu’il bondit sur moi.Je l’esquive de justesse, tout en me décalant sur le côté, mais aussi, en repoussant sa masse furieuse, d’un coup de pierre sec et violent.Son corps dévié, il bascule, puis retombe lourdement au sol.Il se relève presque immédiatement, grogne d’un râle haineux, et me charge à nouveau ! Cette fois-ci, je lui envoie un autre coup de rocher en plein dans l’épaule.Et croyez-moi quand je vous dis que j’y mets toute ma force.Ça le stoppe, il couine de douleur, et se tord dans tous les sens.Il a l’air… blessé.Une faiblesse presque humaine tra
Voyant ma vulnérabilité, il me fonce dessus sans attendre, il me bondit dessus et me plaque brutalement sur le sol. Je tente de le repousser, de pousser sa gueule avec mes mains, mais il saisit mon bras de ses crocs tranchants, me soulève d’un simple mouvement de mâchoire et m’éjecte à nouveau violemment sur le sol. Je souffre, un cri s’éteint dans ma gorge, mon bras se casse, je le sens tout de suite à la douleur violente qui me transperce. Je tente quand même de me relever, mais il revient à la charge, plus violent, un peu comme dans une folie frénétique, qu’il ne tente même pas de contenir. — ARRÊTE PITIÉ ! NON. Il bondit sur moi, saisit ma gorge, et resserre ses crocs contre ma chair. Je ne bouge plus. Ma respiration se coupe, un peu comme les battements de mon cœur. Je sais que s’il contracte encore à peine sa mâchoire, ils me transperceront le cou, en une seule et brève pression. Il respire de plus en plus fort, son souffle humide et puant ricoche sur ma peau pendant de
Je ne le lâche pas du regard.Je me relève d’un geste très très lent, et lui fais face tout en espérant qu’il reste caché dans les bois.— Je suis désolée… Je suis perdue ! J’attends simplement que le jour se lève, pour pouvoir quitter votre île.Ma voix est basse et calme, et je sais que je n’ai pas besoin de parler plus fort pour qu’il m’entende.Je lui lance ça, tout en espérant qu’il me laisse tranquillement jusqu’à ce que le marin revienne.Mais malheureusement pour moi, il ne rebrousse pas chemin, il avance !D’un petit bond, il sort de sa cachette, et se dirige dans ma direction.Mon cœur s’emballe, mais je tente de contenir ses battements, pour ne pas qu’il les entende.Je le trouve tout de suite bizarre, il marche d’un pas bancal, presque douloureux.Ce n’est pas un loup comme les autres.Je l’examine une courte seconde, et le constat est effroyable : sa gueule est de travers, il lui manque des crocs, et son museau est griffé et tordu par endroits.Putain ! Mais il lui manque
Le temps semble se suspendre un court instant, quelques minutes plus tard, le marin revient, et l’instant d’après, le bateau s’éloigne du ponton. À ce moment précis, un frisson glacial me transperce. Je m’en vais… Je l’ai décidé sur un coup de tête, sur une dispute de trop, mais je pars quand même. À mesure que le bateau s’éloigne, j’ai l’impression que ma flamme s’affaiblit, mais aussi, que ma louve s’agite. Puis soudain… un vertige violent me plaque contre le mur de la cabine. Mon souffle s’accélère, mes muscles se contractent, et la panique s’infiltre dans chacune de mes veines, comme un violent venin. Je comprends… je le sens : La déchirure. Le lien… qui se fissure ou se brise, c’est douloureux, brutal même comme sensation. Atroce, comme un coup de poignard en pleine poitrine. Je suffoque, mes mains tremblent, et puis, ma gorge se serre, j’ai même l’impression qu’on m’arrache les entrailles, qu’on m’évide vivante. Je crie, mais aucun son ne sort. Ma louve