Sur le pas de la porte de la cuisine, Eba resta un moment troublée. Elle ne savait pas quoi faire. Depuis la fenêtre, sa mère n'arrêtait pas de lui faire des injections silencieuse. Avec des gestes de la mains frénétiques, elle l'encourageait à rejoindre Kouamé.
Eba restait perplexe. Devait-elle vraiment obéir à sa mère ou suivre son instinct ? La fille du contremaître hésitait. Elle se sentait prise entre deux feus. Elle avait bien envie de défier sa mère. Elle voulait jeter le panier de fruits, courir le plus loin possible et aller se cacher quelque part, près de la lagune, là où personne n'irait déranger sa quiétude. Mais agir ainsi c'était prendre le risque de tenir à sa mère et Eba connaissait trop la fureur de celle-ci pour oser ainsi la défier. Alors, Eba décida d'obtempéEba inspecta son aspect dans le reflet de la vitre de la salle à manger de la grande maison. Elle était jolie dans sa robe. Une nouvelle robe qu'elle avait passé vite fait avant de venir. Elle n'avait pas eu beaucoup de temps et dû prendre encore quelques minutes à vérifier qu'elle était présentable, qu'elle était belle et elle l'était. Du moins, c'était en tout cas cette certitude que lui renvoyait la vitre de la salle à manger.Enfin rassurée de son charme, Eba s'avança lentement dans la pièce. Elle traversa la salle de séjour plongée dans une demi obscurité et monta les escaliers le cœur battant.Savoir qu'il l'attendait la mettait en émoi, dans un état proche de la transe. Elle ne savait pas ce qu'il lui voulait ni de ce dont il comptait discuter avec elle. Il ne lui avait donné aucune ex
Dehors, il pleuvait une averse. Une vraie tempête qui avait le don de provoquer un vent impétueux et qui humidifiait le paysage tout entier. Postée à l'une des entrées de la l'imposante demeure qui tombait malheureusement en ruines, Angès Lebourgois observa le désastre d'un air morose avant de vite refermer les portes. Sa servante Adjara accourut aussitôt et vient l'aider à verrouiller les lourdes portes en bois.— Les autres portes sont-elles fermées ? s'enquit la jeune maîtresse à sa domestique.Celle-ci se dépêcha d'hocher la tête.— Elles sont toutes fermées mademoiselle, lui assura t-elle poliment.Adjara disait vrai. Elle était d'ailleurs toute trempée d'avoir été obligé de courir sous la pluie pour effectuer cette lourde tâ
Chapitre 16La petite Eba courait. Elle était essoufflée et ses poumons manquaient d'air mais elle continuait de courir. Il ne fallait pas qu'elle s'arrête. Le temps était compté. La pénombre recouvrait l'ensemble du domaine et il faisait une nuit noire. Mais la jeune fille n'avait aucun mal à se repérer. Elle traversa le magnifique jardin qui séparait la grande maison habitée par Xavier. De l'autre côté, la modeste cabane en bois appartenant à son père. Elle pouvait la voir au loin. Encore quelques mètres et elle allait l'atteindre.Eba avait hâte d'arriver enfin à destination.Ils devaient tous la chercher où s'inquiéter. Elle s'était éclipsée en douce depuis le début de la soirée et n'était plus réapparue. Une telle imprudence avait été une idiotie. La jeu
Sur le petit cahier que je tiens en main, je regarde les nombreuses pages noircies au bic. Ces lignes, c'est moi qui les ai écrites. Sans m'arrêter, j'ai écrit. Encore et encore. Toute la nuit. Il le fallait si je voulais mettre des mots sur les faits qui m'ont été relaté. Toute cette histoire....Ça me dépasse !En tant qu'homme de Dieu, je n'ai jamais vu ça. D'ailleurs, je dois l'admettre, je suis perturbé au dedans de moi. Pourtant, il faut que je me reprenne.Si je veux efficacement prier pour que cette âme soit délivrée, il faut que je me ressaisisse.Alors écrire m'a aidé à le faire. De loin, je préfère cette alternative au risque de divulguer une confession. Parceque c'est de cela qu'il s'agit. Une confession.Hier, une inconnue est venue me voir. C'était une jeune femme. Une jeune dame bien
Dans le véhicule de transport en commun qui la ramenait dans son quartier à Marcory Remblais, Pauline ne décolérait pas. Elle avait toujours le visage fermé et la bouche tirée. Contre Sandra, Pauline était très remontée. Pendant tout le trajet en voiture, elle rumina sa rancœur. Pauline était blessée. Les remarques dures de son amie lui avaient fait du mal. Dans sa tête, elle entendait toujours ses reproches.Insinuer que c'était de sa faute à elle si elle était toujours célibataire à trente ans ! Non mais pour qui Sandra se prennait-elle ? Soit disant parcequ'elle avait eu la chance de se marier très tôt avec un bon parti tel que Léandre Konan, son amie pensait que ce devait être aussi facile pour les autres.— N'importe quoi ! siffla t-elle amère. Si elle revo
Il faisait nuit. Il faisait noir. L'air était frais.Pauline frissonnait. A cette heure tardive du soir, la brise de la mer apportée par le vent lui glaçait les os. Pauline tremblait. Elle tremblait de froid. Mais pas seleument. Pauline avait également peur. Dans sa bouche, ses dents claquaient. Aux aguets, elle prêtait l'oreille. Ses yeux eux, allaient dans tous les sens. Plusieurs fois, elle se tourna et se retourna sur elle-même. Dans l'obscurité, elle guettait. Elle scrutait les ombres, les fouillait. Elle tentait de détecter la moindre menace. Mais il n'y avait rien. Pauline ne voyait rien. L'obscurité était totale. Les environs étaient désert. Sur cette plage du bidonville d'Adjouffou situé dans la commune de Port-Bouet, il n'y avait personne. Personne d'autre à part elle, Coralie qui la précédait et Mama Lokossoué, la vielle voyante qui ferma
Pauline avait chaud. L'atmosphère à l'intérieur de la boîte de nuit lui paraissait suffoquante. La jeune femme étouffait. Elle transpirait. Junchée sur un tabouret au bar, elle n'arrêtait pas de s'éventer. Pour se rafraîchir, elle se désaltérait. A elle seule, elle avait déjà vidé deux verres de mojitos.Mais rien n'y faisait. Pauline crevait toujours autant de chaleur. Et elle ne comprenait pas. C'était vraiment étrange ! D'abord parce qu'il y avait la climatisation qui donnait à fond. Ensuite parce qu'elle semblait être la seule dans cette situation. Les autres clients avaient l'air de se porter à merveille. On aurait dit qu'ils n'étaient pas dans le même endroit.Occupés à consommer leur boisson, les gens remplissaient allégrement l'espace. La boîte de nuit était pleine &
Chapitre 6Sur son siège, Pauline se redressa, mais resta immobile. Le laissant venir à elle, elle se contenta de le contempler. L'homme qui peuplait ses rêves était beau.Grand, musclé avec de larges épaules, il était encore plus à tomber par terre en vrai que lorsqu'elle le voyait à la télé. Dans son costume deux pièces, il était d'une élégance naturelle. La démarche assurée, il s'avançait. Il fendait la foule sans se presser. Sur son passage, les gens s'écartaient instinctivement, comme poussés par une force invisible. C'était à la fois fascinant et déroutant. Pauline était dans tous ses états. Elle suait. Elle transpirait. Etrangement, la chaleur qui l'accablait semblait s'accroître. Comme une vielle ménauposée, elle était prise de terribles bouf