Chapitre 5

Le visage de Ghislaine s'est figé instantanément.

Cet homme savait vraiment gâcher l'ambiance.

Les pas ont résonné jusqu'à ce que Tristan apparaisse à l'entrée de la penderie. Lorsqu'il a découvert son vide, ses reproches sont morts dans sa gorge.

Après un long silence, il a ricané : « Parfait, encore une nouvelle comédie ? Tu as fait exprès de ne pas m'informer de ta sortie aujourd'hui ? Pour me faire culpabiliser ? »

« Et maintenant, tu vides la maison pour jouer à la fugue ? Tu as trois ans ? Quand je tends la perche, tu devrais savoir la saisir. Cesse ces enfantillages ! »

Ghislaine n'avait même pas ouvert la bouche qu'elle se prenait déjà cette volée de reproches.

Elle a fixé l'homme devant elle avec un calme déconcertant avant de demander : « Tu as fini ? »

Trois petits mots ont cloué le bec de Tristan.

Il l'a dévisagée, incrédule, réalisant soudain à quel point elle avait changé : « Pourquoi ne mentionne-t-elle même pas Katia à l'hôpital ? Avant, elle m'aurait harcelé de questions indirectes au moindre contact avec une femme. Elle s'est déjà disputée avec moi à cause de Katia... Pourquoi cette sérénité maintenant ? Serait-ce encore un coup monté ? »

Cette série d'interrogations s'est traduite par un dégoût manifeste dans son regard. Il a déclaré avec condescendance : « Ghislaine, tu as changé. L'ancienne toi était certes agaçante, mais avait du charme. La nouvelle n'a même plus ça. »

Ghislaine a soutenu son regard avec la même impassibilité : « Par charme, tu veux dire une tolérance illimitée envers tes écarts de conduite ? »

« Ah ! Donc tu es toujours en colère ! Une semaine après, tu rumines encore ? » Triomphant, comme s'il venait de démasquer une supercherie, Tristan a retrouvé toute son assurance.

Ghislaine ne lui a pas répondu. Elle a baissé simplement les yeux et a repris le classement de ses croquis, comme si l'homme n'était déjà plus là.

Tristan, persuadé d'avoir touché là où ça fait mal et de pouvoir de nouveau la manipuler, a poursuivi d'un ton méprisant : « Bon, on en reparlera quand tu auras retrouvé ton calme. Je ne rentrerai pas ces jours-ci. »

Il a tenu parole : la semaine suivante, il n'a pas mis les pieds à la maison.

Ghislaine, quant à elle, a profité de cette tranquillité pour faire le tri méthodiquement. À l'approche de la fin des vacances, l'appartement autrefois si rempli ne comptait plus qu'un canapé et une chaise suspendue.

Ironie du sort : Katia possédait les modèles identiques.

Depuis que son téléphone était tombé en panne, elle n'en avait pas racheté. Elle patienterait ces deux semaines avant d'entamer vraiment sa nouvelle vie.

Elle a emporté ses affaires dans deux parcs éloignés pour une vente de charité, espérant éviter les connaissances. Alors que les acheteurs se pressaient, trois silhouettes familières sont apparues au loin.

Katia a feint la surprise : « Ghislaine ? Que fais-tu ici ? Qu'est-ce que tu vends ? »

Tristan, d'abord irrité, pensait qu'elle cherchait encore à attirer son attention. Mais lorsqu'il a vu soudain le contenu de l'étal, ses pupilles se sont dilatées de surprise : « Ghislaine, ce sont nos affaires ! Tu les vends ? »

Nathan a reconnu quelques objets et s'est précipité pour saisir un modèle de voiture : « C'est ma voiture miniature ! »

Mais avant qu'il ne puisse l'attraper, Ghislaine a bloqué son poignet avec un sourire poli : « Petite correction : ce n'est pas ta voiture, c'est la voiture que j'ai achetée. »

« Ce kaléidoscope souvenir ? Acheté par moi. Ce cadre photo sert de diamants ? Acheté par moi aussi... »

Elle énumérait chaque objet avec une précision méticuleuse, comme un inventaire de leurs déchirures passées. Puis, relevant les yeux vers Tristan, elle a déclaré ironiquement : « Voilà, tous ces trésors que vous méprisiez, dont vous moquiez mon 'mauvais goût'... Quel mal y a-t-il à les vendre pour la bonne cause ? »

Tristan la regardait comme un étranger.

Son regard est tombé ensuite sur un cadre plus grand. Il a demandé, surpris : « Celui-là contenait notre photo de mariage ! Où est-elle, la photo ? »

Ghislaine a suivi son regard, jouant l'innocence avec une cruauté calculée : « La photo ? Quelle photo ? Ce cadre a toujours été vide, non ? »

« GHISLAINE ! Ne pousse pas trop loin ! »

Katia, jalouse de l'attention que Tristan lui portait, s'est accrochée à son bras avec une affectation ridicule : « Ne t'y trompe pas, Ghislaine. Tristan veut juste préserver votre mariage. »

Pour la première fois, Ghislaine a admiré l'audace sans borne de cette femme.

« Vraiment ? Un homme soucieux de son mariage ne laisserait pas une autre femme se pendre à son bras devant son épouse. »

Les mots ont fait l'effet d'une brûlure, et Tristan s'est dégagé violemment.

Déjà, Ghislaine avait tout rangé dans une caisse. Son regard a balayé le trio avec un mépris définitif : « Grâce à vous, ma vente est ruinée. Continuez votre petite promenade amoureuse. Moi, j'ai une charité à faire ailleurs. »