Chapitre 8

Ghislaine a ouvert les yeux à l'hôpital au petit matin suivant.

Le médecin, l'air préoccupé, lui a expliqué la situation : « Avec vos blessures non cicatrisées et ces deux nouveaux coups de couteau... Sans l'intervention d'un passant, vous auriez pu succomber à une hémorragie. À l'avenir, faites-vous accompagner par votre famille quand vous êtes vulnérable. »

Un passant ? Mais Tristan était là, juste devant elle... Qu'avait-il fait ?

Le souvenir de la scène du bar lui est revenu en flash. Puis, avec un sourire amer aux lèvres, elle a murmuré : « Je n'ai plus de famille... »

« Ghislaine, je ne comprends pas comment tu oses encore t'accrocher à Tristan », une voix hautaine de Katia a fendu soudain l'air.

Appuyée contre le cadre de la porte, rayonnante de santé, elle toisait Ghislaine avec un sourire victorieux.

« Hier, une simple comédie d'évanouissement a suffi à ce qu'il t'abandonne pour me porter secours », elle s'est avancée, jouant avec une mèche de cheveux, « À ta place, j'aurais demandé le divorce depuis longtemps. »

« C'est grâce à cette absence totale de dignité que tu as réussi à le garder toutes ces années ? »

« Ghislaine, je t'ai sous-estimée... Tu as la vie dure. »

Chaque mot suintait le mépris.

Katia s'attendait à une réaction de colère, mais elle a eu tort.

Ghislaine l'a fixée avec un calme dédaigneux avant de lâcher, d'une voix douce comme une lame :

« Puisque tu as des vertiges, repose-toi. Joue mieux la comédie. On ne sait jamais, si ton petit jeu était découvert, ton beau rêve s'évaporerait en un clin d'œil. »

« Toi ! » Katia allait répliquer quand des pas dans le couloir ont fait sonner l'alarme dans sa tête.

En un éclair, elle s'est précipitée vers le lit et s'est laissée tomber au sol avec un gémissement théâtral : « Ghislaine... Je voulais juste prendre de tes nouvelles. Pourquoi me pousser ? Qu'ai-je fait de mal ? »

Oui, comme par hasard, ces fausses paroles étaient les premières que Tristan et Nathan ont entendues en arrivant.

Tristan n'a pas pu contenir sa colère. Il est entré d'un pas rageur, a relevé Katia avec une douceur inattendue, puis a foudroyé Ghislaine du regard : « Qu'est-ce qui te prend ? C'est toi qui t'es mise à dos des inconnus, et tu t'en prends à Katia ? »

Nathan, tel un petit chien de combat, s'est rué sur Ghislaine et lui a asséné un coup de poing en plein sur la blessure abdominale : « Méchante femme ! »

Le coup a atterri exactement sur la plaie à vif. Ghislaine a eu un hoquet de douleur, sentant aussitôt le sang chaud imbiber son bandage.

Tremblante, elle est parvenue à appuyer sur le bouton d'appel d'une main vacillante.

Tristan, figé, regardait la scène se dérouler avec une soudaine lueur de remords.

L'infirmière a accouru, s'affairant à changer les pansements ensanglantés. Après avoir compris la situation, elle s'est tournée vers Tristan, contenant difficilement son indignation : « Vous êtes le père ? Vous ne savez pas éduquer votre enfant ? Frapper une patiente sur ses blessures... S'il avait provoqué une hémorragie, en assumeriez-vous les conséquences ? »

Tristan a ouvert la bouche... mais aucun son n'en est sorti.

Katia a joué immédiatement les conciliatrices, sourire mielleux aux lèvres : « Il est si jeune, il ne réalise pas la gravité de ses actes. »

Nathan, sentant la protection, s'est blotti derrière elle comme un lâche.

L'infirmière a plissé les yeux, reconnaissant soudain Katia : « Ah, c'est vous, cette fameuse maîtresse, qui avez fait tous les examens pour rien l'autre jour ? Franchement, vos simagrées d'évanouissement ont des limites ! Ne prenez pas les gens pour des imbéciles ! »

Ces mots dépassaient ses attributions, mais son indignation était trop forte.

Katia a paniqué, surtout sous le regard soudain méfiant de Tristan.

Désespérée, elle s'est tournée vers Ghislaine : « Même si tu me détestes, inventer de tels mensonges est ignoble ! » Un sanglot bien calculé accompagnait ses paroles.

Tristan a changé immédiatement de camp.

« Tu me déçois profondément », a-t-il grondé vers Ghislaine, « Tu vas présenter tes excuses à Katia. »

Ghislaine, qui avait frôlé la mort après deux coups de couteau, abandonnée par son propre mari, devait-elle maintenant s'excuser devant sa maîtresse en parfaite santé ?

Quelle farce macabre.

Les lèvres serrées, elle a fermé les yeux, son silence valant réponse.

Tristan a explosé : « Si tu refuses, ne compte plus jamais sur ma visite ! »

Sur ces mots, il a quitté la chambre d'un pas rageur.

Il tenu parole. Pendant quinze jours, pas une seule apparition. Quant à Katia, elle, inondait quotidiennement Ghislaine de photos de leur « vie de famille » parfaite.

Ghislaine ne daignait même pas les ouvrir, se contentant de tout archiver dans un dossier.

Le jour où le divorce a pris effet, elle a quitté l'hôpital contre avis médical. À la maison, elle a emballé ses derniers effets, a acheté son billet, et a programmé un email automatique contenant toutes ces preuves d'adultère.

En partant, elle a posé les papiers du divorce bien en évidence.

Adieu, cette maison étouffante.

Adieu, ce père et ce fils qui lui avaient brisé le cœur.

Désormais, elle ne souhaitait qu'une chose : NE PLUS JAMAIS LES REVOIR !