L’épouse transparente

Le lendemain matin, Ghislaine s'est levée tôt. Après s'être préparée, elle a enfilé un costume noir qu'elle avait sorti la veille.Elle a contemplé son reflet fatigué dans le miroir avec une ironie mordante : cet état lui irait parfaitement pour une visite au cimetière.Dans le salon, Nathan a émis un « Tss » bruyant, puis, soulevant son assiette de pâtes à moitié pleine, il l'a heurtée volontairement.La sauce et les spaghetti se sont étalés sur ses vêtements. Le garçon a ricané, méprisant : « Tu es vraiment dégueulasse. »Ghislaine observait, le cœur serré, cet enfant autrefois si docile, désormais transformé en un être grossier et mal élevé.Autrefois, pour lui trouver les meilleurs professeurs, elle avait bravé la pluie battante pour convaincre un maître réputé, attrapant une fièvre qui l'avait terrassée trois jours durant. Mais tous ses efforts n'avaient pas suffi à remettre Nathan dans le droit chemin. Sous l'influence toxique de Katia, il s'enfonçait chaque jour un peu plus dans

22h, Ghislaine était blottie sous sa couette, enroulée jusqu'au cou, mais rien n'y faisait : des frissons glacés la parcouraient par vagues. Sa tête était lourde, embrumée, son corps tantôt brûlant, tantôt glacé.Elle ne savait même pas à quel moment elle sombrait dans le sommeil. Et à son réveil, son esprit restait engourdi, comme figé.Elle s'est levée en titubant pour se verser de l'eau chaude. Mais ses mains défaillirent et la bouilloire lui a échappé, s'écrasant au sol. L'eau bouillante a giclé sur ses pieds et ses jambes.La douleur l'a réveillée brièvement. Instinctivement, elle s'est dirigée vers la salle de bain pour rincer à l'eau froide. Mais à peine avait-elle ouvert le robinet qu'un vertige violent l'a saisie. Le monde a commencé à tournoyer puis c'était le noir, son corps s'effondrant dans la baignoire.Dans ses derniers instants de conscience, une pensée fugace : « Et si je mourais ici, comme ça... »Le ciel a eu pitié de Ghislaine. Son réveil à l'hôpital s'est accompagn

Ghislaine s'est éloignée, sa lourde caisse dans les mains.Tristan ne l'a pas suivie. Elle ne l'avait d'ailleurs pas espéré. Avec Katia à ses côtés, comment aurait-il pu penser à qui que ce soit d'autre ?La vente s'est éternisée jusqu'au crépuscule.En ces derniers jours de vacances, tout le monde semblait vouloir profiter au maximum. Ghislaine refusait de sombrer dans l'auto-apitoiement. Elle s'est dirigée alors vers ce bar qu'elle avait toujours adoré de loin mais jamais osé fréquenter. L'endroit, au style bohème chic, contrastait avec les lieux bruyants que Tristan tolérait. Elle lui en avait pourtant parlé maintes fois, pour toujours s'entendre répondre : « Seuls les marginaux traînent dans ces trous. »L'ambiance y était différente : une musique douce, une lumière tamisée. Elle a choisi une table isolée dans un coin.À peine installée, elle a vu un homme monter sur la petite scène et tapoter le micro : « En ce jour particulier, accueillons une invitée très spéciale ! »Sous les a

Ghislaine a ouvert les yeux à l'hôpital au petit matin suivant.Le médecin, l'air préoccupé, lui a expliqué la situation : « Avec vos blessures non cicatrisées et ces deux nouveaux coups de couteau... Sans l'intervention d'un passant, vous auriez pu succomber à une hémorragie. À l'avenir, faites-vous accompagner par votre famille quand vous êtes vulnérable. »Un passant ? Mais Tristan était là, juste devant elle... Qu'avait-il fait ?Le souvenir de la scène du bar lui est revenu en flash. Puis, avec un sourire amer aux lèvres, elle a murmuré : « Je n'ai plus de famille... »« Ghislaine, je ne comprends pas comment tu oses encore t'accrocher à Tristan », une voix hautaine de Katia a fendu soudain l'air.Appuyée contre le cadre de la porte, rayonnante de santé, elle toisait Ghislaine avec un sourire victorieux.« Hier, une simple comédie d'évanouissement a suffi à ce qu'il t'abandonne pour me porter secours », elle s'est avancée, jouant avec une mèche de cheveux, « À ta place, j'aurais d

Katia est restée bouche bée, ses mots préparés coincés dans sa gorge. Une inquiétude sourde l'a envahie.Que s'était-il passé ? En à peine quelques heures, Tristan avait changé du tout au tout ?D'un regard rusé, elle a opté pour la retraite stratégique : « Tu as raison. J'ai été présomptueuse. Ghislaine est tellement parfaite... Elle fera une bien meilleure mère que moi... »À peine avait-elle fini que Nathan a hurlé : « Je veux pas de cette vieille sorcière ! Je veux que Tata Katia soit ma maman ! »Pour la première fois, les cris de l'enfant ont irrité Tristan. Alors qu'il s'apprêtait à le réprimander, Katia s'est mise à sangloter à son tour.« Mon retour était peut-être une erreur... Je suis désolée d'avoir créé des tensions entre toi et Ghislaine. Je vais partir. D'ici deux jours, j'aurai quitté la ville. »Comme prévu, Tristan a fondu instantanément. Il a dit d'un plus doux : « Je te reproche rien. Ne dramatise pas. J'arrive. »En route, il a contacté des détectives privés pour r