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Chapitre 3 — Le conseil

Penulis: Déesse
last update Terakhir Diperbarui: 2025-08-13 00:53:55

LE ROI

La salle du conseil est froide à cette heure.

Les vitraux teintent les murs de rouge et d’or, mais la lumière n’adoucit pas la pierre. Mes conseillers sont déjà là, installés autour de la grande table ovale. Les voix se taisent quand j’entre, mais je lis dans leurs yeux qu’ils ont déjà parlé d’elle avant même que je ne sois présent.

Le grand chancelier brise le silence.

— Votre Majesté, permettez que nous revenions sur… l’étrangère.

Le mot reste suspendu dans l’air comme un parfum qu’on hésite à respirer.

— Elle n’est pas de notre royaume, reprend-il. Pas de trace d’elle dans les registres. Ni marchande, ni messagère. Et ses vêtements…

— Ses vêtements, renchérit le conseiller Morvan avec un sourire gras, pourraient faire perdre la tête au plus pieux des prêtres.

Un murmure approbateur parcourt la table.

Je sens ma mâchoire se contracter.

Le vieux seigneur Rethan, toujours prompt à flairer un scandale, se penche vers moi.

— Majesté, si elle est effectivement une sorcière, nous devrions agir vite. Mais… rien ne le prouve. Peut-être n’est-elle qu’une artiste, ou une… courtisane exotique.

Le mot glisse comme un serpent sur la pierre.

Et comme un venin, il me brûle.

— Dans ce cas, elle pourrait servir le royaume autrement, dit Morvan en se frottant les mains. Un présent… pour un de vos alliés. Ou même… pour l’un de nous, qui sait ?

Des rires étouffés éclatent, gras et étroits, comme des mains qui se referment.

Et soudain, une chaleur brutale me monte au visage.

Je me redresse, la voix plus tranchante que je ne le voudrais.

— Aucun d’entre vous ne posera la main sur elle.

Le silence qui suit est lourd.

Je lis dans leurs yeux la surprise… et l’interrogation.

Pourquoi cette réaction ? Pourquoi cet éclat ?

Même Rethan me regarde avec une lueur calculatrice, comme s’il venait de comprendre que cette femme avait trouvé un chemin direct vers mes nerfs.

Le chancelier toussote.

— Majesté… craignez-vous qu’elle soit dangereuse ?

Oui. Mais pas pour le royaume.

Le danger, je le sens à chaque fois que son image me traverse l’esprit : ses yeux sombres, sa nuque fière, la façon dont elle marche comme si même les chaînes n’avaient pas de prise sur elle.

Morvan esquisse un sourire qui me donne envie de le faire taire.

— Ou alors… vous avez déjà décidé qu’elle vous appartient.

Je le fixe, et je sais que mon regard est plus tranchant qu’une lame.

— Ce que je décide ne vous regarde pas.

Rethan s’éclaircit la gorge.

— Peut-être… devriez-vous l’interroger personnellement. Voir si elle ment, connaître ses origines.

L’idée s’insinue immédiatement.

La voir. L’avoir en face. Lire chaque battement de ses cils, chaque inflexion de sa voix.

Savoir si elle joue un rôle… ou si c’est moi qu’elle manipule sans un mot.

Je me lève, coupant court à toute nouvelle discussion.

— Elle reste sous ma garde. Personne ne l’approche sans mon ordre.

Je quitte la salle, le cœur battant, les mains crispées.

Derrière moi, je sais qu’ils échangent des regards , je sais que chacun veut la toucher et personne ne le pourra sauf... sauf moi ! 

Ils se demandent déjà si je suis encore le roi… ou si je suis devenu l’homme qu’elle tiendra par un fil invisible.

Et alors que je descends les marches vers les geôles, une vérité s’impose :

Je ne veux pas seulement un rapport ou un interrogatoire.

Je veux… la voir seul à seul.

Et décider, à ce moment-là, si je dois la briser… ou céder à ce que je désire depuis la première seconde.

SÉLIA

La femme à la peau mate s’est assoupie, mais moi, je reste éveillée.

Les pierres sont glacées dans mon dos. Les pas des gardes résonnent au loin.

Et j’ai cette sensation… comme un fil invisible qui se tend. Quelqu’un pense à moi.

Des ombres passent derrière la grille. Les torches vacillent.

Et soudain, je le sens.

Il est là.

Je lève la tête.

Entre deux barreaux, à quelques pas seulement, il me regarde.

Son visage est impassible, mais ses yeux… ses yeux me dévorent.

Je ne baisse pas les miens. Je veux qu’il sache que moi aussi, je le vois. Que je le sens.

Et dans cet échange silencieux, je comprends quelque chose d’essentiel :

Je ne suis pas seulement prisonnière dans ses geôles.

Je suis prisonnière… dans son esprit.

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